PETIT TRAITÉ D'AGRICULTURE TROPICALE Typographie Firmin-Didol et C'°. — Mesnil (Eure). PETIT TRAITÉ D'AGRICULTURE nftt H.-A. Alfortl NICHOI M. F/L S., C. M. Z. 8. MEMBRE CORRESPONDAJi'f *5E L'ACADEMIE DtfS SCIENCES DE NEW-YORK DE LA CHAMBRE D'AGlJHCUtTlREASlr LA BAISSE-TERRE (GUADELOUPE) MEMBRE HONORAIRE^ IWBUREAII CEWTRAL D'AGRICULTURE DE LA TRIKIDAD Hir TRA|D/IIT DE L ANGLAIS V Q] V f) V Par E. R A O U L Vj/Prof esseii f du cours de cultures et productions tropii Professeu '. du cours de cultures et productions tropicales à l'Ecole coloniale Délégué des chambres d'Agriculture et de Commerce des établissements français de l'Océanie Ancien directeur de jardins botaniques dans la zone intratropicale. m% à PARIS AUGUSTIN CHALLAMEL, EDITEUK LIBRAIRIE COLONIALE 5, RUE JACOB, ET RUE FURSTENBERG, 2 1895 Toute traduction, toute reproduction même partielle et tout plagiat seront rigoureusement poursuivis. CASA GARRAUX C. HILDEBRAND & C — LIVREIROS « DAULO génie familial. ADD.SOS. propriétaire ou cultivateur du faiteur et est aussi un honneur pour son pays. SIR J. SENCLAIR. PRÉFACE Le Gouvernement de la Jamaïque ayant institué un prix à décerner au meilleur traité élémentaire qui serait écrit sur l'agriculture tropicale, l'auteur adressa au Jury le manuscrit d'une partie de son livre avec la devise « Respice fine m ». Le prix lui fut accordé, sous la réserve qu'il exécuterait la promesse d'étendre son ouvrage, en y étudiant la culture des plantes tropicales qui n'était pas traitée dans le premier manuscrit. Telle fut l'origine de ce petit livre. Dans la préface de l'édition de la Jamaïque, l'auteur exprimait l'espoir que son ouvrage rendrait service aux colons, aux possesseurs de petites exploitations, et à ceux qui veulent aller s'établir dans les contrées intra- tropicales. Cet espoir s'est réalisé : toujours soucieux des intérêts économiques, et de tout ce qui a trait à l'agri­ culture — seule base sur laquelle se fonde la prospérité des colonies — les gouvernements des colonies bri­ tanniques ont adopté ce manuel pour les collèges et les écoles supérieures et l'ont encouragé de toutes façons. vi PRÉFACE. Les encouragements qui ont été prodigués par les hauts fonctionnaires des colonies et par la presse à ce petit livre tiennent à ce qu'au lieu d'être une compila­ tion écrite par un h o m m e n'ayant jamais quitté l'Europe, il est le résultat d'une expérience acquise par l'obser­ vation et la pratique de la culture au cours de longues années passées dans la zone intratropicale. Mais le suc­ cès si grand et si légitime de l'ouvrage que nous pré­ sentons au public n'est pas dû seulement à la compé­ tence de ceux qui l'ont écrit, il tient aussi à ce qu'il est venu à son heure. Depuis quelques années la produc­ tion du sucre de canne lutte péniblement contre la con­ currence que lui fait le sucre de betterave. Les planteurs ont donc songé à se retourner d'un autre côté, c'est-à- dire à étudier les autres cultures décrites dans le présent ouvrage. La Jamaïque, entrée la première dans cette voie, y a retrouvé la prospérité d'antan, après avoir été pendant plusieurs années en proie au plus désastreux malaise. Cette bonne fortune, elle l'a due en grande partie à ce que la colonie a bien voulu suivre les conseils du distin­ gué ami des auteurs de cet ouvrage; nous avons n o m m é le docteur M O R R I S à qui nous nous plaisons à rendre cet hommage. Il y a quinze ans, quand l'auteur de ce petit traité porta son attention sur l'agriculture tropicale, il n'y avait aucun livre pratique qui pût lui apporter un secours au milieu de toutes les difficultés sans cesse re­ naissantes sous ses pas. Connaissant donc les obsta- PRÉFACE. vu cles qui assaillent ordinairement le planteur inexpéri­ menté, qui ne veut pas suivre les vieux errements de l'agriculture empirique, l'auteur a écrit la seconde partie de son livre, pour fournir les informations qui lui ont grandement manqué à lui-même dans son ap­ prentissage de planteur. Il a été ainsi forcé d'entrer dans des détails qui, pour l'agriculteur expérimenté, peuvent paraître superflus ou puérils; mais ce livre est destiné à servir de guide aux jeunes et aux inexpérimentés, à qui de semblables détails seront d'une utilité capitale. Dans l'édition anglaise de cet ouvrage M. A. NICHOLLS adresse l'expression de sa reconnaissance à M . le doc­ teur M O R R I S , M. A., F- L. S., au directeur-adjoint du Jardin royal de Kevv, et au Directeur du service bota­ nique de la Jamaïque, qui se sont très gracieusement chargés de revoir l'ouvrage et de le présenter à la presse. Non seulement il exprime à M. M O R R I S sa sincère re­ connaissance pour son aide et pour l'intérêt qu'il a pris à la publication, mais il le remercie encore d'avoir ajouté une grande valeur au livre en permettant de le présen­ ter au public avec un permis d'imprimer délivré par une si haute autorité en botanique économique. Il exprime aussi sa gratitude au professeur Oliver et aux autorités des jardins de K e w pour lui avoir permis d'illustrer son ouvrage de quelques gravures établies scientifiquement, les gravures du café, du cacao, de l'oranger, du grena­ dier, du quinquina, du riz et du tania ont été repro­ duites d'après le guide du Jardin royal. vin PRÉFACE. Celle de la coca et le diagramme de la fleur du vanillier sont extraits des bulletins de K e w ; toutefois il est bon de remarquer, à propos du diagramme, qu'il contient quelque chose de plus que l'original, puisqu'il montre le lamellum poussé sous l'anthère. Les autres planches ont été dessinées par l'auteur L'édition française de cet ouvrage a été beaucoup augmentée par M . E. R A O U L qui, en dehors de nom­ breuses, mais très courtes additions répandues çà et là, a ajouté à l'ouvrage des chapitres entiers complètement inédits sur les plantes qui produisent l'arachide, l'huile de palme, la noix d'arec, etc., toutes cultures qui pour l'Extrême-Orient et la côte d'Afrique sont d'une impor­ tance considérable. Son œuvre a été facilitée par l'aide qu'a bien voulu lui prêter, pour la traduction, le savant professeur et publiciste colonial L É O N D E S C H A M P S qui a poussé la gracieuseté jusqu'au point de mettre à la dis­ position de M. E. Raoul les notes de toutes natures et le travail auquel il s'était livré sur cet ouvrage. C'est grâce à ce précieux concours que l'édition française a pu être terminée aussi rapidement. M . L É O N D E S C H A M P S s'est ainsi acquis la reconnaissance de tous ceux qui attendaient anxieusement la publication de ce livre et on ne saurait trop le remercier de son dévouement à la cause coloniale. A SIR JOSEPH DALTON HOOKER M. D., K. G. S. I., C. B., F. R. S., F. L. S., ETC., ETC. Cher Monsieur, Comme un gage de ma reconnaissance pour l'aide gracieuse et les encouragements que vous m'avez donnés alors que, dans les dernières années de votre direction au Jardin royal botanique, je m e trouvais en qualité de correspondant de Kew à la Dominique, permettez-moi de vous dédier l'édition de Londres de mon Manuel d'agriculture tropicale. Si vous ne m'aviez, à la mort de notre ami commun le Dr Imray, en 1880, pressé d'essayer de remplir sa charge, ou ce qu'on peut appeler une suppléance honoraire de Kew dans l'administration co­ loniale, je n'aurais probablement jamais dirigé mes études vers la botanique économique. La très aimable lettre que vous m'écrivîtes alors m'a engagé dans cette voie, et si les pages suivantes contien­ nent quelque chose d'utile, le mérite vous en revient en grande partie. En vous dédiant ce livre, j'obéis au sincère plaisir de vous mon­ trer, dans la tranquillité de votre retraite, que l'influence de votre action comme directeur de Kew dure toujours et porte des fruits, m ê m e dans ces lointaines contrées. Croyez:moi toujours fidèlement et sincèrement votre H.-A. ALFORD NICHOLLS. Saint-Aroment (île de la Dominique, 30 mai 1892). TABLE DES MATIÈRES PARTIE I. — ÉLÉMENTS D'AGRICULTURE Pages. CHAPITRE I. — I N T R O D U C T I O N 1 CHAPITRE II. — TERRAINS 4 Comment les terrains sont formés. — Actions des glaciers. — Atmosphère. — Variations de température. — Végéta­ tion. — Vents, mers et rivières. — Distribution des terrains. — Terrains transportés. — Sols de surface et sous-sols. — Vers de terre. — Constituants du sol. — Sable. — Argile. — Chaux. — Matière végétale. — Pierres. CHAPITRE III. — TERRAINS [suite) * 16 Classification des terrains. — Étude des terrains. — Ter­ res lourdes et terres légères. — Pouvoir de retenir l'humi­ dité. — Composition chimique des terrains. — Atmosphère. — Éléments actifs et latents du sol. — Les silicates doubles. CHAPITRE IV. — VIE DES PLANTES 31 La racine. — La tige. — Les feuilles. — Les fleurs. — Fertilisation par les vents. — Fertilisation par les insectes. — La graine. — L'embryon. — Germination. — Nutrition des plantes. — Composition des plantes. CHAPITRE V. — VIE DES PLANTES (suite) 46 Propagation des plantes. — Multiplication par graines, par bulbes et tubercules par stolons, par rejetons, par marcottes, par divisions, par boutures. XII TABLE DES MATIÈRES. Pages. CHAPITRE VI. — CLIMAT 52 CHAPITRE VII. — ENGRAIS 54 Épuisement du sol. — Action des engrais. — Engrais gé­ néraux et spéciaux. — Engrais généraux. — Fumier de ferme. — Composts. —Déchets. — Engrais de produits verts. — Engrais spéciaux. — Engrais azotés. — Engrais phospha­ tés. — Os. — Phosphates minéraux. — Superphosphates. — Phosphates réduits. —Scories Thomas Gilchrist. —Engrais calcaires. — Gypse. — Engrais potassiques. — Kaïnite. — Sel commun. CHAPITRE VIII. — ROTATION DES CULTURES 72 CHAPITRE IX. — DRAINAGE 76 CHAPITRE X. — IRRIGATION 80 CHAPITRE XI. — OPÉRATIONS DE LABOUR 82 Le couteau. — Le râteau. — La houe. — La bêche. — La fourche. — La fourche à fumier. — La pioche. — La pique ou ciseau de terre. — La charrue. — L'extirpateur. — La herse. — Le rouleau. CHAPITRE XII. — LA TAILLE 88 CHAPITRE XIII. — L'ÉCUSSONNAGE ET LA GREFFE.... 91 Écussonnage. — Greffe. — La greffe anglaise. — La greffe en fente. — La greffe en selle. — La greffe en cou­ ronne. — La greffe par approche. PARTIE IL — PRODUITS AGRICOLES CHAPITRE [. — INTRODUCTION 99 CHAPITRE IT. — CAFÉ 102 Sol. — Climat. — Propagation. — Planches pour semis et pépinières. — Pots de bambou. — Préparation de la terre. — Alignement. — Trouage. — Plantation. — Ombrage. — TABLE DES MATIÈRES. XIII Pages. Sarclage. — Étètage. — Élagage. — Engrais. — Cultures intercalaires. — Ennemis du caféier. — Récolte. — Dépul- pation. — Fermentation et lavage. — Décortication. — Van­ nage. — Séchage des baies. CHAPITRE III. — CACAO 126 Variétés. — Sol. — Climat. — Propagation. — Préparation de la terre. — Alignement. — Trouage. — Plantation. — Ombrage. — Sarclage. — Engrais. — Cultures intercalaires. — Ennemis du cacaoyer. — Récolte. — Étuvage. —Séchage. — Terrage. CHAPITRE IV — THÉ 142 Sol. — Climat. — Propagation. — Plantation. — Cul­ ture. —• Élagage. — Récolte. — Préparation du thé. — Sé­ chage. — Roulage. — Fermentation. — Échaudage. — Mise en tas. — Assortiment. — Empaquetage. CHAPITRE V. — CANNE A SUCRE 153 Sol. — Climat. — Propagation. — Plantation— Culture. — Récolte. — Engrais. — Préparation du sucre. CHAPITRE VI. - FRUITS 163 Oranger. — Sol. — Climat. — Propagation. — Plantation. — Cultures. — Engrais. — Cultures intercalaires. — Éla­ gage. — Récolte.—Ennemis de l'oranger. — Empaquetage pour les marchés. Limon. —Sol. — Propagation. — Plantation. — Culture. — Récolte. —Préparation du jus. — Concentration du jus. CHAPITRE VII. — FRUITS (suite) 186 Bananes et figue-bananes. — Sol. — Climat. — Propaga­ tion. — Préparation de la terre. — Transplantation. — Cul­ tures. — Récolte. Cocotier. — Sol. — Climat. — Propagation. — Plantation. — Culture. — Ennemis de l'arbre. — Récolte. — Coprah. — Huile. — Coir Ananas. — Sol. — Climat. —Propagation. — Culture. — Récolte. — Empaquetage. 226 TABLE DES MATIÈRES. xi\ Pages. . . 207 CHAPITRE VIII. — É P I C E S Muscadier. - Sol. - Climat. - Propagation. - Culture. — Récolte. — Arille. mltiire Giroflier - Sol. - Climat. - Propagation. - - Culture. 'B^ d^de etquatreépices. - Sol et climat - Formation d'une allée de « Rentiers >, - Récolte. -Feuilles. - Baies. Cannellier. - S o l et climat. - Propagation. - Culture. — Récolte. —Huile essentielle. CHAPITRE IX. - ÉPICES {suite) •' Gingembre. - Sol et climat. - Propagation. - Culture ^Cardamome. - Sol et climat. - Propagation. - Culture. ~ Poivrier'. - Sol. - Climat. — Propagation. — Culture. - Récolte. — Poivre blanc. Vanillier.-Sol et climat. - Propagation. -Culture. - Fertilisationdes fleurs.- Récolte. - Séchage. - Expédition. CHAPITRE X. - TABAC - ARÉQUIER. - BÉTEL Tabac _ sol. - Climat. - Propagation. - Pépinières. - Préparation de la terre. - Transplantation. - Culture. - Étêtage. - Élagage. - Ennemis du tabac. — Récolte. - Hangar à tabac. — Séchage. Aréquier. -Climat. - S o l . -Multiplication. - Culture. — Rendement. —Masticatoire. — Commerce. Bétel. - Climat. - Sol. - Culture. - - Masticatoire. - Rendement. CHAPITRE XI. - SUBSTANCES MÉDICINALES Ouinquina. - Sol. - Climat. —Propagation. — Culture. —Récolte. — Emondage. — Taille.— Décortication. — Mous- sage. — Séchage et emballage. Coca. _ sol et climat. — Propagation. — Culture. — Récolte. Rhubarbe. — Sol et climat. — Propagation. — Culture. — Récolte. 246 TABLE DES MATIÈRES. xv Pages. Salsepareille. — Sol et climat. — Propagation. — Cul­ ture. — Récolte. CHAPITRE XII. — PLANTES OLÉAGINEUSES 288 Ricin. — Sol et climat. — Propagation. — Culture. — Récolte. —Huile de ricin. Palmier à huile. — Sol. — Climat. — Multiplication. — Récolte et rendement. — Huile de ménage. — Huile des amandes. — Rendement. — Commerce. Arachide. — Climat. — Sol. — Culture. — Récolte. — Sortes commerciales. — Rendement. — Préparation et ex­ portation. Cocotier (Voir plus haut page 291). CHAPITRE XIII. — TEINTURES 322 Roucou. — Sol et climat. — Propagation. — Culture. — Récolte. — Préparation du roucou. Curcuma, Safran des Indes. — Sol et climat. — Multipli­ cation. — Culture. Campêche. — Sol et climat. — Propagation. — Culture. — Coupe du bois. Indigo. — Sol et climat. — Culture. — Préparation de la teinture. CHAPITRE XIV. — CÉRÉALES DES TROPIQUES 330 Maïs. — Sol et climat. — Culture. — Récolte. Riz. — Riz commun. — Sol et climat. — Préparation de la terre. — Culture. — Récolte. — Riz de montagne. — Culture. — Récolte. Blé de Guinée ou sorgho. — Sol et climat. — Culture. — Récolte. CHAPITRE XV. — PLANTES ALIMENTAIRES 348 Manioc. — Sol et climat. — Culture. — Récolte. — Pré­ paration de la farine de manioc. — Fécule de manioc. — Tapioca. — Cassareep. Arrow-root. — Sol et climat. — Culture. — Récolte. — Préparation de l'arrow-root. Tous les mois ou Cannas. xvi TABLE DES MATIÈRES. Igname. — Igname blanche. — Igname nègre. — Igname de Guinée. — Coush-coush. — Sol et climat. — Culture. Patate douce. — Sol et climat. — Culture. — Récolte. Taro. — Sol et climat. — Culture. — Récolte. ERRATA 393 INDEX DES TERMES TECHNIQUES, NOMS INDIGÈNES ET NOMS SCIENTIFIQUES. 379' FIN DE LA TABLE DES MATIÈRES. PETIT TRAITE D'AGRICULTURE TROPICALE PREMIÈRE PARTIE. ÉLÉMENTS D'AGRICULTURE. CHAPITRE PREMIER. INTRODUCTION. Agriculture est un mot composé de deux mots latins sens du moi A °" ri cul turc {ager, champ, et cultura, culture ou aménagement du sol), mais comme la plupart des mots empruntés aux langues mortes pour constituer les termes scientifiques des lan­ gues modernes, il a une signification plus étendue que ses deux racines latines, prises séparément, ne le fe­ raient supposer. On entend par agriculture Fart de cul­ tiver ou d'aménager le sol, de façon à lui faire produire la plus grande quantité possible de végétaux propres à l'usage de l'homme et des animaux domestiques. Dès les temps les plus reculés dans l'histoire du L'agxicuitur monde, l'homme cultivait la terre et l'agriculture a utile proiessior toujours été considérée comme l'occupation la plus noble et la plus utile de l'humanité. Le baron Liebig, le AGRICULTURE TROPICALE. 1 2 PETIT TRAITE grand chimiste agricole, a dit : « 11 n'est pas de profes­ sion qui puisse être comparée en importance à l'agri­ culture : d'elle dépend l'alimentation de l'homme et des animaux ; sur elle reposent la santé et le développe­ ment de l'espèce humaine tout entière, la richesse des États et toute l'industrie manufacturière et commerciale. Il n'est aucune profession où l'application des principes i.a connais- rationnels produise des effets plus profitables et soit ance précise . , . . „. , es principes d une influence plus grande et plus décisive. » ai tant our le succès, de choses dépendent de l'agriculture, combien n'est-il pas nécessaire à tous de posséder une connaissance précise de ses principes! En fait, l'expérience a prouvé que là où les cultivateurs ont les connaissances de leur art, la récolte est plus abondante, la richesse partieulière plus grande, la prospérité plus générale que dans les contrées où les principes de la bonne culture sont com­ munément ignorés. i.es planteurs Aux Antilles, un planteur qui est industrieux et pos- es Indes occi- entaiesdoi- sède la science de l'agriculture, ne doit jamais déses- ent réussir. , î > • u* i l î X * J X perer de s enrichir, car la plus grande partie des terres y est aussi bonne qu'en aucune autre région tropicale. A l'agriculture rationnelle des pays tropicaux, le savoir- faire et la science promettent le succès et la prospérité; cette idée doit être bien dans l'esprit de tous ceux qui projettent de se consacrer à la noble occupation de cul­ tiver le sol. La plantegran- Toutes les plantes, herbes minuscules et arbres aï- iit et a besoin le nourriture, gantesques grandissent, c o m m e les animaux, c'est-à- dire que dans leur jeunesse elles sont beaucoup plus petites que lorsqu'elles ont poussé. Tout ce qui «ran­ ci it a besoin d'aliment. Les animaux se nourrissent des plantes ou des animaux qui ont vécu des plantes- D'AGRICULTURE TROPICALE. 3 mais ces plantes elles-mêmes tirent leur aliment du sol et de l'atmosphère. A l'état sauvage, c o m m e on l'expli­ quera en détail plus loin, les plantes se procurent assez L'aliment fi d'aliments pour vivre et grandir ; mais quand elles sont est insuffii 1x. , j ..,, , pour les plai cultivées en assez grandes quantités pour que leurs pro- cultivées k duits puissent être utilisés par l'homme, la somme ordi- pi™CeS.alam< naire d'aliments fournie par le sol et par l'air ne suffit plus pour nourrir leurs tissus; ce fait explique l'insuffi­ sance des récoltes quand une espèce de plante a poussé durant un certain nombre d'années sur la m ê m e terre, sans qu'on ait fait aucune tentative pour suppléer à l'ali­ ment que la plante a tiré du sol. L'objet de ce livre est précisément de montrer com­ ment tout cela se passe, et d'expliquer par quels moyens l'aliment utile à la plante peut être rendu au sol et offert à l'absorption des racines, qui le recherchent tou­ jours. CHAPITRE II. LE SOL. i connais- L'agriculteur, ou planteur (nom qu on lui donne or- essaire. dinairement clans les contrées tropicales), doit d'abord diriger son attention vers le sol, et il est nécessaire qu'il en connaisse la nature, avant de se mettre à le cultiver. ÏS sois sont C o m m e n t les sols sont formés. — Tous les sols, ris de ro- quelle qu en soit la nature, ont été formés par l'émiet- tement sur place ou le déplacement au loin des roches qui, à l'âge primitif, composaient la terre. Pendant un nombre incalculable d'années le transport des roches s'est effectué, il s'effectue encore à présent, et continuera tant que le globe restera ce qu'il est. La surface de ces es débris roches s'effrite lentement, mais sûrement; les molécules mandes dis- en sont entraînées par les eaux au fond des plaines et des vallées, et s y déposent, ou bien elles sont portées à de grandes distances, et m ê m e à la mer, par les cou­ rants que forment les pluies ou la fonte des glaces et des neiges. L'effritement des roches résulte de l'action de divers agents, que nous allons maintenant examiner. La neige Action des glaces. — Dans les régions arctique et antarctique et dans les régions montagneuses des autres parties du globe, la neige entassée sur les points les plus PETIT TRAITÉ D'AGRICULTURE TROPICALE. 5 élevés, se transforme en glace, par l'effet de son propre poids. De nouvelles neiges venant à tomber sur les premières, la masse devient trop lourde pour demeurer sur les versants des montagnes; elle glisse progressi­ vement dans les vallées, entraînant avec elle les roches énormes qu elle rencontre, érodant tout du long le lit Formatioi A # _ des glacier rocheux sur lequel elle glisse. La masse de neige et de glace ainsi formée se nomme glacier, et son lent mouvement d'écoulement sur le flanc de la montagne action des glaciers. Quand l'extrémité d'un glacier at­ teint les régions plus chaudes des plaines ou vallées, elle se fond et donne naissance à un torrent; les gros blocs de roches qui ont été entraînés clans le glisse­ ment trouvent bientôt un point d'arrêt où ils demeu­ rent ; mais les petites parties de ces roches sont trans­ formées en boue par l'eau, et cette boue est entraînée plus bas dans les vallées, disposée sur les terrains de surface plane ou portée à la mer par les cours d'eau. Aux âges primitifs la terre était très différente de ce Transfon quelle est aujourd'hui. Le sol était presque entière- face terrestre . , -, i i i • • i •< variations ment compose de roches brutes qui, en maints endroits, climats. étaient recouvertes de neiges et de glaces. En effet, dans plusieurs parties du globe où le climat est actuellement chaud où la terre est en pleine culture, on retrouve des traces évidentes de l'action des glaciers ; la grande ma­ jorité des habitants ne se doute guère que leur sol si riche a été en grande partie formé par le lent glissement des glaciers sur les rochers sauvages qui couvraient au­ trefois leur pays. L'atmosphère est un des principaux agents de la formation du sol. Il est composé, pour les trois quarts, de deux gaz, Y oxygène et Y azote, avec une petite quantité G PETIT TRAITÉ d'acide carbonique. C'est ce dernier qui, avec le con­ cours de l'eau, sous forme de pluie, de neige, de brouil­ lard, de rosée, agit sur les roches calcaires et autres et :hes désa- les fait se désagréger progressivement. Les portions les *es pîxr 1 &1- . . _ ~.. hère. plus tendres sont les premières attaquées : ainsi s expli­ quent les trous et crevasses qu on rencontre fréquem­ ment dans les roches exposées à l'air. Mais les parties dures s'usent elles-mêmes avec le temps. Tout ce travail peut être observé sur les constructions en pierre, où l'on voit, après un laps de temps, les angles saillants s'arron­ dir et les parties polies se creuser sous l'influence de l'at­ mosphère ou des variations de température. L action du temps sur les matériaux de pierre peut être encore ob­ servée dans les cimetières : les inscriptions sur les tombes sont, au bout d'un certain temps, complètement obli­ térées par l'effet destructif de l'air et de l'humidité, alors que de semblables inscriptions à l'intérieur des églises se conservent sans altération durant un grand nombre d'années. ches désa- L e s variations de température ont aussi une puis­ sions de santé action sur la formation des terrains. Les roches se dilatent sous l'action de la chaleur et se contractent sous l'action du froid. Ainsi, sous le soleil brûlant des tropi­ ques la surface des roches se dilate, puis elle se contracte durant les fraîcheurs nocturnes : de là désagrégement et chutedeparcelles,etparsuite,petitemaiscertaineetcons- geiéc. tante addition au sol. Dans les contrées plus froides, la ge­ lée a une action très destructive sur toutes les roches. L eau se contracte sous l'action du froid jusqu'à ce qu'elle soit voisine du point de congélation ; mais une fois gelée elle se dilate. Dans les climats froids, cette dilatation soudaine de la glace fait souvent éclater les conduites d'eau, la D'AGRICULTURE TROPICALE. / force produite par cette dilatation est m ê m e assez grande pour briser un puissant canon de fer. On comprend alors aisément que les roches soient fendues et brisées par la gelée. L'eau de pluie, s'insinuant dans les trous et cre­ vasses des roches et se dilatant soudainement avec une grande force sous l'action de la gelée, fait sauter des fragments et laisse de nouvelles surface exposées aux intempéries atmosphériques qui s'exerceront par les moindres ouvertures. Végétation. — La vie des plantes contribue à la for- soi formé ^ par l'action mation des terrains de deux façons. Quand les racines d'une des plantes. plante touchent une roche, leur sécrétion acide attaque la surface en dissolvant certains éléments qu'elle absorbe et en rendant libres les particules sableuses, qui s'ajoutent au sol. D'autre part, les racines pénètrent dans les intersti­ ces des roches et par leur grossissement graduel écartent les deux parties, agissant dansl'espèce comme un coin. La force ainsi exercée est très grande ; des plantes délicates et faibles comme les champignons peuvent en grossis­ sant produire une assez forte pression pour soulever de gros poids. Il y a quelques années, dans une ville d'Angle­ terre, on plaça un pavage en pierre; au bout d'un cer­ tain temps, à la surprise générale, les pavés furent trou­ vés sortis de leurs trous; en examinant le phénomène, on s'aperçut que la terre qui soutenait le pavé était mê­ lée de spores de champignons; ces spores s'étaient dé­ veloppées et les champignons, en grandissant, avaient repoussé le pavé. Dans les Indes occidentales, où la végétation est si vigoureuse , le brisement des roches par la pénétration des racines dans les interstices et cre­ vasses peut être facilement observé par tout le monde. La formation du sol par l'action combinée de l'atmos- 8 PETIT TRAIT phère et de la végétation est un très imporlant facteur de la production de ce qu'on n o m m e l'humus. Une com­ binaison chimique qu on pourrait assimiler à une lente combustion est produite par l'action de l'oxygène de l'atmosphère sur les corps organisés humides, de façon qu'ils sont graduellement consumés et décomposés en leurs principaux éléments. Sous les tropiques, la putré­ faction des arbres et végétaux est très rapide : de là les énormes quantités d'humus (terre végétale) qu'on trouve dans les forêts tropicales. Ce phénomène peut s'observer en petit dans les creux de rochers ou dans les val- Exempie Ions. Les lichens, sorte de plante plate s'attachent aux 3 terrains, roches et se nourrissent à leur surface ; ils meurent et se putréfient et ajoutent ainsi un peu de matière végétale à la mince couche de terre formée par eux avec le secours de l'atmosphère et de l'humidité. Les mous­ ses poussent ensuite, puis à leur tour meurent et se décomposent; elles ajoutent au sol par leur action pendant leur vie, et par leurs débris après leur mort. Alors paraissent sur la scène de petites plantes robustes, qui font bientôt place à des plantes plus grosses, jusqu'à ce qu'enfin un arbrisseau ou un arbre s'élève, envoie ses racines dans les interstices et crevasses de la roche, et produise ce résultat final que la roche se désagrège, et se brise en éclats qui vont former un sol pouvant nourrir une végétation plus vigoureuse. Tout cela, sans doute, demande un temps très long, mais le phénomène se pro­ duit depuis l'origine du monde et a, par suite, exercé une influence considérable sur la formation des ter­ rains. e AsCve°nts. L e Vent'la m e r' l e s rivières- — Le vent, dans cer­ taines contrées, est un agent de la formation du sol, plus D'AGRICULTURE TROPICALE. 9 Action des cours d'ea spécialement en temps de sécheresse : le sable et la pous­ sière sont emportés parfois à de grandes distances parles brises fortes. Le vent emporte aussi au loin des pailles, des feuilles ou autres objets légers, et ajoute ainsi sou­ vent de fécondantes matières à un sol pauvre. Les cours d'eau contribuent constamment à la forma­ tion du sol de plusieurs façons. Dans les régions monta­ gneuses, les particules enlevées des roches sont entraî­ nées dans les bas-fonds par les eaux courantes ; celles-ci, devenant des torrents usent les roches ou les pierres en les roulant et les heurtant les unes contre les autres. On peut voir en effet que, dans le lit des rivières, les pierres sont lisses et arrondies : cela est dû au roulement : le frottement continu arrondissant les aspérités. La boue et le gravier, entraînés en temps de crue, par les riviè­ res au cours lent, sont déposés dans les plaines ou au fond des vallées et y forment le sol dalluvion, tandis que les rivières, au cours rapide, les transportent à la mer ou elles se déposent le long des rivages. La m e r — En certains endroits, la mer empiète gra­ duellement sur la terre, en rongeant le rivage par l'action incessante des vagues ; en d'autresle phénomène contraire se produit, la mer se comble peu à peu et, au bout d'un certain temps, fait place à la terre ferme. Les boues et Le fonds <: . . 1 i • i- m e r devenu te graviers apportes par les rivières et les glaciers forment re ferme. pour ainsi dire, un sol sous-marin ; par les actions volca­ niques ou autres, ce sol a été, ici et là, élevé au-dessus de la mer et est devenu une terre propre à la culture. En plusieurs contrées des Indes occidentales, le fait que la terre a été primitivement recouverte par la mer est amplement démontré par les lits de coraux trouvés à quel­ que distance du rivage. A la Dominique, par exemple, Dépôts d'alluvion. inicpue au is immer Sols de ontagnes. 10 PETIT TRAITE •ties de la qui est une terre volcanique, il y a des récifs et des lits de '"* coraux à deux ou trois cents pieds au-dessus du niveau de la mer; or, le corail est formé dans la mer par un ani­ mal marin, il est donc évident que ces parties de la Do­ minique étaient primitivement immergées. Distribution des terrains. — Nous avons vu que le sol a été formé, pour la plus grande partie, par l'éro­ sion graduelle des roches vives, et nous savons mainte­ nant que le sol ainsi formé est enlevé des hauteurs par les cours d'eau, les glaciers, les averses de pluie, c'est-à- dire par l'eau, libre ou glacée. Il va sans dire qu'une partie de ces débris d'érosion reste sur le flanc des montagnes, quand la déclivité est médiocre ; mais la majeure partie est emportée plus loin dans les bas-fonds. En règle géné­ rale, plus les débris sont petits, plus ils sont emportés loin. Les grosses pierres et les rochers, brisés par les glaciers, ou par les autres causes que nous avons indi­ quées — sont laissées en arrière, les plus petites pierres sont entraînées et forment les graviers ; le sable fin, sous forme de boue, est transporté à de grandes distances et déposé sur les terres à l'état de sable ou d'argile. Prenez un peu de cette boue, mettez-la dans un verre d'eau et laissez reposer : vous verrez, après un moment, la boue se déposer au fond du verre et l'eau rester claire au-des­ sus. C'est ce qui arrive, et c'est ce qui est arrivé, depuis que le monde existe, pour les particules des roches en­ levées des hautes terres par les torrents, rivières et gla­ ciers; la bouc s'est déposée sur la terre a formé le sol que nous cultivons maintenant. Pour le bien comprendre, il faut se rappeler que le globe n'a pas toujours été tel que nous le voyons à présent. La forme et le relief ont été altérés, la mer a couvert une grande partie de la sur- Sol des res basses. iimon i D'AGRICULTURE TROPICALE. 11 face actuelle et la surface ancienne est en maints endroits recouverte aujourd'hui. Le climat de plusieurs contrées, comme nous le remarquons de nos jours, est fort différent de ce qu'il était, il y a seulement quelques années. Cela Fossiles. est prouvé parles dépouilles d'éléphants et autres ani­ maux des pays chauds, qu on a trouvées emprisonnées dans les glaces de Sibérie et autres régions de climat glacial. A moins de se rappeler ces prodigieux change­ ments et de songer aux milliers d'années durant les­ quelles les forces naturelles que nous avons examinées ont été en activité, on ne peut comprendre comment le sol a pu être formé par la lente érosion des granits et autres roches dures. Plus on étudie ces grandes ques- i es merveilles ° ± de la nature. tions, plus la nature nous apparaît merveilleuse. Sols locaux et sols transportés. — Comme nous l'avons vu, le sol peut être transporté à de grandes dis­ tances par les eaux et les vents; il peut donc être trouvé fort différent, dans ses caractères propres, du sol formé par les roches situées dans le voisinage. Quand cela arrive, le sol est dit de transport. Quand le sol formé en un endroit n'a pas été entraîné au loin et est resté à l'endroit où il a été formé, il est dit local ou indigène ou sédimentaire — ce qui veut dire que ce sol est à proprement parler un enfant de la maison et non un enfant adoptif. Sol de surface et sous-sol. — Si l'on fait un trou profond dans la terre, on trouvera généralement qu'à quelque distance au-dessous de la surface, le caractère du sol est différent. A la surface, le sol est plus foncé et beaucoup plus facile à creuser, étant moins compact : soisdesuriace. on l'appelle sol de surface. Sa couleur foncée provient des détritus de feuilles, racines et tiges, qu'il contient. 12 PETIT TRAITÉ Le sol plus clair et plus compact qui est au fond du ous-soi. trou se n o m m e sous-sol; ses caractères varient considé­ rablement. Il peut être formé de sable, de gravier, d'argile ou ressembler au sol de surface; il peut être un sol local, et le sol de surface un sol transporté ou inversement. Quand cela arrive, leur nature est fort dif­ férente. Le sol de surface aune épaisseur variable sui­ vant sa situation et les influences environnantes. Dans les forêts et dans les terres à culture intensive, il est ordinairement profond; il l'est peu, au contraire, sur les pentes rapides et dans les lieux secs. es vers de V e r s de terre. — Le grand naturaliste Darwin a re aident à la , 1 , nation du montre que les vers de terre exercent une étonnante influence dans la formation du sol de surface. Ces très utiles animaux se nourrissent des feuilles et autres par­ ties des plantes et vont se terrer sous le sol, dans toutes les directions, parfois m ê m e à une profondeur de cinq à six pieds. Dans le but soit de se protéger contre leurs straînenties ennemis, soit de s'assurer un supplément de nourri- dans leurs ture, ils entraînent les feuilles à demi consumées dans leurs galeries où ils se blottissent à une profondeur de cinq à huit centimètres. Ainsi les vers de terre fertilisent le sol en y ajoutant des matières organiques. Les petites mottes de terre qu on voit souvent à l'orifice des gale­ ries, surtout en temps humide, "s'appellent déjections; elles sont formées de parcelles très fines de terreau mêlées de débris de matière végétale. Les vers font leurs galeries en avalant la terre et ils la transportent ensuite s retournent à la surface, où ils s'en débarrassent sous la forme de mêlent la , ,. ,. _ ,, „ .. •c. ces déjections. De cette façon ils tournent et retournent le sol. De plus, leurs galeries permettent à l'air et à l'eau de pénétrer plus aisément dans la terre et for- D'AGRICULTURE TROPICALE. 13 ment des canaux, grâce auxquels les racines des plantes peuvent s'allonger sans difficulté. On voit donc que l'humble ver de terre travaille pour le profit du culti­ vateur, et pour cette raison, aucun d'eux ne devrait être intentionnellement blessé ou tué. Parties constitutives du sol. — Tous les sols sont formés par cinq substances, savoir sable, argile, chaux, matières végétales, roches. Sable. — Tout le monde connaît cette substance. Elle consiste en menues particules de roches dures, qui ne s'agglomèrent pas à l'état humide, et qui tombent rapidement au fond quand elles sont plongées dans un vase plein d'eau. Si l'on grossissait le sable, on verrait Nature qu'il est formé de petites pierres lisses, aux bords ar­ rondis, c'est-à-dire de très petits galets roulés par l'eau. On en rencontre de plusieurs sortes. Les sables cal­ caires se composent soit de fragments de pierres à chaux et de coraux, soit de coquilles brisées, comme il s'en trouve des quantités au bord de la mer : de là les sa­ bles coralliens et les sables coquilliers. Les sables micacés sont en grande partie composés d'une substance dure nommée mica. Mais les sables sont principalement formés sable de quartz. de la substance vitreuse que tout le monde connaît sous le nom de quartz, cristal, silice ou cristal de roche. 11 est rugueux et raie facilement les corps durs comme le verre. Cette propriété est parfois mise à profit, comme dans le « papier-émeri » qui se vend dans tous les ma­ gasins. Le sable rend le sol friable et permet ainsi à l'air et à l'eau de cheminer à travers la terre, et aux racines des plantes de pénétrer dans toutes les directions. \1 argile est composée de deux corps chimiques, la Nature silice et l'alumine, combinés avec l'eau. A l'état sec, 14 PETIT TRAITE l'argile peut être réduite en poussière; à l'état humide, elle devient consistante et peut être alors moulée en formes diverses; cette propriété se n o m m e plasticité. Mais quand elle est chauffée, elle perd sa propriété plas- variétés tique et devient rude et cassante. Il y a plusieurs espèces d'argile : l'une, presque blanche, employée pour fabri­ quer la porcelaine ; l'autre jaune, dont on fait la brique ; d'autres rouges, employées pour les poteries gargou­ lettes et objets en terre cuite. L'argile est plus froide et retient mieux l'humidité que le sable. La chaux se rencontre ordinairement dans le sol combinée avec l'acide carbonique, sous forme de car­ bonate de chaux. Elle doit sa première origine aux an- variétés ciennes roches, mais elle se présente aujourd'hui sous de calcaires. , „ ., , .. „,.. des formes variées : craie, pierre à chaux, corail. Elle est contenue en grande quantité dans les coquilles de limaçons et dans celles de plusieurs animaux marins, • sans parler des coraux; beaucoup de pierres à chaux du globe sont entièrement composées de ces coquilles et des dépôts calcaires accumulés au fond des mers pen­ dant les âges primitifs. Humus et terres La matière végétale existe sur tous les sols dans lesquels ont poussé des plantes. Les feuilles, racines et tiges se décomposent aussitôt après leur apparition et forment une substance d'un brun foncé qu on appelle humus ou terreau. Il se rencontre en abondance à la surface du sol, dans les forêts, et en moindre quantité clans les terres cultivées. Dans les lieux humides et creux, où les mousses et plantes similaires foisonnent, le sol est composé presque entièrement d'humus : les mousses, en effet, croissent, meurent, se décomposent, d'autres mousses poussent sur les premières, si bien | D'AGRICULTURE TROPICALE. 15 qu'enfin, après un certain nombre d'années, l'humus remplit le creux et forme ce qu'on n o m m e la tourbe. Les pierres sont simplement des fragments de la roche utilité des . ... • iubie. ° e Toutes les substances extraites du sol, par les plantes doivent être solubles dans l'eau, à l'aide de l'acide car­ bonique ou de quelque acide organique. Si l'on plonge une motte de terre sèche dans de l'eau pure pendant un moment, l'eau qu'on retire aura changé de caractère etde goût, parce qu'elle aura tiré de fa terre quelques-unes des substances actives ou solubles qui servent d'aliment aux plantes. Peut-être que, pour une terre fertile, ces subs­ tances ne dépasseront pas la proportion de j — et que -—-• seront insolubles. Mais si l'on ajoute des acides à leau, une quantité bien plus grande de matières pouvant servir à la nutrition des végétaux sera dissoute. C'est ce qui arrive pour les plantes : le chevelu délicat des ra­ cines dissout dans le sol les éléments actifs grâce à une excrétion acide dont sont toujours imprégnées les par­ ties les plus ténues de la racine. Si toutefois la terre, dont toutes les substances assimilables par les végétaux et solubles par les acides ont été enlevées, était exposée à l'air et au soleil pendant quelques semaines et de nou­ veau plongée dans l'eau pure ou dans une solution acide, on trouverait qu une nouvelle portion est devenue soluble D'AGRICULTURE TROPICALE. 29 et par suite utilisable pour la nutrition des plantes. Cette partie était donc, dans la première expérience, à l'état passif ou latent. Le changement produit par l'exposition à l'air sera facilement compris si l'on se rappelle de quelle façon les roches sont altérées par les variations atmos- Les particules * . . de terre ne sont pheriques. Les petites particules de terre ne sont, en effet, que des iraiace. trêmesde la racine, de façon à rechercher les substances nutritives des autres particules du sol, et ainsi de suite sans interruption : la terre est fouillée dans toutes.les directions en vue de la nourriture nécessaire aux plantes vivaces. La tige est parfois appelée l'axe ascendant de la plante parce que, la semence commençant à se développer, la menue tige s'élève toujours de plus en plus vers l'air et la lumière, tandis que la racine pénètre de plus en plus dans le sol en évitant la lumière et l'air. Dans quelques < espèces, cependant, la tige court le long du sol, comme dans quelques herbes et autres plantes; elle s'étend m ê m e parfois au-dessous de la surface, ressemblant par là à la racine. Les feuilles sont des prolongements aplatis de la D'AGRICULTURE TROPICALE. 33 tige, dans lesquels s'accomplissent quelques-unes des plus importantes fonctions de la plante. Elles sont composées d'une mince couche de tissu végétal appelé parenchyme retenu par les nervures, ou squelette de substance ligneuse appelée improprement les veines ; cette trame de substance ligneuse est recouverte sur chaque face par une mince pellicule de matière beau­ coup plus fine, connue sous le nom d'épiderme. Dans l'é- DÉTAIL DES ORGANES D'UNE FLEUR D'ORANGER. pjg. A. — Coupe verticale d'une fleur. Fig. B. — Étamincs. 1. 1. 1 Pétales. 2 Étamineg. 3 Pistil, 1. 1 Filets, 2. 2 Anthères. Fig. C. — Fleur dont on a enlevé les pétales et les étamines. 1. 1 Sépales. 2 Ovaire. 3 Style. 4 Stigmate. piderme se trouvent des pores ou ouvertures appelées stomates, par lesquelles l'acide carbonique, l'oxygène et la vapeur d'eau sont aspirés ou expirés. Les fonctions des feuilles ont été présentées comme une combinaison des fonctions des poumons et de l'estomac chez les ani­ maux. Les feuilles, en effet, non seulement aspirent les gaz et les expirent sous différentes formes, mais aussi elles digèrent les aliments extraits par les racines et les AGRICULTURE TROPICALE. 3 34 PETIT TRAITÉ transforment de façon à les approprier à la nutrition de la plante et à la formation de tous ses tissus. Les fleurs sont les parties de la plante qui préparent la formation du fruit; elles sont remarquables par leur éclat, leur parfum et leur forme originale. La fleur type ouatre organes se compose de quatre séries distinctes d'organes dispo- de la Heur. ses en cercle autour de 1 axe du pédoncule de ta fleur. On peut voir aisément cette disposition dans les fleurs de l'oranger et du citronnier. En examinant l'une de ces fleurs attentivement, on trouvera cinq petits organes grisâtres, semblables à des feuilles non développées, dans la partie inférieure et ex­ térieure de la fleur. L ensemble de ces organes extérieurs se n o m m e le calice et chaque partie prise séparément sépale. Dans la fleur de l'oranger, le calice se compose de cinq sépales. A l'intérieur du calice et dans le même ordre est la corolle, composée de cinq organes en forme de feuilles, de couleur blanche et d'un parfum délicieux, qu'on appelle pétales; la corolle est donc composée de cinq pétales. A l'intérieur de la corolle est un groupe d'organes d'une forme très particulière, appelés étamines les étamines portent à leur sommet des renflements- jaunes et creux, les anthères, qui sont remplies d'une, matière fine semblable à la poussière. Le quatrième et dernier groupe d'organes se n o m m e les carpelles, dont l'ensemble forme le pistil. Chaque carpelle se compose d'une cavité appelée ovaire dans laquelle on trouve un ou plusieurs corps appelés ovules. Les carpelles sont sépa-, rées dans beaucoup de fleurs, mais dans la fleur d'oran­ ger, ils sont soudés l'un à l'autre et forment un tout qui se termine par un prolongement en forme de mas­ sue, appelé style. A l'extrémité du style se trouve une D'AGRICULTURE TROPICALE. 35 surface formée de glandes visqueuses, cpi'on nomme le stigmate et très fréquemment quelque parcelle de la poussière qui vient des anthères s'y trouve adhé­ rente. Cette poussière qui est appelée pollen agit dans son Fertilisation adhérence au stigmate de façon à fertiliser la fleur, c'est- à-dire qu'elle amène les pistils à se développer en fruit contenant des graines. Si ce procédé de fertilisation n'existait pas, aucun fruit ne se formerait et les fleurs ne tarderaient pas à se dessécher, à mourir et à se détacher de l'arbre. Aussitôt que les ovules sont fertilisés par le pollen, le pistil composé de l'orange commence à gros­ sir en fruit; les sépales restent attachés au pédoncule à la base du fruit; les pétales se dessèchent et tombent, ainsi que les étamines; l'ovaire grossit rapidement et forme le fruit ou enveloppe de la graine, et les ovules deviennent en même temps les graines qui donneront naissance à de nouvelles plantes. Un grand nombre de fleurs ont un arrangement de leurs parties semblable à celui de la fleur d'oranger; avec la description ci-dessus donnée, il ne sera pas dif­ ficile de déterminer quelle est l'enveloppe florale (sé­ pales et pétales) et quels sont les étamines et pistils. Mais une multitude de fleurs diffèrent considérablement du type de la fleur d'oranger. Par exemple,, l'enveloppe flo­ rale, au lieu d'être composée de deux séries d'organes (sépales et pétales), peut n en avoir qu'une, comme dans les lis, et cette enveloppe unique s'appelle périanthe; c'est un calice pétaloïde dont les folioles sont ordi­ nairement de couleurs vives. Les parties du calice, co­ rolle et périanthe, peuvent être des organes séparés en forme de feuilles, ou soudés ensemble et formant une 36 PETIT TRAITÉ L'enveloppe enveloppe de forme infiniment variée. Les enveloppes, manquer, florales peuvent aussi être imperceptibles ou manquer entièrement. Dans l'arum, le taro (colocase), l'inflores­ cence — n o m donné à la collection des fleurs sur le pér doncule florifère — consiste en un axe central ou spadice qui porte à sa base des étamines et un peu au-dessus des pistils; or chacune de ces étamines forme à elle seule une fleur staminée et chacun de ces pistils équivaut à une fleur pistillée ; il n'y a à la vérité ni calice ni corolle ni périanthe, mais toute l'inflorescence est protégée par une sorte de large feuille ou bractée jaunâtre enroulée en cornet qu'on n o m m e spathe. Arrangement Dans quelques plantes, étamines et pistils ne se trou- des étamines et . pistils. vent pas réunis sur la m ê m e fleur, et sont m ê m e portes sur des pieds distincts; il est des arbres, c o m m e le mus­ cadier, qui ne produisent que des fleurs à étamines ou fleurs mâles, et d'autres que des fleurs à pistil ou fleurs femelles. Quand cela se produit, les plantes sont dites dioïques et la fertilisation ne peut se faire que par le vent qui applique le pollen sur la surface du stigmate des pistils ou par les insectes et autres animaux qui transportent le pollen des fleurs mâles aux fleurs fe- « melles. Fertilisation Fertilisation p a r le vent. — Le palmier-dattier du palmier-dat- tier. dont le fruit forme le fond de la nourriture dont se con­ tentent la plupart des populations habitant la région tropicale de l'ouest asiatique et du nord africain, est un arbre dioïque ordinairement fertilisé par l'intermédiaire des vents. Les indigènes assurent souvent une bonne récolte de dattes, en grimpant sur les arbres femelles, et en secouant le pollen des fleurs mâles sur les fleurs femelles. Il a m ê m e été observé que les tribus africaines D'AGRICULTURE TROPICALE. 37 étant en guerre les unes contre les autres, détruisent les dattiers mâles de leurs ennemis, parce qu'ils sont moins nombreux que les femelles et ainsi répandent la famine dans la contrée. Un palmier femelle a grandi dans une serre à Berlin pendant huit ans sans rapporter de fruits; on apprit alors qu'un palmier mâle, ou à étamines de la même espèce, était en fleurs à Dresde ; quelques pollens furent envoyés par la poste et furent secoués sur les fleurs de pistils ; l'arbre fructifia et donna une bonne récolte. Quand le pollen est transporté par Le pollen le vent pour la fertilisation des fleurs, il est excessive- le vent. ment sec et léger; il peut donc être entraîné à de gran­ des distances. Un étonnant exemple de fertilisation par le vent s'est produit en Italie : un palmier poussa à Otrante ; il portait chaque année quantité de fleurs fe­ melles, mais point de fruits, bien que l'arbre fût grand et vigoureux. Quelques années après un pied mâle de la même espèce vint à fleurir à Brinclisi ; bientôt l'arbre d'Otrante fut couvert de fruits ; le vent avait transporté le pollen à une distance de 2i milles (38k 616m). Fertilisation par les insectes. — H y a une quan­ tité innombrable de plantes dont les fleurs ne peuvent se fertiliser spontanément, ni être fertilisées par l'in­ termédiaire du vent. Il arrive aussi parfois que des éta­ mines et des pistils bien constitués se trouvent sur la même fleur, mais ne se développent pas en même temps; aussi les pistils d'une fleur doivent-ils être fertilisés par le pollen d'une autre. Ce phénomène appelé fertili­ sation croisée, est très fréquent, et c'est une sage pré­ caution de la nature pour permettre aux plantes de produire de meilleures graines. Dans d'autres plantes, comme les orchidées, les aristoloches etc., les étamines 38 PETIT TRAITÉ sont disposées de telle sorte qu'elles sont parfaitement' incapables de laisser tomber leur pollen sur leur propre stigmate, ni sur celui d'autres fleurs; aussi les pistils ne pourraient-ils être fertilisés, les plantes produire de fruit ni partager leur espèce sans l'intervention des insectes et des oiseaux. Tout le m o n d e , dans les Indes occidentales, a eu l'occasion de remarquer les papillons, les abeilles, les colibris, voltigeant d'une fleur à une autre dans un rayon de soleil. Les papillons dardent leurs longues trompes dans les corolles; les abeilles se glissent dans Les colibris les fleurs ; les colibris, sans paraître bouger mais en 6t les fleurs. réalité en battant des ailes avec une étonnante rapidité, se posent sur le bord d'une fleur et se laissent balancer tout en fouillant au m o y e n de leurs longs becs effilés jusqu'au fond de la fleur. Les colibris, abeilles, papil­ lons, coléoptères, phalènes, tous pénètrent dans les Le nectar at- fleurs pour chercher le nectar, liquide sucré, sécrété au tire les oiseaux x _ A et les insectes, m o m e n t de la pollination, c'est-à-dire lorsque le stig­ mate est prêt à recevoir le pollen. Ce nectar est in- dustrieusement recueilli par les abeilles qui l'élaborent sous forme de miel. Il est sécrété par des glandes si­ tuées sur les pétales ou les étamines m ê m e s . Au mi­ croscope, ces organes apparaissent c o m m e de petites saillies ou canaux ou éperons, d'où suinte le nectar. Toutes ces glandes, de forme variée, sécrétant l'exquise liqueur qu on vient de dire, se n o m m e n t uniformément nectaires. Les oiseaux et Nous avons vu c o m m e n t les insectes et les oiseaux les insectes fer­ tilisent les plan- vont aux fleurs pour .leur dérober leur nectar; mais tes en se nour- . A rissant de leur la nature a sagement établi qu ils rendraient en même nectsr temps service à la plante en facilitant l'importante D'AGRICULTURE TROPICALE. 39 fonction de la fertilisation. Les fleurs sont d'une infinie variété de formes ; mais peu importe la disposition de leurs nombreuses parties, car les insectes ne peuvent atteindre au nectar sans toucher aux anthères, et le pollen se détache alors et recouvre ces insectes. Quand ils visitent alors une autre fleur, le pollen étant frotté contre le stigmate gluant, y reste fixé pour accomplir son importante fonction. Telle est la façon la plus com­ m u n e dont les fleurs sont fertilisées par les insectes. Mais, dans d'autres cas, l'arrangement de-la fleur pour effectuer la fécondation est vraiment merveilleux. L'aris- Merveilleux . , exemple des tolochia trilobata est une curieuse plante rampante précautions de qui pousse à l'état sauvage à la Jamaïque, la Dominique assurer la ferti- et dans les autres lies occidentales. La fleur est très infectes.153' belle; il n'y a pas de corolle, mais le calice coloré est fait c o m m e une urne avec un col recourbé en forme de cou de cygne. Ce col a une sorte de couvercle ou opercule qui se prolonge en panache s'agitant au vent et servant à attirer l'attention des insectes. Le couvercle empêche la pluie d'entrer dans l'urne, mais laisse l'ac­ cès libre aux mouches et autres petits animaux. L'inté­ rieur du col forme un tube qui conduit au fond renflé de la fleur; il est garni de poils disposés en sens in­ verse de l'entrée, la pointe tournée à l'intérieur, de sorte qu'ils n'opposent aucun obstacle à l'insecte qui pénètre dans la cavité de la fleur, mais l'empêchent d'en sortir. Une mouche entrée dans l'urne pour chercher le nectar est retenue prisonnière, jusqu'à ce que, par ses mouvements, elle ait forcé le pollen à s'appliquer sur le stigmate ; quand cela est fait, la mou­ che peut sortir en emportant avec elle quelques grains de pollen qui peuvent servir à une fertilisation croisée 40 PETIT TRAITÉ odeurTdeï danS Une autre fleur- Les brillantes couleurs des fleurs neurs. et leur parfum semble attirer les insectes et les autres animaux qui contribuent à la fertilisation ; on a observé que les fleurs, qui ont besoin pour être fertilisées de l'intervention des animaux, ont dans la couleur, la forme ou l'odeur, quelque chose de caractéristique qui sert à attirer l'attention et à provoquer la. visite de leurs pré­ cieux hôtes. La graine et On voit combien sont sages les agencements de la 1 embryon de la ° plante. nature : les fleurs nourrissent les insectes et les insectes fertilisent les fleurs, de sorte que les espèces peuvent être propagées et que l'homme et les animaux peuvent recueillir une plus ample moisson du sol. La graine ou, c o m m e on l'appelle quelquefois, l'œuf de la plante, se compose d'un très petit corps, Y embryon ou jeune plante, et d'une masse nutritive faite géné­ ralement d'amidon ou d'huile, destinée à nourrir la plante-enfant jusqu'à ce qu elle puisse prendre d'elle- m ê m e la nourriture. L embryon et la nourriture sont entourés de deux enveloppes dures qui les protègent contre toute offense. La graine con- L'embryon est la plante en miniature; il est composé tient la nourri- ° > x % *- turepouriajeu- d'une radicelle ou racine, d'une caulicule ou tigelle, qu'à ce que les d'une ou deux feuilles, les cotylédons, et d'un germe ou racines soient , , -,. , i * i ,-t •!> formées. plumule ordinairement enveloppe dans une petite cavité placée à la base des cotylédons. Naturellement toutes ces parties qui correspondent aux parties similaires de plante adulte sont très rudimentaires ; elles sont comme la miniature ou l'esquisse de la plante parfaite. L'ali­ ment emmagasiné dans la graine pour la première nour­ riture de la jeune plante peut être contenu dans les cotylédons qui sont alors gros et charnus c o m m e dans D'AGRICULTURE TROPICALE. 41 les fèves, ou bien il peut être à côté des cotylédons comme dans le maïs ou le cocotier ; mais toutes les grai­ nes en contiennent une provision sans quoi elles ne Fig. i. PHASES DE LA GERMINATION D UNE GRAINE. Fig. 1. — A Cotylédons. B Plumule et formation des feuilles. C Radicelle et formation de la racine. D. D Enveloppe externe de la graine. E Enveloppe interne de la graine. Fig. 2. — A. A Cotylédons. B. B Feuilles développées de la plumule. C Racines développées de la radicelle. pourraient se développer en plantes, la radicelle ne pou­ vant extraire du sol la nourriture avant de s'être déve­ loppée en racine parfaite. 42 PETIT TRAITE de tion. Action chimique. conditions de Germination. — Placé dans des conditions favora- la germination. , 1 bles, l'embryon commence à prendre la forme de fa plante, et cette action vitale se nomme germination. Les conditions nécessaires pour la germination sont au nombre de trois, savoir : humidité, chaleur et air. Quand ces trois conditions requises se présentent en proportions Le phénomène convenables, il se produit le phénomène suivant : la e la germina- L x graine absorbe l'humidité qui amollit et gonfle toutes les parties, de façon à briser l'enveloppe et à permettre à l'embryon de grandir ; en même temps s'accomplis­ sent certaines transformations chimiques : l'amidon inso­ luble ou l'huile qui est dans la graine se change en une substance soluble comme le sucre, substance dont se nourrit la plante-enfant; le carbone devenu libre dans cette combinaison chimique se combine avec l'oxygène de l'air pour former de l'acide carbonique ; pendant tous ces changements il se dégage de la chaleur et ainsi la graine est échauffée, dans une certaine mesure, par sa propre action vitale; mais la chaleur du dehors est nécessaire tout d'abord, car, sans elle, la vie qui est dans la graine en sommeil ne pourrait, pour ainsi dire, être réveillée. L'embryon une fois dégagé des enveloppes de la graine , la radicelle pousse de haut en bas dans la terre et devient racine, la plumule croit de bas en haut et forme la tige et les feuilles. La nature a doué l'embryon de cette propriété, et il n'est rien au monde qui puisse empêcher la radicelle de pousser en bas dans le sol ou la plumule en haut dans l'air. Si une graine est plantée de façon que les radicelles se trouvent en haut, elle se retournera aussitôt qu'elle commencera à gran- cela peut être souvent observé pour le cacao et Croissance de l'embryon. clir D'AGRICULTURE TROPICALE. 43 pour les autres graines qui ont été plantées à l'envers. Nutrition des plantes. — On a vu que la plante- enfant est nourrie par l'aliment contenu dans la graine. Mais à la longue, quand les racines et les feuilles sont formées, cette réserve est épuisée et la feuille doit chercher dans le sol et dans l'air son aliment. Les feuilles empruntent la nourriture à l'air ambiant; les racines la tirent du sol au moyen du fin chevelu qui re­ couvre leurs plus petites radicelles. Toutefois, pour que ces fonctions s'accomplissent, il faut que l'aliment soit dissous par l'eau; car ni la racine, ni aucune autre partie de la plante ne peut absorber d'aliment solide. Le sucre, le sel et autres corps solides similaires peuvent être facilement dissous dans l'eau ; mais ils y existent toujours sous une autre forme et peuvent être reconnus au goût. Or, l'eau, dans le sol, de concert avec l'acide carbonique et l'excrétion acide du chevelu de la racine, dissout les substances solubles de la même manière qu'elle dissout le sucre. L'ammoniaque, l'acide carbo­ nique, les composés de chaux, de potasse, etc., sont toujours présents à l'état soluble dans un sol fertile et peuvent être absorbés par les racines pour servir à la nutrition et à la croissance des plantes. L'acide carbo­ nique et l'ammoniaque dans le sol proviennent de la pluie (qui les a apportées de l'atmosphère) de la décom­ position ou putréfaction dans la terre des matières animales et végétales. Mais les composés inorganiques dérivent du sol lui-même, lequel, comme nous le savons, a été formé des roches primitives. Composition des plantes. — Le phénomène de la nutrition des plantes sera mieux compris quand on con­ naîtra leur composition. Si l'on prend une plante avec 44 PETIT TRAITÉ ses racines , sa tige, ses feuilles, et qu'on la jette au feu, il n'en restera rien qu'une petite quantité de cendres : cendres environ 5 parties pour 95 brûlées. Ces 95 parties ont des plantes. i n disparu sous forme de gaz et vapeur; on les appelle portions organiques ou volatiles; elles proviennent prin­ cipalement de l'atmosphère. Les cendres se nomment portions inorganiques ou minérales et proviennent du sol. Quelquefois, les cendres sont en proportion supé­ rieure ou inférieure à 5 %, les limites étant de 1 à 11 %, mais le taux de 5 % peut être pris pour quantité moyenne. Les parties Les parties volatiles de la plante sont de deux sortes : organiques sont L volatiles. l'une contient tous les éléments organiques, moins la- zote, et ces parties sont pour cela appelées non-azotées; l'autre contient les quatre éléments organiques, et les parties sont dites azotées. Dans la première classe se rencontrent la cellulose ou matière ligneuse, Yamidon,h sucre, les gommes, etc.; dans la seconde le protoplasma importance e^ \R chlorophi/lle. Le protoplasma est la partie de la du protoplasma. l u L L L plante où se concentrent les principales fonctions vitales, et la chlorophylle est la matière colorante des feuilles. Cette dernière est l'agent principal de cette décompo­ sition de l'acide carbonique qui fait que le carbone est absorbé parla plante et que l'oxygène retourne à l'atmos­ phère . Les portions inorganiques des plantes sont la silice, le chlore, la potasse, la soude, la magnésie, la chaux, Y oxyde de fer, Yacide phosphoriqué, Y acide sulfuriqut et parfois le manganèse, et d'autres substances minérales qui se rencontrent en minime proportion. Ces éléments i organiques ne se présentent pas d'eux-mêmes ou à l'état libre; ils s'unissent les uns aux autres pour former des composés; par exemple, le superphosphate de chaux est, D'AGRICULTURE TROPICALE. 45 un composé de phosphore, de calcium, d'hydrogène et d'oxygène. L'analyse des cendres des plantes est de la importanc J . J L del'analvsecl; plus grande importance pour les planteurs ; elle les met mique. à m ê m e de discerner si une plante déterminée peut être cultivée avec succès dans une partie donnée de leurs terres. Si, par exemple, la terre manque de chaux et que le planteur désire cultiver une plante qui en ab­ sorbe beaucoup, il sait que la plante ne viendra bien que s'il fournit du calcaire au sol d'une manière ou de l'autre. Les parties inorganiques des plantes, ainsi que le montre la quantité des cendres sont peu considé- Lçsoidoitcoi - 1 L tenir les él rables, mais elles sont aussi nécessaires à la bonne mentsinorgan ques trouve venue des plantes que l'eau qui est contenue dans les dansiespiante tissus en si grande abondance. Un sol dans lequel tout existe à l'exception d'un des éléments inorganiques né­ cessaires ne nourrira pas la plante ; l'absence de cet élément constatée dans la petite quantité de cendres rend le sol incapable de produire une abondante végéta­ tion de l'espèce désirée. Cela explique le remarquable appoint qu'apporte la chimie agricole au cultivateur ou importanc 1 1 \ 1 11 T I" 11 T • • < l e l 2 C l ' i m planteur. D abord elle établit quelle est la composition agricole. de la plante qu'il désire cultiver; puis elle analyse le sol de façon à reconnaître s'il contient tous les éléments nécessaires à l'alimentation des plantes et si ces éléments existent à l'état actif; ou encore, c o m m e nous le verrons plus loin, elle reconnaît quand le labour ou la jachère développent dans le sol toutes les substances néces­ saires en quantité suffisante et sous une forme soluble propre à l'absorption par les racines. CHAPITRE V PROPAGATION DES PLANTES. " -i A l'état naturel, les plantes se propagent par graines, bulbes, tubercules, rejetons, stolons et bourgeons. L'homme par sa science a accru les moyens de propa­ gation, soit en divisant la plante, soit en pratiquant des divisions de la tige et des racines, soit en employant le procédé connu sous n o m de marcottage. Il y a donc Deux procé- deux procédés de propagation, l'un naturel, l'autre ar- tion:i'un natu- tifîciel. On les emploie tous deux en agriculture. rel, l'autre arti- _. .. . _ , , , , ticiei. Propagation par graines. — Dans la plupart des cas, les plantes se reproduisent d'elles-mêmes par leurs graines, et beaucoup de cultures créées par l'homme se perpétuent d'elles-mêmes de cette façon. — L a pro­ duction de la graine est le but et souvent le terme de la vie de la plante. La graine tombe à terre et germe; la plante pousse, mûrit, produit des fleurs et des graines, et souvent cette production de la graine est le suprême effort de l'organisme. Tel est le cycle de la vie des plantes depuis d'innombrables années c o m m e aujourd'hui. On variations sou- remarque que beaucoup de plantes de m ê m e espèce va- vent dues aux . -, , , ,,. . """* conditionsexté- rient considérablement en taille, en vigueur de pousse, en apparence de santé, en qualité et en quantité de graines et de fruits. Tandis qu'une plante croissant dans PETIT TRAITÉ D'AGRICULTURE TROPICALE. 47 un bon sol, et dans de favorables conditions, sera d'appa­ rence luxuriante et se montrera féconde en fruits, grai­ nes, feuilles et racines, une autre plante de m ê m e es­ pèce, croissant dans de mauvaises conditions et dans un milieu désavantageux sera pauvre, sèche, rabougrie, stérile ou à peu près. Or le but de l'agriculteur est d'ob- importance delabonnegrai- tenir des plantes bien portantes et robustes, qui lui don- ne. neront de bonnes récoltes ; l'une des choses les plus né­ cessaires pour assurer ce résultat, après qu'on a reconnu que le sol et le climat sont favorables, est de choisir de bonnes semences. Pour faire couver une poule avec l'espoir d'obtenir une belle couvée de gros poulets, personne ne choisira les œufs les plus petits et de moins belle ap­ parence; de m ê m e aucun agriculteur intelligent ne peut attendre d'une mauvaise semence des plantes fortes et prolifiques. Pour avoir des graines de choix, il faut les Prendre les recueillir des plantes les plus vigoureuses, parce que des plantes les plus parents robustes ont d'ordinaire une progéniture ro­ buste : la loi est la m ê m e dans le règne végétal que dans le règne animal. La graine doit donc être prise sur les plus belles plantes; c'est d'elles que proviennent les graines les plus grosses et les meilleures. Le planteur s'assurera donc d'une large proportion de belle semence. Si cette sélection était pratiquée pendant plusieurs an- Amélioration des nées de suite dans les Indes occidentales, il y aurait des productions. chances pour que nos productions fussent grandement améliorées; on a jusqu'à présent accordé trop peu d'attention à cette question importante, ce qui explique l'infériorité relative des productions de nos contrées. Propagation par les bulbes et tubercules. — Les bulbes et les tubercules tiennent à la plante sur ou Bulbes sous la terre. Chez les ignames, les deux modes se ren- 48 PETIT TRAITE contrent sur le même sujet. Si les ignames sont laissées à elles-mêmes elles donnent des tubercules et la tige meurt, puis les tubercules grossissent et forment un groupe d'ignames au même endroit; mais comme ces pousses seraient trop serrées pour grandir, quelques- unes périssent. La plante se reproduit ainsi d'elle-même, mais seulement dans une certaine mesure. L'homme intervient alors, sépare les tubercules, les place tous dans des conditions favorables ; il peut même par une méthode artificielle augmenter le nombre des rejetons de l'igname-mère, et il obtient ainsi une production beaucoup plus grande. C'est un des cas où les procédés naturels de reproduction sont employés par l'homme a son avantage. Propagation par stolons. — Ce mode de propa­ gation peut s'observer sur les fraisiers et autres plantes stolonifères. Une pousse sort du pied de la tige, rampe sur le sol et s'enracine à son extrémité, pour former une nouvelle plante ; cette pousse ou coulant se dessèche après que la nouvelle plante est enracinée. Quelques Tiges végétaux émettent aussi des tiges rampantes qui s'en- rampantes. . . . . racment tout le long de leur surface inférieure; chez ces végétaux les bourgeons qui se produisent à la face supérieure, développent de nouvelles plantes. Propagation par rejetons. — L e s rejetons ne sont qu'une modification des stolons : ce sont des branches,* ou plus exactement des tiges souterraines qui peuvent!, être ou très longues ou très courtes, mais qui poussent sous terre, et qui, après avoir pris racine, s'élèvent danst l'air et deviennent des plantes indépendantes par le fait du dépérissement ou de la séparation des ti^ es souterraines qui les rattachaient à la plante-mère. Le D'AGRICULTURE TROPICALE. 49 w bananier est un exemple connu de ce procédé de propa- surgeons . d u bananier. gation. Les races cultivées donnant des graines sont très rares ; Tonne peut donc se passer des rejetons pour pro­ pager la plante et s'assurer l'important aliment qu'elle produit. Les botanistes font plusieurs divisions parmi les stolons et les rejetons et leur donnent différents noms, sui­ vant leurs caractères ; mais dans la pratique, l'agriculteur peut considérer la division en stolons et rejetons comme m essentielle. Propagation par marcotte. — En certains cas, Lemarcottage . . . . est souvent un h le marcottage qui est très usité par les jardiniers pour procédé natu- rel. propager les plantes, est un procédé naturel. Quand les branches d'une plante, par leur propre poids ou par quelque circonstance accidentelle, s'inclinent jus­ qu'à terre et restent en contact avec le sol humide, les racines se développent sur la face inférieure, et au bout de quelque temps, la branche devient une plante indépendante. Ce procédé a été imité par l'homme cpii maintenant propage à volonté les plantes par ce ir/ moyen. La branche à marcotter est inclinée jusqu'à terre ou jusqu'au terreau placé en pot ou en caisse, puis retenue par une fourche ou quelque autre entrave, et afin de stimuler la branche à la production de racines, la partie qui la relie à la tige-mère est coupée à demi, ou tordue ou même rompue; au bout d'un certain temps, les racines seront formées et l'on pourra , couper entièrement la partie qui les réunissait. Propagation par division. — C'est là un moyen très simple et très sûr de propagation pour les plantes qui ont de nombreuses racines et de nombreuses tiges, 1 comme l'herbe de Guinée, la cardamome, le gingembre, l'arrow-root, etc.. La plante est dépiquée et la terre '-"'"' AGRICULTURE TROPICALE. 4 m. u - « F 50 PETIT TRAITE secouée des racines, puis on fait autant de divisions que la plante le permet. On doit prendre soin qu'il reste au moins un bourgeon sur chaque division, autrement la nouvelle plante ne pousserait pas bien. Propagation par boutures. — Ce procédé de propagation a une grande valeur ; grâce à lui, on peut conserver les propriétés caractéristiques des plantes. Les plantes se- Dans les plantes à graines, souvent le semis ne reproduit mées diffèrent , , ,. souvent des pas exactement la plante-mere ; on y remédie en repro- plantes mères. n • , i • , i , T « ? i duisant les sujets par boutures. La canne a sucre s ob­ tient par boutures; de même le bambou, la patate douce, le manioc, etc. Les boutures doivent toujours être coupées en travers aussi doucement que possible, juste au-dessous d'un œil ou d'un bourgeon, sur la tige ou sur une branche de la plante ; de cette façon il y a plus de chances pour que la bouture prenne racine. Dans la reproduction des plantes par boutures opérée sur une grande échelle comme aux Indes occidentales, on ne prend pas assez de soin pour choisir de bonnes prendre la plantes-mères. L'auteur de cet ouvrage a souvent vu bouture sur les i i x i ^ / > ! • • • meilleurs sujets, des « plants » de canne a sucre (c est ainsi qu on nomme parfois les boutures) pris sur les plus mauvaises et les plus courtes cannes du champ; les planteurs s'éton­ naient ensuite de trouver leurs cannes chétives et de lente venue. La bouture reproduisant toujours les qualités propres de la plante-mère on ne peut donc attendre des cannes vigoureuses, de boutures prises sur des sujets inférieurs. Dans les régions tempérées et froides de l'Europe et de l'Amérique, où les plantes tropicales ne peuvent vivre qu'en serre chaude, leur reproduction est assurée exclusivement par le bouturage, et les jardiniers ont acquis une grande adresse dans la D'AGRICULTURE TROPICALE. 51 multiplication des plantes par ce procédé. Beaucoup de plantes peuvent à la vérité être reproduites aujourd'hui Plantes repro­ duites par les par simple bourgeon, ou m ê m e par feuille ou portion bourgeons ou . . i - - , les feuilles. de feuille ; mais le planteur des tropiques n a pas a utiliser de ce procédé. Pourtant notons que le principe de ce procédé peut être aisément vérifié pour le bégo­ nia c o m m u n ; un simple feuille de bégonia placée ou piquée dans une terre humide donne ordinairement plusieurs plantes se développant parfaitement. CHAPITRE VI LE CLIMAT. Les plantes Le climat est le principal régulateur de la végéta- poussent sous . -, -, ., . , . les climats qui tion ; et 1 une des premières questions que doit exa- leur convien- • î i i , • • • i T . ± , nent. miner le planteur est de savoir si le climat convient a la culture qu'il veut entreprendre. Le sol de certaines parties de la Hollande peut parfaitement convenir à la canne à sucre, c o m m e celui de la Jamaïque à la bette­ rave. Mais dans les deux cas, le climat rendrait le suc­ cès impossible, si quelqu'un était assez inconsidéré pour en faire l'essai; les habitants de la Jamaïque s'enri­ chissent avec le sucre de canne, c o m m e les Hollandais avec celui de betterave, pour cette raison toute simple que le climat de la Jamaïque est approprié à la canne à sucre et celui de la Hollande à la betterave. ce qu'est le Le climat représente la plus grande ou la moindre somme de chaleur, de lumière et d'humidité, c'est-à- dire les principales conditions qui influent sur la vé­ gétation et rendent une contrée habitable pour l'homme Latitude. et les animaux. Le climat est généralement déterminé par la latitude ; il est plus chaud à l'équateur et de plus en plus froid à mesure qu'on s'avance vers les pôles. Toutefois, cette règle générale souffre beaucoup d'excep­ tions : la principale exception est déterminée par l'élé- PETIT TRAITE D'AGRICULTURE TROPICALE. 53 Climat des montagnes. vation au-dessus du niveau de la mer ou altitude. Près Altitude. de l'équateur, il y a des sommets dépassant 16,000 pieds (4,800m) qui sont couverts de neige toute l'année. Le grand explorateur allemand, Humboldt, a posé en prin­ cipe que le thermomètre descend d'un degré par 343 pieds (102m) d'élévation, en sorte que, dans les pays de montagnes, le climat dépend en réalité de l'altitude. Il est remarquable que, dans les petites îles montagneuses, comme la Jamaïque ou la Dominique, le climat est chaud et tropical aux environs du niveau de la mer, et que dans les parties hautes il devient frais et tem­ péré. Sur le littoral poussent le manguier, la canne à sucre, le cocotier, et les fruits européens n y peuvent venir; mais sur les hauteurs, ni le manguier, ni la canne ne réussiront, alors que les plantes européennes vivent, fructifient et même se reproduisent librement, comme par exemple les fraisiers dans les plantations de quinquina des Antilles. Les forêts exercent une notable influence sur le cli- Forêts. mat, surtout sous les tropiques : leur feuillage épais empêche les rayons du soleil d'échauffer le sol, de sorte que l'atmosphère est imprégnée de fraîches vapeurs. Lorsque les forêts ont été défrichées et la terre mise Terres cuiu- véesplus sèches en culture, l'air devient plus sec et plus chaud; le etpiuscnaudes. sol également. Un effet semblable se produit quand on a drainé et cultivé une terre humide et maréca­ geuse. Lorsque l'atmosphère est obscurcie de nuages et de vapeurs, comme dans les contrées maritimes, le climat est beaucoup plus égal qu'à l'intérieur des continents. Mais les lacs et les marais ont une fâcheuse influence sur les climats; ils donnent naissance, surtout la nuit, 54 PETIT TRAITÉ D'AGRICULTURE TROPICALE. à des brouillards qui refroidissent le sol et rendent en outre le pays malsain. Exposition. L'orientation influe aussi sur le climat : une localité exposée au nord ou à l'est est en général plus froide et plus humide qu'une localité exposée au sud ou à l'ouest. Mais l'exposition dépend du soleil ; aussi dans les pays de montagne est-elle souvent contrariée par la disposition du sol; les crêtes alternant avec les vallées ou les ra­ vins, il y a d'énormes différences climatériques entre Les vallées, les endroits les plus voisins. Dans une vallée, le versant qui reste le plus souvent dans l'ombre est froid et hu­ mide; l'autre est chaud et sec. La vie des plantes dif­ férera donc sensiblement d'une vallée à l'autre. influence Les régions exposées aux vents ont un climat diffé- • rent de celui des régions abritées, quand bien même les conditions de nature du sol, de pluie, d'orientation seraient les mêmes. Mais dans la plupart des cas, l'agri­ culteur peut corriger ce défaut. Une ceinture d'arbres, formant abri, transformera souvent un champ mal ex­ posé et improductif en une plantation prospère. soi. Le sol a une grande action sur le climat. Les terres sablonneuses, par exemple, ont une température beau­ coup plus élevée que les terres argileuses. Dans les contrées sablonneuses telles que l'Egypte, le Bengale, l'Arabie et autres parties du inonde ayant des déserts de sable, la chaleur est intolérable à certaines saisons de l'année. CHAPITRE VII. ENGRAIS. Épuisement du sol. — On a vu que les plantes en croissant absorbaient certaines substances qu'eUes trou­ vaient dans le sol à l'état soluble. Mais ces substances, qu'on n o m m e éléments actifs, n existaient dans le sol qu'en petite proportion. Si la terre est continuellement mise en culture et si on ne remplace pas par un pro­ cédé quelconque les substances enlevées par les mois­ sons, le sol finit par s'épuiser, la terre perd sa fertilité. A d'état de nature, cet épuisement ne se produit pas; dans les forêts en effet, les éléments constitutifs en­ levés du sol sont rendus par la décomposition des feuil­ les, branches ou troncs qui tombent à terre ; dans les prairies et les savanes, où les animaux errent en li­ berté, le retour à la terre des substances enlevées comme nourriture est sans cesse assuré; car les animaux en­ graissent la terre par leurs excréments pendant leur vie, et par leurs cadavres après leur mort. La terre doit être regardée par le planteur comme une banque dans laquelle il a un compte ouvert. S'il tire continuellement des chèques sur cette banque et n'effectue pas de nouveaux dépôts pour compenser les sorties, il arrivera tôt ou tard à épuiser son capital : 5G PETIT TRAITÉ il en est de m ê m e pour le sol. Dans les plantations de cacaoyer ou de caféier, aux Indes occidentales, et surtout dans l'intérieur des terres, on voit souvent le planteur enlever sa récolte chaque année et ne faire rien ou à peu près rien pour combattre l'épuisement de sa terre ; au bout d'un certain temps, voyant la récolte diminuer, il croit que les arbres sont mauvais, ou que le sol n'est pas propre à la culture, tandis que la faute en est à lui seul qui a. pris tout à la terre, et ne lui a rien rendu. L'épuisement peut en certains cas être prévenu par la jachère ou par une culture rationnelle, comme par exemple lorsque la terre est bêchée ou labourée dans le but de rendre actifs les éléments passifs ou bien lors­ que la culture est interrompue et le champ laissé en jachère. Mais ce moyen ne peut être employé que dans les cultures de canne à sucre ou de blé. Le cacaoyer, le caféier et les plantes similaires sont des plantes de longue durée en sorte qu avec elles la terre ne peut se reposer ni la récolte être interrompue, c'est alors que les en­ grais et les opérations de labour sont utiles et même nécessaires. Action des engrais. — Le principal effet des en­ grais est de restaurer la fertilitéà'unsol épuisé, d'enrichir un sol naturellement pauvre, de prévenir l'épuisement en rendant au sol, sous une forme appropriée, les divers éléments enlevés avec la récolte. Les engrais n'agissent pas seulement en introduisant dans le sol des ma­ tériaux assimilables par les plantes; ils agissent en outre chimiquement sur les constituants organiques et inorganiques du sol, rendent quelques-unes de leurs substances d'inactives, actives, et rendent aussi libre l'aliment de la plante qui était en quelque sorte D'AGRICULTURE TROPICALE. 57 dans la terre à l'état latent. Ils ont une troisième action très importante, l'action mécanique. Les engrais, en effet, améliorent la condition physique du sol, en rendant plus légère et plus perméable l'argile tenace et lourde, en agglomérant les sables et les rendant capables de rete­ nir l'humidité. Engrais généraux et spéciaux. — Les engrais sont ordinairement divisés en deux classes. L'engrais complet est celui qui fournit au sol tous les constituants absorbés par les plantes qui s'accrois­ sent aux dépens du sol et de l'air ; il contient par con­ séquent tous les éléments organiques et inorganiques qui se trouvent dans les plantes ; c'est l'engrais le plus précieux pour le planteur. Les engrais spéciaux, qu on appelle aussi artificiels, contiennent un ou plusieurs des constituants nécessai­ res de l'alimentation végétale, et sont employés pour remplacer dans le sol ces constituants, qu'ils soient absorbés par les récoltes abondantes ou qu'ils se trou­ vent en trop faible proportion naturellement. Le baron Liebig a établi ce qu'il appelle la « loi du minimum » ; l'obtention d'une récolte nécessite impérieusement la présence dans le sol d'une « quantité minima » de un ou de plusieurs des éléments inorganiques qui servent à la nutrition de la plante cultivée, d'un ou de plusieurs des éléments inorganiques des aliments des plantes. Un sol peut contenir en excès tous les constituants néces­ saires à la prospérité d'une plante sauf un seul ; si celui- là est fourni artificiellement, la fertilité du sol est assu­ rée. L'emploi d'un engrais contenant en large propor­ tion le constituant qui manque constitue le mécanisme de l'amendement général et spécial; il découle de 58 PETIT TRAITÉ tout cela l'indispensable nécessité d'une connaissance exacte du sol et de la vie végétale, afin de déterminer quelle doit être la composition de l'engrais artificiel dont ou veut faire usage. L'emploi irrationnel ou in­ conscient de ces engrais n augmente pas la récolte et peut être m ê m e préjudiciable au sol; c'est donc une dépense inutile pouvant m ê m e produire une perte. Engrais généraux. — Ces engrais peuvent être divisés en trois classes : 1° le fumier de ferme ; 2° les engrais verts ; 3° les produits inutilisés. Le fumier de ferme, n'est autre chose que la litière de paille ou d'émondes de canne piétinée par les chevaux, bêtes à cornes, pourceaux, moutons, dans les écuries, supériorité les étables, les porcheries, les bergeries et mêlée aux excréments solides et liquides des animaux. C'est le meilleur engrais qui puisse être mis en terre ; il enrichit le sol plus qu'aucune autre substance ; son action sur le sol est à la fois chimique et mécanique ; aucun autre engrais n'a une action aussi complète. Sa qualité, et par suite son efficacité varient beaucoup suivant les animaux qui le produisent et le genre de nourriture qu'on leur donne. Les animaux jeunes emploient la plus grande partie de la nourriture qu'ils consomment au dévelop­ pement de leurs tissus; aussi leur fumier n'est-il pas Les animaux aussi bon que celui des animaux adultes. Les animaux bien n o u r r i s . 1 . , . donnent un qui consomment une bonne nourriture produisent un meilleurfumier. ,• • i • u • x x fumier plus riche que ceux qui sont pauvrement nourris. Les chevaux, par exemple, qui sont nourris en partie d'orge et d'avoine ou de tourteaux de graines produi­ sent un meilleur fumier que les animaux qui ne man­ gent que de l'herbe. En Angleterre et ailleurs, les bêtes à cornes reçoivent souvent une nourriture forte D'AGRICULTURE TROPICALE. 59 dans l'unique but d'augmenter la valeur du fumier; il a été reconnu qu'il était moins coûteux de procéder ainsi que d'acheter des engrais artificiels. • Quand le fumier est mis en tas, il fermente. Cette Fermentation. fermentation est produite par la rapide formation de myriades de petits organismes végétaux du genre des moisissures ; la fermentation dégage de la chaleur et détermine d'importantes transformations dans le fumier qui est ainsi rendu plus propre à concourir à l'alimen­ tation des végétaux. Quand on commence à percevoir une odeur d'ammoniaque, c'est un signe que le tas est trop sec et il faut alors le mouiller. Quand le tas est Purin- exposé à l'air et au soleil, un flot de liquide noirâtre en découle; cette matière est d'une grande valeur et ne doit pas être perdue; il faut la recueillir et la répandre sur le tas de fumier ou bien sur le sol, où son action hautement fertilisante doit être employée. Ce fumier liquide nommé purin contient de l'ammoniaque et autres substances organiques : de là sa valeur comme aliment de la plante. Autant que possible le tas de fumier doit Tenir à cou- vert le tas de fu- être tenu à couvert pour que les pluies trop abondantes mier. ne puissent diluer et entraîner ses substances utiles. Dans les pays de langue anglaise on réserve le nom de compost à une espèce de fumier composé de tous les débris animaux et végétaux que le cultivateur a pu recueillir; mauvaises herbes, feuilles mortes, boues des routes et des cours d'eau, cadavres d'animaux, dé­ chets de cuisine, et toutes choses de ce genre sont mises en tas et laissées à pourrir jusqu'à ce qu'elles forment un bon fumier. Pour en augmenter la valeur, on répand dessus un peu de fumier liquide (purin) ou on le re­ tourne de temps à autre, afin d'y faire pénétrer l'air GO PETIT TRAITÉ dans le but de faciliter la fermentation. L'addition d'une petite quantité de chaux à l'intérieur du tas aug­ mente considérablement la valeur de l'engrais, en aidant à la formation du nitre (ou nitrate de potasse) qui est une excellente substance fertilisante, trop chère pour être employée comme engrais artificiel. Il ne faut pas oublier que les tas de fumier ou de « compost » ne doivent pas être gardés trop longtemps ; l'exposition à l'air et la fermentation excessive diminuent à la longue la valeur du fumier en tant que matière nutritive des végétaux. Les détritus des bourgs et villages constituent un excellent amendement et un bon planteur devra s'estimer heureux de les obtenir pour les épandre sur sa terre. Le sang, les os et autres déchets des abattoirs, les viandes pourries, les cheveux, laines, chiffons, la sciure de bois, les balayures, les vidanges, etc., tout sert à accroître la fertilité du sol. Épandues sur la terre, mêlées à elle par le bêchage ou le labourage, ces ordures paieront largement les dérangements et la légère dépense qu aura dû faire le planteur pour se les procurer. Engrais verts. Par cette expression on entend l'en­ fouissement par la bêche ou la charrue des plantes en herbe, de façon cjue les racines, tiges et feuilles puissent se décomposer dans le sol et accroître ses principes nourriciers. En Angleterre et en d'autres contrées, le trèfle, le gazon, les navets, le seigle, la moutarde, les vesces et antres plantes semblables sont produites uniquement dans le but de les enfouir plus tard par le labour c o m m e engrais vert. Ce système a été reconnu excellent pour restaurer la fertilité des sols épuisés. Il D'AGRICULTURE TROPICALE. 61 produit cet effet en donnant au sol l'azote pris à l'atmos­ phère. De récentes recherches scientifiques ont prouvé que les plantes légumineuses, spécialement celles voi­ sines du trèfle, des pois, des fèves ont la propriété d'absorber l'azote et de fournir un bon fourrage azoté ; après leur enfouissement le sol devient plus riche et plus capable de produire d'autres récoltes. Ce procédé réussit admirablement sur les terres légères et fertiles; il ne se­ rait pas bon de l'employer dans une terre lourde et com­ pacte. Avec certaines modifications, on l'a essayé avec Les plantes ié- °'U mineuses for* succès aux Indes occidentales dans la culture de la ment l'engrais vert. canne à sucre. Les ambrevades (pois-cajan) et ce qu on appelle les fèves du Bengale sont cultivées à Saint-Kitts pour être ensuite coupées et enfouies clans la terre avec la charrue. Mais le système n est pas suivi aussi géné­ ralement qu'il le mériterait. Une autre façon d'appliquer ce procédé consiste à enfouir en terre les mauvaises herbes sarclées, que les pluies sous les tropiques ne manquent jamais de faire pousser en abondance. Les mauvaises herbes doivent être enlevées à la houe Ne pas laisser les herbes T Û Î - avant d'être en graines ; car, comme dit un vieux pro- ner. verbe : « la graine d'une année produit de mauvaises herbes pendant sept ans ». Mettre les graines en terre, c'est simplement les préserver pour une germination prochaine. Les plantes marines, les feuilles de fougères et autres végétaux qu on peut aisément recueillir, forment un excellent engrais vert ; les planteurs des Indes occiden­ tales dont les terres sont à proximité des forêts ou sur un littoral garni d'algues marines, ne doivent pas négliger les facilités qui leur sont offertes de se procurer un engrais abondant et peu coûteux, lequel contient un 62 PETIT TRAITÉ bon nombre, sinon la totalité des éléments nécessaires à la nourriture des plantes de culture. Engrais spéciaux. — Ils sont souvent appelés arti­ ficiels, non parce qu'ils sont fabriqués artificiellement, mais pour les distinguer du fumier et des engrais natu­ rels. Il y a beaucoup d'espèces d'engrais spéciaux, mais on peut les ramener à quatre classes principales, savoir : 1° les engrais azotés ; 2° les engrais phosphatés ; 3° les engrais calciques ; 4° les engrais potassiques. Si le fumier pouvait être obtenu en quantité suffisante par tous les cultivateurs, on ne sentirait nullement le besoin, des engrais spéciaux ; mais il est tout à fait exceptionnel que les engrais généraux soient obtenus sur une plantation en quantité suffisante, et l'agriculteur qui veut réussir est forcé de se rabattre sur les divers engrais spéciaux que la chimie a montré contenir les éléments de fertilité faisant défaut dans le sol. Les engrais azotés, c o m m e leur n o m l'indique, sont riches en azote; celui-ci, nous le savons, est un impor­ tant aliment pour la plante ; il est apporté de l'atmosphère à la terre sous la forme d'ammoniaque et d'acide ni- Les matières trique. C o m m e les matières azotées sont parcimonieu- azotées du sol , s'épuisent sèment réparties clans la plupart des terres, elles se trouvent vite épuisées quand on tire du sol des récoltes continuelles, d'où la nécessité de les rendre sous la forme d'engrais spéciaux, si l'on veut maintenir la fertilité du terrain. Le plus important et le plus connu des engrais azotés est le guano qui, c o m m e fertilisant, prend rang immédiatement après le fumier. On appelle guano les excréments secs d'un oiseau de mer qui se trouve prin­ cipalement sur les côtes des îles voisines du Pérou. Il contient de 8 à 20 % d'ammoniaque. C o m m e il pleut D'AGRICULTURE TROPICALE. 63 rarement et pour ainsi dire jamais dans ces régions, les excréments ont gardé leurs constituants azotés so­ lubles, lesquels donnent à l'engrais sa valeur. Quelques- uns des meilleurs dépôts de guano sont épuisés; aussi l'engrais qu'on fournit aujourd'hui sous ce nom est-il très souvent de qualité inférieure. De là la nécessité d'apporter un soin particulier à l'achat de cette subs­ tance ; quelques acheteurs poussent même la précaution jusqu'à exiger une analyse chimique de l'engrais mis en vente. Le guano contient des phosphates de chaux et de magnésie, et ces substances peuvent se trouver en assez forte proportion pour rendre l'engrais en partie phosphaté. La pluie et l'eau de mer dissolvent la subs­ tance azotée, et quand le guano est recueilli dans les lieux soumis à ces influences, on s'aperçoit que les ma­ tières azotées sont en très petite quantité, tandis que les phosphates abondent. Il y a donc deux sortes de guano : Deux sortes l'une riche en matières azotées et qu'on appelle guano azoté, l'autre ayant une surabondance de phosphates et qu'on nomme guano phosphaté. Les autres principaux engrais azotés sont le sulfate d'ammoniaque et le nitrate de soude. Ils sont plus riches en ammoniaque que le guano lui-même, et comme ils sont très solubles, on les emploie pour stimuler et, pour ainsi dire, fouetter le sol, afin de lui faire accomplir plus de travail. Aussi les appelle-t-on « stimulants » ou stimulants « fouets ». Leur effet est immédiat et bien marqué. Peu de jours après l'application de l'engrais, le feuillage devient plus vert, de nouvelles feuilles poussent en grand nombre et la récolte qui suit est copieuse. Le sulfate d'ammoniaque était primitivement un des sous-produits des usines à gaz. 64 PETIT TRAITÉ Le nitrate de soucie ou « salpêtre du Chili » est une substance blanche, semblable au sel que l'on trouve en gisements énormes ayant jusqu'à huit pieds d'épaisseur dans les parties du Pérou et du Chili qui ne reçoivent jamais de pluies. Engrais phosphatés. — Le phosphore, sous la forme d'acide phosphorique, est un aliment important pour les végétaux; on le range parmi les éléments organiques secondaires. Il ne peut être obtenu de l'air et il n existe ordinairement dans le sol qu'en très petite Les pnospha- quantité; aussi est-il une des substances susceptibles de tes du sol sont x < _ # x susceptibles de s'épuiser par suite des récoltes continues et doit-il être restitué sous forme d'engrais. Il existe clans tous les engrais généraux et quelques engrais spéciaux le con­ tiennent en grandes quantités, d'où leur nom d'engrais phosphatés. Le phosphore est un constituant très im­ portant des os des animaux et du lait des vaches. Quand les bestiaux sont laissés dans un pâturage pendant assez longtemps, ils absorbent l'acide phosphorique du sol en paissant l'herbe et le fixent dans leur corps. C'est la pâturages principale raison qui rend les pâturages « pauvres » ou épuisés. « détruits » ou « épuisés ». Or, l'expérience a démontré que l'application d'un engrais phosphaté sur un pâtu­ rage épuisé lui rend promptement son aspect verdoyant. Les principaux engrais phosphatés sont les os, les super­ phosphates et les sous-phosphates. Les os contiennent presque la moitié de leur poids de phosphate de chaux, qui a été pris entièrement au sol par les animaux en pâturant. Il y a bien longtemps que les os sont employés c o m m e engrais. Autrefois on les cassait au marteau en petits morceaux qu'on épandaità soi ossué». la surface ; cela s'appelait « ossuer » le sol. Mais les os D'AGRICULTURE TROPICALE. 65 Fermentation des os. ne se désagrègent pas aisément, c'est pourquoi l'on s'est mis à les réduire en poudre. Dans cet état ils agissent promptement. On s'est ensuite aperçu qu'ils fermen­ taient quand ils étaient mouillés ou gardés en tas à l'air, et que la fermentation les décomposait et isolait leurs éléments constitutifs; c'était déjà un grand pro­ grès. Puis le baron Liebig, à qui la science de l'agri­ culture doit tant, inventa un procédé rapide et peu coû­ teux pour transformer les os en engrais. Il les soumit à l'acide sulfurique et ainsi il obtint un engrais d'os à l'état liquide ; dans cet état, le phosphate de chaux est tout à fait soluble et prêt à servir d'aliment aux plantes. Phosphates minéraux — Les demandes d'engrais phosphatés sont devenues si nombreuses, en raison de leur action énergique sur le sol, que les provisions d'os ne pouvaient plus suffire aux besoins et qu'on a dû chercher d'autres sources de phosphates. Heureusement de grandes quantités d'organismes fossiles et d'excré­ ments pétrifiés, contenant du phosphate, les coprolithes ont été découverts dans les comtés de l'Est en Angle­ terre» et dans plusieurs parties du continent européen ; on les a bien vite utilisés comme engrais phosphaté. Outre les coprolithes, des gisements de minéraux riches en phosphates ont été découverts en quantité inépui­ sable dans plusieurs contrées de l'Europe et de l'Amé­ rique. Dans les Indes occidentales, les phosphates mi- Phosphates des x x *x i • -x ' i i si i Indes occiden- neraux sont extraits des mines situées dans les îles de taies. Sambero, Redonda, Saint-Martin, Aruba et Navassa. Sauf pour les dépôts de Redonda, l'acide phosphorique dans les phosphates minéraux, est combiné en propor­ tions variées avec le calcium ; à Redonda il est combiné avec l'alumine et forme du phosphate d'alumine. Les AGRICULTURE TROPICALE. 5 Fossiles phosphatées. f 66 PETIT TRAITE phosphates minéraux forment ordinairement une roche très dure ; il faut les pulvériser avant de les employer.1 Mais, c o m m e les phosphates qu'ils contiennent sont pour la majeure partie insolubles et par suite difficiles à assimiler par les plantes, on a reconnu nécessaire de les dissoudre dans l'acide sulfurique qui, en même temps, accroît leur valeur c o m m e engrais. Superphosphates. — La découverte du procédé qui permet de convertir le phosphate insoluble de chaux, de calcium, d'os et de minerai en phosphate somme, a rendu un immense service à la science de l'agriculture. | Le phosphate insoluble est composé de trois équivalents • de chaux en combinaison avec l'acide phosphorique et Analyse chi- il est appelé phosphate tribasique ou tricalcique, parce pî.ates.deSp1' que la base du composé, la chaux, est triple; on peut le figurer ainsi : C chaux, Acide phosphorique. ) chaux, / chaux. Si les os sont simplement brisés et éparpillés sur le sol, au bout d'un certain temps, le phosphate tribasique se transforme en phosphate bibasique, rendu médiocre­ ment soluble par l'action de l'acide carbonique et de l'eau. De cette façon, ( chaux \ ( ( chaux, Acide phosphorique.] chaux I \ acide phosphorique.j eau, ( chaux > donne < ( chaux, Acide carbonique. \ / acide carbonique et chaux Eau ) ( (ou carbonate de chaux). Mais si l'on répand de l'acide sulfurique sur le phos­ phate tribasique, on obtient un phosphate monobasique,| parfaitement soluble et un sulfate de calcium ou gypse^i D'AGRICULTURE TROPICALE. 67 La réaction chimique est clairement exprimée par 'équation suivante : chaux \ / C eau, \.cide phosphorique.^ chaux I ) acide phosporique.< chaux, chaux ( donne ) / eau. acide sulfurique j { sulfate de calcium. Le phosphate monobasique est appelé superphos­ phate parce que la proportion de l'acide phosphorique à. la chaux est supérieure à ce qu elle est dans les autres phosphates. Phosphates réduits. — Les superphosphates sont très objectioncon- , , ! ., . .. tre les super- solubles; on a reconnu que pour cette raison ils ne phosphates. conviennent pas à tous les terrains ; ils sont trop aisément dilués par la pluie. On a découvert aussi qu'ils sont trop acides pour devenir propres à l'alimentation des plantes, et qu'à moins qu'ils ne soient modifiés par d'autres subs­ tances du sol, on ne doit pas les employer. Dans les sols calcaires, les superphosphates sont modifiés par la chaux qui, en m ê m e temps, atténue leur acidité ; ils devien­ nent des phosphates bibasiques qui sont les medleurs Les phospha- . , , . , . . , . t e s b i b a s i q u e s pour les plantes. Mais pour les sols pauvres en chaux, sont les meii- où la modification ne peut se produire, les chimistes agricoles ont fabriqué des phosphates réduits qui ne sont autre chose que les phosphates de chaux bibasi­ ques. Les scories Thomas Gilchrist. — Dans ces dernières années, un engrais phosphaté de valeur a été retiré des scories autrefois inutilisées qui étaient un pro- Autrefois duit des opérations de purification de la fonte en saumon. Cette scorie est une substance noire poreuse qui se recueille en grandes quantités à la surface du fer fondu. Elle contient une forte proportion de phos- Sî* composition, 68 PETIT TRAITÉ phate de chaux avec du fer et ses oxydes, de la silice, de la magnésie et de l'oxyde de magnésie. L'engrais se n o m m e vulgairement « Poudre de phosphate Thomas ». Il est obtenu en séparant le métal de fer de la scorie et en réduisant le résidu en poudre fine : c'est sous cette forme qu'il est répandu sur le sol, comme les autres Estun engrais engrais. On l'a employé avec succès dans les planta- îes sois qui ne fions de cannes de la Guyane anglaise et dans d'autres gineux!S e"U régions des tropiques; on en use couramment en Eu­ rope. Mais comme il contient beaucoup de fer, on le considère comme impropre aux sols ferrugineux. Engrais calcaires. — La chaux est un important constituant de toute plante ; mais bien qu'elle existe en abondance dans la plupart des terres, elle manque dans quelques unes. 11 est aussi des terres, telles que les ar- La chaux agit giles compactes et lourdes où l'emploi de la chaux pro- quementetmé- duit un effet salutaire par son action chimique et mé- camquemen . c a njq U e ^\\e r end solubles les substances insolubles; fait que l'argile froide et compacte devient plus chaude, plus friable, plus pénétrable. On l'épand sur le sol en sa forme ordinaire comme a chaux vive » à l'état brut comme la craie, la marne, les coquilles qui sont des carbonates de chaux, ou enfin à l'état de gypse ou sul­ fate de chaux. Quand le corail, les coquilles ou les pierres à chaux sont chauffés au four l'acide carbonique se dégage, il ne reste que de la chaux pure ou « chaux vive ». Si l'on jette de l'eau sur la chaux vive, elle se délite en augmen­ tant de volume et en produisant une grande chaleur, puis elle s'affaisse en une matière blanche poudreuse, en­ core plus volumineuse cependant que ne l'était la chaux chaux éteinte, vive ; c'est là le produit qu'on n o m m e la chaux éteinte, D'AGRICULTURE TROPICALE. 60 celle-ci ne brûle pas comme la chaux vive. On emploie les deux formes comme engrais. La chaux vive s'appli­ que aux sols contenant des acides végétaux nuisibles; elle neutralise les acides et forme d'utiles composés dans le sol. La craie, les coquilles brisées et les pierres à chaux, ainsi que les marnes et calcaires, sont appliquées aux sols qui manquent de chaux. Tous ces engrais — car un sol ajouté à une autre terre pour en accroître la fer­ tilité est toujours un engrais — doivent être laissés à la Disposer la <> x r • i ? i ' x i i ' ' I L chaux à la sur- surtace et non enfouis profondément, la chaux pénétrant face du soi. dans le sol et tendant par suite à s'éloigner des racines des plantes. Le gypse ou sulfatede chaux est souvent employé comme usages du engrais. Il concourt à la formation des superphosphates, gypse" et les engrais phosphatés sont en une certaine mesure des engrais calcaires. Le gypse, qui se compose de chaux, d'acide sulfurique et d'eau, se trouve à l'état de nature dans plusieurs contrées du globe. Rendu anhydre, il forme le « plâtre de Paris » qui est bien connu. Au­ trefois le gypse, mélangé à la fiente, était étendu sur l'aire des étables; on croyait qu'il avait le pouvoir de « fixer l'ammoniaque » en l'empêchant de s'évaporer. Maintenant on l'applique directement au sol et il a été reconnu être un excellent amendement pour les champs de pommes de terre. Engrais potassiques. — Lapotasse entre largement dans les constituants inorganiques des plantes, comme le prouve sa présence parmi les principales substances trouvées dans les cendres. Elle est ordinairement abon­ dante dans le sol, et c'est seulement après une récolte excessive qu'il devient nécessaire d'en compenser la perte par l'application d'engrais de potasse. C o m m e la 70 PETIT TRAITE importance potasse est contenue en grande quantité dans toutes les (l G S Cïï GTâ is d G " potasse. plantes, elle retourne à la terre par la décomposition des graines et feuilles des arbres et arbustes. La valeur d'un engrais général, se chiffre par sa contenance en potasse. Quand on a besoin d'engrais de potasse, on emploie ordinairement la cendre de bois. Mais dans quelques contrées d'Allemagne, on a découvert de vastes gise­ ments de sels de potasse appelés kainites; on les a extraits composition de et l'on s'en sert comme engrais. La kainite contient des sels de magnésie et de sodium en plus des sels de potas­ sium. Toutefois, dans la plupart des contrées des Indes Occidentales, les engrais potassiques ne sont pas néces­ saires, parce que la potasse peut être obtenue abondam­ ment de détritus végétaux qu on trouve partout. Les cen­ dres des plantes, les tiges décomposées, les engrais verts y fourniront toute la potasse nécessaire aux plantes, sauf le cas — c o m m e dans quelques plantations de cannes, — où l'on a demandé à la terre plusieurs années de suite les mêmes récoltes et où l'on obtient difficile­ ment des engrais végétaux. Le sel c o m m u n s'emploie parfois comme engrais; mais il n'entre dans aucune des classes d'engrais spé­ ciaux. C'est un composé de deux éléments, le sodium et le chlore qui se trouvent l'un et l'autre dans les cendres des plantes. Il est toujours en suspension dans l'atmos­ phère près des côtes où il est entraîné dans le sol par comment on les pluies. Il ne faut pas l'appliquer directement aux emploie le sel. plantes tendres, car il les ferait probablement mourir; mais pour les cannes et le cocotier on peut l'employer largement et sans précautions, soit à l'état pur, soit sous forme d'eau de mer. Dans les plantations de cannes à sucre éloignées de la mer, on a reconnu qu'il était avan- D'AGRICULTURE TROPICALE. 71 tageux de verser un peu d'eau de mer dans les trous de cannes au moment de la plantation. Quand les cocotiers sont cultivés à l'intérieur et qu'ils ne prospèrent pas, une application de sel ou d'eau de mer suffit souvent à les faire pousser et rapporter. CHAPITRE VIII. ROTATION DES CULTURES. constituants On a montré dans les pages précédentes qu'une petite îlf*tîr^ ft lltPTlî*? portion du sol seulement peut être dissoute par l'eau et que les parties solubilisées ainsi ou autrement sont les seules propres à l'alimentation des plantes. D'autres fractions beaucoup plus considérables demeurent à l'état inactif et peuvent par conséquent, après un cer­ tain temps, sous l'action de l'eau et de l'air, devenir assimilables pour les plantes. Mais lorsque des récoltes excessives d'une seule sorte de plante sont exigées du sol, la transformation des constituants latents ne peut s'accomplir aussi vite que se produit l'épuisement du sol amené par l'accroissement des plantes; celles-ci La fertilité peut deviennent faibles rabougries et improductives. En lais- par la jachère, sant la terre se reposer, c est-à-dire en la mettant en ja­ chère durant quelque temps, quelques-uns des con­ stituants latents deviennent actifs et la fertilité est ré­ tablie. Mais quand on n'a pas beaucoup de bonnes terres, la perte d'une année de récolte est souvent une très grosse affaire ; aussi a-t-on cherché les moyens de tour­ ner la difficulté. L'un de ces moyens est l'emploi de l'engrais. Mais l'engrais coûte de l'argent, et l'on n'en a pas toujours ; alors on a eu recours à un autre système, PETIT TRAITÉ D'AGRICULTURE TROPICALE. 73 la rotation des cultures, et on l'a employé avec suc­ cès dans bon nombre d'exploitations. Les cendres des plantes ne présentent pas toutes la même composition; d'où on conclut que les principes dont se nourrissent les végétaux ne sont pas toujours requis dans les mêmes proportions. Quelques plantes, comme on le voit par leurs cendres, exigent une grande propor­ tion de potasse et d'acide phosphorique ; d'autres encore manquent en grande quantité de chaux et de magnésium et en quantité moindre des autres éléments organiques. Par exemple, les navets prennent au sol cinq fois autant de potasse que le blé ; l'orge vingt-six fois autant de silice que le froment ; le trèfle huit fois autant de chaux et de magnésie et seulement le seizième de silice. Con- séquemment si une terre produit une année des navets, de l'orge ou du trèfle et trois années de suite du blé on trouve que le sol, dans les quatre années, a donné un rendement beaucoup plus grand, tout en fati­ guant moins la terre, que si l'une des récoltes y était obtenue durant quatre années consécutives. C'est le système employé couramment dans le Norfolk, en Angle- système de ro- terre; aussi l'appelle-t-on système de rotation de Nor- foik. folk. Dans quelques contrées du globe, comme dans l'Ile de Tahiti le sol est si profond et si riche qu'avec une préparation convenable les mêmes productions peuxent être obtenues pendant un grand nombre d'années sans le secours d'aucun engrais; mais, même avec ce sol parti­ culièrement fertile, le temps vient où l'épuisement se produira. Dans certains districts des États-Unis d'Améri­ que, la terre qui fut autrefois excessivement fertile a été ruinée par une culture constamment uniforme. Le prin­ cipe du système des rotations de cultures est cjue deux 74 PETIT TRAITÉ récoltes de grains ne doivent pas se suivre, et doivent' être séparées par une récolte de racines ou de fourrages. système de ro- fl serait donc mauvais de tirer deux années de suite deux tation proposé . • J „ * pour régions récoltes de maïs d'un m ê m e champ, mais avoir des taros tropicales. Q U d e g i g n a m e g la p r e m i è r e année, du maïs la seconde, des patates douces la troisième, du ricin ou autres plantes semblables la quatrième, c'est là une très bonne rota­ tion. Malheureusement dans les régions tropicales, on s'est fort peu préoccupé, contrairement à ce qui se fait en Europe et dans l'Amérique du Nord, de choisir un système de rotation convenable; aussi est-il impossible d'établir une règle précise pouvant servir de guide au planteur, mais chacun peut faire par lui-même des expé­ riences, il n'est pas nécessaire pour cela de planter plus de cinquante à cent pieds carrés de terre (4mq,6450 à 9mq,2900). U n bon planteur pratiquera sans cesse des essais d'une façon ou d'une autre, afin d'établir l'action des engrais sur sa terre, ou le résultat des rotations. En réalité ce n'est que par des expériences faites par des savants ou des planteurs que l'agriculture est devenue ce qu'elle est aujourd'hui. Dans les régions tropicales, le champ est plus ouvert aux améliorations et aux décou­ vertes; chaque planteur, si humble que soit sa position, est capable de faire par tâtonnement des découvertes fort utiles à ses voisins et m ê m e au monde entier. Quel­ ques-unes des plus merveilleuses découvertes scientifi­ ques à toutes les époques, sont l'œuvre d'humbles travail­ leurs n'ayant eu à leur disposition aucun laboratoire perfectionné. ncpos des di- U n important résultat des rotations est le repos des di­ verses couches i i i T-. 1 1 du soi. verses couches du sol. Par exemple, le maïs pousse ses ra­ cines profondément en terre et ainsi tire en grande partie D'AGRICULTURE TROPICALE. 75 sa substance du sous sol. Les patates et taros au contraire sont des consommateurs de sol superficiel ; c'est donc de la surface du sol qu'ils extraient les constituants solubles qui étaient en grande partie négligés parles racines du maïs. La rotation exerce aussi une action mécanique favora- Effet mécani- ble sur le sol et cela de deux façons; d'abord, dans la niquc préparation annuelle de la terre pour les différentes cul­ tures, le sol est retourné et se trouve exposé à l'air. Les constituants passifs reçoivent par suite l'action de l'oxy­ gène de l'atmosphère et il en résulte que les constituants actifs et solubles sont accrus. En second lieu, les racines des plantes moissonnées en pénétrant clans le sol ont formé des canaux par où l'air et l'eau entrent clans tou­ tes les directions. Le sol est rendu plus poreux et l'at­ mosphère peut exercer son action bienfaisante, non seulement à la surface mais presque dans le sous-sol. Outre ces avantages, une bonne rotation a celui de La rotation pré­ prévenir les maladies parasitaires et d'éloigner les in- sites. sectes destructeurs qui se confinent dans une plante en particulier. Quand la rotation amène la culture de plantes sur lesquelles ces insectes ne peuvent vivre ; ils meurent d'inanition et l'on s'en débarrasse ainsi. M ê m e résultat pour les parasites végétaux qui se présentent or­ dinairement sous la forme de végétation microscopique appartenant à l'espèce des moisissures ou des champi­ gnons. On a remarqué qu'en général, les plantes culti­ vées pendant plusieurs années sur la m ê m e terre sont prédisposées aux atteintes du parasitisme végétal et des insectes. Dans la nature, la diversité des plantes sur le m ê m e sol est la loi ordinaire ; or quand les lois natu- Danger de modifier les lois relies sont trop interverties, il v a toutes chances pour de répartitions . , " établies par la qu il s ensuive des conséquences désastreuses. nature. CHAPITRE IX. » DRAINAGE. Effet Ainsi qu on a pu le voir dans les pages précédentes la pluie produit des effets multiples. D'abord elle absorbe et entraine l'acide carbonique, l'ammoniaque et l'acide nitrique de l'atmosphère et les porte aux racines des plantes, en second lieu, en pénétrant dans le sol, elle permet à l'air d'y pénétrer à sa suite en remplissant la place qu elle occupait, et de descendre jusqu au sous-sol. Un sol poreux contient de petits conduits ou canaux en- Le soi nest pas tre les particules de terre ; le sol en effet n'est pas à pro­ prement parler un solide, il se compose d'une quan­ tité innombrable de très petits fragments de roches effritées qui ne sont pas agglomérées, mais seulement soi poreux, juxtaposées, et qui par suite laissent entre elles dans toutes les directions des espaces libres. Or quand le sol est sec, ces espaces sont pleins d'air, quand il a plu, ils sont pleins d'eau; mais à mesure que l'eau pénètre clans le sous-sol, de l'air nouveau vient remplir ces intervalles qui ne peuvent rester vides ; cela explique ce qu'on en­ tend par porosité du sol et montre combien il est avan­ tageux pour un planteur de transformer un sol argileux qui est lourd, compact et imperméable, en un sol poreux. Une autre propriété physique du sol est la capillarité PETIT TRAITÉ D'AGRICULTURE TROPICALE. 77 qui a été étudiée au chapitre III, la capillarité ou attrac­ tion capillaire est due à la m ê m e cause que la porosité; mais dans le cas de la capillarité, les particules du sol Particules du sont plus fines et plus étroitement serrées les unes contre d'un petit réscr- les autres, et chaque particule est entourée d'une petite couche d'eau. L'attraction capillaire peut être facilement démontrée. Prenez deux petites plaques de verre et appli­ quez leurs faces l'une contre l'autre de façon à les faire presque toucher ; plongez-les dans l'eau, celle-ci montera rapidement sur les faces intérieures jusqu'à une certaine hauteur, c'est l'effet de l'attraction capillaire ; à elle est due ce fait que toute l'eau n'est pas chassée d'un sol drai­ né; une partie reste qui sert à la végétation. Quand la pluie qui tombe sur la terre pénètre dans le sol etne le sature pas d'eau,la terre est drainée naturelle­ ment, mais il arrive que l'eau rencontrant des obstacles dans sa pénétration, reste dans le sol, le maintient froid, empêche l'air d'y pénétrer, apporte un temps d'arrêt à la transformation des constituants latents en constituants actifs, s'imprègne à la longue des acides végétaux qui nuisent à la vie des plantes et fait pourrir les racines. Qu'un sol humide soit froid, cela s explique par plusieurs raisons : d'abord l'eau est plus froide que l'air ambiant et l'eau empêchant l'air de pénétrer dans le sol l'empê­ che de le réchauffer; en second lieu, la terre est refroi­ die parTévaporation de l'eau. Chacun1 sait en effet que l'eau dans un plat aussi bien que dans l'atmosphère passe graduellement à l'état de vapeur et finit par se sécher. Or la conversion de l'eau en vapeur absorbe beaucoup de calorique ; c'est le principe des vases réfrigérants ou gargoulettes. Ces vases sont faits de terre poreuse au tra­ vers de laquelle l'eau filtre lentement pour venir s'éva- 78 PETIT TRAITÉ porer à la surface ; cette évaporation absorbant beau­ coup de calorique, l'eau du vase et le vase lui-même deviennent beaucoup plus froids que l'air ambiant. Le m ê m e phénomène se produit dans le sol saturé d'eau. L'objet du drainage est d'enlever au sol son excès d'hu­ midité et de le rendre par là plus chaud, de rétablir'sa porosité, de le rendre plus doux par la disparition ou l'atténuation des acides végétaux, bref d'augmenter* sa fertilité. La plupart des terres clans les Antilles appartien­ nent à la catégorie des mornes; aussi est-il aisé de les drainer en creusant de profondes tranchées ouver­ tes qui conduisent le trop plein d'eau dans les parties basses de la plantation ou dans un étang voisin. La pro­ fondeur de la principale tranchée ou rigole dépendra de la nature du sol, de la quantité de l'eau et de la pente du terrain; mais elle ne devra pas être inférieure à 3 ou k pieds (0m,96 àlm,28), car les racines de beaucoup de plantes de culture s'enfoncent très profondément dans le sol, et cela leur fait beaucoup de mal de rester dans l'eau. urains ou tuiles Une méthode beaucoup plus coûteuse est d'employer de partage. i i • . r\ - i des drains couverts. On procède ainsi : on creuse une tranchée plus large au faîte et en pente jusqu'au fond, lequel doit être lisse et en pente douce. Sur le fond on dispose des drains ou des tuiles. Ces tuiles sont en terre cuite, courbées en demi-cercle, elles forment une arche permettant à l'eau de couler libre­ ment et supportent les terres qui remplissent la tran­ chée ; de petites pierres et des galets seront préalable­ ment placés le long des tuiles ou, à leur défaut, des broussailles, de la paille, des émondes de cannes; la D'AGRICULTURE TROPICALE. 79 terre de surface (mais non l'argile de la tranchée) sera ensuite jetée- sur le tout et le drainage sera complet. L'issue .doit être maintenue libre ; à cette condition il Garder l'issue est8peu à craindre que le drainage s'obstrue. Un autre procédé consiste à remplir la tranchée jusqu'au bord • avec des pierres en plaçant les plus grosses au fond et les plus petites dessus. Il va sans dire que dans le drainage comme dans toutes les opérations agricoles, l'expérience donnera sou­ vent d'utiles leçons. En creusant des rigoles et y plaçant des drains, on peut accroître la fertilité du sol d'un ter­ rain, à la condition de ne pas trop le dessécher. L'objet du drainage n est pas en effet d'assécher complètement le sol, mais bien d'empêcher la stagnation de l'eau, c est-à- dire d'obtenir que l'eau filtre lentement à travers le sol, en laissant sur son passage assez d'humidité pour que la terre reste moite au-dessous de la surface. Dans un ter­ rain léger et poreux, le drainage ne doit pas être établi à une aussi grande profondeur que dans une terre com­ pacte et argileuse; la porosité du sol et sa faculté d'ab­ sorber l'humidité indiqueront toujours à une personne intelligente connaissant les principes de l'agriculture, quelle est la profondeur à.laquelle il convient que le drainage soit établi. CHAPITRE X. IRRIGATION. Le drainage a pour but d'enlever l'eau des terrains qui en ont en surcroit; l'irrigation a un objet tout con­ traire ; elle a pour but de fournir de l'eau à la terre qui en manque ou d'augmenter la quantité d'eau de façon à favoriser la végétation. On a suffisamment expliqué Régions arides, pourquoi les plantes ne peuvent vivre sans eau. Dans les pampas du Pérou, de la Rolivie, du Chili et daus les autres parties du globe privées de pluies, il n'y a de végétation que dans les endroits où l'eau a été amenée par l'irrigation. On amène sur les terres par canaux, tuyaux ou conduites, l'eau empruntée, soit à des rivières, soit à des lacs, soit à des étangs ; on peut encore l'ex­ traire des puits au moyen de pompes et la répandre en­ suite sur le sol. L'art de l'irrigation comprend deux parties essentiel­ les : donner un supplément d'eau aux jeunes plantes, empêcher que ce supplément ne soit assez abondant pour saturer le sol d'humidité. Par suite, en établissant les canaux ou tranchées destinés à conduire l'eau d'irri­ gation, il faut avoir soin de les disposer de façon que l'eau qui a traversé le sol, n y stagne point ; parfois on se contente de conduire l'eau sur la terre dans des PETIT TRAITÉ D'AGRICULTURE TROPICALE. 81 canaux, le sol s'imprégnant par le fait de la pénétration de l'eau à travers les interstices du sol. Un autre procédé consiste à disposer par séries des tranchées transversa­ les sur une terre en talus; l'eau est amenée clans la tranchée ou rigole la plus élevée ; elle coule sur toute sa longueur puis se déverse dans la seconde tranchée ; quand elle l'a remplie elle déborde dans la troisième et ainsi de suite jusqu'à la dernière, d'où elle se rend à la rivière ou dans un bassin inférieur où elle ne pourra nuire; cette irrigation est dite à eau perdue. Dans quelques contrées où de grands fleuves traversent des terres basses, comme le Nil en Egypte, et le Gange dans l'Inde, on laisse le fleuve couvrir le sol quand il est en crue et que ses eaux charrient un riche limon ; ces eaux séjournent sur la terre jusqu'à ce que le limon se soit déposé et la fertilité est ainsi considérablement ac­ crue. Le nombre de mètres dont les eaux du Nil dépassent l'étiage est un indice certain de l'abondance des mois­ sons que peut espérer l'Egypte. Une petite crue indi­ que une maigre récolte et la famine; une forte crue promet de grosses récoltes et la prospérité. De m ê m e dans l'Inde, une faible crue du Gange menace souvent d'une terrible famine les contrées que le fleuve ne peut irriguer. Les grands travaux d'irrigation exécutés par le gouvernement de l'Inde ont heureusement prévenu dans beaucoup de cas le retour des famines et ont trans­ formé de pauvres districts à population misérable et sans vigueur en terre de riches cultures, où se presse une population bien portante et prospère. AGRICULTURE TROPICALE. (i CHAPITRE XI. OPÉRATIONS DE LABOUR. Si le sol n'était pas préparé par le labour, ses cou­ ches inférieures deviendraient si dures et si compactes que les graines semées ne pourraient germer, et que les racines jeunes et délicates des plants de café et de cacao, provenant de semences, ne seraient pas capables de pénétrer un sol trop dur, ce qui entraînerait la mort des plantes. Les opérations de labour, qui, en somme, consistent à couper et retourner la terre, préviennent ces résultats; elles rendent le sol meuble et friable de façon que les graines peuvent germer et les jeunes raci­ nes pénétrer facilement dans la terre. Mais, outre cette action importante, le labourage en exerce une autre sur le sol. Par le bêchage, le labourage ou autres opérations, la terre est retournée et exposée à l'action de l'at­ mosphère. De la sorte les parties du sol non assimilables sont rendues assimilables, c'est-à-dire appropriées à la nutrition des plantes. De plus, le sol est rendu plus meuble et plus poreux ce qui facilite la filtration de l'eau à travers le sol. Enfin le labourage est le moyen em­ ployé par les planteurs pour se débarrasser des mau­ vaises herbes qui sont toujours prêtes à absorber les principes nutritifs qui doivent être conservés pour leurs PETIT TRAITÉ D'AGRICULTURE TROPICALE. 83 cultures. Un sol convenablement labouré est donc sarclé, perméable et poreux; un sol peu ou point la­ bouré est dur à la surface, compact et rempli do mauvaises herbes et s'il est ensemencé, les plantes sont chétives et la récolte pauvre. Si un sol apprêté reste dur à la surface, après une pluie abondante, c est que le labour a été mal fait; si au contraire la pluie pénètre dans le sol sans former « croûte », c'est une preuve que le labour est bon. Plus le sol est labouré profondément, mieux cela vaut pour la venue des plantes, parce que l'air pénètre plus profondément, agit sur une plus grande surface et pré­ pare une plus grande quantité de matières assimilables pour les plantes. Ainsi s'expliquent les avantages que procure le labourage du sous-sol et la trouaison de la terre. Cette trouaison, comme nous le verrons dans la seconde partie de ce livre, est le procédé qui convient à la préparation de la terre pour le cacaoyer, le caféier et les autres plantes cultivées à de grands intervalles. Les opérations de labour sont de deux sortes : celles que l'homme peut pratiquer avec des instruments à main, celles qui se font avec des instruments actionnés par des chevaux, des bœufs, ou par la vapeur. Les instruments à main sont : 1° le sabre d'abatis; 2° le râteau ; 3° la houe ; Y la bêche ; 5° la fourche ; G0 la fourche à fumier; 7° la pioche; 8° le pic. Le sabre d'abatis est un long, large et lourd couperet, muni d'un manche court; c'est un des plus utiles outils du laboureur, dans toutes les régions tropicales ; il sert à couper la brousse, à ébrancher les arbres, à dégager le sol. Dans les terrains à pente raide où les pluies en- Iraineraient la terre travaillée à la houe, le sabre d'à- 84 PETIT TRAITÉ bâtis sert à couper les plantes au ras des racines. En cas de besoin, le sabre d'abatis peut m ê m e servir à creuser de petits trous et à couper de grosses branches d'arbres. Il en est qui savent si bien manœuvrer cet outil qu'ils peuvent d'un seul coup rapide abattre une grosse bran­ che, et la coupure est plus nette et plus unie que n'aurait pu le faire une scie. Le râteau est une barre de fer sur laquelle des dents en fer sont disposées, comme les dents d'un peigne ; il est attaché à un long manche placé a angle droit avec les dents. On fait des râteaux de toutes dimensions. On s'en sert pour racler les mauvaises herbes, et les dé­ combres et pour briser les mottes de terre après que le sol a été retourné. usages La houe est aussi d'un grand usage clans les pavs . 1 Q | I ( 11 I ( ' * chauds. Cet outil varie de forme et de dimensions, le plus usuel est une plaque de fer longue de 7 pouces (0m,17) fixée presque à angle droit à un manche d'environ k pieds (lm,28) de long. On s'en sert pour creuser, pour sarcler et pour renouveler la terre auprès des ra­ cines des plantes. Un h o m m e vigoureux peut faire beau­ coup de travail avec une houe clans le cours d'une jour­ née. Dans les endroits où l'on ne peut employer la charrue, c'est un instrument précieux pour les opéra­ tions de labour. La bêche est une large plaque de fer fixée à un manche long de 2 pieds 9 pouces (0m,82). A la partie supérieure de la plaque près du manche est fixée une pièce de fer étroite et forte appelé le pas sur laquelle le travailleur pose le pied afin de pousser plus fortement la bêche en terre. On n'emploie pas beaucoup la bêche dans les An­ tilles ; c'est pourtant un instrument excellent qui fait D'AGRICULTURE TROPICALE. 85 en réalité un meilleur travail cjue la charrue ordinaire, ua bêche fait . . t . . un meilleur tra- car avec cet instrument le sol est loui a 8 ou 9 pouces vaiiqueiachar- (0m,16 à 0m,18) de profondeur, et la pelletée de terre r retournée complètement de façon à mettre en dessus la partie inférieure du sol. La fourche est construite à peu près comme la bêche avec cette différence que la plaque est remplacée par 3 ou 5 pointes en fer appelées dents larges d'un pouce an moins (0m,02). C'est un instrument très commode que beaucoup préfèrent à la bêche pour certaines façons,parce qu'il est plus aisé à manier, pulvérise mieux la terre, ne coupe ni ne blesse les racines. Or, clans la plupart des terrains, la terre est aussi bien retournée à la fourche qu'à la bêche. On l'emploie aussi pour rafraîchir la terre autour des racines et pour entasser le fumier ou le terreau de feuilles dans la cour de la ferme. La fourche à fumier est faite sur le même modèle usages de la que la fourche de culture, mais les dents au nombre miCr. de deux à six sont plus minces, plus courbes et de forme arrondie. C'est le seul instrument dont on puisse se servir avec facilité pour charger, tourner, mélanger, épandre le fumier, la litière et autres choses semblables. Légère bien crue solide, elle n'est pas difficile à manœuvrer; les dents minces et aiguës pénè­ trent facilement dans le fumier compact, sans qu'il soit nécessaire de déployer baucoup de force. La pioche est une forte barre de fer très légèrement recourbée, aux deux extrémités. Au milieu de cette barre est fixé un manche de bois, de façon que la concavité se trouve du côté du travailleur. Ordinai­ rement l'un des bouts de la pioche est pointu, l'autre aplati en forme de hache. Le manche doit être en bois 88 PETIT TRAITE dur et résistant bien que flexible; un bois cassant ne tarderait pas à se rompre. On se sert de la pioche comme levier, comme instrument à trancher la terre compacte, comme hache à couper les racines des arbres. Pour trouer et niveller, la pioche est presque indispensable. Le pic sert L e p{c est un instrument très commode pour faire pour les trouai- ' sons. les trous nécessaires dans les plantations de cacaoyers, de citronniers, de caféiers, d'orangers et autres jeunes plants. C'est un fort et épais ciseau à froid de 4 pouces de large (0m,10) fixé àun manche de bois dur long de 3 pieds (0m,9G). Pour percer des trous profonds quand la pioche et la houe ne peuvent être employées, le pic est indispensable. Les principaux instruments manœuvrant à l'aide de bœufs ou de chevaux sont : la charrue, l'extirpateur, la herse, le rouleau. Tous font le m ê m e genre de travail que les instruments à main, mais comme ils travaillent beaucoup plus vite et plus économiquement, ils sont naturellement employés dans les cas où l'on doit faire des opérations de labour étendues. La charrue est un instrument attelé servant à accom­ plir un travail analogue à celui de la bêche. Il se com­ pose d'une plaque de fer courbé, le versoir ou tourne- sillon, laquelle se termine par une forte lame d'acier, le soc, disposée de façon à pouvoir pénétrer en terre sous l'effort de l'animal et sous la direction de l'homme. A son sommet, le soc porte une pièce tranchante appe­ lée le coultre destinée à couper la terre et à faciliter la pénétration du soc, tandis que le versoir rejette les mottes de cûté : ainsi sont coupées les herbes et la couche in­ férieure est exposée au soleil et à l'air. Une terre labourée est disposée en sillons et en ados parallèles; de cette D'AGRICULTURE TROPICALE. 87 façon une plus grande partie du sol se trouve exposée aux influences atmosphériques. Certaines charrues sont faites pour passer dans les sillons tracés à la charrue ordinaire, afin de briser le sous-sol. On a remarqué en effet que labourer la terre à une profondeur uniforme rend le sous-sol tellement dur et compact que les ra­ cines peuvent difficilement le pénétrer. Cette couche compacte est appelée plan de charrue, et l'emploi delà charrue de sous-sol a pour objet de la briser. L'extirpateur est construit sur le modèle du râteau ; il se compose d'un fort châssis auquel sont fixées de nom­ breuses dents en pointes dirigées obliquement à droite et à gauche ; il sert à désagréger le sol après le labour, afin de multiplier les surfaces soumises aux influences atmosphériques; il sert aussi à enlever les mauvaises herbes déracinées par la charrue. La herse a différentes formes ; elle n'est elle-même qu'une modification du râteau; on se sert de la herse pour retourner et briser les mottes de terre, de façon que le sol soit pulvérisé, les parcelles exposées à l'air et au soleil. Quelques herses légères faites en treillis sont employées pour ratisser les herbes sur le sol ense­ mencé ; d'autres servent à arracher les herbes déjà dé­ racinées par la charrue ou l'essarteur. Le rouleau, comme son nom l'indique, sert à égaliser le terrain; son mode d'emploi consiste à le rouler sur le sol. Il est un rouleau lourd appelé brise-mottes qui est muni de fortes dents proéminentes; il brise très bien les mottes de terre sur lesquelles on le roule. Il en est de plus légers qui servent à presser en terre les semences et à prévenir une trop grande évaporation de la terre en rendant la couche superficielle du sol plus compacte. CHAPITRE XII. TAILLE. Nécessité de H est indispensable pour les agriculteurs des régions connaître les . principes de la tropicales d'avoir une connaissance générale des prin­ cipes de la taille, s'ils veulent être en état d'améliorer leurs arbres et d'accroître leur production. Quand une branche d'arbre est coupée, une grande partie de la sève ou de l'aliment quelle aurait consommé s'en va aux branches restantes et plus spécialement aux branches voisines de la partie amputée. De plus, en enlevant les branches inutiles ou c o m m e on dit « en éclaircis- sant » l'arbre, on fait parvenir plus d'air et de lumière aux parties restantes et l'on favorise ainsi l'assimilation de la nourriture que la plante tire de l'atmosphère. L'effet de la taille ne se fait pas toujours sentir immédiatement; elle ne fait parfois qu augmenter la quantité de la sève dans les branches et l'influence de cette opération culturale sur la production des fruits ne se produit qu'à la saison suivante. La taille pro- Mais l'élagage d'une partie des plantes, branches, duit un surcroit . u ° * A _ de développe- feuilles, fleurs ou fruits est toujours tôt ou tard suivi ment. ,, . . - , , d un progrès clans le développement. Par exemple, si l'on enlève les premières fleurs des jeunes cacaoyers, on augmente la production des fruits à la saison suivante; Effets de la taille. PETIT TRAITE D'AGRICULTURE TROPICALE. 89 de même si l'on ôte les premiers fruits de l'oranger, les fleurs repoussent et la récolte vient plus tard ; cela est très important pour les planteurs des Indes Occidentales parce que les oranges se xendent beaucoup plus cher en Europe et dans l'Amérique du Nord dans une saison que dans l'autre. En enlevant les jeunes fruits, ou en élagant les branches à fruits, l'époque de la récolte peut être modifiée presque au gré du planteur. Pour tailler en vue de la production, il est nécessaire L'observation est nôccssïiirc» d'observer tout d'abord dans quelle partie de l'arbre ou de la plante se forme le fruit. Dans quelques plantes, le fruit naît sur les pousses de l'année; dans d'autres sur les pousses d'un an; dans d'autres encore sur le bois de la tige ou sur les maîtresses branches. Dans le premier cas, il faudra élaguer les branches qui pous- Partie de la , . , ... , . plante qu'il faut sent mal et qui donnent peu ou pas de jeune bois, tailler. Dans le second cas, on coupera le jeune bois pour permettre à la plante de pousser des fleurs au lieu de bois nouveau. Dans le troisième cas, les petites bran­ ches et les jeunes bois qui ne servent pas au développe­ ment de l'arbre seront retranchés. Dans tous les cas les « rejets ou gourmands » doivent être enlevés des Enlever arbres ou arbustes fruitiers, parce qu'ils dérobent à la plante beaucoup de la sève ou de l'aliment nécessaire à la formation des fleurs et des fruits. Tailler n est pas Élaguer ,, ., , i i i? i ,• n'est pas tailler. élaguer grossièrement un arbre avec un sabre d abatis pour en diminuer le branchage. La taille est une opération importante qui ne saurait être entreprise sans réflexion ni sans connaissance des principes. Une branche est- couper les bran- n i , c,ies a u ,,as elle à enlever entièrement, elle devra être coupée au ras de la tige. de la tige avec une serpette bien aiguisée, et il faudra avoir grand soin de ne pas déchirer l'écorce de l'arbre. K 90 PETIT TRAITÉ D'AGRICULTURE TROPICALE. Le bois a en effet besoin d'être recouvert par l'écorce, si elle a été déchirée ou fendue, il lui faut un plus long temps pour réparer le d o m m a g e et le bois peut pourrir. Goudronner Pour prévenir la pourriture causée par l'action de l'air et l'entaille. de l'humidité ou par celle des insectes, on fera bien de mettre sur l'entaille un enduit de goudron ou d'autre subs­ tance, si la branche enlevée est grosse. Pour les petites branches, la section en biais devra être faite juste au-des­ sus du bourgeon de façon à ce qu'elle forme avec la bran­ che un angle presque droit. Voici le motif de cette pré­ caution : aussitôt que le bourgeon se développera et il le fera à bref délai, la pousse dont la vigueur esfe accrue cicatrisera en peu de temps la coupure. Au contraire si l'on a laissé beaucoup de bois au-dessus du bourgeon, ce bois mourra, formera une branche sèche et il faudra Ne pas tailler une nouvelle taille pour le faire disparaître. Il faut avoir en pleine sève. . . . .„ , . , . . . soin de ne pas tailler les arbres ou arbrisseaux en pleine sève car « ils saigneraient » au point d'affaiblir la plante. La circulation de la sève ne se fait pas dans le m ê m e temps chez toutes les plantes, ni chez la même plante dans des situations ou des climats différents. Il Nécessité faut donc de l'observation et de l'expérience pour déter­ miner le moment propice à la taille. Une petite entaille dans la tige montrera toujours si l'écoulement de sève peut se produire. CHAPITRE XIII. ÉCUSSON ET GREFFE. Nous avons vu au chapitre V que les plantes peuvent se propager par bulbes lesquels ne sont que des bour­ geons modifiés, et par boutures. Rulbes et boutures sont piquées dans le sol, prennent racine au bout d'un cer­ tain temps et deviennent des plantes indépendantes de m ê m e espèce que la plante-mère. La multiplication, par écusson et greffe, est au fond la m ê m e que celle par bulbes et boutures, avec cette diffé­ rence que les écussons et greffes poussent sur des plantes déjà enracinées. L'avantage de l'écussonnage Avantage. et du greffage est de rendre plus résistantes les plantes délicates, notamment les arbres fruitiers, en faisant pousser leurs branches sur de forts sujets (on appelle sujet la plante qui reçoit l'écusson ou la greffe). Deve­ nant plus robustes, elles produisent naturellement plus de fruits. En outre, certaines plantes, très difficiles utiles pourpro- , , ix- T • ' pager des espe- a propager par boutures, se multiplient aisément par ces. écusson ou par greffe. Parce procédé, des sauvageons d'arbres fruitiers, lents à rapporter, peuvent être ame­ nés à fructifier beaucoup plus tôt. D'autre part, chez La graine l'oranger et autres arbres fruitiers, les graines ne don- des bâtards. nent pas toujours des plantes produisant des fruits identi­ ques à ceux de la plante mère; la variété n'est pas 92 PETIT TRAITÉ conservée. La graine d'une très belle orange peut pro d uire un arbre dont le fruit sera de très mauvaise qua lité, de sorte que tous les soins pris pour élever l'arbn depuis la semence et la longue attente du produit n'a boutiront qu'à un immense désappointement. Au con­ traire par écusson ou par greffe, le fruit peut être obtenu en un temps beaucoup plus court et avec la certitude crue tousles caractères de la plante-mère seront conservés, Ecussonnage. — Écussonner consiste simplement à enlever sur un arbre, un bourgeon avec une portiond'é- corce et à le placer sous l'écorce d'un autre arbre de façon à ce qu'il adhère et pousse sur la branche comme il le ferait sur la plante-mère. On peut, par ce moyen, multi- comment plier rapidement la plante primitive. Voici comment on ecussonne. 0 p £ r e . o n C 0 U p e soigneusement sur une branche un bour­ geon avec la base du pétiole et une parcelle d'écorce de Sjï de pouce environ (fig. A). Si avecl'écorce, il est venu un éclat de bois on l'en détachera avec précaution à l'aide d'une pointe de canif et le bourgeon sera alors tout prêt à être inséré sous l'écorce du sujet. Cette opération se fait ainsi. On fait une incision en forme de T à long pied, au dessous d'une feuille bien vivante du sujet (fig. B); cette incision doit être rectiligne, et ne pas atteindre le bois; on soulève ensuite avec précaution l'écorce, de chaque côté, à l'aide du manche d'un canif à écussonner, puis on introduit le bourgeon dans l'orifice et on le pousse doucement à l'intérieur jusqu'à ce qu'il soit fermement serré par les bords de l'incision (fig. C). S'il reste dehors une portion de l'écorce du bourgeon, on la coupe de façon à ce qu elle s'adapte exactement à l'entaille faite sur le sujet. On fait ensuite une ligature avec de la filasse, de la laine ou un étroit ruban, de manière à ce D'AGRICULTURE TROPICALE. 93 [ue le bourgeon soit fixé solidement sans être trop serré ; la ligature couvrira toute l'entaille, mais laissera au bourgeon la place nécessaire à son développement. Une feuille peut alors être étendue sur le tout pour garan- 94 PETIT TRAITÉ tir du soleil et d'une trop grande humidité. Après cela l'opération est achevée. Greffage. — La propagation par greffe est analogue, nous l'avons vu, à la propagation par bouture. Une bouture n o m m é e scion est prise sur la plante-mère et disposée de façon à pousser sur le sujet. Il y a plusieurs manières de faire cette opération et toutes ont des noms spéciaux, mais le principe c o m m u n à toutes est que tout ou partie de l'écorce du scion soit en contact avec celle du sujet. La greffe anglaise ou greffe en langue est le mode le plus usité dans l'horticulture anglaise ; elle se pratique de la façon suivante : le sujet est coupé ou comme on dit <( étêté » ; un côté est sectionné obliquement sur un pouce ou un pouce et demi, et une portion en forme de coin est enlevée de la partie supérieure ; le scion est ensuite taillé de façon à s'adapter au sujet; ils sont en fait introduits. encastrés l'un dans l'autre (fig. D.). Le scion et le sujetsont alors liés fortement avec de la filasse, et de la cire à greffée (ou argile préparée ) est appliquée sur le tout pour garan­ tir de l'humidité. Il faut que le scion porte trois ou quatre bourgeons et que le bourgeon inférieur soit tout près de la surface appliquée sur le sujet; de m ê m e on comprend que le sujet doit être étêté tout près d'un bourgeon. De cette façon les facultés vitales sont toujours plus actives. Il faut veiller à ce que les écorces du sujet et du scion soient en contact parfait. Il n'est pas nécessaire qu'ils soient de m ê m e grosseur, mais c'est préférable. D'autres procédés s'appellent la greffe en fentes (fig. E) et la greffe en selle (fig. F). La façon dont le scion et le sujet doivent être taillés dans ces deux procédés se com­ prend aisément à la simple vue des gravures. Il va sans D'AGRICULTURE TROPICALE. 95 dire que les précautions usitées pour la greffe en langue, sont ici nécessaires. La qreffe en couronne est très utile dans la culture de r,reffe ° " des orangers. l'oranger, surtout quand on veut greffer des oranges douces sur un gros et vieux pied d'orange amère. Le tronc de l'arbre est coupé droit à la scie puis égalisé au couteau; on introduit ensuite deux ou trois scions entre l'écorce et le bois, et cela s'effectuera plus facilement si l'on ouvre le passage avec une cheville de bois dur, taillée exactement à son extrémité delà même grosseur et de la même forme que le scion. La qreffe par approche est analogue à la multiplica- Greffe par ap- J " l  J _ L proche sur les tion par marcottage. Elle en diffère en ce que le scion manguiers. n est séparé de la plante-mère que lorsque toutes les deux sont déjà parfaitement adhérentes. Cette greffe est con­ sidérée comme la plus sûre de toutes et elle s emploie fréquemment aux Antilles pour la multiplication des manguiers de la meilleure espèce. Elle se pratique comme il suit : on choisit une branche de la plante-mère, de même grosseur à peu près que le sujet; on enlève l'é­ corce et une partie du bois de l'un et de l'autre sur une longueur de deux ou trois pouces; puis on les lie en­ semble, en ayant soin que lesécorces des entailles soient bien appliquées l'une sur l'autre, après quoi on applique sur le tout de la cire à greffer. Il est d'usage de faire des languettes sur le sujet et sur le scion de façon qu'ils soient convenablement fixés l'un sur l'autre, mais cela n'est pas absolument nécessaire. Cette précaution em­ pêche cependant tout déplacement qui serait fatal à l'union. DEUXIÈME PARTIE PRODUITS AGRICOLES. AGRICULTURE TROPICALE. 7 CHAPITRE I INTRODUCTION. Dans la première partie de ce livre, on a étudié les principes élémentaires de l'Agriculture et le lecteur doit être maintenant au courant de la vie des plantes et de leurs besoins, ainsi que des procédés employés par la nature pour permettre à l'homme de faire produire à la terre des fruits utilisables. L'application des principes de l'Agriculture aux di­ verses cultures en usage dans les contrées tropicales sera maintenant l'objet de notre étude; quelques indications sur la préparation des produits, en vue du marché, se­ ront données dans chaque chapitre. La grande faute commise iusqu'à présent par la plupart La monoeui- ° . . , ture est danse- des planteurs de la zone intratropicale a été de con- reusc. finer leur attention sur un seul genre de culture dans leur plantation. Si plusieurs cultures différentes étaient faites alternativement comme dans le système de rota­ tion, ou pratiquées sur d'autres parties de la planta­ tion en tenant compte du sol et du climat, le planteur serait dans une bien meilleure situation qu'il n'est à présent ; il n'aurait pas, comme ou dit, « tous ses œufs dans un même panier ». Il n est pour ainsi dire aucun coin en aucune propriété, petite ou grande, aux An- 100 PETIT TRAITÉ tilles, qui ne puisse donner des produits rémunéra teurs avec une plante ou une autre; le planteur habil adaptera ses cultures à son sol, et n'essaiera pas d forcer des plantes à pousser et à produire, sur un so ou sous un climat qui ne leur conviennent en aucum façon. La négligence Dans toutes les opérations du planteur, il ne doit y dans les planta- _ tions est désas- avoir aucune négligence ; un planteur négligent mérit< trcusc» de ne pas réussir, et il y a toute chance pour qu'i aboutisse à la ruine. Par exemple, si avec de grand: soins et des dépenses considérables on recueille un< quantité de jeunes pieds de cacao ou de café et qu'or les plante sans soins, la plupart mourront, probable­ ment, et fout le fruit du travail antérieur comme d< la dépense sera perdu, faute d'avoir prêté attention i des choses qui, aux yeux d'un h o m m e inexpérimenté ne sont que détails insignifiants. Tous ceux qui ont écril sur l'agriculture ont toujours insisté sur la nécessité du soin et de la réflexion dans les plantations. M. Morris, le distingué assistant-directeur du jardin royal de Kew alors qu'il était chargé du jardin botanique de la Ja­ maïque, écrivait ceci : « Toutes les opérations ayant trail à la plantation sont d'une nature si importante, qu'oi ne peut leur donner trop de soin et d'attention. De la façon dont les plants sont mis en terre et dont la plan­ tation est soignée, dépend tout le succès de l'opération: savoir remplir ces conditions dans leur intégralité peut être considéré c o m m e la condition essentielle pour être bon et habile planteur. » En fait, un planteur est tout simplement un homme qui copie la nature et ses procédés pour obtenir un am­ ple rendement du sol. La nature, c o m m e nous l'avons D'AGRICULTURE TROPICALE. 101 vu, procède par des moyens lents et méticuleux ; la plus petite fonction s'accomplit avec la même sagesse atten­ tive que la plus grande, et tous les phénomènes s'accom- plissant simultanément, selon les règles imposées par des lois naturelles, il en résulte le monde merveilleux qui nous entoure. Un planteur digne de ce nom doit hum­ blement copier la nature, non seulement dans ses in­ dications sur le traitement qui convient à la vie des plantes, mais aussi dans la façon soigneuse et attentive qui a présidé à l'agencement de toutes choses. CHAPITRE II CAFÉIERS. Coffea arabica L. — Coffea liberica (Hiern.) Diminution de Le café était autrefois cultivé sur de grandes étendues la culture du . calé aux Antii- aux Antilles ; la grande extension donnée à la culture de la canne à sucre est une des principales causes qui ont rendu l'exportation relativement peu importante de nos jours. A la Dominique, les planteurs de café furent ruinés dans la première partie de ce siècle, par le fait d'une ma­ ladie qui tua leurs caféiers; c'est seulement, depuis que le caféier de Libéria a été introduit, qu'il parait y avoir quelques chances de relèvement pour cette industrie, parce que le libérica résiste mieux à cette maladie. rays d'origine Le café d'Arabie ou café c o m m u n est originaire des IÏ H piff*ior montagnes d'Abyssinie d'où il a été importé en Arabie, et depuis dans toutes les contrées tropicales. Le café de Libéria a été découvert, il y a peu d'années, dans les forêts de la côte occidentale d'Afrique, et il a été introduit dans les Indes occidentales et ailleurs de plants ou de graines provenant du jardin royal de Kew. L e sol. — C o m m e le caféier a une longue racine pivo- LC caféier est tante, il ne poussera que dans un sol profond. Le meil- une plante ro- . . .. . . buste. leur terrain est un terrain bien drainé et glaiseux; mais la plante est robuste et poussera dans tous les sols sauf PETIT TRAITÉ D'AGRICULTURE TROPICALE. 103 dans les terres dures, les argiles lourdes ou les sables pau­ vres. Le docteur Rrowne, clans son Histoire naturelle de la Jamaïque, dit du caféier : « Le caféier poussera et prospérera clans tous les sols montagneux de la Jamaï­ que, et même dans les endroits les plus secs il a souvent donné d'abondantes récoltes. » Un sol rocheux, mais profond entre les roches, convient très bien et nécessite moins de préparations pour les plantes, parce que les pier­ res enrichissent continuellement le sol par l'action de la température, de l'air, de la pluie et autres agents natu­ rels. On prétend aussi qu 'elles retiennent la chaleur du soleil et préservent les caféiers contre l'influence des nuits froides. Le climat. — Le climat qui convient le mieux à la Altitude. culture du café est celui des régions montagneuses des tro­ piques avec une moyenne de température de 55 à 80° Fa- renheit(12° 5à26°5c), Le meilleur café pousse à une alti­ tude variant de 2500 à 5000 pieds (760 à 1520m) au-dessus du niveau de la mer. Le caféier est pourtant cultivé à des niveaux beaucoup plus bas et même tout près des côtes. Mais le café d'Arabie ne réussit pas bien au-dessous de 1500 pieds (450 mètres), et il est exposé aux maladies ras au-des- . sous de 1.500 parasitaires dans les endroits bas. Comme presque tou- pieds (tso me- tes les caféeries à la Dominique sont au-dessous de 15*00 pieds, la maladie désastreuse qui a ruiné l'industrie du café dans cette ile, est probablement due, dans une cer­ taine mesure, au fait que le climat n'était pas approprié à la culture. Le café de Libéria, d'un autre côté, pousse mieux au Locale deLÏ- dessous de 1500 pieds; c'est une plante qui aime les ter- ,\\^le % t"r"e res basses, et elle peut pousser dans des endroits presque basse' aussi bas que le niveau de la mer. Un climat très humide 104 PETIT TRAITÉ n'est pas favorable au caféier; il ne poussera pas dans les Eviter les ter- terrains trop découverts. Mais l'exposition peut presque rains décou- . i verts. toujours être modifiée par des rangées d'arbres servant d'arbres abris, d'abris; et dans les contrées exposés aux ouragans, ils forment m ê m e une protection nécessaire. Il ne faut pas cependant les laisser grandir en liberté, parce qu'ils om­ brageraient trop les caféiers. Une taille annuelle au sabre d'abatis de ces arbres-abris n'a pas seulement l'avantage de les maintenir au degré d'épaisseur convenable, mais les petites branches et les feuilles coupées et enfouies entre les plantes de caféiers forment en outre un excel­ lent amendement pour le sol. La graine germe Multiplication. — Les caféiers sont propagés de facilement. . . , . graines et les plants peuvent être pris dans les pépinières ou sous les arbres déjà poussés; les graines germent en effet facilement si elles tombent sur un sol légèrement humide et ombragé ; beaucoup de plantes poussent ainsi au pied des arbres dans les plantations de café. Faire les semis Planche d e qraines o u nursery. — Quand on a dans des en- . . . droits abrités, choisi une pièce de terre ombragée, humide ou pouvant être facilement irriguée, on la disposera en planches pro­ pres à recevoir les graines. Ajitant que possible, le semis sera fait près de la maison du planteur, afin qu'il puisse iisexigentune le surveiller fréquemment, car il exige une attention attention cons- . , tante. constante; il peut m ê m e être nécessaire de le visiter fa nuit pour tuer les insectes nocturnes qui aiment à ronger les feuilles des pousses. plants élevés si l'on ne veut pas planter des caféiers sur une très en caisses. A grande étendue, on peut faire germer les graines dans des caisses ou des pots remplis de terre meuble et élevés à quelque distance au-dessus du sol. De cette façon on pourra mieux surveiller les plants, et il y a moins à crain- D'AGRICULTURE TROPICALE. 103 dre les ravages des chenilles et autres insectes voraces qui détruisent les feuilles et les jeunes plants. Les planches pour le semis ne doivent pas être trop Préparation des planches larges; elles doivent être bien fumées si le sol est pau- pour ie semis. vre, et la terre doit être brisée et ameublie, en ayant CAFÉIER [Coffea arabica L) 1 Fleur, 2 Fruit. soin d'enlever toutes les racines et toutes les pierres. Si la terre est d'argile compacte, on y mêlera du sable ™toJ£u^ ou du charbon de bois ; les petites racines délicates de la jeune plante exigent en effet une terre meuble qu elles puissent facilement pénétrer. Les graines extraites fraîchement de la pulpe seront gra s .^s efrad^ies placées en terre sur leur face plate, à une profondeur 106 PETIT TRAITÉ Les graines ger­ ment en six semaines. Sarcler consomment. Plants de réserve. Fortifier les plants. d'un pouce et demi (0m,038), et à trois pouces (0m,075) l'une de l'autre. Une légère couche de charbon de bois bien pulvérisé peut être placée avec avantage sur les planches; il empêche de pousser les mauvaises herbes et aide à retenir l'humidité. Si le temps est favorable, les graines auront germé en six semaines environ et les pieds pourront être transplantés au bout de huit ou dix mois. Si le temps devenait sec, après la. plantation des jeunes pieds de graines, il faudrait arroser les pépinières abon­ damment et fréquemment. Les planches doivent êtrecons- tamment sarclées et les herbes enlevées avant qu'elles n aient atteint une grande hauteur, autrement on court le risque en les extirpant, d'arracher en même-temps les jeunes caféiers. Une réserve de jeunes pieds sera gardée pour suppléer aux vides qui se produisent dans la plantation, un certain nombre de plants mourant après avoir été transplantés. D'autres planches sont disposées en préparant le sol de la m ê m e manière que pour les semis, et les jeunes pieds y sont plantés à une distance de 8 à 12 pouces (0m,20 à 0ra,30) l'une de l'autre; de cette façon, ces jeunes pieds grandiront en m ê m e temps que les plantes du champ, et quand des vides se reproduiront, les meilleurs serviront à les com­ bler. Lorsqu on n'a créé qu'une très petite plantation, un excellent procédé est celui cpii consiste à piquer les pousses dans des pots de bambou, à les tenir d'abord dans un endroit ombragé et humide, puis à les for­ tifier progressivement en plaçant les pots dans des en­ droits plus exposés. Pots de b a m b o u . — C o m m e un grand nombre de plants obtenus par les agriculteurs des régions tropicales ont été élevés avec succès clans des pots de bambou, il D'AGRICULTURE TROPICALE. 107 y a lieu de donner quelques détails sur la façon de planter graines et pieds dans ces réceptacles. Une tige de bam- comment on . fait les pots de bou est un cylindre creux divisé en nombreux compar- bambou. timents par des cloisons d'un tissu ligneux, dur et épais. A chaque jointure ou nœud, où la tige est renflée, il y a une cloison, en sorte qu une tige de bambou a autant de compartiments que de nœuds. Si l'on scie la tige à un pouce environ (0m,03) au-dessous du nœud on obtien­ dra un nombre donné de cylindres creux longs de dix à quatorze pouces (0m,25 à 0m,35) avec 3 ou ï pouces (0m,075 à 0m,10) de diamètre ouverts à une extrémité et fermés à l'autre. Tels sont les pots de bambou. Il n'y a rien de si merveilleusement propre à l'élevage des utilité de ces pots. plants, d'aussi bon marché et d'aussi abondant dans la plupart des contrées tropicales. Les pots étant profonds s'accommodent mieux aux racines pivotantes que les pots à fleurs ordinaires. Leurs côtés sont tapissés d'une dure matière siliceuse qui ne permet pas l'évaporation et cpii empêche les racines de se geler et la terre de se sécher, comme cela arrive dans les pots de terre poreuse. De plus, les pots de bambou sont durs et résistants, ne se brisent ni par les chutes ni par les chocs et coûtent si peu qu'on peut sacrifier un pot par plant. Dans les plan­ tations où il ne se trouve pas de bambous et où il est difficile de s'en procurer aisément, on devra planter plusieurs touffes de bambou, ne fût-ce que pour trans­ former les tiges en pots. On dispose les plants de la façon suivante : On perce le pot par en bas d'un large trou pour lais- comment pia- r r x . . cer les plants ser sortir l'eau ; on y place quelques petites pierres pla- dans les pots. tes pour empêcher la terre d'obstruer le trou et pour favoriser le drainage; on met sur les pierres de la mousse 108 PETIT TRAITÉ ou quelques feuilles sèches pour que la terre ne pénètre pas entre les pierres et n'obstrue pas les conduits par où s'échappe le trop plein d'eau. Après cela, on remplit de terre jusqu'à un pouce du bord en agitant le pot pour que la terre se tasse. Si le pot doit servir à éle­ ver la graine, on peut alors l'y placer. Mais si l'on veut emporter une pousse prise dans la pépinière, on ne rem­ plira de terre que jusqu au niveau nécessaire pour que Je bout de la plus longue racine touche au fond; on place la plante en la tenant au milieu du pot et on dis­ pose la terre autour des racines; quelques coups secs au fond ou sur les côtés du bambou suffiront pour que la terre se tasse bien autour des racines et qu aucune d'elles ne soit tournée ou repliée sur elle-même. Une fois que le plant est placé dans le pot, on presse la terre surtout près de la tige afin d'empêcher une trop grande évaporation de la surface et l'opération est terminée. Arrosage La raison pour laquelle on doit laisser un pouce en­ tre le niveau de la terre et le bord du pot, c'est que, en arrosant la plante, on a ainsi plus de chance de donner au pot une suffisante quantité d'eau. Le meil­ leur procédé pour arroser ces pots consiste à se servir d'un broc à bec et à verser l'eau doucement jusqu'à ce qu elle déborde sur les côtés du bambou. Le soi des fo- Préparation de la terrre. — Après avoir terminé rets est le meil- , , . . . , . i -, i i • \n leur pour la cui- la pépinière, le planteur doit s occuper de préparer la turc du café. ^ ^ ^ ^ ^ ^ ^ ^ ^ ^ e n h u m u s et p a r suite convient à une plantation nouvelle parce que les plan­ tes poussent mieux dans un sol vierge, et parce que la terre ne demande pendant longtemps aucun engrais. Défrichement Les arbres de la forêt une fois abattus, on coupe les branches et on les éparpille sur la terre avant d'y D'AGRICULTURE TROPICALE. 109 mettre le feu. Naturellement les arbres qui ont été abat­ tus dans la forêt doivent être laissés pendant quelque temps exposés au soleil ; autrement les petites branches ne brûleraient pas convenablement. Autant que cela se pourra on fera mieux, au lieu de brûler les menues branches et les buissons, de les fagoter et de les dis­ poser en ligne entre les jeunes plants de café, afin qu'en pourrissant elles ajoutent à la richesse du sol; en pro­ cédant autrement les éléments azotés, si utiles à la vie des plantes sont perdus dans l'atmosphère par la com­ bustion. Alianement. — Quand la terre a été bien préparée, Faire des.a,i_ ° " x i ? gnements régu­ la première chose à faire est de l'aligner; o n place des fiers. piquets o u des jalons à chaque endroit devant être oc­ cupé par u n plant de café. Il faut avoir soin de faire les lignes symétriques; un champ mal aligné est désagréa­ ble à l'œil et donne beaucoup de mal pour le travail ou la récolte. C'est une erreur de croire que plus le nom­ bre des plants est grand plus la récolte est abondante. Comme on l'a vu dans la première partie de ce livre, l'air, le soleil et la pluie contribuent beaucoup à la crois­ sance des plantes; or, pour que ces agents importants opèrent utilement, il doit y avoir assez d'espace autour des arbres pour que lair circule librement et que les ravons du soleil pénètrent. En rapprochant trop les Évitcr le tr°v J L l L L grand rappro- plantes, on e m p ê c h e ce résultat et o n se prépare u n pré- cnementdesar- judice d'une autre nature, les racines s'entrelaceraient et se déroberaient l'une à l'autre la meilleure part de la matière nutritive qui existe dans le sol. Chez les plantes trop serrées la nourriture extraite d u sol ne sert qu'à former de n o m b r e u s e s tiges ligneuses et des branches sétriles tandis que si les plantes sont suffisamment es- 110 PETIT TRAITÉ pacées la matière alimentaire extraite du sol servira à produire non un. grand nombre de tiges, mais une grande quantité de branches à fruits sur des arbres bien formés. Il arrive donc qu'on obtient une récolte plus abondante d'un plus petit nombre d'arbres; les observations faites sur la vie des plantes expliquent fa­ cilement ce phénomène. d'alignement. U n bon moyen d'aligner la plantation consiste à prendre de longues cordes solides et à les tendre sur le champ à des distances régulières. Une corde semblable tenue à chaque bout par une personne est ensuite ten­ due en travers des autres, et à l'endroit où elle touche les premières on met des piquets. De cette façon, les li­ gnes sont parfaitement tirées et la distance des piquets entre eux peut être établie au gré du planteur. Les distances auxquelles les plants de café doivent être disposés varieront suivant le sol et l'étendue de la plantation. A Ceylan, la distance usuelle est de six pieds sur six pieds (lm,80 x lm,80) ce qui donne 1210 ar­ bres à l'acre de 40a 46; dans les riches terres, les plants peuvent être placés à une plus grande distance; sur un sol pauvre et sur les pentes raides, on peut adopter de plus petites distances, mais les arbres ne seront NC pas pian ter jamais plus rapprochés que de cinq en cinq pieds plus serré que J L i r J , ,, de s en s pieds. (lm,50 X lm,50j ce qui donnera 1740 arbres à lacre. Le café de Libéria étant plus gros et plus vigoureux que le café d'Arabie, les distances entre les plants peu­ vent être plus grandes, et à la Dominique les arbres sont ordinairement plantés de dix pieds en dix pieds (3m X 3) ce qui donne 435 arbres à l'acre. Trouage. — La terre ayant été bien jalonnée, il s'a­ git d'y piquer les plants. Mais, sauf dans les terrains de D'AGRICULTURE TROPICALE. 111 défrichement et dans ceux où le sol vierge est riche et friable il est nécessaire de trouer la terre. On fait des Dimensions des trous. trous aux endroits occupés par les piquets et ces trous doivent être larges de un à deux pieds carrés (30 à 60 cen­ timètres), profonds d'un pied et demi à deux pieds (0m,45 à 0m,60). Dans les argiles et les sols pauvres, de plus grandes dimensions sont préférables; dans les sols riches alluvionnaires, de plus petites suffiront. Les trous doivent être laissés ouverts pendant quelques Les laisser ou- . verts quelques semaines pour permettre à 1 air de pénétrer dans le sous- semaines. sol et d'agir sur les constituants passifs; la terre retirée du trou sera placée en dessous de l'ouverture, si le ter­ rain est en pente, et sur un bord quelconque s'il est plat. Quand on remplit les trous, il ne faut passe servir de la Commeul • x *• on les remplit. terre ôtée, mais de la terre de surface environnante et des sarclages, en prenant soin d'ôter les pierres et les grosses racines. Plus les mauvaises herbes sont pour­ ries mieux cela vaut ; elles tiennent alors lieu d'engrais vert. A u bout d'une ou deux semaines les mauvaises herbes pourriront et ajouteront leur richesse au sol qui s'affaissera et formera une petite excavation qu on rem­ plira de nouveau avec de la terre de surface. Si la terre est pauvre, on y ajoutera avec avantage un peu de fu­ mier de ferme ou de compost. Il sera bon d'élever un peu la terre en formant une Élever la terre L . en mottes. petite motte à l'endroit où était le trou ; c'est sur le sommet de cette motte qu'on plantera les jeunes ar­ bres. Le but de ce système est de permettre le tassement de la terre, car de quelque façon que les trous soient remplis il y a toujours tassement; après un certain 112 PETIT TRAITÉ Planter en temps humide. temps, les jeunes plants resteraient dans une dépres­ sion si la terre n avait été arrangée c o m m e on vient de le décrire. Plantations. — On plantera les arbres autant que possible au début de la saison pluvieuse ; en aucun cas les plants ne seront mis en terre pendant la saison sè­ che, car jusqu'à ce qu'ils aient fortement pris racine dans leur nouveau sol, quelques jours de soleil ou de sécheresse les tueraient à peu près certainement. Une ombre ombre temporaire peut toutefois être ménagée en fixant temporaire. en terre autour des plants de petites branches d'arbres ou en enfonçant quelques pieux , disposés de façon à pouvoir servir de support à des feuilles de bananier ou de fougère afin de fournir une ombre légère aux jeunes caféiers. En enlevant les plants de la pépinière, il faut xe pas blesser avoir bien soin de ne pas blesser les racines; quand cela les racines. se pourra on enlèvera la motte de terre avec la plante. Si les racines étaient trop blessées, il serait bon d'arra­ cher quelques unes des feuilles inférieures pour réta­ blir la balance entre les parties qui sont au-dessus et celles qui sont au-dessous du sol. Quand les caféiers ont été élevés dans les pots de bambous, on ne devra jamais fendre le pot et le mettre en terre avec le pied qu'il contient,, parce que le bois mort restant attaché à la ra- Méthode pour cine du jeune caféier pourrait lui nuire. Le meilleur enlever les plants des pots procédé est de bien humecter la terre du pot avant de la mettre dans le champ, et quand les trous sont prêts pour la plantation de fendre chaque pot sur les deux côtés avec un couteau, de le couper en deux par un lé­ ger effort, qui le sépare de la motte enracinée, et démet­ tre en terre le pied dont les racines ne sont pas déran­ gées et restent couvertes de terre; de cette façon il est D'AGRICULTURE TROPICALE. 113 presque impossible de mal faire. Naturellement les cail­ loux qu'on aura mis au fond du pot pour faciliter le drainage seront délicatement enlevés avec les doigts avant que la jeune plante ne soit mise en terre. Celle-ci une fois mise en terre, on foulera fortement le sol aux environs de sa tige pour empêcher une trop grande éva- poration autour des racines. Dans les endroits très ex­ posés au vent on fera bien d'enfoncer un pieu tout près de l'arbre et d'y attacher le plant quand il est assez gros, afin d'éviter qu'il soit trop secoué. Dans toutes les opérations de plantation on doit prendre des précau­ tions extrêmes pour que le soleil ne brûle pas les raci­ nes pendant que l'on transporte le plant de la pépinière au champ, on fera m ê m e bien de l'abriter au moyen de feuilles de bananier ou de feuilles quelconques Si une sécheresse se produit soudainement après la plantation, il faudra arroser les plants une fois au moins par jour jusqu'à ce qu'ils aient bien repris racine; si on ne le fait pas, beaucoup mourront. Quand les jeunes plantes sont enracinées, elles de­ mandent des soins très attentifs jusqu'à ce qu'elles aient poussé plusieurs paires de branches. Un autre procédé de plantation consiste à se dispenser d'avoir des pépinières c'est-à-dire à semer les graines dans le champ à la place où le caféier doit pousser. Le procédé de piquage doit cependant être préféré, sauf dans les sols riches, friables, vierges. Dans ce procédé, les graines sont semées dans chaque trou à une distance de six pouces (0m, 15) l'une de l'autre; si toutes lèvent, on lais­ sera seulement les arbres les plus gros, les plus robustes et les mieux formés; on enlèvera les autres pour servir de réserve ou pour planter dans un autre champ. Mettre des tuteurs. Arrosage des plants. Plantation en pièce. AGRICULTURE TROPICALE. 114 PETIT TRAITE On appelle ce système la plantation au pieu. Chaque trou réclame la plus soigneuse attention; il faut le regarder, en réalité, c o m m e une pépinière en réduc­ tion. ombre néces- O m b r e . — Les pieds de caféier arrivés à leur entier saire dans les r terres basses, développement n'exigent plus beaucoup d ombrage, excepté lorsque le caféier d'Arabie est planté dans les terres basses; l'ombrage est alors indispensable. On petit ceinture dans ce cas laisser pousser la ceinture d'abris iusqu'àce d'abris. *- J que les hautes branches des arbres ombragent la plan­ tation pendant une partie du jour. Le poix doux [Inga laurind) ou la p o m m e rose (Eugenia Jambos) peuvent être employés pour ces abris, mais n'importe quel arbre du pays pourvu qu'il n'épuise pas le sol, remplira très bien l'emploi. Le café de Libéria poussant dans les terres basses et le café d'Arabie dans les montagnes au-dessus de deux mille pieds (600m) d'altitude, n'ont pas besoin d'ombre, et la ceinture d'arbres-abris ne servira qu'aies protection protéger contre les vents. Mais quand les caféiers sont contre les vents. . t jeunes, un peu d ombre est nécessaire, saut dans les en­ droits bien abrités et humides. Les diverses sortes de ba­ naniers peuvent être employés à cet office, mais ilnefaut i/ambrevade p a s }es planter trop près des caféiers. Le pigeon ou pois enrichit le sol. l r . . . du Congo (Cajanus indiens) est une excellente plante- abri pour ombrager les jeunes arbres. Cette plante a la réputation d'enrichir le sol parce qu elle laisse tombera terre une grande quantité de feuilles riches en azote, et parce que ses racines pénètrent très profondément en terro, d'où il suit que l'arbre est coupé (et il faut le faire aussitôt cjue le caféier est poussé), le sol est amendé par les racines qui pourrissent et par la libre entrée de l'at­ mosphère clans les canaux formés en terre à la place des D'AGRICULTURE TROPICALE. 115 racines disparues. Quand les caféiers commencent à rap­ porter,'les plantes à ombre qui ont poussé au milieu Arbres hauts r • L . sur jambes. d'eux devront être enlevées complètement, sans quoi le café deviendrait « haut sur jambes », c'est-à-dire que les tiges pousseront rapidement laissant de longs intervalles entre les branches ; les feuilles seront plus larges et moins nombreuses, les tiges faibles et les récoltes faibles. Un caféier complètement adulte et en bonne situation sous Le soleil con- . vientaux arbres le rapport du sol et du climat, se plait au soleil ; c est faits. donc seulement pour les plants jeunes et délicats que l'ombrage est avantageux. Tout le monde n'est cependant point d'accord sur ce point et tout le premier le traducteur de cet ouvrage es­ time qu en cultivant en plein soleil on obtient, il est vrai, de très beaux rendements, mais on s'expose à voir ses caféiers détruits par une des maladies parasitaires du caféier, et ces maladies sont très nombreuses. Sarclage. — Q u a n d les jeunes plants sont établis dans en sarclage est nécessaire. la plantation, ils demandent un sarclage constant, et cette nécessité de la culture du café a été reconnue par les premiers planteurs des Antilles. Laborie, qui a écrit en Laborie. 1797 le premier ouvrage sur la culture du café, sous le titre le Planteur de café de St-Domingue, s'exprime ainsi : « Il n'y a peut-être aucune plante qui exige une plus grande propreté du sol que le caféier. Les mauvaises herbes le retardent, le font pousser jaune, fané, sec, et enfin le font périr. » On peut mettre les mauvaises herbes en tas, les laisser pourrir, et s'en servir pour couvrir les racines des caféiers; mais il faut qu elles soient pour­ ries pour cela, car à moins de bêcher la terre près des racines et de tourner une ou deux fois les tas d'herbes, beaucoup de ces mauvaises herbes revivront et croî- 116 PETIT TRAITÉ Enterrer les mauvaises lier bes. Avantage dcl'étctagc. tront vigoureusement, bien qu'elles aient été déracinées Une meilleure méthode est celle qui consiste aies enter rer et à les transformer ainsi en engrais vert. Les trou ne seront pas creusés trop près des caféiers et les herbe! seront enfouies dans un nouveau trou à chaque sarclage C'est là de beaucoup le meilleur système d'utilisation de mauvaises herbes, il faut s'y conformer toutes les fois qu. ce sera possible. Étêtage. ( i L Si on laisse le caféier pousser libremen il deviendra très haut; l'espèce de Libéria s'élève parfoi à 40 pieds (12m). Dans ce cas il est très difficile de cueilli les fruits parce que les arbres, en vertu d'une loi général fructifient principalement au sommet. De plus très sou vent chez le caféier beaucoup des plus basses branche meurent à mesure que l'arbre croit en hauteur. Pour ob vieràcetinconvénientonaimaginéleprocédéderétêtage il consiste à couper la tète de l'arbre quand il a attein une hauteur permettant de cueillir les fruits sans diftl culte. L'étêtage a en outre l'avantage d'accroître le dév( loppement et la fécondité des branches inférieures < d'empêcher les vents violents d'avoir une aussi grand prise sur la plantation. Dans les endroits découverts si les montagnes, les arbres peuvent être étêtés à 3 pie< (0m,90) ; dans les endroits ombragés où le sol est bon, ne faut'jamais les laisser pousser à plus de cinq piei (lm,50). Dans quelques localités très exposées au vent < Cey'lammais dans des cas très rares, les arbres sont et tés à 1 pied 1/2 (0m,45). Cet étêtage ne conviendrait aucune des cultures de caféier des Antilles. On a recor NC pas ététer mandé, quand le caféier est planté dans les bas, de Srefbïef 8 laisser pousser sans entrave parce qu'il est alors pi fertile; mais dans ce cas les grains seront cueillis D'AGRICULTURE TROPICALE. 117 l'aide d'un marche pied, car si les branches étaient pliées les tiges pourraient se briser ou se fendre. Taille. — Une bonne taille des caféiers est très im- importance de la taille. portante, car si on les laissait grandir sans direction ils formeraient une masse enchevêtrée de tiges, de branches, de feuilles et ils rapporteraient très peu de fruits. L'arbuste ayant été étêté, on arrache tous les gour­ mands; ce sont des pousses droites, vigoureuses, qui viennent sur la tige et parfois sur les branches. Ils pous­ seraient avec une telle vigueur si on les conservait, qu'ils enlèveraient à l'arbre toute la sève destinée à former le fruit. De là, le n o m de « voleurs » ou « gour­ mands » donné à ces tiges ou branches. Il vaut mieux comment on ° taille les arbres, (i ) les enlever quand ils sont jeunes et alors on les rompt e ,,„ 1 ,J _ (l ) "V ,* .1 • , . . y/1 v. avec le doigt et le pouce en les « pinçant ». U n caféier .. f ( _ ^ ^ ^ ^ bien formé a une tige centrale droite qui projette sur tùy, ^Jy t ~- chaque côté des branches appelées » primaires »; sur ^ v *u.< ces branches primaires, poussent de chaque côté d'autres v branches dites « secondaires », lesquelles parfois produi­ sent d'autres branches. Or, dans une bonne taille, aucune de celles des branches secondaires qui poussent près de la lige principale ne doit être conservée; il faut les enlever * " pour ménager autour de la tige un espace libre qui permette la facile circulation de l'air et de la pénétration ô de la lumière. De cette façon, l'arbuste reçoit plus de / chaleur; l'humidité stagnante est évitée et le dévelop- ^ lUli pement des mousses ou autres parasites sur l'arbre t " <• r ,• « est prévenu. Ces plantes parasites ne doivent jamais fc, ^ être laissées sur l'arbre car elles lui nuisent beaucoup. /l' v Sur les branches primaires ou principales et à chaque ?• nœud, les branches secondaires croissent ordinairement par paires, une de chaque côté ; mais quelquefois, au U'/'1 . [ d u •; : M- \l v ' , 5 l 118 PETIT TRAITÉ lieu d'une paire, on peut avoir tout une touffe de bran­ ches poussant en tous sens. La taille est nécessaire en pareil cas, car il faut avec un couteau bien affilé comme on l'a expliqué au chapitre de la taille, enlever tout, sauf les deux meilleures branches. Engrais. — Si l'on a défriché une forêt pour faire la plantation, l'engrais ne sera pas nécessaire pendant plusieurs années; mais il n'en est pas de m ê m e , si la terre a déjà été cultivée. L'engrais est alors indispensable, Le fumier de e^ naturellement le fumier de ferme est le meilleur. 11 ferme est le meilleur. est donc utile, pour un planteur de caféiers et même pour tous les planteurs, d'axoir des animaux afin de se procurer de bon engrais. D'abord, l'engrais peut être simplement déposé autour des racines des plants puis recouvert avec la terre de surface, ou bien être enfoui soigneusement tout autour des racines. Mais, dans la rrous suite, il sera nécessaire d'enfouir le fumier dans des à fumier. trous auprès des arbustes. Ces trous seront d'environ deux pieds de longueur (0m,60), un pied de profondeur (0m,30), un pied de largeur, et à une distance de deux pieds au moins de la tige. En creusant, on prendra garde de couper les grosses racines de l'arbuste qui seraient mises à découvert, mais on pourra, sans incon­ vénient, couper les plus petites. Le fumier sera alors étendu au fond du trou et recouvert d'herbes et de terre qu on tassera bien pour empêcher qu'il ne soit mouillé dans les grandes pluies. Si les caféiers ont été plantés sur position des u n e terre en pente, les fosses à fumier seront creusées Irous. L ' au-dessus des arbres, afin que les parties solubles du fumier puissent s'écouler vers les racines. Mais, en terrain plat, la situation des trous est sans importance, on ne devra pas creuser aux mêmes endroits à chaque fumure. D'AGRICULTURE TROPICALE. 119 Produits intercalaires. — Tandis que les jeunes caféiers poussent, le terrain non occupé peut être planté en maïs, bananiers, taros. patates douces et autres pro­ duits alimentaires, suivant le désir du planteur ou les exigences des marchés locaux. Ce système qu'on appelle culture inter- ° .' calaire recom- culture intercalaire, est excellent, bien qu'il ne rencontre mandée. pas l'approbation de tous les planteurs. La partie inoc­ cupée du sol donnera quelque profit et la préparation de la terre nécessitée par la culture profitera aux jeunes caféiers. De plus, l'ombre produite par les plantes de la culture intercalaire sera favorable aux caféiers, et la vente des produits permettra d'attendre la rémunération de la plantation principale. Naturellement, il faudra prendre garde que les plan- cesser r ° L r la culture tes intercalaires n'empiètent trop sur le café, et dès la intercalaire L L la 2e année. seconde année, il faudra en cesser la culture. Ennemis d u caféier — Il n'y a peut-être pas une plante cultivée qui ait d'aussi nombreux ennemis, soit du règne animal soit du règne végétal, que le caféier. A Ceylan, la culture du caféier a été entièrement ruinée, il y a quelques années, par un champignon qui attaquait Le champignon les feuilles et qu'on n a pas pu détruire. A la Dominique, comme nous l'avons vu, un insecte appelé « mouche blanche » a fait périr presque tous les arbres au début de ce siècle. Un fléau analogue existe maintenant au Brésil, et cause de grands dommages aux plantations de café; on peut dire qu'il existe aussi à la Jamaïque et dans d'autres Antilles, mais il n y fait pas les mêmes ravages qu'à la Dominique. La cochenille des serres, insecte curieux qui ressemble pseudo-coccus „ , , , , adonidiuni. a un flocon de neige, cause de grands dommages en certains endroits; mais on peut l'éloigner en plantant 120 PETIT TRAITÉ Le borer. Coccus. Accompagnés de fourmis. des ananas entre les caféiers ; la cochenille es! très friande de cette plante et quittera pour elle les caféiers. Dans quelques pays les arbres sont très endommagés par la larve d'un papillon appelé « le borer » qui perce des trous dans la tige ou dans la racine et souvent les fait mourir. Mais ces destructeurs peuvent être recherchés et tués. Des coccus apparaissent quelquefois sur les arbres, ce sont de petits insectes, blancs ou bruns appliqués à l'écorce de l'arbre ou à l'épiderme des feuilles; leurs excréments, qui ressemblent souvent à du miel, sont at­ taqués par un champignon noir c o m m e de la suie. On trouve parfois les feuilles toutes couvertes de cette ma­ tière noire qui est ordinairement accompagnée de four­ mis. Ces coccus peuventètre facilement détruits, en lavant la plante avec de l'eau de savon ; la plupart des autres insecticides, insectes peuvent être tués en pulvérisant sur les arbres de l'eau de savon additionnée d'une très petite quantité d'huile de pétrole, le tout ayant été soigneusement mé­ langé. On aura soin de ne pas mettre trop d'huile de pé­ trole, car elle feraitmourir l'arbre (1). L'invasion de tous ces parasites est, sans aucun doute, causé par le mauvais état de santé des caféiers soit qu'il provienne d'une mau­ vaise culture, d'un sol épuisé, ou m ê m e d'un climat mal approprié. Aussi la première chose à faire est-elle de s'ef­ forcer de rendre la vigueur aux arbres par un bêchage convenable, un sarclage soigneux, un judicieux amende­ ment; dans bien des cas, ce sont là les seules ressources du planteur. Heureusement ce sont de puissants moyens de préservation ou de guérison des parasites, car un arbre •*f* (1) O n trouvera dans notre ouvrage La culture du caféier par E. Raoul et E. Darolles, les formules détaillées de toutes ces préparations. Challa- inel, éditeur, Paris, rue Jacob. D'AGRICULTURE TROPICALE. 121 vigoureux peut supporter un champignon qui ferait dé­ périr et mourir un arbre faible. Les rats et souris, quand ils sont nombreux, causent beaucoup de préjudice aux fruits. Le fruit du caféier se compose de deux grains enveloppés par une pulpe ten­ dre dont ces animaux sont extrêmement friands. Au temps de la récolte on verra souvent des parches de café joncher la terre sous les plants, on les appelle ordinaire­ ment le « café rat » parce que les rats ont mangé la pulpe et laissé les grains enveloppés dans leur parche. On peut prendre au piège ou empoisonner les rats et les souris, mais le meilleur moyen est peut-être bien d'avoir un bon chien dressé à la chasse de ces rongeurs. Récolte. — Pour le café d'Arabie, aussitôt que les baies deviennent rouges, il faut les cueillir, sans quoi on en perdrait beaucoup : le fruit en effet ne reste pas sur l'arbre un temps très long et tombe à terre. Pour le café de Libéria c'est le contraire; dans cette espèce, la baie mûre reste attachée à l'arbre et peut être cueillie au gré du planteur. C'est un immense avantage dans les pays où l'on ne peut obtenir une main-d'œuvre suffisante pour faire la récolte en peu de temps. Les baies sont ordinairement cueillies à l'arbre; mais en Arabie, des toiles sont étendues sous les caféiers et les fruits sont secoués sur ces toiles. Le procédé de la cueil­ lette à l'arbre vaut mieux lorsqu'il peut être employé ; on ne prendra que les fruits mûrs, car ceux qui ne sont pas mûrs font perdre au café sa qualité. Le temps de la ré­ colte varie suivant les pays. Aux Antilles, le café est mûr dans la seconde moitié de l'année, le plus fréquemment en août, septembre, octobre. Le café de Libéria, cepen­ dant, est beaucoup plus tardif; la pleine récolte ne se Rongeurs. Café rat. Cueillette des fruits. Avantage du café de Libéria. Ne cueillir que les fruits rnùrs. Saison de la récolte. 'f 122 PETIT TRAITÉ caractéristique fait souvent pas avant décembre et peut retarder jusqu'à du café de L L . Libéria. janvier ou février de l'année suivante. Mais cette espèce est très prolifique et produit quelques baies durant toute l'année, de sorte que boutons, fleurs, fruits verts et fruits mûrs se voient en m ê m e temps sur le même arbre, et c o m m e la floraison se produit fréquemment avant que le fruit ne soit cueilli, le planteur est souvent fort embarrassé ; car, en règle générale, il ne faut pas toucher aux arbres quand ils sont en fleurs. La produc- Rendements. tion du café varie, naturellement, suivant le sol, le cli­ mat, la culture; mais on peut dire qu elle est de 400 à 1200 livres (182 à 545 kilg) par acre. Une livre par arbre (453 gr.) en moyenne est un très beau rendement; mais dans des situations favorables et avec une bonne culture, quelques arbres rapporteront encore beaucoup plus. Les caféiers de Libéria sont beaucoup plus produc­ tifs que ceux d'Arabie, et chaque arbre rapporte de une à huit livres de café décortiqué. Environ trois boisseaux (109 litres) de baies peuvent être récoltés par un bon travailleur en un jour et cela donnera environ 30 livres (13 kg. 590) de café sec ou environ 10 livres ( 4 kg. 530) au boisseau pour le café d'Arabie ; mais la pulpe du café de Libéria est beaucoup plus épaisse, et les baies de cette espèce ne donneront pas autant de café décortiqué au boisseau : il est vrai que les arbres produisent beaucoup plus, cela compense la perte sur la pulpe. Dépulpation. — L'opération d'enlever la pulpe des baies, pulpe qui constitue ce qu'on n o m m e impropre­ ment « cerises », s'appelle dépulpation ; elle peut être faite à la main, en pilant le fruit dans un mortier ou en pres­ sant et roulant les baies entre deux planches. Ces mé­ thodes toutefois ne suffiront que si l'on a à traiter une D'AGRICULTURE TROPICALE. 123 très petite quantité de café ; pour de grandes quantités, on emploiera une machine appelée pulper en anglais et dépulpeur en français. Le principe sur lequel sont cons­ truits les pulpers est celui d'un rouleau couvert d'une râpe en cuivre et disposée de façon à tourner devant une surface unie appelée en anglais chop. La râpe est appro­ chée du chop de façon que les baies soient ouvertes et écrasées sans que le grain de café et sa parche soient atteints ; et comme le chop est mobile, il peut être dis­ posé de façon à être adapté aux différentes grosseurs des baies. Ainsi, pour dépulper le moka, qui est une variété Moka. de café d'Arabie dont les grains sont très petits, le chop sera très rapproché de la râpe. Complétons cette descrip­ tion en disant qu au haut se trouve un distributeur en entonnoir qui envoie les baies à la râpe et qu en bas se trouve un crible incliné et disposé de façon que les baies écrasées qui tombent dessus soient agitées par son mou­ vement de trépidation, les grains passent à travers le crible et que les pulpes et les débris soient rejetés en dehors. Fermentation et lavage. — Quand les grains sor­ tent du dépulpoir, ils sont couverts d'une matière sèche, mucilagineuse qui est enlevée ou par fermentation ou par immersion des grains dans des vases pleins d'eau ou citernes. Quand on opère par la fermentation, on place citernes. les grains dans des barils ou baquets, et on les y laisse soit 24 heures, soit jusqu'à ce que le mucilage se sépare aisément; alors on les lave dans l'eau, et on les met à sécher au soleil dans des auges ou sur des plateformes. Le café est alors à l'état de « café en parche » ; on peut Caf(i •*- r en parche. le garder ainsi très longtemps, parce qu'il est protégé par son enveloppe naturelle. 124 PETIT TRAITÉ Huinng ou Décortication. — Cette opération consiste à enlever Décortication. > le parchemin et une légère pellicule appelée pellicule ar­ gentée (silver skin). La décortication se pratique à l'aide des machines variées appelées hullers ou en pilant le café en parche dans de larges mortiers de bois. Quand on opère la décortication sur une grande quantité, on Machine emploie une auge circulaire dans laquelle une large et a décortiquer. L " lourde roue de bois ou de pierre tourne jusqu'à ce que l'opération soit terminée. Le café en parche est mis dans l'auge et on fait passer la roue dessus. Le parchemin est écrasé et brisé en petits morceaux:, mais le café lui-même. s'il a été préalablement séché au degré convenable ne Ne pas peler sera pas atteint. Dans tous les cas le café en parche doit ni décortiquer en temps nu- être chauffe au soleil avant cl être décortiqué et sous aucun prétexte l'opération de la décortication ne sera faite par un temps humide et brumeux. Un boisseau de café en parche donnera ordinairement la moitié en grains ap­ prêtés; mais la proportion varie beaucoup suivant l'es­ pèce et les conditions de culture. V a n n a g e . — Pour séparer des grains la parche brisée et la pellicule argentée, on passe le tout, une fois la dé- van. cortication effectuée, dans une machine à vanner; cette machine consiste en un ventilateur formé de quatre plan­ ches, que l'on tourne rapidement au moyen d'une ma­ nivelle ; elle est agencée de façon que le vent passe entre le grain et ses enveloppes qui tombent peu à peu par un trou de l'appareil; le café étant plus lourd, arrive dans un réservoir placé au fond et les débris sont enlevés par le vent. Baies sèches. — Quelquefois les fruits de café, au lieu d'être dépulpés, sont séchés entiers par une exposi­ tion en plein soleil sur des plateformes ou terrasses. Lésé- D'AGRICULTURE TROPICALE. 125 chage des baies par ce procédé prend trois ou quatre fois plus de temps que le séchage du café en parche. Quand les fruits sont parfaitement secs, ils sont décortiqués et vannés de la manière déjà dite ; mais l'opération est plus délicate et plus difficile que lorsque la pulpe a été ôtée d'abord. Le café ainsi préparé est, dit-on, plus lourd et d'une plus belle qualité, et quelques planteurs recom­ mandent la généralisation de cette méthode. Il y a à Londres une maison qui reçoit le café en baies sèches et le prépare pour la vente au prix d'une demi-couronne (3 fr. 12) les cent livres. Dans ce mode de procéder, le surcroit de dépense pour le fret peut être regardé comme un simple drawback. CHAPITRE III. CACAO. [Theobroma cacao L.) origine Le cacaoyer est originaire des forêts de l'Amérique ducacaover. , centrale, et des espèces ont été trouvées, dit-on, à l'état sauvage à la Jamaïque, à la Martinique et dans l'Amérique du Sud. Jusqu'à nos jours, tout le cacao con­ sommé dans l'univers entier venait de l'Amérique cen­ trale et méridionale et des Indes occidentales ; c'est dans ces dernières années seulement que le cacaoyer a été cul­ tivé à Ceylan et dans les autres contrées tropicales du Description. vieux monde. L'arbre croissant dans un bon terrain et livré à lui-même, peut atteindre une hauteur de 20 à 30 pieds (6 à 9 mètres), et s'étendre jusqu'à 10 pieds (3 mètres) et davantage de chaque côté. A la hauteur de 5 pieds (lm,50) au-dessus du sol, il projette de trois 3 à six branches latérales, sans aucune apparence de tige prin­ cipale; c est seulement lorsque les branches sont mûres qu'une branche maîtresse pousse des côtés et non du centre de ces branches. Les fleurs sont petites et elles poussent en bouquet sur la tige ou sur les plus grosses branches à l'endroit où existaient les feuilles auparavant. Il est très rare que plus d'une fleur de chaque inflores- PETIT TRAITÉ D'AGRICULTURE TROPICALE. 127 cence se développe en fruit; de sorte que l'arbre donne beaucoup plus de fleurs que de gousses. Variétés. — I l y a plusieurs variétés de cacao, c o m m e cela arrive pour tous les arbres fruitiers cultivés; et dans les contrées à cacao, on trouve des races distinctes CACAOYER (Theobroma cacao L). 1 Fleur. 2 Fruit ouvert montrant les graines. 3 Graine. produites par les différences du sol, du climat et d'autres influences. Il n'y a pas très longtemps, M. Hart, envoya à l'auteur jusqu'à dix-huit variétés distinctes de cacao cacao i i • • i i - i i d e I a T r i l 1 provenant de la Trinidad, parmi lesquelles douze sont décrites comme les meilleures sortes. Il est inutile cepen­ dant d'en énumérerici les noms; car si quelqu'un recon­ naît les caractères distinctifs d'une bonne variété, il 128 PETIT TRAITÉ peut toujoursde lui-même choisir les meilleures graines. Onpeutvoiràlapage suivante le dessin d'une goussed'une des plus belles espèces de cacao. Cette gousse provient d'un cacaoyer dit de la Trinité, venu dans la vallée du Ro­ seau, à la Dominique; elle a 9 pouces de long (O^^ô1) et presque 4 pouces (0m,10) de diamètre à la partie la plus large. Rétrécie à son sommet, elle est terminée en pointe recourbée d'un côté. L'épiderme, de couleur jaune-rouge, a dix rainures, et les côtes sont couvertes de tubercules CABOSSE PE CACAO CRIOLLO RÉCOLTÉE A LA DOMINIQUE. ou verrues. En ouvrant la gousse, la coque apparaît cas- Nombre de santé et mince, n'ayant pas plus de 4/8 ou 5/8 de pouce (0m,12 ou0,m15 d'épaisseur. Elle contient 38 graines, dont deux petites et inférieures, et les 36 autres bien plei- Lcs graines IieS5 rondes et fournies, mesurant environ 1/4 (0m,00625) sont blanches intérieurement, de longueur et 3/4 de pouce (0,0176) en largeur. En ouvrant longitudinalement les graines, la plumule, la radicelle et une partie des cotylédons sont d'une cou­ leur blanc-laiteux, le bord supérieur des cotylédons est teinté d'un rose clair. En mâchant la semence on per­ çoit un goût de noisette avec une saveur distincte de ca­ cao. La salive est teintée de rose et non de rouge foncé, c o m m e lorsqu'on mâche une graine de cacao commun. D'AGRICULTURE TROPICALE. 129 Cette gousse appartient au cacao Criollo, une des meil- Cacao x r de Caracas. leures sortes connues. Plus les autres variétés appro­ chent de ce type, meilleures elles sont, et plus leur pro­ duit a de valeur sur les marchés. L e sol. — Le cacaoyer a une longue racine pivotante ; Lcs meilleurs il doit donc être planté dans une terre profonde. Le meil­ leur est celui qu'on trouve dans les vallées ou les mor­ nes, sur les bords des cours d'eau ou rivières, et tout sol qui provient de la décomposition'de roches volcaniques. Le cacaoyer poussera bien également dans les terres d'alluvion ou dans les marnes riches, mais il ne viendra pas dans les argiles compactes et épaisses. Climat. — Un climat chaud et humide est nécessaire à la culture du cacao, si l'on veut obtenir une bonne récolte. Pourtant, quand le sol est bon, l'arbre poussera et donnera de beaux produits dans un pays m ê m e un peu sec, comme on l'a vu dans quelques régions de la Dominique et à la Grenade. Le cacaoyer ne réussira pas dans les terres monta- h NuneU"rande gneuses au-dessus de deux mille pieds (600m), et m ê m e a't'tude. à cette hauteur il devient malingre et ne rapporte plus au bout de quelques années. La meilleure altitude est de 300 à 500 pieds (90 à 150m); de bonnes récoltes peu­ vent être obtenues sur le littoral dans des localités abritées, mais l'arbre ne poussera pas s'il est exposé di­ rectement à la brise de mer. Aux Antilles, le cacaover ne vient pas très bien et Abri néces- ,. , saire. rapporte peu lorsqu il est exposé au nord ou à l'est. Les terres abritées et les vallées exposées au sud ou à l'ouest sont les meilleurs emplacements pour les plantations de cacaoyer. Multiplication. — Les plants de cacaoyers sont ob- Pépinières. AGRICULTURE TROPIC4LE. r r _ _ de la Floride. currence sérieuse pourrait venir de la Floride, mais souvent une forte gelée s'abat sur cette contrée et tue les vergers d'orangers de façon qu'il faut plusieurs an­ nées pour que les arbres réparent la perte de leurs principales branches. Un écrivain qui a publié, il y a quelques années, un livre sur la culture de l'oranger, s'exprime ainsi : « La récolte actuelle du fruit aux États- consomma- L tion des oranges Unis donne à peine une orange par an et par habitant, aux États-Unis. Notre population doublera à peu près, si l'on juge de l'avenir par le passé, en trente ou quarante ans. Pour approvisionner une telle population d'une orange ou d'un citron par jour, il ne faudrait pas moins de 30 milliards d'oranges ou de citrons par an ». Cela étant, il n'est pas à craindre que la production des oranges, dans les Indes occidentales, soit annihilée par la concurrence de la Floride ou de la Californie ; et comme le fruit peut être culture de l'oranger très vendu à des acheteurs locaux, il n'y a peut-être aucune profitable. culture plus profitable que celle de l'oranger, pour les petits propriétaires. L e sol. — L'oranger croîtra à peu près dans tous les sols (les sols sablonneux exceptés), pourvu que ces terrains soient bien drainés et aient une profondeur suf­ fisante pour permettre à la racine pivotante de se clé- son HO PETIT TRAITÉ Les sois riches velopper. Toutefois, on ne peut attendre de récoltes mt les meil- 7 r leurs. abondantes que des terres riches, car toutes les plantes de la famille de l'oranger aiment un « sol généreux. » Les argiles, les alluvions, les marnes et calcaires convien­ nent également, et plus l'humus est abondant, mieux l'arbre prospérera. climat tropical climat. — L'oranger est peut-être la plus robuste le meilleur. . des plantes de la famille des aurantiacées; il est luxu­ riant sous les tropiques et pousse dans les pays sub-tro- picaux ; il endure m ê m e les légères gelées du sud de la France. Mais dans ces dernières régions le fruit est beaucoup moins abondant que dans les contrées tropi­ cales, et à en juger par la vigueur de croissance de l'o­ ranger dans les Indes occidentales, on peut dire que le climat, dans les parties favorisées de ces lies, est le Altitude. climat typique de l'oranger. Une altitude de 2000 pieds (640m) ne semble exercer aucune influence sur la récolte. Mais l'arbre est élevé plus facilement, le fruit est plus gros et plus succulent dans les parties chaudes et hu- ombre mides des hauteurs. Contrairement à ce qui se passe non nécessaire. ^ " dans quelques pays intratropicaux où se produisent de fortes sécheresses durant plusieurs mois, aux Antilles l'ombre n'est pas du tout nécessaire, car l'arbre se plaît en plein soleil et si l'ombre s'interpose, la tige pousse grêle et haute. Les racines prennent si fortement en terre que l'arbre supporte toutes les expositions; mais, dans les endroits très exposés au vent, la récolte est peu abon­ dante, parce que les fleurs et les jeunes fruits sont abattus. ceintures abris. j) e s ceintures abris feront donc bien en certains lieux, mais en tant que brise-vents et non c o m m e ombrages. Rejetons. Reproduction. — Dans les Indes occidentales, les orangers sont, pour la grande partie, obtenus par grai- D'AGRICULTURE TROPICALE. 171 nés, et dans aucune autre partie du monde on n ob­ tient de meilleurs fruits que ceux qui proviennent des arbres ainsi plantés. Dans la Floride et dans quel­ ques États méridionaux des États-Unis, les orangers sont reproduits ordinairement par écusson, car l'orange Écussonnage x . des troncs d'o- amère vient à l'état sauvage dans quelques parties de ranger sûr. ces contrées. En Europe, les meilleures oranges sont greffées; et c o m m e le fruit de greffe diffère beaucoup du Greffe. fruit de semis, on répète que le semis ne reproduit pas la variété, et que le greffage oul'écussonnage sont néces­ saires pour conserver le caractère de la variété. C'est là une erreur, au moins en ce qui concerne les Indes oc­ cidentales ; car dans ces contrées les semences repro- Les graines duisent exactement, pour la plupart, la variété, et on exactement ia n'emploie pas d'autre méthode de reproduction. Il en est de m ê m e à Tahiti, pays dont les oranges sont très estimées à juste titre. Les graines seront semées sur planches préparées sui­ vant la méthode décrite aux chapitres précédents ; si le cultivateur n'a pas à cultiver une grande superficie, il fera mieux de semer dans des boites élevées au-dessus de terre, les rats et les souris en étant particulièrement friands. Il faut semer les graines fraîches sortant du Les graines . , . lraie h es sont fruit, parce qu elles perdent leur faculté germinative nécessaires. en séchant, on ne peut m ê m e les porter à de grandes dis­ tances sans les conserver en terre. Bien que cela semble bizarre, les semences conservées en terre se maintien­ dront fraîches bien plus longtemps que celles qui seront gardées en lieu sec hors déterre. C'est là une sage pré­ voyance de la nature, et l'on a vu dessemences restant Graines en , sommeil pen- sans pousser pendant des années dans la terre, revivre dant de longues aussitôt que les circonstances deviennent favorables à la P° / 172 PETIT TRAITÉ vie de la plante. Une graine d'orange contient souvent plusieurs embryons : aussi arrive-t-il souvent que des graines semées à distance produisent plusieurs pieds qui Distances. poussent entrelacés. On sème les graines à trois ou quatre pouces (0m,07 à 0m,10) les unes des autres, en laissant 6 à 9 pouces (0m,15 à 0m,22) entre les rangs. La racine pivotante étant longue, la planche de la pépinière sera bêchée profondément, afin d'ameublir le sous-sol. Les graines germent promptement, et les plants peuvent être mis en place définitive au bout d'un an. Distances dans Plantation. — Les distances auxquelles les arbres sont plantés dépendent principalement de la nature du sol. Dans les riches terres forestières avec un sol profond et poreux, 25 pieds (8 mètres) entre chaque rangée ne seront pas de trop, mais dans les endroits plus secs et les sols plus pauvres, 20 pieds (6 mètres) représentent la distance convenable. Avec 25 pieds, on aura 70 arbres à l'acre (40a,46) et avec 20 pieds 108. creuser des Sauf dans les endroits très* favorables, au sol riche, profond et friable, on devra préparer des trous pour les plants au début de la saison pluvieuse. En enlevant les plants de la pépinière, si la racine pivotante a été rom- Taiiiedeiara- pue, on la taille au canif, car il est dangereux de plan- 1 ' ter les jeunes arbres avec une racine pivotante endom­ magée. Avec quelques soins, on n'aura que très peu de « pertes », car l'oranger est très robuste dans les Indes occidentales, et des arbres, m ê m e de grosseur ordinaire, peuvent être transplantés avec succès dans la saison humide. importance Culture. — Quand une plantation d'orangers est ''Culture"116 formée, le rendement dépendra surtout de la culture. Les arbres croîtront et donneront des fruits sans qu'on fasse D'AGRICULTURE TROPICALE. 173 Un labour profond. quoi que ce soit pour eux, mais ils profiteront merveil­ leusement si on leur donne les soins voulus. On tiendra la terre nette de mauvaises herbes et bien remuée. Comme l'arbre pousse beaucoup de racines de surface, le sol dans le voisinage immédiat de la tige doit être bêché à plusieurs pouces, et tous les ans une façon à la pioche fera du bien. Sur un terrain plat, on peut em­ ployer la charrue pour trouer quelques sillons entre les rangs, et il y aura profit à retourner le sol en m ê m e temps. Dans beaucoup de propriétés des Indes occidentales, il n'est pas possible de consacrer à la culture des oran­ gers un espace qui permette de constituer une planta­ tion symétrique et régulière, mais un grand nombre d'arbres peuvent être placés le long des voies et dans les coins perdus de la propriété. L'arbre une fois planté Les arbres 1 . sont fortement s'enracine fortement; lors du dernier ouragan à la Do- enracinés en terre et br&vent minique, les orangers sont restés debout droits et à peine les ouragans. atteints, tandis que les autres arbres du voisinage étaient renversés et tordus sur leurs racines. Cet enracinement solide des orangers permet d'en planter plusieurs rangées entre les plants de café, de cacao et autres cultures, car en cas d'ouragan ces plantations forment un abri sûr. A m e n d e m e n t . — Aucun autre arbre peut-être ne profite autant d'un amendement approprié que l'oran­ ger. Dans un sol pauvre qui manque de matière végé­ tale, l'arbre paraîtra malade, ses feuilles seront jaunes et ses fruits rares mais, l'usage large d'un engrais azoté L'engrais azoïe est excellent produira un changement étonnant dans la vigueur de l'arbre et le nombre de ses fruits. Quand les jeunes ar­ bres sont bien enracinés et commencent à pousser, le fumier de ferme ou l'engrais vert les fera croître bien 174 PETIT TRAITÉ plus vite ; quand les arbres sont en rapport, ils doivent rumer les ar- être fumés chaque année. Le guano et les cendres de bres chaque an- x ° n(C - bois sont quelquefois employés avec succès, et l'en­ grais liquide répandu sur les racines fait le plus grand bien. Bref, le sol sera rendu aussi riche que possible, car plus le sol est riche plus le rendement est élevé. tercatoes^ r • D e s pl a ntes intercalaires. — Elles peuvent être commandées, cultivées avec avantage entre les orangers, car les espa­ ces sont grands et les orangers mettent de 5 à 7 ans avant d'entrer en rapport; la terre resterait donc trop longtemps improductive si des cultures interca- cuiture aux laires n'étaient pas établies. Dans les Acores, des melons, Acores. , * citrouilles et d'autres plantes annuelles sont élevées entre les arbres de rapport ; l'ameublissement du sol pour ces cultures fait m ê m e le plus grand bien aux orangers, pourvu qu'ils soient assez fumés pour que la fertilité du sol se maintienne. Nécessité Taille. — L'oranger a besoin d'être taillé de bonne de la taille. ° heure. Après que les plants ont été élablis et que la poussée se prononce avec vigueur,, un buisson de tiges surgit quelquefois de la tige centrale. Ces tiges doivent être élaguées avec soin, les jeunes arbres taillés de façon comment on à projeter une tige bien droite et bien nette, le branchage taille les oran- L , gers. ne devant commencer qu à 5 pieds (lm, 50) du sol. A me­ sure que l'arbre grandit, les branches voisines du sol seront coupées aras de la tige par une coupure nette, afin d'empêcher l'écorce de repousser sur la plaie. Mais il ne faut pas élaguer un trop grand nombre de ces branches à la fois, parce qu un élagage exagéré retarde considé­ rablement la croissance générale. Quand les arbres sont à maturité, les branches mortes ou mal venues seront élaguées avec une serpe, la plaie sera parée avec un D'AGRICULTURE TROPICALE. 175 couteau et badigeonnée de goudron pour que la pour­ riture ne pénètre pas au cœur de l'arbre (1). Récolte. — Dans les Indes occidentales, la récolte se fait ordinairement de septembre à février. Quelques arbres rapportent plus tôt et d'autres plus tard. Plus les produits arrivent tôt au marché et plus les prix sont Avantage des r récoltes préco- élevés; les orangers de la Méditerranée ne sont pas en ces. pleine saison avant le commencencement de l'année, aussi le planteur devra-t-il faire tous ses efforts pour amener ses arbres à produire des récoltes précoces. Il l'obtiendra en grande partie en soignant, en taillant comment \ . on les obtient. soigneusement et en diminuant le plus possible la période pendant laquelle l'arbre produit; quand il aura obtenu un arbre très précoce, il le propagera par écusson et par greffe. Le rendement des orangers varie beaucoup, car le sol, La proportion des orangers va- le climat et la culture ont une grande action sur l'abon- rie suivant ciia- dancede la récolte. En Californie, on recueille de 400 à 600 oranges par année. Dans les Acores et en Floride, cette proportion est largement dépassée et, dans les Indes occidentales, il n'est pas rare de voir produire à chaque arbre de 3.000 à 8.000 oranges. Les forts orangers de la Dominique ont donné jusqu'à 14.000 oranges, et 8.000 oranges de ia Dominique. est le nombre ordinaire de cette ile fertile. En cueillant les oranges, on prendra un soin particulier pour ne pas meurtrir les fruits, car une seule orange tachée peut faire pourrir toutes celles qui ont été empa­ quetées dans la m ê m e boite. On se servira d'échelles (1) La possibilité de tailler les orangers aux Antilles confirme ce que A. Nicholls a dit de l'adaptation remarquable de ces plantes au climat de ces îles. Dans la plupart des autres pays de la zone intratropicale, l'oran­ ger ne peut en effet supporter les moindres blessures. 176 PETIT TRAITÉ cueillette pour les arbres élevés et on coupera la queue du fruit, des oranges. r u ? car en l'arrachant de l'arbre, on s'expose à des pertes sérieuses. Les oranges cueillies avec une portion de tige (environun quart de pouce), s'appellent oranges « queue coupée ». Elles se conservent mieux que les autres et se vendent toujours plus cher. Ennemis de l'oranger. — L'oranger, comme la plupart des plantes cultivées a ses ennemis; mais, par bonheur, dans les Indes occidentales, ils ne sont ni nom- s. aie biignt. hreux ni redoutables. Le plus important est la « scale insect » ou coccus qui, abandonné à lui-même, peut tuer les jeunes arbres et nuire à la production des arbres adultes. On peut toutefois s'en débarrasser en brossant la tige et les branches avec une solution de savon à base d'huile de baleine délayée dans de l'eau avec adjonction insecticide, en petite quantité de pétrole (1). Une décoction de tabac, battue avec du savon, est aussi un bon insecticide : on en badigeonne l'écorce des arbres et on laisse sécher. Enduire ou asperger les arbres avec des cendres de bois mouillées ou avec un lait de chaux très clair suffit très souvent pour détruire les parasites animaux et végétaux. nouille. La rouille de l'oranger est produite par un insecte qui peut être détruit par un simple saupoudrage de chaux vive sur les arbres ; il suffit ordinairement de se tenir au- dessous de l'arbre et de jeter à pleines mains la chaux quand les feuilles sont humectées par la rosée ou une légère ondée; mais il faut prendre garde qu'aucune poussière de chaux n entre dans les yeux de l'opéra­ teur. (1) On trouvera dans le Manuel pratique des cultures tropicales dans la partie relative à la culture du caféier, 1895, Challamel, éditeur, rue Jacob, 5, Paris, les formules de toutes ces préparations parasiticides. D'AGRICULTURE TROPICALE. 177 Emballage pour l'exportation. — On a vu qu'il ^ ^ fallait apporter un soin extrême à la cueillette du fruit : non mûres pour 1 *• l'exportation. le m ê m e soin doit être pris pour remballage. Les oranges destinées à l'exportation doivent être cueillies avant maturité, mais elles doivent être complètement formées. Il n'est pas nécessaire qu elles soient jaunes : elles m û ­ riront après avoir été cueillies et à ce moment l'écorce grise deviendra jaune. On choisira un jour sec pour cueil­ lir le fruit, de m ê m e qu'avant d'emballer, toute humi- N'emballer ' ^ les oranges que dite sur l'écorce devra être évaporée. Le meilleur moyen sèches. consiste à ranger les oranges sur des planches pendant un jour ou deux dans le magasin d'emballage; quand elles seront sèches, on verra aisément les meurtrissures et autres défectuosités. Les oranges sont embarquées aux Indes occidentales dans des barils à farine ou dans des caisses. Les barils ont ordinairement des trous dans les douves pour ménager la ventilation, et chaque baril contient environ 300 oranges. Mais il est plus sûr d'em- Emballage u *• en clair. baller en clair, en caisses dont la grandeur habituelle est caisse. de deux pieds et demi (0m,80) en longueur sur un pied (0m,30) en hauteur et autant en largeur. Les faces de la caisse sont pleines, mais le haut, le fond et les deux autres côtés sont faits de lattes larges de 3 pouces ( 0m,07) et espacées de 2 pouces (0m,05). La caisse est divisée en deux compartiments égaux par une pièce de bois plein semblable à celles qui forment les faces. Les caisses sont ordinairement importées par pièces jetées pêle-mêle dans le navire : elles viennent des États-Unis et arrivent coupées aux dimensions voulues, de sorte qu'avec quel­ ques pointes de fer, une personne adroite peut cons­ truire, en peu de temps, un grand nombre de ces réci­ pients. AGBICLLTURE TROPICALE. 12 178 PETIT TRAITÉ Nombre des oranges à la boîte. iesoel°P"Per Chaque orange doit être enveloppée de papier, en prenant soin de mettre à l'écart les fruits inférieurs ou endommagés. Le papier employé est le papier d'embal­ lage jaune c o m m u n qui s'importe des États-Unis : on le coupe en morceaux suffisamment grands pour envelop­ per l'orange en entier. Chaque caisse peut contenir 150 oranges enveloppées, de grosse espèce, ou 180 de la petite espèce. L'arrimage sera assez serré pour que les oranges ne se heurtent pas; en clouant les lattes du haut il sera bon de presser légèrement, parce que les fruits sécheront et diminueront de volume pendant le voyage. Dans chaque caisse, les oranges doivent être de m ê m e grosseur et de même maturité. C'est là un point très important. Avant d'être tassés, les fruits seront assortis et chaque sorte empaquetée séparément afin que lorsqu'un acheteur tirera d'une caisse une orange échantillon, il puisse trouver le tout Les oranges d e m ê m e grosseur et de m ê m e qualité. Une fois prépa- doivent être as- . sorties. rées, les caisses devront être maniées avec précaution, dans la crainte de meurtrir les fruits ; si m ê m e la plan- soius a donner tation est loin du quai de chargement, on fera bien de au maniement . -i i . des boîtes. transporter les caisses sur de léger wagonnets comme ceux qui sont en usage à la Jamaïque, parce que les cahotements d'une voiture pourraient endommager leur contenu délicat. Citron. [Citrus medica var acida.) Pour l'importance commerciale, le citron vient immé­ diatement après l'orange. L'acidité du fruit est plus D'AGRICULTURE TROPICALE. 179 prononcée que celle du limon, et beaucoup de personnes le préfèrent sous ce rapport. Les citrons expédiés en Europe et dans l'Amérique du Nord sont emballés de la même façon que les oranges ; mais c o m m e le limon est un fruit plus connu, il se passera quelque temps avant qu'on demande le citron sur les grands marchés de citrons. fruits. Les citrons sont pourtant aujourd'hui cultivés prin- Jus concentré de citron. cipalement pour leur suc, qui est embarqué à Montserrat et à la Dominique à l'état concentré, et expédié de ces deux lies (comme de la Jamaïque et de la Trinité), en Europe et aux États-Unis, pour être vendu tel quel. Le suc concentré constitue la plus grande partie de la ma­ tière première de l'acide citrique employé en médecine Acide citrique. et dans l'industrie ; le suc naturel est mis en bouteilles et vendu en Europe et en Amérique comme boisson ra­ fraîchissante et hygiénique. On l'emploie aussi c o m m e antiscorbutique, c est-à-dire comme préservatif du scor­ but à bord des navires et ailleurs ; et tous les navires an­ glais quittant la Grande-Bretagne pour un voyage au long cours sont obligés d'avoir à bord une forte provision de suc de citron. La propagande pour la tempérance dans toutes les parties du monde, tend à accroître la consom­ mation du suc de citron, car on l'emploie pour fabri­ quer une boisson très agréable et tout à fait inoffensive en temps chaud et m ê m e en tout temps. Un verre de li- citronnade dite , , . , . . limonade. monade, laite du pur jus de citron, adoucit mieux que n'importe quel autre breuvage la soif violente produite par la fièvre ; et beaucoup de médecins distingués recom­ mandent la décoction obtenue avec les tranches entières d'un citron, comme un fébrifuge efficace. Le sol. — Les sols qui conviennent à l'oranger con- 180 PETIT TRAITÉ viennent aussi au citronnier, et plus ils sont riches en éléments azotés et en potasse, plus la production sera Le citronnier abondante. Le citronnier est pourtant plus robuste que est une plante . ,.. . . . , robuste. 1 oranger, et bien qu il ait une racine pivotante, le princi­ pal aliment qui lui vient du sol est saisi par les racines latérales qui s'étendent à de grandes distances à la sur­ face de la terre. Il suit de là que le citronnier croîtra dans un sol moins profond que l'oranger, mais alors il ne fait que croître et rapporte peu de fruits. Le meilleur L e climat- — Le meilleur climat pour le citronnier est un climat chaud et humide, tel qu on en trouve dans les vallées ombragées à 300 ou 500 pieds (90 à 150m) au-dessus du niveau de la mer, clans les îles boisées des Antilles. L'arbre supportera assez bien une certaine exposition; mais les grands vents font tomber les fleurs et les jeunes fruits, et diminuent sérieusement la récolte. Des ceintures d'arbres-abris devront, par suite, être éta­ blies quand les citronniers seront plantés en plein vent. Reproduction. — Elle se fait par les graines qui sont très nombreuses dans le fruit. Ces semences sont plantées de la m ê m e manière que celles de l'oranger; mais comme elles sont très abondantes, elles peuvent être semées à la volée sur des planches et ensuite enfoncées dans le sol. Dès que la germination s'est produite, les plants fai­ bles peuvent être arrachés et le semis éclairci. plantation Plantation. — Elle se fait également de la même au piquet. façon que celle de l'oranger; mais quelques planteurs sèment la graine dans l'emplacement où les arbres doi­ vent pousser. Lorsque les plants atteignent 18 pouces (0m,45) de haut, on les arrache tous, sauf ceux qu on veut garder, ou bien on les pique avec soin pour servir de rem­ plaçants ou pour augmenter l'étendue de la plantation. D'AGRICULTURE TROPICALE. 181 Les distances auxquelles les citronniers sont ordinaire­ ment plantés varient de 10 à 12 pieds (3m à 3J1,60) et cela donne une moyenne de 15 pieds (4m,50) entre les plants et entre les rangées. Mais on ne peut observer les mêmes distances dans toutes les plantations. Sur les fortes pentes, la distance de 10 pieds (3m,20) ne sera pas trop petite; dans les riches terres des bas-fonds, les arbres plantés à 20 pieds (6ra,00) l'un de l'autre se join­ dront au bout de dix à douze ans et ombrageront com­ plètement le sol. Culture. — Elle se pratique comme celle du ca­ caoyer et l'oranger : sarclage minutieux et ameublisse- ment du sol de temps à autre. Les arbres commencent à rapporter trois ans après la plantation. Quelques planteurs ne sarclent pas et laissent pousser le gazon entre les arbres pour l'élevage du bétail. Mais ce système ne peut être recommandé, sauf sur les pentes où l'herbe empêchera le sol d'être entraîné par les pluies; même en profitant de la saison sèche, il sera bon de la­ bourer de temps en- temps. On peut faire des cultures intercalaires pendant les premières années, ou jusqu'à ce que les citronniers soient en rapport ; mais comme les racines du citronnier cou­ rent tout près de la surface, il ne faut rien planter auprès des arbres. Sauf l'élagage des gourmands, des branches mortes et des branches qui poussent trop près de terre, aucune taille n'est nécessaire. La culture du citronnier est vraiment la simplicité m ê m e , car plus la plante est laissée à elle-même plus elle produira. L'engrais sera nécessaire pour conserver la fertilité du sol; le fumier de ferme est le meilleur; mais si l'on en manque, on peut employer quelque engrais spécial à Distances. Pâturage. Cultures in­ tercalaires. Engrais nécessaire. 182 PETIT TRAITÉ Production par arbre. base d'azote et de potasse. Celui qui écrit ces lignes a soin, dans sa plantation de citronniers à la Dominique, de répandre sur les racines, les écorces et la pulpe du fruit, après que le jus en a été exprimé, afin de rendre au sol la plus grande partie possible du produit qu'il a fourni. Ce système donne des résultats remarquables et a été adopté par d'autres planteurs. Quand le jus est con­ centré et qu'on emploie le bois c o m m e combustible, les cendres du fourneau seront épandues sur les racines des arbres ; car ainsi qu'on l'a indiqué dans la première partie de cet ouvrage, les cendres de bois contiennent une forte quantité de potasse. Récolte. — La production par arbre varie considé­ rablement, suivant le sol, l'ameublissement, les pluies et le climat; mais avec une culture attentive, une bonne qualité moyenne du sol et des pluies d'environ 60 pouces (lm,50) par an, chaque arbre peut donner de trois quarts de baril à un baril (1221 à 163',3) de citrons. La florai­ son commence ordinairement en mars et la récolte en juin ou juillet pour se continuer jusqu'en décembre; mais on cueille quelques citrons durant toute l'année, sauf à la fin des saisons sèches où la végétation s'arrête. Quand on n'a pas en vue l'exportation, les citrons ne Laisser le fruit doivent pas être cueillis aux arbres. Il faut les laisser toiYil)cr ù terre» tomber à terre ; de cette façon le fruit est obtenu dans les meilleures conditions pour fournir du jus. Les arbres ne doivent jamais être secoués ou battus pour faire tomber les citrons, parce que la récolte en serait dimi­ nuée par le fait de la chute des fleurs et des jeunes fruits. Extraction Préparation d u jus. — Le suc est extrait des ci- ,lu JUS ' trons par différents procédés, mais cela se fait toujours par pression. On emploie parfois le pressoir à cidre, en Temps de la récolte. D'AGRICULTURE TROPICALE. 183 coupant le fruit avant de le mettre sous presse. Les petits moulins à canne à sucre sont usités ailleurs avec succès. Moulins. La meilleure forme de moulin est celle qui se compose de lourds rouleaux de bois horizontaux munis de feuilles de cuivre grossièrement perforées, de façon à briser les ci­ trons. Avec un bon pressoir ou moulin, on peut obtenir Quantité de r *- jus au baril. de 7 à 8 gallons de jus (31'78 à 36'32) par baril (163'3) de citrons; mais parfois, avec une machine défectueuse, on n'obtient que 5 1/2 à 6 galons (24'97 à 27'24). Quand le jus est exporté à l'état brut, il est nécessaire , Nécessite " x de la propreté. de prendre un soin particulier pour enlever toutes les impuretés, les pulpes et les graines. Quand les citrons ont été cueillis en temps humide, il faut enlever la boue avant de passer les fruits sous le moulin, l'on fera m ê m e Passage du jus. bien de faire passer le jus à travers plusieurs cribles de cuivre aux trous de grandeur décroissante. Un autre bon procédé est de laisser le jus séjourner dans des fûts munis d'un trou à 10 pouces environ du fond. Le jus « se re­ posera », les graines et les parties les plus lourdes de la pulpe tomberont au fond, l'huile et les autres impuretés s'élèveront à la surface. Le jus peut être soutiré après trois ou quatre jours de décantation, et on le laisse couler aussi longtemps qu'il reste clair. Les fûts dans lesquels Ji: dans les Indes occidentales, ce qui peut causer des er­ reurs. Sol. — Le bananier croit à peu près dans tous les ter­ rains, sauf dans ceux qui sont composés en presque to­ talité de sables et de matières calcaires, bien que, même D'AGRICULTURE TROPICALE. 187 dans ces terrains, les plants puissent pousser et produire de petits régimes de fruits inférieurs. Le meilleur sol Le meilleur soi. pour la culture de cette plante est une alluvion épaisse, chaude, bien drainée et pourtant légèrement humide, avec une grande proportion d'humus. Sur un terrain de cette nature et avec un climat favorable, les bananiers rapporteront énormément. Un écrivain qui a traité du bananier a donné le tableau suivant qui montre quelle doit être la composition du sol qui convient le mieux aux bananiers : Argile, 40 parties %.— Chaux, 3%.— Humus, o %. —Sable, o2 %. En se reportant à la table de classification des terrains établie dans la première partie de ce livre, on verra qu'un sol ainsi constitué peut être exactement décrit : un alluvion riche mêlé de chaux (loam). Climat. — Le bananier est essentiellement une plante tropicale; il ne supportera donc pas un climat froid. Mais beaucoup de variétés réussissent parfaitement bien à des altitudes moyennes, dansles montagnes, à condition qu'ils soient défendus contre le souffle desséchant des grands vents. Le bananier-figue supportera des climats plus froids que le bananier, mais l'un et l'autre réus­ sissent mieux et produisent plus promptement dans le voisinage des côtes; l'atmosphère imprégnée de sel n'exerce aucune influence nuisible sur la plante. Reproduction. — L a partie souterraine de la tige du bananier pousse un grand nombre de rejetons latéraux ou rejets, qui, abandonnés à eux-mêmes, formeront toute une touffe de tiges. Dans les champs de bananiers mal cultivés, il n est pas rare de voir une touffe d'une douzaine de tiges ou davantage surgir de la m ê m e sou- Climat chaud nécessaire. Rejets. 188 PETIT TRAITÉ Graine. Couper les rejets. Dimension des rejets. Enfouir les herbes. Drainage. Irrigation. che. Le bananier ne forme graine que très exceptionnel lement ; et si peu de personnes ont vu cette graine, que beaucoup ne croient pas à son existence. Mais, pai bonheur, la plante se reproduit aisément par les rejetons qu on détache de la tige à l'aide d'un couteau ou d'une serpe, après avoir pris soin d'ôter la terre pour bien découvrir le point d'attache du rejeton avec la plante mère. La meilleure dimension pour les rejets à planter est d'environ deux pieds (0m,60) en tout; de plus petits sont trop faibles et délicats, de plus grands ne prennent pas aussi facilement racine. Préparation de la terre. — Après avoir enlevé à la houe les mauvaises herbes et arraché les brousses et les racines d'arbres, on tournera la terre à la houe ou bien on la labourera quand ce sera possible. Sur les ter­ rains en pente ou ondulés, on pourra enfouir les herbes dans des tranchées pratiquées à la houe. Il est bien meil­ leur d'enfouir les herbes que de les brûler sur la terre; car dans ce dernier cas, une portion considérable d'élé­ ments servant à la nutrition des plantes se perd dans l'atmosphère. Si la terre est saturée d'humidité, on la drainera en creusant des tranchées comme on l'a expli­ qué au chapitre du drainage; de m ê m e , là où la terre est sèche et où l'eau est à proximité pour l'irrigation, la culture sera considérablement améliorée par l'établisse­ ment de canaux d'irrigation à travers la propriété, de fa­ çon à distribuer l'eau aussi également que possible. Il ne faut pas laisser l'eau couler continuellement pendant toute l'année, de façon à transformer la terre en mare- cage ; mais en pareille matière, un peu d'observation rendra le planteur capable de décider à quel moment il convient d'arrêter l'irrigation. Au moment de la fructi- D'AGRICULTURE TROPICALE. 189 fication, il sera à propos de détourner l'eau, car trop d'humidité à cette époque serait nuisible. Plantation. — Les rejetons ne seront pas plantés Distance. à une distance moindre de 15 pieds (4m,50) l'un de l'autre. Un bon procédé est de planter à rangées écar­ tées de 18 pieds (5m,40) avec 15 pieds d'écart entre les plants de chaque rangée. Cela donnera à peu près 160 plants à l'acre (40a46) et la troisième année une récolte de 500 régimes de bananes par acre peut être obtenue dans une bonne terre bien cultivée. De deux en deux ou de trois en trois rangées, on fera une tranchée d'irriga­ tion ou de drainage ; elles devront être faites avant la plantation. Les rejetons sont plantés à un pied de pro­ fondeur, dans un trou fait exprès; si la terre est pauvre, d^° u t a e g rre un peu de fumier peut être mis au fond du trou. La plantation faite, la terre sera foulée avec les pieds tout autour du plant, pour empêcher qu'il n'entre trop d'air et que les pieds ne se sèchent au moment de prendre racine. Quelques planteurs ont imaginé de planter les rejetons, inclinés; mais c est un mauvais système qui n a Planter droit. aucune raison d'être. Ce qu'on n o m m e la tige du bana­ nier pousse parfaitement droit, et quand le jeune plant n'est pas perpendiculaire, une partie de l'énergie de croissance est dépensée dans l'effort pour redresser la tige. Culture. — Il n'est peut-être pas de plante tropicale Récolte. plus aisée à cultiver que le bananier Les rejetons plantés au commencement de la saison pluvieuse pousse- sont vigoureusement et rapporteront à peu près au bout d'un an. Il faudra tenir la terre nette de mauvaises her­ bes, et un retournement du sol fait de temps en temps sera utile. Avant que la plante ne pousse son inflorescence 190 PETIT TRAITÉ des rejets apparaîtront au-dessus de la terre et deman deront une attention particulière. Tant que la plante es couper les jeune, tous les rejets, sauf un seul, doivent être coupés suçoirs. " r le meilleur procédé est de les trancher avec une serpe De cette façon, toute la sève est repoussée dans la tige à fruits et dans le rejeton qui doit la remplacer; avec ce procédé, on obtient de beaux et forts régimes. Plus tard quand le pied s'est fortifié, on peut laisser pousser de Nombre de trois à cinq tiges ; mais sous aucun prétexte il n'en fau laisser venir un plus grand nombre, si l'on veut obtenii de beaux régimes. La seconde tige produit d'habitude un plus beau régime que la première; mais comme la terre s'épuise, les régimes naturellement diminuent de taille, et cela montre la nécessité de l'engrais sous une forme ou sous une autre. Après que la principale tige a Grandeur donné une récolte ou deux, il faudra remuer la terre au- des régimes. tour des pieds et y enfouir du fumier»ou des feuilles pourries ou des tiges de bananier, en recouvrant le toul avec du terreau du voisinage. Quand la touffe de reje­ tons présentera des signes d'épuisement, ce qui arri­ vera probablement au bout de peu d'annés, il faul implantation, l'arracher, et planter un rejet dans les intervalles des premières tiges, afin de rétablir la fertilité du sol en ré­ pendant librement du fumier. Si l'on veut garder la terre en culture permanente de bananier, un bon sys­ tème, une fois l'alignement fait, est de planter une ran­ gée dans une saison, et l'espace vacant la saison d'après De cette façon, les tiges ne s'épuiseront pas en même temps et, par une judicieuse application de ce système on obtiendra, sans interruption, de bonnes récoltes. Le principal inconvénient de cette méthode est que lt terre ne porte d'abord que la moitié du nombre nor- D'AGRICULTURE TROPICALE. 191 lal des plants, tandis que les frais de sarclage et de cul- ire sont absolument les mêmes. Récolte. — Avec une bonne culture, u n bas-sol et un dg f p bien qu'il ne soit pas le plus beau de cette splendit famille de palmiers, il n'en est pas moins, sous le ra] port de l'utilité pour l'homme, supérieur à n'impor quelle production du règne végétal. Il faut aller en E trême-Orient, dans les lies coralliennes de la Polynés usages muiti- p 0 u r trouver tous les usages variés du prince des pa pies du palmier L . . cocotier. miers. Chaque partie de l'arbre est utilisée de quelqi Racines. façon. Les racines sont employées c o m m e remède co Bois. tre les fièvres ; le tronc pour la construction des ma sons, des radeaux; la partie externe du tronc connu en A gleterre sous le n o m de « bois de porc-épic », y est fc Feuilles. appréciée pour la beauté de son grain; les feuilles so utilisées pour couvrir les maisons et pour faire des co beilles, chapeaux, nattes et autres articles du mèr genre. Le réseau fibreux qui est à la base des feuill sert aux cribles, et quelques indigènes le tissent po en faire des vêtements. De l'enveloppe du fruit on e .trait la cellulose ou « cofferdham » qui sert à remp D'AGRICULTURE TROPICALE. 193 les cloisons étanches des cuirassés. Les fleurs sont em- Meurs. ployées en médecine c o m m e astringent ; de la base du spadice, on obtient en grande quantité le vin de palme ou « toddy ; » et à Ceylan un spiritueux n o m m é « ar- Arrak et toddy. rack » est distillé du toddy spiritueux, lequel est pour les indigènes ce que le rhum est pour les habitants des In­ des occidentales. Du toddy on extrait du sucre appelé jaggery (jagre) ; le vinaigre est encore un des produits utiles qu'on obtient de la sève. Le fruit est bien connu et tenu en haute estime dans toutes les parties du monde. L'enveloppe fournit le crin dont on fait les Enveloppe à coque. cordes, cordages, nattes, balais, brosses, matelas et au­ tres articles d'usage courant. L'enveloppe très dure de la graine est façonnée en lampes, vases à boire, cuil­ lers et autres articles semblables. L'amande blanche ou albumen, appelée « coprah » quand elle est séchée et coprah. exportée, contient beaucoup d'huile dont on fait un grand usage en Orient pour la cuisine et l'éclairage, et qu'on transforme, en Europe et en Amérique, en savon et bougie. L'huile, une fois extraite, le résidu, appelé « poonac » est encore bon, c o m m e nourriture pour le bétail et les volailles, et c o m m e engrais. L'amande est un aliment de grande importance pour les habitants de la plus grande partie des régions tropicales. Dans les La- quedives et les Tuamotous, elle forme la nourriture des habitants : chaque personne consomme au moins Eau pure. quatre noix par jour. A l'intérieur de la noix est une large cavité remplie d'un délicieux liquide frais qui forme, quand la noix est jeune, un breuvage agréable et même contre certaines maladies, un bon remède. L'albumen des jeunes noix dites « cocos à la cuiller » est une sorte de crème moelleuse, très nourrissante et AGRICULTURE TROPICALE. 13 194 PETIT TRAITE d'une saveur délicieuse. Finalement, une perle très si] gulière et d'un haut prix se trouve, mais fortraremen dans les noix « de coco » ; un échantillon a été récen ment ajouté aux collections du Jardin royal de Kev Dans l'énumération de tous les usages auxquels le pa mier-cocotier est soumis, beaucoup ont été omis, ma on en a cité assez pour montrer que l'arbre est des pli vaieurderar- précieux que les h o m m e s connaissent. A Ceylan, on cl bre à Ceylan. c . , . . que la richesse d'un indigène est évaluée par le non bre de cocotiers qu'il possède, et sir J. Emerson Tennan dans son ouvrage sur Ceylan, donne des détails sur u procès où l'objet de la discussion était une contestatio relative à la propriété d'une 2520e part de dix cocotier; Le cocotier, c o m m e le bananier et autres plantes eu] tivées depuis longtemps dans des contrées diverses, a d nombreuses variétés, mais les différences portent prin cipalement sur la grosseur, la forme et le caractère d fruit. Dans quelques espèces, le fruit est petit et arrondi dans d'autres, il est gros et oblong, ou bien divisé en troi côtes bien marquées. Quelquefois, l'enveloppe fibreus est largement développée au détriment de la noix; pai fois, c'est le contraire qui se produit, tandis que l'ai bumen contient beaucoup d'huile. Dans les pays où 1 cocotier est cultivé, toutes ces différences et d'autre encore peuvent être observées par toute personne intelli gente. sois d'alluvion L e sol. — Les sols d'alluvion situés à l'embou les meilleurs. chure des fleuves conviennent bien à la culture du coco tier, parce que, dans ces endroits, la terre d'alluvion ei ordinairement riche et profonde. Après celle-là, le terres les meilleures sont les alluvions brunes, même d nature sablonneuse. En troisième ordre viennent les terre D'AGRICULTURE TROPICALE. 195 sablonneuses qui se trouvent en abondance le long du lit­ toral des Antilles. Dans ces sols sablonneux et en appa­ rence stériles, les arbres tirent l'eau qui leur est néces­ saire de sources souterraines qui se rendent à la mer. Les cocotiers ne croîtront pas sur un sol d'argile, ni sur un mince gravier, et il est inutile de tenter la culture avec espérance de profits, sur tout terrain mal appro­ prié. Climat. — On dit que la température moyenne la plus basse que puisse supporter le cocotier, est de 80° Fa- renheit et que la moyenne de pluie annuelle doit être au moins de 70 pouces (lm,75). Mais l'arbre croît et produit à une température moindre et sous un climat moins plu­ vieux. Le climat, toutefois, doit être maritime; le pal- ciimatmaritime mier se plaît dans l'atmosphère saline des bords de la mer. Quand l'arbre est planté à l'intérieur des terres, pour remplacer l'atmosphère saline, on a l'habitude de mettre du sel dans les trous avant d'y placer les plantes, Sel dans les * L x trous de planta- et l'on n'emploie pas moins de 1/2 boisseau de sel (1 bois- tion. seau =i 36 lit.,34) par arbre. Les brises de la mer ne sont pas nuisibles à la croissance du palmier ; pour ce motif, il serait bon d'en border le littoral du vent dans les Antilles, de façon à protéger les cultures établies à l'intérieur des terres. Un auteur qui a traité du cocotier fait les remarques suivantes sur le goût de l'arbre pour les expositions maritimes. Le palmier, dit-il, aime telle­ ment le voisinage de la mer que ses racines, en beau­ coup d'endroits, sont baignées par les vagues sans que l'arbre en souffre; on ne peut actuellement déterminer jusqu'où peut aller ce voisinage. Il est en tout cas remar­ quable que les arbres qui sont tout près du bord pen- i,ccocotier chent tous leurs tètes vers la mer, quelle que soit la vio- dfmcr?8 VC"tS 196 PETIT TRAITÉ lence des vents sud-ouest qui soufflent constamment de cette direction, depuis mai jusqu'à septembre inclusive ment, et les brises de mer régulières qui prévalent du rant le jour en février, mars et avril. On peut encon ajouter que les arbres dont il s'agit étaient parfaitemen à l'abri de tous les vents soufflant de terre. Reproduction. — Les cocotiers sont propagés pai semence; les noix mûres sont placées dans des nurse­ ries jusqu'à la germination, après quoi elles sont plantées aux endroits où l'arbre doit pousser. Il faut apporter le Bien choisir plus grand soin dans le choix des noix mûres pour se- les noix mûres _ _ pour semence, menées. On fera bien de choisir un arbre vigoureux d'âge moyen, et de laisser les noix de semence mùrii sur l'arbre. Quand la noix parait mûre, il faut la cueil­ lir avant qu'elle soit sèche, puis la garder pendant ur mois avant de la planter, de façon qu'une partie de l'humidité soit absorbée et que l'enveloppe extérieure Nurseries. devienne imperméable. La nurserie doit être établie dans un lieu ombragé, sur un sol léger, la terre doit être bêchée à deux pieds de profondeur, toutes pierres et ra- comment on cines enlevées. On pratique des tranchées profondes de sème les noix. L 6 pouces et les noix y sont placées sur le côte, le pédon­ cule légèrement relevé, à une distance d'environ un pied l'une de l'autre. On remplira de terre les tranchées, de façon à recouvrir le tout jusqu'à deux pouces au-dessus de la crête des noix, et par-dessus on mettra enviror 6 pouces de paille, d'herbes ou de bagasse. Si le temps Arroser restait sec après cette opération, un bon arrosage serf les pépinières. , Tousiescocos utile. Une grande partie des semences ne germent pas 'ordinairement, ou produisent des plants mauvais et fai­ bles ; c'est pourquoi on fera bien de semer au moins 50 % de noix de plus que le nombre de plants que l'on désire ne germent pas. D'AGRICULTURE TROPICALE. 197 Durée de la germination. Distances. Trous. En temps sec, il est nécessaire d'arroser de temps en temps, et il faut tenir les nurseries nettes d'herbes. A u bout de 5 à 8 mois, les plants seront bons à enlever et les noix dont la germination a été tardive ne seront pas utilisées, car elles ne produiraient pas d'arbres vigoureux. Plantation. — La terre doit être alignée de façon à ménager un espace de 25 pieds entre chaque arbre, car si l'on plantait plus serré les feuilles s'entrelaceraient et les produits en souffriraient. La distance ordinaire est d'une demi-chaine (1 chaîne égale 20m,ll) ou 33 pieds entre chaque arbre, ce qui donne 40 arbres à l'acre (1 acre = 4045mc). Des trous profonds de deux pieds et larges de trois, seront creusés quelque temps avant la plantation, et la terre extraite sera déposée en tas sur la margelle, de façon qu'elle puisse être entraînée graduel­ lement par l'eau jusqu aux racines de l'arbre grandissant. Les trous laissés ouverts durant quelque temps, sont remplis avec de la terre de surface iuscru'à 18 pouces Ne pas les L «» x x remplir entiô- (0m,45) du bord, lorsque le plant est mis en terre ; de rement. cette façon, la tète du jeune arbre est à un demi-pied au-dessous du niveau de la terre, mais avec le temps, le trou se remplit, et ainsi se forme une motte de terre épaisse et constante autour des racines de la plante. Culture. — Quand les plants sont bien enracinés en sarcler autour L des arbres. terre, il n'est besoin que de peu de culture : il suffit de tenir la terre exempte d'herbes à une petite distance autour du ieune arbre. Des cultures intercalaires telles °" Peut,obtc- ° nir des cultures que maïs, manioc, patates et autres semblables, peuvent intercalaires. être obtenues quand les cocotiers ont été plantés dans des terres alluviales, mais il faudra s'efforcer de ren­ dre en engrais ce qui a été pris par les cultures interca­ laires. 198 PETIT TRAITÉ Irrigation. Proverbe indien. Quand l'arbre commence à rapporter. Coccus. Là où ce sera possible la terre sera irriguée, parce que les jeunes plants exigent beaucoup d'eau pour rapporter promptement et pour produire des arbres hauts et vigou­ reux. Les Hindous sont très soigneux dans l'arrosage des plants, ils ont un proverbe charmant, approprié à cette partie de culture : « Arrose-moi sans cesse pendant m a jeunesse, et j'étancherai ta soif abondamment pen­ dant tout le cours de m a vie. » Dans une bonne terre et avec une culture soigneuse, les arbres commenceront à fleurir la cinquième année, ou m ê m e plus tôt quelque­ fois, mais le plein rapport ne commencera pas avant une période variant entre la septième et la douzième année de la plantation; et ensuite jusqu'à la vingtième année de la plantation, la récolte ira toujours en croissant, pourvu qu on suive un bon système de culture. E n n e m i s de l'arbre. — Par bonheur, le cocotier n'a pas autant d'ennemis aux Antilles qu'en Extrême-Orient, mais le planteur de cocotiers doit apporter une grande attention à la culture pour découvrir en m ê m e temps les ravages des parasites qui abîment l'arbre ou détruisent les récoltes. C'est la vieille histoire « de la maille faite à temps qui en sauve neuf. » Une blessure prise aussitôt qu'elle apparaît, est souvent guérie sans peine; mais si on la laisse faire des progrès, elle défiera tout remède. En quelques pays, les feuilles du cocotier sont attaquées par un coccus, qui peut être facilement découvert par un examen attentif. De petits coccus apparaissent étroi­ tement appliqués aux feuilles, peu après les feuilles attaquées deviennent brunes et meurent ; il peut même arriver que l'arbre périsse. Les insectes sont portés à attaquer les arbres faibles, plantés dans de mauvaises conditions, mal cultivés ; mais ils envahissent parfois des D'AGRICULTURE TROPICALE. 199 arbres forts, cultivés c o m m e il faut, dans les sols et sous les climats favorables. Quand il n'y a qu un petit nombre d'arbres attaqués, on peut les abattre et les Détruire les arbres affectés, brûler, ou bien le mélange suivant, employé pour tuer s'ils ne sont pas .. .. , . .. T / nombreux. les coccus des aurantiacees, peut être applique aux feuilles malades. Pétrole, 2 gallons. Savon mou, i /2 livre.. Eau, 1 gallon. 9l,086 227sr,00 41,543 Insecticide. Le savon est dissous dans de l'eau bouillante et la solution mêlée avec le pétrole. Le mélange est battu avec un battoir, jusqu'à ce qu'il forme une crème. Avant de l'employer, on délaie le mélange dans neuf parties d'eau froide. Un scarabée qui détruit les jeunes plants avant qu'ils ne soient en rapport, se trouve dans quelques parties de la Jamaïque et ailleurs. La larve de ce scarabée se nourrit du bourgeon terminal et tue ainsi la plante. Quand cela est.possible, cette larve doit être extirpée et détruite; il est alors recommandé d'appliquer de la chaux éteinte ou du sel sur le bourgeon terminal, ce procédé ayant donné de bons résultats dans bien des cas. La récolte est souvent diminuée par l'attaque des rats qui grimpent aisément à l'arbre et détruisent un grand nombre déjeunes noix. La déprédation des rats peut être facilement empêchée en couvrant le tronc des arbres jus­ qu'à une hauteur de 12 pouces avec des feuilles d'étain ou de fer galvanisé parce que les rats ne peuvent grim­ per sur le métal poli. Il va sans dire que les arbres doi­ vent être nettoyés de rats avant que les feuilles de métal soient placées, pour y arriver les nids seront détruits et du poison placé à l'aisselle des feuilles. Scarabée. Rats. Comment prévient le ravages. on LUS 200 PETIT TRAITÉ R e n d e m e n t . — La quantité de noix dépend du soi du climat et de la culture; comme on peut le suppo ser, la production des différentes variétés varie considé production, rablement. A Ceylan, dit-on, le rendement moyen n'es pas de plus de 30 noix par arbre ; mais on a vu des ar bres produire jusqu'à 300 noix par an pendant dix ans Toutefois, cette production énorme est tout à fait excep tionnelle, mais avec un bon climat, une terre d< moyenne fertilité et des soins judicieux, le rendemen doit être au minimum de 50 noix par arbre; ce quifail avec une distance de 25 pieds un produit total de 350C noix par acre (40 % 46). Par l'emploi d'un engrais conve­ nable, on peut élever le produit jusqu'à 80 noix, soit plus de 5000 à l'acre ; mais une telle récolte ne peut être es­ pérée des sols légers et sablonneux qui bordent les côtes. Noix mûres. Les noix sont embarquées avec ou sans leur enveloppe. Ordinairement, on laisse le fruit se détacher de l'arbre el on l'obtient ainsi parfaitement mûr. C'est un fait constant que la plupart des noix tombent pendant la nuit et c'est à cela qu est due sans aucun doute la rareté des acci­ dents qui pourraient se produire par la chute des noix sur la tête des personnes travaillant dans le « cocal » (nom donné dans les Antilles anglaises aux plantations de cocotiers). L'enlèvement de l'enveloppe est très péni- Décortication. ble quoique simple. La cosse est arrachée après qu'on l'a fendue en lançant fortement la noix sur la pointe d'une pince à levier en fer solidement fixée en terre ou sur un pieu aiguisé fait de bois dur. Les noix peuvent être expédiées à nu ou empaquetées dans de grandes bannes contenant 100 cocos. Coprah. — Dans quelques contrées du monde et spé­ cialement dans les lies de la mer du Sud où le cocotier f. D'AGRICULTURE TROPICALE. 201 est cultivé sur une grande échelle, les amandes sont ou­ vertes et séchées au soleil; sous cette forme, elles cons­ tituent le coprah qui est exporté en Europe et employé surtout en France et en Allemagne pour la fabrication d'une huile très usitée dans la confection des savons et bougies. Le coprah contient plus de la moitié de son poids d'huile ; 1000 noix donnent 500 livres anglaises de coprah. On ne peut employer que les noix mures pour obtenir ce produit et il faut les garder durant plusieurs semaines après la récolte parce que le coprah sèche alors plus vite et donne une plus grande proportion d'huile ; de plus il ne moisit pas. Huile. — L'amande, comme nous l'avons vu, est très- riche en huile qu'on extrait soit des amandes fraîches, soit du coprah. Quand l'huile est extraite de l'amande fraîche on tire l'amande et on la râpe en pulpe laquelle est bouillie dans l'eau; l'huile monte alors à la surface, il ne reste qu'à la décanter. Pour le commerce toutefois, ce procédé serait trop coûteux et on a inventé diverses sortes de machines pour extraire l'huile. Le procédé le plus souvent suivi consiste à exprimer l'huile du coprah à l'aide d'une machine hydraulique. Le coprah est d'a­ bord râpé de façon à former une masse semblable à la sciure, puis soumis à l'ébullition et enfin pressé par une puissante machine; l'huile sort et le résidu forme une pâte appelée poonac qui, c o m m e on l'a déjà dit, est un excellent aliment pour le bétail. Goir. — La fibre obtenue de la bourre de la noix de coco est appelée coir et c o m m e on l'a vu sert à une foule d'usages. L'enveloppe ou péricarpe de 40 noix donne environ 6 livres anglaises de coir en moyenne, mais la quantité dépend naturellement de la grosseur des noix. Usages du co­ prah. L'amande riche en huile. Machine à huile. Produit du coir. 202 PETIT TRAITÉ Aux Antilles, les enveloppes sont plongées pendant 6 ot 8 mois dans des citernes pleines d'eau afin que la subs comment tance qui agglutine les fibres se corrompe. Les bour- on fait le coir. x L res sont alors retirées des citernes et la fibre est battue avec de lourds et épais battoirs. On a cependant imagine' Machine à coir. une machine pour obtenir la fibre d'une façon plus ex- péditive et plus propre. Les bourres sont d'abord mises dans un moulin pour les dresser, puis appliquées par la machine elle-même sur une roue munie de petites dents, laquelle sépare les fibres et les nettoie. Les fibres sont en­ suite assorties en plusieurs catégories suivant leur qua­ lité. Ordinairement la fibre de la noix de coco est reçue en Europe c o m m e fibre « brosse » ou fibre « paillas­ son ». La fibre brosse est liée en petites bottes présen­ tant des fibres droites et propres. Elle vaut environ 50 1. st. la tonne de 1016 kilog. La fibre paillasson est h seconde qualité et on l'expédie, les fibres négligemmenl empaquetées en balles. Elle vaut environ 20 1. st. la tonne. Une troisième qualité comprend les fibres de re­ but ou « bourre brute » qui se vend à peu près 10 1. st la tonne. Dans toutes les noix de coco, il faut au moins Emploi du séparer la fibre brosse de la fibre paillasson. La fibre esi coir. transformée en brosses, balais, paillassons, et autres articles semblables qui, souvent, retournent aux pays d'origine du cocotier producteur des fibres. Ananas. (Ananas sativus MILL.). L'ananas est universellement connu comme l'un de; fruits les plus délicieux qui existent. Avant les progrè: DAGRICULTURE TROPICALE. 203 étonnants faits dans la rapidité de la traversée de l'Eu­ rope aux pays tropicaux à l'aide des paquebots, on cul­ tivait en Europe une grande quantité d'ananas en serres pour la vente locale, et les jardiniers avaient atteint un tel degré de perfection que les ananas des serres anglaises étaient considérés c o m m e les plus beaux du monde. Mais aujourd'hui un commerce énorme allant toujours en augmentant s'est établi pour l'exportation des ananas des Antilles, et d'ailleurs, aux marchés à fruits de l'An­ gleterre et des États-Unis. Dans les iles Bahama, la cul­ ture de l'ananas est une des principales industries de la colonie; la culture se pratique aussi à la Jamaïque, à Antigoa et dans d'autres îles des Indes occidentales. L'ananas est originaire de l'Amérique tropicale, mais il a été grandement amélioré parla culture; quelques- unes des plus belles variétés sont le Ripley de la Ja­ maïque, l'Antigoa noir, la Reine, le Pain de sucre, le Cayenne doux, le Barthélémy. Sol. — Le meilleur sol pour la culture de l'ananas est une alluvion sablonneuse bien drainée ; ensuite vien­ nent les sables purs et les graviers. L'argile de toute sorte et les terres mal drainées ne conviennent pas à cette culture, cependant elle peut réussir dans les argiles rouges alluvionnaires, pourvu que la terre soit bien pré­ parée et drainée comme il faut. Une bonne proportion de chaux est avantageuse : le sol des iles Bahama, où l'ananas vient si bien, se compose de rochers de corail décomposés et dans l'île Antigoa, une portion considé­ rable du sol est formée de pierres à chaux effritées. Climat. — La zone du littoral des Antilles peut être prise comme type du climat convenant à l'ananas; car la plante à l'état quasi sauvage se trouve à la Domini- Ananas de serre. Ananas du commerce. Culture aux Antilles. Habitat. Variété Le meilleur sol. La chauK est avantageuse. 204 PETIT TRAITÉ Le climat de montagne ne convient pas. Rejets. Couronne feuillée. Graines. Alignement. Dislances. que et autres îles sœurs. L'ananas pousse à de grand altitudes clans les montagnes, mais le fruit n'est p aussi beau ni aussi savoureux que celui qui est prodi dans les plaines et les parties basses des mornes. Reproduction. — Quand un ananas a produit s< fruit, un grand nombre de rejets se sont formés auto du pied-mère et chacun de ces rejets détaché et plan produira une plante indépendante. La plante peut ég lement être reproduite par l'enlèvement et la mise < terre de la couronne de feuilles qui pousse au-dessus < fruit, mais les pieds ainsi obtenus sont réputés de qu lité inférieure. Un certain nombre d'ananas contienne des graines d'aspect noir-clair ou brun, qui se trouve dans le fruit près de la queue ; des plants peuvent être o tenus en semant ces graines. Quelques-unes des plus bel! variétés ont été obtenues de semence par les jardinie anglais; mais, commercialement, le rejeton demeure meilleur et le plus rapide procédé de multiplication. Culture. — La terre une fois nettoyée et sarclée, < labourée profondément ou bien disposée en trancha à l'aide de la houe ou de la bêche jusqu'à une profo deur d'au moins deux pieds; les herbes et débris se enfouis dans les tranchées. Dans l'alignement, les d tances ne seront pas de plus de trois pieds, ce qui do nera environ 5000 plants à l'acre (40a,46). Un meille procédé serait cependant d'aligner le terrain en rang< distantes de 6 pieds (lm,92) et de planter les rejetc dans les rangées à une distance de 3 pieds (0m,96), cpii donne à peu près 2500 plants à l'acre; après la pi mière récolte, une partie des rejetons, environ 4 par pie peuvent être laissés ; par ce procédé en obtiendra e viron 10.000 fruits à la seconde récolte. L'avantage qu' D'AGRICULTURE TROPICALE. 205 trouve à laisser un espace libre entre les rangées se Laisser un es- Ui L _ pace libre entre voit bien au moment du sarclage et de la cueillette ; les les rangées. laboureurs éprouvent en effet de grandes difficultés dans la culture aux Bahama à cause des piquants dont sont re­ couvertes les feuilles d'ananas ; les hommes, femmes et enfants, qui travaillent à ces plantations, sont obligés de se protéger leurs jambes avec des jambières en forte toile de chanvre, et leurs mains avec des gants épais à manchettes dits « gants en caoutchouc ». Les plants doivent être sarclés et nettoyés ; de plus pendant les sé­ cheresses, les racines devront être protégées par une couche de feuilles mortes, qui servira d'engrais. L'en- Engrais. grais animal, à moins qu'il ne soit parfaitement consom­ mé, ne sera pas placé auprès des plants, parce qu'il nuit à leur croissance. Au bout de trois ou quatre ans, les plants donneront des signes d'épuisement; il faut alors les arracher et la terre sera préparée pour des plants implantation. nouveaux. En faisant l'alignement, on prendra soin d'é­ tablir les rangs aux endroits qui n'étaient pas occupés par les anciens plants, l'espace laissé libre entre les rangs permettra de le faire. Récolte. — Le fruit viendra à maturité huit à neuf mois après la plantation, mais il doit être coupé avant d'être mûr pour pouvoir supporter la traversée iusqu'aux CueilUr ava,lt , . la maturité. marchés d'Europe et d'Amérique. On s'efforcera de pro­ pager les plants qui rapportent les premiers dans l'année parce que des prix beaucoup plus élevés sont payés pour les ananas précoces que pour les tardifs. On coupe les fruits et une partie de la hampe à l'aide d'une serpette ; il importe de manier les fruits avec précaution pour qu'ils Manier axcc J x i précaution. soient embarqués sans meurtrissure, car un ananas meur­ tri est promptement pourri. 206 PETIT TRAITÉ D'AGRICULTURE TROPICALE. Barils. Emballage. — C'est là une opération très impo tante, car d'elle dépend entièrement le succès ou l'ii succès de l'industrie. D'ordinaire les ananas sont emba qués dans d'anciens barils à farine, dont les douves o: été percées de petits trous pour la ventilation. Mais c'e un mauvais procédé, parce qu'une grande partie d fruits se gâte toujours durant le voyage. Pour faire pa venir les ananas dans les meilleures conditions sur 1 marchés, on emploie des boites semblables à celles quio été décrites au chapitre des oranges. Ces boites, éta faites de lattes espacées permettent la ventilation, c o m m e elles sont divisées en deux compartiments, do chacun contient de trois à six ananas seulement, fruit n'est pas meurtri par la pression. Quand on fait choix des meilleurs ananas, on les examine i l'écart les fruits nouveau pour éliminer ceux qui sont meurtris ou mûi meurtris ou L x mûrs. puis on les enveloppe dans du papier ou de la bourre maïs, en laissant en dehors les couronnes de feuille après quoi on les dispose doucement dans les boîtes on les tient en un lieu frais et sec jusqu'à l'embarqu ment. Les ananas de Madère, des Canaries et des Acores, q Le meilleur arrivent en Angleterre clans de si excellentes conditioi empaquetage s o n j . emballés dans des boites légères avec un compar pour ananas. ~ L ment pour séparer chaque fruit. Les expéditeurs des A tilles gagneraient à adopter ce système pour les bea fruits de la première récolte. Mettre à CHAPITRE VIII. EPICES. Muscadier. (Myristica flagrans H O U T T . ) Le muscadier est originaire des îles Moluques, et il est Habitat. cultivé dans ces iles et dans nombre de l'archipel malais. Les Moluques, ou a lies à Epices » c o m m e on les appelle quelquefois, ont été conquises en 1619 par les Hollandais, qui y ont encouragé la culture des muscadiers et giro­ fliers, en employant tous les moyens en leur pouvoir pour conserver le monopole du commerce des épices. Ils Monopole hol­ landais des épi­ ne permettaient de cultiver qu'un certain nombre de ces. muscadiers et de girofliers, et détruisaient rigoureuse­ ment tous les autres. Si la récolte était très abondante, d'immenses quantités d'épices étaient détruites aussitôt, afin de maintenir un cours élevé sur les marchés. Malgré les énormes profits qu'ils réalisaient ainsi, les Hollandais maintenaient les indigènes qui produisaient ces épices dansune condition d'abjecte pauvreté. Heureusement, ce déplorable monopole n'a pas subsisté ; des girofliers ont été trouvés à l'état sauvage dans quelques iles non possé­ dées par les Hollandais, et les Français ont propagé la comment la i , . * culture fut plante à Maurice et de la a Cayenne. On rapporte aussi étendue à d'au- que des muscadiers ont été semés dans d'autres îles, par 208 PETIT TRAITÉ Description de l'arbre. Le fruit. Les fleurs. Le meilleur sol. Sol des forêts. Climat chaud et humide né­ cessaires. Semence. certaines espèces de pigeons et de cette façon les plan se sont propagées et sont aujourd'hui cultivées maintes contrées. Le muscadier qui pousse aune hauteur de 30 à 50 pie (9 à 15m) produit un fruit qui ressemble à l'abricot c pays tempérés. Quand il est mûr, ce fruit se brise deux parties et découvre, à l'intérieur, une graine noi couverte d'une pellicule réticulée d'un rouge écarh appelée arille lequel est le macis du commerce. L'arbre est dioïque, c'est-à-dire que les fleurs mâles so produites sur un arbre et les femelles sur un autre, p suite, la fécondation ne peut être effectuée que par l'i termédiaire des vents et des insectes. L e sol. — Le meilleur sol pour le muscadier est u aUuvion formée d'un limon profond, meublé et bi drainé. La plante ne prospérera pas sur des terrains sablo neux et l'eau stagnante autour des racines la ferait mo rir en peu de temps. Le sol des forêts vierges, formé d'i limon rouge couvert d'une couche d'humus est très pi pre à la culture et, dans ces conditions, si le climat i convenable, les arbres donneront une belle récolte. Climat. — U n climat chaud et humide est nécessah de plus, les arbres doivent être abrités des grands ven qui enlèveraient les fleurs et secoueraient trop les arbre les racines, en effet, n ont pas grande prise sur laten La pluie doit être au minimum de 60 à 70 pouces (lm, à lm,75) par an, et comme le muscadier est essentiel ment une plante de terres basses, sa culture ne par pas devoir réussir à une altitude supérieure à 1500 pii (480 mètres) au-dessus du niveau de la mer. Reproduction. — Les plants sont obtenus au mo] D'AGRICULTURE TROPICALE. 209 des semences fraîches, qui sont semées sur planches, ou dans des bambous, ou « à la volée » dans les champs. Les planches une fois établies à l'abri du soleil et des vents, Pépinières. on choisit des noix grosses, mûres, rondes, tout à fait fraîches et on les plante à un pied (0m,32) de distance et à environ un pouce (0"\025) de la surface du sol. Les MUSCADIER. 1. Fleur. 2. Noix et macis. pépinières doivent être arrosées tous les jours en temps Transpianta- sec; avec cette précaution, les pousses apparaîtront au bout de 30 à 60 jours. Quand les plants ont deux ou trois pieds de haut, ils peuvent être transplantés par un temps Graines fraîches nécessaires. couvert et humide. Si la graine est semée dans des bambous, il faut bien veiller à ce que la terre ne de­ vienne pas sèche, parce que, dans ce cas, la germination ne se ferait pas. Bien plus, les noix ne germeraient pas AGRICULTURE TROPICALE. 14 210 PETIT TRAITÉ Dislances. si elles devenaient assez sèches pour résonner dans coque quand on les agite. Un planteur de la Grenad qui a une grande expérience de la culture du grenadie recommande de semer la graine à l'endroit où l'arb: doit être planté parce qu'alors les arbres croissent pli vite et rapportent plus tôt. Culture. — La distance à laquelle les plants peuvei être placés varie de 25 à 30 pieds (7 mètres à 9m,50 on peut la faire plus grande dans les riches terres c plaines. On creuse des trous qu'on laisse ouverts pendai un certain temps; on les remplit avec de la terre c surface, avec des débris ou avec de la bouse de vache ni lée à de la terre consumée, mais si la terre est très rich on peut se dispenser de mettre de l'engrais. Quand t jeunes arbres sont plantés, il faut les ombrager; en temj sec, il faut les arroser au moins chaque semaine. Li bananiers constitueront un ombrage suffisant qui donnei des régimes jusqu'à ce que les bananiers soient coupi pour faire place aux muscadiers grandissant. La teri réclamera un incessant sarclage ; il faudra avoir soin c ne pas blesser les racines qui souvent affleurent terr Quand les arbres pousseront lentement, on les fumei avec du fumier de ferme ou un bon compost de feuill mortes. La terre doit être soigneusement ameublie toi .Ne pas blesser autour des racines, toujours sans blesser les racines, les racines. , ensuite l'engrais doit être légèrement épandu ou dépoi autour des arbres près du tronc, de façon à pénétr progressivement dans le sol. Il ne faut pas creuser < fosses pour le fumier de peur de blesser les racines, i qui entraînerait la mort de la plante. Si en creusant d rigoles d'écoulement, on venait à découvrir les racine il faudrait aussitôt les recouvrir de terreau. En cas < Bananiers. Engrais. D'AGRICULTURE TROPICALE. 211 sécheresse la tige sera buttée, c'est-à-dire recouverte à sa base de paille, de feuilles ou de litière d'étable. Toutes les plantes parasites ou épiphytes qui s'attachent à la tige ou aux branches des arbres, doivent être enle­ vées : autrement elles auraient l'effet le plus défavorable. Tous les gourmands doivent être coupés avec une serpe et les branches élaguées successivement jusqu'à ce qu'il y ait assez d'espace pour travailler sous les arbres. Élagage. FLEURS MALES ET FEMELLES DU MUSCADIER. Fig. 1. — Fleur mâle dont on a enlevé la moitié du périanthe pour montrer les étamines. Fig. 2. — Fleur femelle dont on a enlevé la moitié du périanthe pour montrer le pistil. Quand les arbres fleurissent, il faut déterminer les sexes, afin d'établir s'il y a une grande proportion d'ar­ bres* femelles. Un mâle pour huit à dix pieds femelles est grandement suffisant ; ces pieds mâles devraient si cela était possible être disposés au vent sur la plantation, afin que le pollen soit emporté par le vent sur le pistil. Malheureusement le sexe des arbres ne peut être dé­ terminé avec une certitude absolue qu'au moment où les fleurs paraissent. Les fleurs à étamines sont de trois à cmq ou davantage par pédoncule et les fleurs à pistil Arbres m aies et femelles. Comment déterminer les sexes. 212 PETIT TRAITÉ Fleurs mâles. Fleurs femelles. Greffe des plantes mâles. sont le plus souvent solitaires. Les fleurs des deux genr sont petites, de couleur jaunâtre, et le périanthe est i forme de cloche avec trois ou quatre dents en bordur En ouvrant la fleur dans le sens de la longueur, av un canif bien aiguisé, on peut en déterminer le sexe. L anthères sont agglomérées autour du haut d'une c lonne centrale, et si la fleur est tout à fait ouverte, c peut voir aisément les pollens jaunes. Dans les fleurs pistil, on remarque que le pistil est plus court que périanthe, lequel est enflé à la base et couronné dustij mate qui est obscurément divisé en deux lobes. Les plantes mâles sont en plus grand nombre que 1< plantes femelles ; un écrivain qui a traité de cette matièi établit que la différence en plus est de 10 à 15 %. Cet estimation peut être trop faible en certaines circonstai ces : on a vu, par exception, jusqu'à 75 % de plantes mâle S'il se trouve trop de mâles, sur la plantation, on 1< étête et on y greffe des scions pris sur les femelles. M. I F.Higgins, de Saint-Vincent, a greffé ses muscadiers d cette façon; mais c'est la seule personne, à la connais sance de l'auteur, qui ait réussi cette opération. Un bo procédé, c'est de planter deux arbres dans chaque trot à une distance de deux pieds l'un de l'autre. Quan viendra la floraison, il se trouvera rarement que les deu arbres soient des mâles. Le mâle est alors coupé et l'o ne garde que le pied femelle. Les arbres Récolte. — Quand il a poussé dans de bonnes coi rapportent au , bout de sept ditions, le muscadier commence à rapporter la septiem année au plus tard et la production ira toujours en au£ mentant jusqu'à la quinzième année, âge auquel on oh tiendra la récolte intégrale. Dans les contrées de l'Orienl il y a ordinairement trois récoltes par an, et la noix me DAGRICULTURE TROPICALE. 213 un peu plus de six mois à mûrir après la floraison. Le fruit est ramassé chaque matin par terre, ou bien, si les ar­ bres ne sont pas trop hauts, il est abattu au moyen d'un croc attaché au bout d'un long bâton. On enlève ensuite le macis et la noix est séchée sous des hangars, sur des claies d'osier élevées d'environ 10 pieds (3m,10) au-des­ sus du sol, en entretenant au-dessous, pendant la nuit seulement, un feu couvert. La chaleur ne doit pas dé­ passer 140° Fahrenheit (65°,5). On tournera les noix de temps à autre. Quand on juge qu elles sont sèches, les enveloppes sont brisées avec des maillets de bois et pour empêcher les attaques des vers les noix sont saupou­ drées de chaux sèche tamisée ; après quoi on les exporte dans des barils soigneusement fermés. Il est bon de fumer l'intérieur des barriques et ensuite de les passer au lait de chaux. Si l'on emploie des boites pour l'expé­ dition des muscades, les jointures seront hermétique­ ment calfeutrées, on ne saurait en effet prendre trop de précautions pour préserver les noix des ravages des vers. Dans quelques contrées, les muscades sont seulement séchées au soleil, mais elles sont alors plus ridées et ont moins de valeur. Avec une bonne culture, chaque arbre en plein rap­ port donnera 1,500 à 2,000 noix; on a vu des arbres rapporter jusqu'à 20,000 noix. Quand le produit arrive sur le marché, il est trié, c'est-à-dire que les noix sont assorties suivant leur grosseur, celles qui sont piquées par les vers sont mises à part. Les noix, grosses, belles, rondes, valent le double du prix des petites noix. C'est pourquoi, pour planter, il faut choisir les noix les plus grosses et les plus rondes. Il y a ordinairement trois qualités sur le marché, sui- Cueillettc des noix. des noix. Chaulage des noix. Paquetage. Rapport. Triage. 214 PETIT TRAITÉ Qualités du marché. Séchage de la fleur. Paquetage. vant le nombre de noix à la livre. Elles s'établiss ainsi : Grosses 60 ou 80 noix à la livre (373sr24) Moyennes 8o à 95 » » Petites 100 à 12o » » Macis. — L'arille écarlate de la muscade est aussitôt que le fruit est cueilli, aplati avec la main placé sur des paillassons ou des claies pour sécher soleil pendant trois ou quatre jours. Il tourne alors jaune-brun et devient le macis du commerce. Le ma est ordinairement expédié en balles ou en sacs; devra emballer serré pour empêcher qu'il ne se bri La^production du macis est environ du cinquième poids de celle des muscades, en sorte cjue si un arl donne 1,800 fruits, la noix fournira environ 20 livres le macis 5 livres. Giroflier. (Caryophyllus aromaticus L.). Habitat. Monopole des Hollandais. Le giroflier, c o m m e le muscadier est originaire < Moluques ou îles aux épices. Les Hollandais, comme n< l'avons vu, se sont efforcés de monopoliser le comme: de ces épices ; dans ce but, ils ont restreint la culti du giroflier à la petite île d'Amboine et ont fait t< leur possible pour extirper la plante d'ailleurs. Mais Français ont réussi à introduire des plantes vivante introduction Cayenne d'où la culture a été introduite à la Dominic du giroflier a la J Dominique. en 1789 par M. Buée. Celui-ci a cultivé avec succès giroflier et d'autres épices, mais il n'a trouvé en fin compte que la ruine en raison des droits dont l'Ang D'AGRICULTURE TROPICALE. 215 terre a frappé les épices des Antilles pour plaire à cer­ taines personnes intéressées dans le commerce des Indes orientales. Bien qu'il se soit écoulé un siècle depuis que Pourquoi les x . épices ne sont l'infortuné M. Buée a introduit les épices à la Dominique, pas cultivées . . dans les Indes un des girofliers plantés par lui est encore vivant et Ho- occidentales. rissant, et des touffes de cannelliers ont poussé à l'état sauvage par suite de la dissémination des graines par les oiseaux. De la Dominique, le giroflier fut importé à la Martinique et clans les autres îles des Antilles. Les clous de girofle sont les fleurs non ouvertes et se- Description du giroflier. chées de l'arbre. La corolle forme une boule à l'extré­ mité du bouton entre les quatre dents du calice, cette boule surmonte un long tube réceptaculaire à l'inté­ rieur duquel se trouve l'ovaire. L'épice a ainsi à peu près la forme d'un clou, et en effet le n o m anglais clove est dérivé du mot français clou. Il pousse de neuf à quinze boutons à fleurs à l'extrémité d'une branche : aussi peu­ vent-ils être facilement détachés en battant légèrement cueillette des clous. la branche avec des perches. Les boutons sont d'abord verts; en mûrissant, ils passent au jaune pâle, puis au rouge, et c'est à ce moment qu'ils sont bons à cueillir. Si on laisse les boutons à l'arbre, un certain nombre de fleurs se fertilisent, les ovaires couverts de la partie in­ férieure du calice se développent et forment le fruit, qui est une grosse baie pourpre de forme ovoïde, contenant une ou deux graines et appelée « mère de girofle ». Le Sol. — Un limon argileux est, pourvu que la terre Le meilleur soi. soit bien drainée, le sol qui convient le mieux à la cul­ ture du giroflier. L'arbre vient bien sur un terrain en pente, parce qu'il ne peut y avoir dans ce cas d'eau stagnante. Il ne grandit pas dans l'argile pure ni dans le sable, et un sol marneux lui est fatal. 216 PETIT TRAITÉ Éviter un cli­ mat maritime. Rejetons. Pépinières. Transplanta­ tion. Climat. — Bien que le giroflier soit originaire di petites îles des Moluques, il ne viendra pas dans le vois nage immédiat de la mer ni dans les endroits où l'atmo phère est imprégnée de particules salines poussées l'intérieur par les fortes brises de mer. Il ne réussira p; non plus sur les sommets, bien qu'il vienne sur d< pentes à moins de 1000 pieds (326m) d'altitude. 0 devra le planter dans un lieu abrité; une ombre s'inte posant d'en haut nuit à sa croissance. Multiplication. — Elle s'obtient par graines ou ps marcottes. Les jeunes branches maintenues humidi en terre, prennent racine en six mois environ. Les plai ches établies à l'abri sur un sol riche, sont ensemencé* avec des graines placées à un pied environ (0m,30) c distance. Il faut employer la graine fraîche, parce qu'el] perd promptement sa vitalité, et c o m m e la germinatio se produit en peu de semaines, la graine ne doit pas êti semée à plus de deux pouces de la surface. Les jeum plantes exigent de fréquents arrosages en temps sec, et ne faut pas les transplanter avant qu'ils n'aient atteii trois ou quatre pieds de haut. Le procédé employé ave tant de succès à la fin du dernier siècle par M. Buée dai sa plantation de la Dominique est si admirable dans s simplicité qu'il y a tout avantage à le faire connaître te: tuellement ici d'après l'analyse faite dans l'ouvrage c Porter en 1883. « Les graines ont été semées à envirc « 6 pouces (0m,13) l'une de l'autre, sur planches. Ai « dessus de ces couches, on a élevé des claies à envirc « 3 pieds (0m,96) du sol, et des feuilles de bananie « furent disposées sur le sommet pour abriter les jeun (1) Distance trop restreinte; 12 pouces (0m,30) valent mieux. D'AGRICULTURE TROPICALE. 217 « plants du soleil. On laissa ces feuilles de bananier se « faner et disparaître graduellement, et au bout de neuf « mois, les jeunes plants devenus assez forts furent ex- « posés directement à l'action bienfaisante du soleil, « mais s'ils n'avaient pas été protégés pendant qu'ils « étaient jeunes, on les aurait vus se dessécher et puis « mourir. » Culture. — On jalonne la terre en traçant des lignes éloignées de 20 pieds (6m,40) et on creuse des trous comme pour le muscadier. Les rejetons sont transplantés au commencement de la saison pluvieuse; l'ombre est ombre L _ nécessaire. nécessaire pendant les deux ou trois premières années, temps pendant lequel les plantes prendront assez de force pour supporter le soleil. La sixième année, les jeunes arbres commenceront à rapporter et la récolte ira toujours en augmentant d'année en année jusqu'à ce que l'arbre ait atteint sa pleine hauteur de 30 pieds (9m,60), ou davantage. Dans les Moluques, les arbres sont étètés à 8 ou 9 pieds pour faciliter la cueillette, mais ce procédé semble diminuer considérablement la récolte. La culture générale est la m ê m e que celle du muscadier; mais le giroflier est plus robuste et exige par conséquent Giroflier plus . o L j. robuste que le moins de SOins. muscadier. Récolte. — Quand le bouton floral commence à grossir et à devenir rouge, l'opération de la cueillette doit commencer. Les boutons les plus proches peuvent être cueillis avec la main, mais les plus hauts sont abattus avec des crocs ou en frappant légèrement la branche à l'aide de bambous. Il ne faut pas secouer rudement les arbres, parce que la production de l'année suivante serait diminuée par les blessures faites aux branches. La terre, sous les arbres, sera tenue bien propre, ou bien 218 PETIT TRAITÉ Produit. Grande duction minique des clous. Emballage l'on étendra des toiles pour recevoir les cïbus â mesure qu'ils tombent des branches. La récolte varie d'année en année. Ordinairement, tous les trois ou tous les six ans, il se produit une récolte très abondante ; mais, de temps à autre, il se produit une an- e pro- née sans aucune production. En moyenne, dit-on, on peut , attendre 5 livres (2265g) de clous secs par arbre ; mais à la Dominique, on a vu des arbres donner plus de dix fois cette quantité en une seule récolte. Aux Antilles, on traite les clous de girofle en les fumant, sur des claies recouvertes de paillassons, à l'aide d'un feu de bois, jusqu'à ce qu'ils tournent au brun foncé : on achève de les sécher au soleil. Quelquefois les boutons sont échaudés à l'eau bouillante avant d'être fumés; mais c'est une précaution inutile. On peut même se dispenser d'employer du feu; un simple séchage des boutons au soleil est suffisant. Le séchage fait*perdre à. la récolte 60 % de son poids. Une fois apprêtés, les clous peuvent être mis en sacs ou en barils pour l'exportation; il faut prendre soin que les contenants soit bien secs, car la moindre humidité ferait moisir cette épice et, dans cette condition, elle n'aurait que peu ou point de valeur sur les marchés. Poivrier de la Jamaïque. Bois d'Inde. (Pimenta officinalis LIXDL. Pimenta vulgaris W E T ARN.) Habitat. Il se fait un commerce important du fruit, sec et non mûr, de cet arbre, qui croît à l'état sauvage à la Jamaïque, à la Dominique et dans d'autres parties des Indes occi­ dentales, ainsi que dans l'Amérique du sud et du centre. D'AGRICULTURE TROPICALE. 219 Mais, fait bifarre, la Jamaïque est le seul pays qui exporte cette épice. En 1882, l'exportation de la Jamaïque a dé­ passé 76,000 chvt. évalués environ 43.000 l.st. Le poivre de la Jamaïque comme on l'appelle parfois, est rond, de la grosseur d'un petit pois, de couleur noire, sur­ monté du reste du calice persistant ; il possède un agréa­ ble arôme, qu on croit ressembler à la combinaison de ceux de la cannelle, du girofle et de la muscade, de là son nom vulgaire anglais de « all-pices, n o m qui est de nature à le faire confondre avec l'arbre appelé en fran­ çais « Quatre épices » lequel est produit par une autre espèce et dont la feuille seule est utilisée en cuisine. L'arbre est très beau ; il atteint la taille de 30 pieds (9m,60) et possède une seule tige, unie, lisse, avec une écorce cendrée ou brune qui se pèle en plaques minces à mesure que l'arbre grandit. Sol et Climat. — Le poivrier de la Jamaïque est le seul des arbres à épice qui croisse sur un sol pauvre, un écrivain va m ê m e jusqu'à dire qu'il prospère dans les ter­ res stériles. Le sol doit être d'une nature friable et bien drainé, comme on en trouve sur les falaises rocheuses ou pierreuses qui bordent quelques-unes des îles les plus montagneuses des Indes occidentales. L arbre ne réussit pas dans les terres argileuses ou sablonneuses, et ne pousse pas dans les marnes. Le meilleur climat est un climat chaud et sec ; l'exposition au vent ne lui cause aucun dommage. Formation d'une plantation de « poivriers ». — Le système de reproduction et de plantation, adopté dans la plupart des cultures ne s'emploie pas pour les poi­ vriers. M. Morris expose ainsi le procédé particulièrement facile usité dans l'établissement d'une « plantation » de Exportation de la Jamaïque. Description de l'épice. L'arbre. Croît sur les sols pauvres. Climat. Comment les plantations sont installées à la Jamaïque. 220 PETIT TRAITE Éciaircir les arbres. Produits. Cueillette. Grains mûrs mis à part. Séchage. poivriers : « A la Jamaïque, le système actuel usité con­ siste à laisser une pièce de terre située dans le voisinage de poivriers, déjà existants se couvrir de touffes provenant des graines semées par les oiseaux. Quand les plants sont d'une certaine taille, on éclaircit les buissons et on laisse pousser les poivriers. » Quand les arbres sont trop serrés, on en enlève quelques-uns et on les plante là où il y a de la place. Pour avoir de bonnes récoltes, il ne faut pas laisser les arbres à plus de 20 ou 25 pieds (6m, à 7œ,50) l'un de l'autre. Récolte. — Au bout de sept ans environ, on obtiendra une petite récolte, jusqu'à ce que les arbres aient atteint leur plein développement, la récolte augmentera or­ dinairement d'année en année. Les grains verts sont cueillis aussitôt après la chute des fleurs de la façon sui­ vante. On grimpe dans l'arbre, on casse les jeunes bran­ ches avec les fruits qu'elles portent et on les jette aux femmes et aux enfants qui sont sous l'arbre et qui, après avoir séparé les fruits des pédoncules, les portent au séchoir. L'homme monté dans l'arbre peut en géné­ ral occuper trois personnes au dessous. Il faut avoir soin de séparer, autant que possible, les baies mures des baies vertes autrement le produit se détériorerait. Les grains verts apportés parles femmes et les enfants sont séchés au soleil delà m ê m e manière que le café, sur des patios ou des claies ; le séchage dure de 3 à 12 jours. En temps humide, le système de fumage employé pour les clous de girofle peut être adapté au séchage des baies ; on peut aussi employer un évaporateur à fruits, américain. Le degré convenable de sécheresse est établi par l'aspect ridé, la couleur noire de l'épice et le bruit sec fait par les graines quand on les agite. On renferme D'AGRICULTURE TROPICALE. 221 alors l'épice dans des sacs ou des barils pour l'expédier. Le rapport d'une plantation dépend des saisons et de Bénéfices. l'état des marchés. Parfois la récolte est très abondante, cent livres ( 45 kilogr. ) par arbre, et parfois très pauvre. Dans le séchage les grains perdent 1/3 de leur poids. La demande ne va pas en croissant pour le piment et, de­ puis quelques années, les prix sont si bas qu on a trouvé que cela ne valait pas la peine de faire la récolte. Feuilles de « laurier ».— Des feuilles du bois d'Inde et d'une plante alliée appelée en botanique Pimenta acris WIGTT, on distille une huile essentielle qui, ajoutée au rhum donne le « Bay rum » dont l'usage est si ré­ pandu en Amérique. A la Dominique, bien qu'on n ex­ porte pas les baies, les feuilles du Pimenta officinalis industrie de et du Pimenta acris sont l'objet d'une exportation con- r^TiaïomT- sidérable aux États-Unis ; on y distille aussi du « bay nique' oil ». Les feuilles sont cueillies, etséchées sur le plancher des maisons ou sur de larges claies au-dessous des­ quelles on établit à un ou deux pieds l'une au-dessous de l'autre des rangées successives de supports en branches d'acacias et de feuilles. L'air circule facilement entre ces supports et les feuilles sèchent en peu de jours. On les Emballage. emballe par balles de 200 à 250 livres (90 kilogr.) 600 à 113. kilogr. 250) et on les expédie dans les ports d'Amérique où elles trouvent un prix rémunérateur. Cannellier. (Cinnamomum Zeylanicum B R E Y N ) . La cannelle est l'écorce apprêtée des jeunes tiges d'un Habita.. arbre qui pousse à l'état sauvage à Ceylan, dans quel- • : ? ^ 222 PETIT TRAITE Monopole hollandais. Lois oppressives. Abolies par les Anglais. Description de l'arbre. Usages de l'arbre. L'arbre est robuste. ques parties de l'Hindoustan, en Cochinchine et dans beaucoup d'îles de l'archipel Malais. La plus grande partie de la cannelle du commerce vient pourtant et est aujourd'hui venue de Ceylan, où les Portugais et après eux les Hollandais, au XVIIe siècle ont réussi à en mono­ poliser le commerce. Toutes les opérations de ce trafic étaient faites par les agents du pouvoir, et les lois réglant cet objet étaient si cruelles et si oppressives que la vente ou le simple don d'une seule branche de cannellier était un crime puni de mort. Quand les Anglais enlevèrent Ceylan, en 1796, aux Hollandais, toutes ces barbares restrictions au commerce furent abolies, mais la compa­ gnie des Indes orientales garda le monopole jusqu'à 1832, date à laquelle le commerce de la canneUe devint libre. L'arbre abandonné à lui-même atteint une hauteur de 30 pieds (9m,60) avec une tige toute droite: dans son aspect général, il n est pas sans ressemblance avec l'oranger. Mais dans la culture, l'arbre est coupé au ras déterre vers la sixième année; on coupe encore les jets qui s'élèvent au bout de deux ans, de sorte que la plante devient en réalité un taillis, et avec le temps, les reje­ tons atteignent un fort diamètre. Tout est utilisé dans cet arbre. On peut par distillation des racines obtenir un cam­ phre, l'écorce donne la cannelle, une cire odorante s'extrait des fruits mûrs bouillis dans l'eau; enfin, de l'écorce de rebut, des feuilles, des fruits, des jeunes pousses et de l'écorce des racines, on retire par distil­ lation de l'essence de cannelle. Sol et climat. — Le cannellier est un des plus robustes des arbres à épices et il réussit dans presque tous les sols et dans toutes les situations de la région D'AGRICULTURE TROPICALE. va tropicale; mais la qualité de l'écorce est très inférieure si le sol et le milieu ne sont pas favorables à la plante. A Ceylan, l'arbre est souvent planté dans les champs de café épuisés et dans les terres sablonneuses sèches qui ne conviennent à aucune autre culture. Mais le meilleur sol est un loam sablonneux mêlé d'humus. A Ceylan, les ^ meilleurs localités bien abritées à 1500 pieds (780 mètres) au- dessus de la mer sont celles qui conviennent le mieux à cette culture. Multiplication. — La plante peut être reproduite par boutures, par rejetons ou par graines fraîches et mûres. Le moyen ordinaire pourtant d'établir un « jardin de cannelliers » — c'est le n o m ordinaire des plantations — est de piquer les graines à 6 ou 7 pieds de distance (lm,70 à 2m,30). Le sol étant jalonné à ces distances, la terre est bien retournée auprès des piquets, des cendres Plantation L x x au piquet. de bois sont mêlées au sol et l'on sème trois ou quatre graines. Pour protéger les pousses contre le soleil, des ombrage. branches d'arbres feuillues sont couchées à terre sur les semences et on les laisse se consumer. Mais si la séche­ resse vient quand la germination commence, beaucoup de jeunes pousses périssent, et alors il est nécessaire de faire Un second semis. C'est pourquoi il est bon d'élever les plants dans les pépinières pour pouvoir remplacer Pépinières. les manquants. La graine germe en deux ou trois se­ maines. Culture..— Une fois transplanté, le cannellier réclame sarclage très peu de soins, il faut seulement sarcler la terre, les mauvaises herbes étant avantageusement enfouies dans les tranchées entre les arbres. Vers la sixième année, les premiers rejetons peuvent être coupés quand on aura Récolte.. remarqué que deux ou trois d'entre eux ont atteint une 224 PETIT TRAITE ttre le feu x souches. Frottage ;s bâtons. mentation. îratlagc l'épiderme. hauteur de 5 à 6 pieds (lm,60 à lm,90) et sont en état d'être écorcés. Deux ans après les rejets qui ont poussé après la première coupe peuvent être cueillis, et cinq à sept d'entre eux donneront une bonne écorce. Les tiges sont coupées rez-terre, On prétend que si l'on fait du feu sur la souche de façon à la consumer, les racines émet­ tront un grand nombre de longues tiges droites qui fourniraient une cannelle des plus belles. Récolte. — Les rejets sont coupés et les sommets en­ levés de façon à ne conserver qu'une longueur de 3 à 5 pieds (0m,90 à lra,50) ; cestiges sont ensuite misesenbottes puis portées au hangar pour la préparation de l'écorce. Les feuilles et les branches latérales sont enlevées et deux fentes longitudinales sont pratiquées à l'aide d'un couteau bien aiguisé, une sur chaque côté de la tige. Quand la coupe a été faite en temps humide, l'écorce est lâche parce que la sève est en pleine circulation, et elle se dé­ tache aisément ; mais il est ordinairement nécessaire de frotter vigoureusement les tiges avec le manche du couteau à décortiquer ou avec une pièce de bois dur et lisse de six pouces de long et un pouce de diamètre (0m,13x0m,025), ce frottement détache l'écorce qui est ensuite enlevée sur chaque côté en bandes entières. Au bout d'une heure en­ viron, les bandes d'écorce sont placées l'une dans l'autre, mises en bottes, pressées et liées ensemble. Les bottes d'écorce sont ensuite laissées un jour, deux ou plus jus­ qu'à ce que se produise une légère fermentation amol­ lissant l'épiderme ou surface extérieure de l'écorce et per­ mettant de l'enlever facilement de la manière suivante : la partie intérieure de l'écorce est appliquée sur une pièce fixe de bois arrondi, et l'épiderme entier, avec la matière pulpeuse qui est au-dessous, est gratté soigneusement à D'AGRICULTURE TROPICALE. 225 l'aide d'un couteau courbe. Les couteaux vendus pour le grattage du cacao remplissent très bien cet objet. L'épi­ derme enlevé, les écorces sont placées l'une dans l'autre, coupées en longueur de 12 pouces (0m,30) ou un peu plus et placées dans le hangar sur des claies tressées jusqu'au deuxième jour, époque où le séchage est alors terminé au soleil. A mesure que l'écorce sèche, elle se contracte et acquiert l'apparence d'une plume ; c'est le n o m qu'on lui donne quelquefois. Quand la cannelle est parfaitement sèche, on la dispose en bottes de 30 livres (13k590) et trois bottes forment une petite balle qui pèse de 90 à 100 livres (39k170 à 45k359). L'écorce des tiges trop grosses et trop épaisses pour être plumées est mise à part en gros mor­ ceaux; mêlée avec l'écorce desélagages et celle des tiges qui ne s'écorcent pas bien, elle est vendue à bas prix comme déchets sous le n o m de chips. Ces « chips » n ont pas un arôme aussi délicat que la cannelle enroulée; mais ce qui leur manque en délicatesse, elles le retrouvent en piquant; aussi cette épice est-elle préférée pour certains usages. A Ceylan, on estime à 150 livres (67kgr,950) par acre la production de la cannelle préparée ; mais sur un bon sol, avec une préparation soigneuse de la terre et un amendement judicieux, on peut obtenir un rende­ ment plus fort. Huile. —L'essence de cannelle s'obtient par la distil­ lation de l'écorce qui ne convient pas à l'expédition, et des feuilles ou autres parties de la plante. Elle varie beau­ coup en caractères ; elle est tantôt légère et tantôt assez lourde pour enfoncer clans l'eau. L'huile n'existe pas dans l'écorce en grande proportion : 80 livres (26k210) ne donnent que 6 onces 1/2 (184sr21) d'huile lourde et 2 onces 1/2 (70^85) d'huile légère. AGRICULTURE TROPICALE. 15 Séchage. Coupures de cannelle. Rendement à l'acre. Huile légère et huile lourde CHAP1TBE IX. ÉPICES (Suite). Gingembre (Zingiber officinale Bosc). Habitat. Description e la plante. Sol riche nécessaire. Le gingembre est la tigesouterraineséchéed'uneplante qui pousse à l'état sauvage dans l'Asie du Sud-Est et dans quelques iles de l'archipel malais, mais qui est cultivée sur une grande échelle dans l'Amérique méridionale et les Antilles, plus spécialement à la Jamaïque. Les tiges souterraines, qui ont l'apparence de racines tuberculeuses sont appelées en botanique rhizomes et connues dans le commerce anglais sous le n o m de racines de gingembre. Les racines véritables du gingembre sont les filaments qu'émettent les rhizomes. Les tiges souterraines émettent des rejetons aériens feuillus s'élevant au-dessus du sol à une hauteur ordinaire de 12 à 18 pouces (0m,30à0m,45); mais dans de bonnes conditions de sol et de climat, elles peuvent atteindre une tajllede 3 pieds (0m,90). Les fleurs et les feuilles ne sont pas portées par le m ê m e organe, les hampes florales ont communément un pied de haut (0m,30) Sol et climat. — Pour cultiver le gingembre avec succès, il faut choisir le sol le plus riche et le meilleur. La plante ne vient pas dans les sables, les argiles ou les terrains secs. Va limon humifère riche convient à cette PETIT TRAITÉ D'AGRICULTURE TROPICALE. 227 culture; il faudra bien drainer le sol, sans quoi les rhi­ zomes pourriraient. La plante endure une grande diver­ sité de climats tropicaux, car elle peut pousser depuis le niveau de la mer jusqu'aux hautes régions montagneuses, pourvu que la pluie soit abondante ou l'irrigation bien établie. Dans les monts Himalaya, situés au nord de l'Hin- doustan, le gingembre est cultivé jusqu'à 5000 pieds (1600m) au-dessus du niveau de la mer. Multiplication. — La plante se propage exclusive- Boutures. ment par divisions de rhizomes, et les boutures sont tout de suite mises en terre ; il n est nullement nécessaire d'a­ voir des pépinières. Un rhizome ou « racine de gingem­ bre » est soigneusement coupé en petits morceaux, en prenant attention de laisser au moins un œil à chaque section puis chaque morceau est mis dans un trou spé­ cialement préparé pour lui. Culture. — La terre est bien nettoyée et disposée en Tranchées. tranchées, et toutes les herbes et tous les débris sont en­ fouis dans les tranchées pour enrichir le sol. Quand cela est possible, on fera avec avantage un labour profond un peu avant mars ou avril, mois les plus favorables pour planter. La culture est très semblable à celle de la patate. La terre est levée en sillons distants de 3 ou 4 pieds (0m,90 à lm,20), et de petits trous sont ouverts de 12 pouces (0m,30) sur les sillons. Les trous sont remplis avec du fu­ mier bien consommé, et les fragments de rhizomes sont plantés dans les trous à une profondeur d'environ 3 pouces (0m,075). Quand cela est possible, une couche épaisse de feuilles est placée sur les trous, afin de con­ server les boutures fraîches et humides; les feuilles, du reste, en se consumant, donneront un supplément d'ali­ mentation aux jeunes pousses. Il faut tenir la terre nette sarclage. 228 PETIT TRAITÉ de mauvaises herbes, et, c o m m e le gingembre est une plante très épuisante, si l'on garde cette culture plusieurs '-'|| années de suite dans les mêmes terres, il faudra fumer. . Récolte. — Les boutures ayant été piquées en mars ou avril, les plantes fleuriront vers septembre, après quoi les pousses apparaîtront et les rhizomes grandiront en poids et en longueur. Vers janvier ou février, on Récolte obte- pourra récolter. Il suffira de retourner la terre avec une iue en 10 mois. , fourche en prenant soin de ne pas blesser les racines ou « mains », c o m m e on les appelle à la Jamaïque. Les « mains » naturellement varient de grosseur suivant le sol, le climat et les soins donnés à la culture, mais quel­ quefois elles sont très grosses et pèsent beaucoup plus d'une demi-livre (227 grammes). préparation Une fois déterrés, les rhizomes sont débarrassés des racines fibreuses et nettoyés de toutes saletés ou pous­ sières adhérentes, on les plonge ensuite quelques minutes i clans l'eau bouillante pour détruire leur vitalité, puis on les fait sécher au soleil : ils sont alors devenus le gingembre du commerce. Voici une autre méthode de préparation. Les plus gros et les meilleurs rhizomes, au lieu d'être échaudés, sont soigneusement grattés au couteau jusqu'à ce que toute la peau noire de la surface soit enlevée, puis ils sont sé- i.«sdeuxgen- chés au soleil. Le produit ainsi préparé prend le nom de res.de gingcm- ^ „ i l l g e m b r e gTatté », « gingembre nu », « gingembre blanc » par opposition au gingembre « non gratté » (( brut » « noir » noms qu'on donne à l'épice préparée À par échaudage ou séchage. Les sortes noires sont par­ fois améliorées en apparence par un blanchiment obtenu en exposant l'épice aux vapeurs de chlorure de chaux Rendement, ou d'acide sulfureux. Le rendement par acre varie con- : D'AGRICULTURE TROPICALE. 229 sidérablement ; mais quand la culture est faite dans des conditions favorables, la récolte peut être de 4000 livres (1814k,450) ou davantage. Le gingembre peut être expédié en barils ou en sacs ; les sacs usités en contien­ nent environ 50\802. Cardamomes. (Elettaria cardamomum MAT.) Les cardamomes sont le produit d'une plante sem- Habitat. niable au gingembre qui pousse à l'état sauvage clans les forêts des montagnes très arrosées de l'Inde sud- orientale, de Ceylan et de Java. Contrairement à ce qui a Heu pour le gingembre, toutefois, la partie de la Description plante qui produit l'épice est le fruit, celui-ci est de forme triangulaire, il est composé de capsules papyracées tri- loculaires et à trois valves, de couleur de paille jaunâtre, contenant de nombreuses graines comprimées qui ont une odeur aromatique et un fort arôme d'épice. Jusqu'à présent, tous les cardamomes du commerce sont venus de l'Extrême-Orient mais la plante vient bien dans cer­ taines contrées des Antilles, notamment à la Jamaïque, où elle a été en 1881 l'objet d'une grande introduction due à M. Morris, elle pourrait y devenir l'objet d'une exportation importante. Sol et climat. — Le meilleur sol est une alluvion Le meilleur soi. riche et humide avec une bonne proportion d'humus comme on en trouve dans les forêts des montagnes des tropiques, sur les bords des ruisseaux. Les coteaux secs ne conviennent pas à cette culture, et la plante ne rap­ porte pas dans les sols pauvres formés de gravier ou de 230 PETIT TRAITÉ Cardamomes de Malabar. Comment il croit. climat. Culture à Ccvlan. Pépinières. sable, ni dans les argiles compactes. Un terrain ondulé est meilleur qu'une plaine, mais on évitera, autant que possible, les pentes trop raides. Les conditions de climat nécessaires peuvent être résumées en trois mots : éléva­ tion, humidité, ombrage. Jusqu'à ces dernières années la plus grande partie des cardamomes consommés dans le monde a été récoltée sur des plants croissant presque à l'état sauvage dans les forêts humides du Malabar aux altitudes de 1800 à 3500 pieds (576 à 1120 mètres). Les indigènes allaient dans les bois coupaient les brous­ sailles et abattaient quelques-uns des plus gros arbres pour laisser entrer l'air et la lumière. Peu de temps après les cardamomes s'étendaient dans toutes les directions, et il ne fallait plus que les éciaircir quand ils devenaient trop épais et les remplacer là où ils venaient à manquer, La jungle de cardamome était alors abandonnée à elle- m ê m e pendant deux ans. La troisième année, on procé­ dait à un sarclage sommaire et on recueillait une petite récolte. La quatrième année, les indigènes retournaient à la jungle, sarclaient complètement et recueillaient une récolte abondante. Dans ces contrées du cardamome, la moyenne de la température est de 72° Fahrenheit (22°) et la quantité de pluie de 120 pouces par an (3 mètres), Dans ces dernières années, les planteurs de Ceylan ont entrepris cette culture sur une très grande échelle et les prix ont baissé d'un tiers. Il y a un petit marché local de cardamomes à la Trinité et à la Guyane anglaise parmi les immigrants des Indes orientales. Reproduction. — On peut obtenir les plantes soit au moyen des graines mûres, soit par division du rhizome qui est quelquefois, par erreur, considéré comme une bulbe. Des planches sont préparées suivant la méthode D'AGRICULTURE TROPICALE. 231 ordinaire, et les graines sont placées dans des trous percés avec le doigt ou avec un piquet. Les graines ger­ ment lentement et n apparaissent pas au-dessus du sol avant quatre mois accomplis. Au bout d'un an environ, les pousses auront un pied (0m,30) de haut, avec huit ou dixfeuilles; elles pourront alors être transplantées. Quand la plante est propagée par division, le rhizome est coupé soigneusement en morceaux ne contenant pas moins de trois yeux chacun; il faut prendre des précautions pour que la plante soit le moins possible abîmée. Culture. — Quand on a choisi un bon site dans la forêt, on coupe toutes les broussailles et les jeunes arbres, en s'arrêtant à ceux qui ont 8 pouces (0m,20) de diamètre. Cà et là on abat un gros arbre afin de per­ mettre à la terre de recevoir les rayons du soleil. Les broussailles, branches et arbres coupés seront brûlés avant d'être tout-à-fait secs, de façon à ce que la flamme soit aussi courte que possible, ou bien on les laissera se consumer sur le sol. Des trous d'un pied (0m,32) de pro­ fondeur et d'un pied et demi de largeur sont ensuite faits à des distances de 6 pieds (lm,80; ; mais clans un sol très riche, les trous peuvent être faits à 7 pieds (2m,10) ou davantage. On remplit avec la terre de surface et les boutures ou les pieds de graines sont placés dans les trous; mais il ne faut pas les planter trop profondément, autrement ils pourriraient. Comme dans la pratique la plantation est un sous-bois, il poussera peu de mauvaises herbes et la dépense pour le sarclage sera minime. Un ou deux sarclages sommaires par an sont tout ce qui est nécessaire. Il ne faut pas accumuler les feuilles et les débris autour de la tige des cardamomes, parce que la hampe florale sort des racines et s'étale sur le sol. La Germination lente. Transplan­ tation Distances. Nettoyer le pied des tiges 232 PETIT TRAITÉ troisième année, les plantes auront environ 4 pieds (lm,20) de haut et rapporteront une très petite récolte ; mais à la quatrième année on peut compter sur une pleine récolte. vanUeS Récolte. — Il ne faut pas laisser les fruits mûrir, té - parce que les capsules éclateraient et les graines tom­ beraient à terre. Le meilleur moment pour cueillir les capsules est celui où elles sont pleines et dures et où elles commencent à passer du vert au jaune. Les « cap­ sules », c o m m e on appelle parfois les fruits, doivent être coupées avec des ciseaux, on doit leur laisser une partie lesfruits du pédoncule. Si on les arrachait à la main, on s'expo­ serait à les ouvrir et on perdrait le fruit. On expose le fruit au soleil, mais le séchage doit être fait graduelle­ ment pour éviter que les capsules n éclatent. Une expo­ ses se- sition de quelques heures, au soleil du matin et du soir, LU soleil. x x » suffira tout d'abord; ensuite elle devra être plus longue. Quand elle a été bien préparée, l'épice est de couleur jaune-paille. Les capsules une fois séchées, le reste du pédoncule s'enlève facilement et est détaché de l'épice nase- par simple vannage. En séchant, les cardamomes per­ dent beaucoup de leur volume; 4 ou 5 « boisseaux » (1) de gousses vertes n'en donnent guère qu'un de gousses sèches. sment. Le rendement par acre varie considérablement suivant les saisons. Dans les jungles du Mysore, on ne récolte pas plus de 28 livres (12k,484) à l'acre; mais à Ceylan, la production moyenne est de 170 livres (77k,010) bien que dans des conditions très favorables on ait obtenu jusqu'à 400 livres (181k,200). Sur les marchés on distingue trois sortes de carda-sortes arche. (1) Le bushel ou boisseau vaut 3G litres, 31. D'AGRICULTURE TROPICALE. 233 nomes qui portent les noms bizarres de « courtes », ;< courtes-longues» , « longues-longues».Les « courtes » sont les capsules longues de 1/4 à 1/2 pouce (0m,005 à )m,012), larges de 1 pouce (0m,025); les plus longues des ongues-longues » ont un pouce environ. Les cardamomes décrites ici sont celles que l'on con- lait sous le n o m de cardamomes de Malabar. Il est une mtre espèce trouvée à l'état sauvage dans les forêts de Ceylan et dont les fruits sont plus lougs et plus gros. Ils menaient autrefois sur les marchés d'Europe sous le n o m le cardamome de Ceylan, mais depuis que la culture les cardamomes du Malabar et du Mysore s est étendue lans l'île, cette dénomination et cette sorte ont disparu. Poivrier. (Piper nigrwn L.). Le poivre ou poivre noir comme on l'appelle quelque- Habitat. ois, est le fruit séché d'une liane qui croit à l'état sau­ nage dans les forêts du Malabar et du Travancore; c est me des épices les plus importantes. Sa consommation nnuelle est énorme. Il s'importe chaque année dans le eul Royaume-Uni la valeur d'un million de 1. st. de Larse J consommation. ioivre. La liane est cultivée extensivement dans l'Inde ud-orientale, le Siam, Malacca. la Cochinchine et les épiante pousse i n • . • dans l'Extrême- lus grandes iles de 1 archipel malais. L ancienne histoire orient. u commerce du poivre est semblable à celle des autres pices de l'Orient. Les Hollandais ont réussi autrefois ar oppression à restreindre la culture du poivre à l'île e Java. Sol. — La plante est robuste et croîtra dans la plupart Le meilleur soi. 234 PETIT TRAITÉ des sols, mais la récolte sera maigre sur des sols pau­ vres composés de sable et sur l'argile. Le meilleur sol est un limon humifère profond bien drainé, comme on en trouve clans les alluvions du bord des rivières de Ma­ labar. La liane ne doit pas être plantée sur les pentes roicles parce que les racines peuvent être mises à nu par le fait de l'entraînement de la terre dans une forte récages pluie. Les marécages corrigés par un bon drainage rainés. conviennent à cette culture, parce que le sol contient une forte proportion de matière végétale. Climat. — U n climat chaud et humide comme on en trouve dans les vallées abritées de la Jamaïque, de la Trinité et de la Dominique est le meilleur pour la cul- ies abon- ture. La pluie ne doit pas être moindre de 80 à 100 pou- s néces- N , s. ces (2m à 2m,50) par an et bien répartis. L ombre est es­ sentielle. Dans les petits établissements, les Chinois qui sont les principaux producteurs, établissent ordinaire­ ment leurs jardins de poivriers en pratiquant des allées sous forêts. mtures. Reproduction. — Les. lianes peuvent être obtenues par boutures ou par graines; les boutures sont ordinai­ rement de 18 pouces (0m,45) de long. On peut les mettre )inières. immédiatement en terre ou les élever dans une pépi­ nière jusqu'à ce qu'elles soient enracinées. L'extrémité des lianes forme les meilleures boutures parce qu'il s'y trouve un bourgeon terminal. On les plante quand la pluie tombe sans discontinuer. Quand les plants sont obtenus par graines, il faut faire des planches en des endroits humides et ombragés. On met à tremper dans l'eau pendant trois jours des fruits mûrs bien choisis, puis on enlève la peau ; on sèche la graine à l'ombre et enfin on sème clans les lignes des planches. De fréquents D'AGRICULTURE TROPICALE. 235 Trous. Support. arrosages sont nécessaires (à moins que le temps ne soit Transpianta- pluvieux) jusqu'à ce queles pousses aient plus de quatre feuilles; à ce moment elles sont bonnes à transplanter. Culture. — La terre une fois nettoyée, on l'aligne de 7 en 7 pieds (2m,10) et des trous de deux pieds carrés et de 15 pouces (0,n,37) de profondeur sont pratiqués. Ces trous sont remplis avec de la bonne terre et du fumier de feuilles, si l'on peut s'en procurer; mais il ne faudra pas disposer la terre en monceau, car il vaut mieux pour la plante qu'elle soit plantée dans une dé­ pression. Ce qu'il faut faire ensuite, c est de placer sur les côtés des trous des tuteurs pour la liane; on peut employer des poteaux de bois brut ; on peut aussi utili­ ser des arbres vivants. Les tuteurs auront 12 pieds de long et environ 8 pouces d'épaisseur, les deux pieds d'en bas seront goudronnés pour préserver le bois des insectes et de la pourriture. Des troncs de fougères ré­ pondront très bien à cet objectif, car ils peuvent durer jusqu'à l'épuisement de la liane. Si l'on emploie des supports vivants, il sera nécessaire d'établir les arbres avant que le poivrier soit planté ; on les étêtera à 10 pieds (3m,20) et on les tiendra en cet état pour qu'ils ne fassent pas trop d'ombre aux lianes. Le manguier et l'acajou ont été recommandés pour cet usage, mais on a reconnu qu 'une espèce de « bois immortel » (Erythrina corallo- dendron) est la meilleure. Si la culture se fait sur une petite échelle, les trous peuvent être creusés tout près des racines des arbres déjà poussés. Les plants doivent être placés dans les trous aussi loin que possible des tu­ teurs, le bout qui pousse étant dirigé vers les tuteurs ou les arbres sur lesquels la liane doit courir. Quand les comment o 1 place les bouli boutures sont mises en terre, on en place trois dans res. Troncs de fougères. Supports vivants. 236 PETIT TRAITÉ chaque trou, l'extrémité qui doit prendre racine étant plantée à l'opposé des supports et enfoncée de 6 pouces (0m,15) en terre. Il est bon d'enfouir la bouture tout en­ tière à 4 pouces (0m,10). Il faut -avoir soin après cela de couvrir les plants de feuilles ou de gazon séché ou d'é- mondes, de façon à défendre les racines contre le soleil et à maintenir la terre humide et fraîche. Les lianes commenceront bientôt à se développer ra­ pidement si la plantation a été faite en temps humide; et quand elles ont grimpé aux supports, à deux pieds en­ viron (0m,60) on les pince pour forcer les jets latéraux à se développer. En quelques endroits, quand les lianes ont grimpé aux supports à la hauteur de 5 pieds (lm,60), on les en détache avec précaution, on les courbe et-l'on enfonce les extrémités en terre. Cette opération s'appelle attage. « rabattage » ; elle rend la croissance plus vigoureuse et assure de plus fortes récoltes. La terre doit être sar­ clée, et si la plante croit lentement, on déposera sur le rrais. soi au-dessus des racines du fumier, qu'on n enfouira pas à la fourche mais qu'on recouvrira d'une légère couche,. de terre du voisinage. bmiée. Les planteurs chinois de Singapore n emploient comme* engrais que la terre brûlée qui semble très bien app.ro- priée à cet objet; on emploie aussi avantageusement le poisson pourri. ' .* ia liane Récolte. — D'un an et demi à trois ans, on ne peut porte. r espérer qu'une faible récolte; le poivrier ne sera en plein rapport qu au bout de 6 à 7 ans. De bonnes récol­ tes seront recueillies pendant plusieurs années de suite, après quoi les lianes perdront de leur vigueur et de leur productivité. Dans les conditions les plus favorables de sol et de climat, les plantes rapporteront beaucoup pen- D'AGRICULTURE TROPICALE. 237 dant des périodes plus longues ; on a même souvent des exemples de productivité jusqu'à la trentième année. Les fruits sont petits, ronds, en forme de baies; ifs sont fixés au nombre de 20 à 30 sur un pédoncule penché ou « épi ». D'abord le fruit est vert, puis il devient rouge, et finalement jaune quand il est mûr. Aussitôt qu'une ou deux baies commencent à tourner au rouge, on cueille tout l'épi et on le fait sécher au soleil, puis on sépare à Récolte. la main tous les grains de l'épi; on jette le pédoncule; l'épice est vannée pour la débarrasser de la poussière et vannage. autres matières étrangères et enfin mise en sacs pour être expédiée. Chaque sac contient environ 142 livres d'épice (64k 339). Le rendement varie beaucoup ; il peut être d'une demi- Rendement. liyre (227 gr) jusqu'à 7 livres (3\172) par plant; ce qui * donne, avec une distance de 7 pieds (2m,10) entre les plantes, de 443 à 6000 livres (200k 672 à 2718k) paf acre. Avec une bonne culture et un sol approprié on 'doit obtenir 4000 livres à l'acre (1812 kil). Poivre blanc. — Le poivre blanc n est autre chose que le poivre noir dépouillé de son enveloppe ou péri­ carpe. Les grains les plus gros et les plus mûrs, après la cueillette, sont mis en tas pendant plusieurs jours dans un lieu clos et on les laisse fermenter. Lestas sont en- Fermentation. suite étendus à terre et piétines jusqu'à ce que l'enve­ loppe du grain se détache, puis lavés à grande eau; après quoi on fait sécher au soleil. A Travancore on suit une méthode un peu différente. On laisse les grains mû­ rir sur la liane, puis on les cueille et on les tient à l'abri pendant trois jours, on les lave alors et on les secoue dans un panier jusqu'à ce que les pédoncules et la pulpe s'en aillent d'eux-mêmes. 238 PETIT TRAITÉ Jsages l'épice Vanillier. ( Vanilla planifolia A N D R . ). abitat. Les gousses de vanille sont les fruits apprêtés d'une orchidée grimpante qui vient à l'état sauvage dans les forêts chaudes et humides de l'Amérique du centre et du sud. Quand les Espagnols conquirent le Mexique, ils trou­ vèrent la vanille en usage chez les Aztèques pour aro­ matiser le chocolat et aujourd'hui les fabricants de cho­ colat de France et d'Angleterre l'emploient au même usage. La liane est maintenant cultivée au Mexique au Brésil, dans le Honduras, à la Guadeloupe, la Réunion, Maurice, les Seychelles, Java, Tahiti; mais une partie considérable de la vanille du commerce est récoltée sur les plantes vierges qui poussent dans les forêts du UrerSarie! M e x i c l u e - A la Guadeloupe, à la Réunion et à Maurice, la plante est cultivée par de petits propriétaires, et beau­ coup d'eux dans ces iles font de l'argent en vendant les gousses produites par les lianes élevées dans leurs jar­ dins ou sur les varangues de leurs maisons. iiieur soi. Sol et climat. — Un sol végétal riche, comme ceux qu'on trouve dans les forêts touffues de la région tropi­ cale, est le meilleur pour la vanille. Les sables sont trop légers, les argiles sont trop sèches en temps chaud ou trop* humides en temps de pluie. Un sol non drainé baigné d'eau fera pourrir la racine et ne convient donc pas du tout à la culture de cette orchidée. Le climat doit être chaud et humide, en m ê m e temps qu une situation abri­ tée est indispensable ; mais les plantes ne doivent pas être trop ombragées, sans quoi les fruits ne mûriraient pas. image cssaire. D'AGRICULTURE TROPICALE. 239 Reproduction- — La plante se reproduit de boutu- Boutures. res et il n'est pas nécessaire de mettre les boutures sur couches pour qu'elles prennent racines. Des boutures de \ à 5 pieds de long (lm,30 à lm,60) sont plantées au pied d'arbres ou de supports employés pour la vanille; si le temps est favorable, elles auront bientôt pris raci­ ne. On peut prendre ces boutures sur n'importe qu'elle partie de la liane ; clans le cas où il n est pas possi­ ble d'avoir un nombre suffisant de longues boutures, Les prendre ° longues. on peut en employer de plus courtes, mais les plantes entreront plus promptement en rapport si les boutures sont de longueur convenable. Culture. — Le vanillier étant une liane grimpante, supports ° i ' pour la liane. demande un support et c o m m e la fertilisation des fleurs doit être faite artificiellement, il sera nécessaire de di­ riger la plante de façon à ce que les fleurs puissent être à la portée de la main. Quand la-culture se fait en jardin, des murs de pierre, des arbres ou un treillage de bois peuvent être utilisés c o m m e supports; mais si la plante est cultivée sur une plus grande échelle, il faudra planter des arbres tout exprès ou fixer en terre des supports. supports auxquels la liane pourra s'attacher. Ces sup­ ports seront d'un bois résistant qui ne pourrisse pas en terre; leur extrémité inférieure sera taillée et goudron­ née. Le campêche non écorcé, le calebassier, les fou­ gères arborescentes peuvent être employés. La partie du support hors de terre devra atteindre 5 pieds envi­ ron (lm,50). Il est bien préférable que les supports soient des arbres vivants, et le meilleur pour cet objet Les arbres u- . . vants sont les est le pignon d Inde (Jalroplui eureas L) qui peut être meilleurs sup- obtenu par graines, ou par plantations de branches ou même de tiges entières; celles-ci, en effet, plantées en 240 PETIT TRAITÉ Trous. Distances. Humus. Couches. Plantation es boutures. Abri. Arrosages. Supports ansversaux. temps de pluie peuvent parfois reprendre. On creuse des trous où l'on plante les supports c o m m e on l'a expliqué pour la culture du poivrier, avec cette différence que les distances entre les supports ne seront pas de plus de six pieds (lm,80) Les trous seront remplis avec une terre ri­ che, mêlée de sable et de feuilles consumées ; si la planta­ tion est dans le voisinage d'une forêt, l'humus riche qui est à la surface sera employé à remplir les trous. Le sol doit être surélevé pour empêcher l'eau de stagner; il vaut m ê m e mieux former une saillie d'environ 6 pouces (0m,15) au-dessus du sol et empêcher qu'elle ne soit ni­ velée par l'entraînement dû aux pluies d'hivernage en l'entourant d'un muretin de cailloux. On enlève les trois plus basses feuilles de la bouture et on plante cette por­ tion de la tige à une profondeur de 3 ou 4 pouces (0m,7 à 0m,10); ce qui reste de la tige est ensuite atta­ ché à l'arbre ou au support, à l'aide d'une fibre plate de bananier ou d'un filament de noix de coco. Une corde ronde est mauvaise parce qu elle peut couper et blesser la jeune tige de vanillier. La terre doit être soigneuse-i ment recouverte de feuilles ou de brindilles placées au- dessus de la partie enfouie de la bouture, et m ê m e si la sécheresse, survenait, de fréquents arrosages seraient in­ dispensables, jusqu'à ce que la bouture se soit enracinée. Il y a plus, sauf le cas où le sol serait légèrement om­ bragé par les pignons d'Inde, il sera bon, en temps de sécheresse de tenir les racines constamment abritées. Quand les vanilliers ont atteint le sommet des arbres ou supports, on peut disposer des bambous d'arbre en ar­ bre ou de support en support et y faire courir les lianes. Ces arbres doivent être maintenus assez bas pour que la liane ne soit pas hors de portée et les branches doivent D'AGRICULTURE TROPICALE. 241 être judicieusement disposées de façon à ce qu elles ne fassent pas trop d'ombre. On n'emploiera aucun engrais animal ou artificiel, mais des feuilles mortes et du ter­ reau peuvent être étendus sur les racines après chaque récolte. Fertilisation des fleurs. — Les plantes commen­ cent à fleurir la seconde année de la plantation et une pleine récolte peut être attendue la quatrième année dans l'Amérique du centre et du sud, contrées où cette orchidée croit à l'état sauvage. La fertilisation est effec­ tuée par des insectes ou d'autres auxiliaires. Les par­ ties de la fleur sont constituées d'une façon telle que la fécondation spontanée est impossible, aussi doit-elle être produite par un agent étranger. On dit ordinairement que cet agent est un insecte, mais aucun des auteurs qui ont écrit sur la vanille ne donne une description de l'insecte ni aucune particularité à son sujet. L'auteur de ce livre a recueilli quelques gousses de vanille sur des lianes poussant dans son jardin à la Dominique et c o m m e aucune des fleurs n avait été fécondée artificiellement cette année-là, il est probable que la fertilisalion avait été opérée par les oiseaux-mouches qui avaient été fré­ quemment remarqués introduisant leur long bec dans la fleur pour en boire le nectar. Il parait donc pro­ bable que ces oiseaux coopèrent autant que les insectes à la fertilisation des vanilliers. Dans la culture de la plante, toutefois, il ne faudra pas rester sous la dépen­ dance d'auxiliaires aussi capricieux, et le planteur, pour assurer la récolte, devra fertiliser lui-même ses plants. La fleur du vanillier est très différente de la fleur-type décrite dans la première partie de ce livre; mais en l'examinant avec attention, on peut distinguer l'enve- AGRICULTURE TROPICALE. Jg Engrais. Récolte, la quatrième année. Fertilisation artificielle nécessaire. Fertilisation par les oiseaux- mouches. Description des fleurs. 242 PETIT TRAITE loppe extérieure, consistant en trois sépales, et l'enve- Fig. 2. Fig. 3. Fig. 4. FLEUR DU VANILLIER DESTINÉE A FAIRE COMPRENDRE LES PROCÉDÉS DE FÉCONDATION ARTIFICIELLE. Fig. t. — Fleur du vanillier. A. Labelle. B. Sommet de la colonne. Fig. 2. — Vue amplifiée du sommet de la colonne. E. Anthère recouverte par Je capuchon. D. Stigmate. E. Lamell.'. Fig. 3. — Section verticale (agrandie) de la colonne. D. Stigmate. E. Lamelle. T. Masses polliniques. Fig. i. — Section verticale (agrandie) de la colonne. D. Stigmate. S. Surface stigmatique. P. Masses polliniques détachées de l'anthère et adhérentes à la surfaco gluante du stigmate. E. LameUerepoussée derrière l'anthère. loppe intérieure, qui se compose de trois pétales. Le D'AGRICULTURE TROPICALE. 243 pétale inférieur est très différent des autres : on l'appelle labellum ou lèvre, et il enveloppe la colonne qui continue l'axe de la plante sur laquelle sont établis les anthères et le stigmate si curieux. Cette continuation se n o m m e colonne : elle est repré­ sentée , ainsi que les autres parties de la fleur, dans les gravures ci-contre. À l'extrémité de la colonne se voit un capuchon qui recouvre l'anthère et par suite les grains de pollen : au-dessous se trouve la surface vis­ queuse du stigmate protégée et cachée par une lèvre proéminente appelée quelquefois lamelle. On voit que le pollen se trouve ainsi enfermé dans le capuchon, et le stigmate recouvert par la lamelle, ce qui oppose un double obstacle à la fécondation spontanée. Le but de Deux obsta- *• des a la germi- l'opérateur doit être, d'abord de mettre le pollen à nu, nation sponta- ensuite de supprimer ou tout au moins d'écarter la cloi­ son E qui sépare l'organe mâle de l'organe femelle. Il arrive à ce but, premièrement en détachant le capuchon, ce qui se fait facilement en le touchant légèrement avec un bois pointu, secondement en faisant glisser la lamelle comment on . . . effectue la fer- sous 1 anthère ; en troisième lieu, en assurant le contact tmsation artifi- du pollen et du stigmate par une douce pression entre le pouce et l'index. Avec un peu de pratique, l'opération est accomplie en quelques secondes ; elle peut être faci­ litée en prenant la colonne entre le pouce et le majeur de la main gauche, tandis que l'index la soutient par derrière ; la main droite est alors libre de manœu­ vrer l'instrument de fertilisation qui doit être émoussé et arrondi à l'extrémité. Une dent de vieux peigne fixée au bout d'une mince pièce de bambou, longue de quel­ ques pouces, a été employée par l'auteur pour fertiliser de nombreuses fleurs de vanille. 244 PETIT TRAITÉ Récolte. — Si la fertilisation a réussi, la fleur dimi­ nuera graduellement tandis que la gousse grossira ra­ pidement. Si elle n'a pas réussi, la fleur tombera avant le second jour, l'ovaire restera sans se développer, tour­ nera au jaune, se ridera et se détachera. saison Les fleurs se formeront vers février ou mars, en épis la floraison. , r au nombre de dix à douze, mais on n en fertilisera pas plus d'une demi-douzaine par épi; de cette façon on obtiendra de grosses gousses. On commencera la fertili­ sation vers 9 ou 10 heures du matin, car si on s'y prend trop tard, la fécondation peut être incomplète ou man­ quer d'une façon ou d'une autre. Le fruit grossit pendant un mois, mais il mettra au moins cinq mois à mûrir Cueillette suffisamment pour être cueilli. Les gousses sont bonnes isgousses. x à cueillir quand elles commencent à jaunir par le bout ou quand elles produisent une sensation de craquement en les pressant légèrement entre les doigts. Chaque gousse sera cueillie séparément en les penchant d'un côté jusqu'à ce qu'elles se détachent de la tige. 11 est très important de cueillir les gousses au bon moment, car si elles étaient trop mûres, elles s'ouvriraient durant la manipulation, et si elles étaient trop vertes, elles se séche­ raient difficilement et n'auraient que peu ou point de parfum. .usses pion- Préparation. — Une fois cueillies, les gousses sont •de. plongées une demi-minute dans de l'eau presque bouil­ lante. On les place ensuite sur des claies pour qu'elles sèchent, puis on les étend sur des couvertures et on les nage dans expose au soleil. Chaque soir on les enroule dans les cou­ vertures, vertures et on les enferme dans des boites sèches pour fermenter. On continue l'exposition au soleil durant une semaine ou jusqu'à ce que la gousse devienne brune et D'AGRICULTURE TROPICALE. 245 flexible, alors on les passe entre les doigts pour les dresser et pour répartir également les graines et la substance Rendement r , . , . . . des gousses. huileuse qui est à l'intérieur. Si une gousse éclatait, on la fermerait et on la lierait étroitement avec un fil de soie ou un ruban étroit; lorsqu en se séchant et en se ridant elles ont diminué d'épaisseur, il faut enlever le fil et faire une nouvelle ligature. Quand les gousses sont brunes, le ligature u ° de gousses séchage devra être achevé à l'ombre, ce qui demandera éclatées. quelques semaines. Parfois, les gousses sont frottées d'huile de ricin ou d'olive, mais ce procédé ne doit pas être recommandé, parce que l'huile peut devenir rance et déprécier le produit (1). Empaquetage. — L e s gousses séchées sont assorties suivant leur longueur ; celles qui sont longues et minces ont le plus de valeur. Les gousses de m ê m e longueur sont liées et mises en paquets de 25 ou 50, les ligatures se faisant ordinairement aux deux extrémités du paquet. Ces paquets sont ensuite rangés dans des boîtes de bois blanc de m ê m e longueur, qui sont elles-mêmes placées dans des caisses de bois dur. A la Guadeloupe, les paquets sont placés dans des caisses à pétrole bien nettoyées qui sont ensuite soudées de façon à les préserver du contact de l'air et de l'humidité. (1) Les planteurs qui voudraient des renseignements plus détaillés sur la préparation de la vanille les trouveront soit dans la brochure spéciale deDelteil, soit dans le volume du Manuel des cultures tropicales de Sa- got et Raoul qui paraîtra à la (in de 1896. V? CHAPITRE X. TABAC. (Nicotiana tabacum L.) La plante qui produit les feuilles qu'on transforme en tabac par des procédés de séchage et de fermentation, est originaire de l'Amérique tropicale, où son usage fut découvert par Christophe Colomb en 1492. On a rapporté que lorsque Colomb et ses compagnons abordèrent à- Cuba, ils trouvèrent chez les indigènes l'habitude de fumer des feuilles de tabac roulées à peu près dans la forme de nos cigares et les explorateurs espagnols à leur retour introduisirent « l'herbe » dans leur patrie. Ce n'est abac intro- qu environ un siècle plus tard, exactement en 1585, it en Angle- , reparw. Ra-que le célèbre W Raleigh introduisit en Angleterre 'nusage d*a- l'usage de fumer le tabac. Tout d'abord il se heurta à l'opposition du roi, du pape et d'autres potentats. Le roi Jacques Ier écrivit un livre contre le tabac à fumer sous le titre de « Un adversaire du tabac », et les princes d'Orient condamnèrent les fumeurs à des morts cruelles. laintenant Mais en dépit de tout cela, l'usage du tabac se répandit universel. rapidement dans tout le monde civilisé et on peut le regarder aujourd'hui c o m m e un usage universel. De toutes les diverses productions végétales de la terre, le tabac, suivant l'expression d'un auteur qui fait autorité, PETIT TRAITÉ D'AGRICULTURE TROPICALE. 247 « est le plus universellement employé par l'espèce hu­ maine », un autre écrivain écrit que cette plante « forme un des plus importants facteurs de la fortune publique dans les pays où il est cultivé en grand et avec m é ­ thode ». Quand les îles des Antilles furent colonisées par les culture trèi Européens, le tabac devint l'objet d'une importante îos indes occi n i x x • • vi • xx i dentales au dé culture dans presque toutes; mais aujourdhui cette cul- but de ia coio ture est presque entièrement confinée dans les iles espa- nisatlon- gnôles. On peut espérer que cette industrie qui donne de beaux profits renaîtra dans les autres Antilles et aidera à l'accroissement de leur prospérité. Sir W Robinson a culture . très profitable, essayé avec quelque succès de réintroduire 1 industrie du tabac dans les iles occidentales britanniques. Pendant qu'il était gouverneur de la Trinité ; il écrivit une brochure sur ce sujet et il y établit que Cuba ne peut produire assez de tabac pour le grand commerce de cigares qu elle fait; il ajoutait : « Les législateurs des colonies, les planteurs aussi bien que les gouverneurs ont encouru une grave responsabilité en laissant Haïti, St-Domingue et l'Allemagne se substituer aux Indes occidentales dans le commerce avantageux qui semblait devoir leur appar­ tenir, celui de fournir à Cuba les milliers de tonnes de tabac actuellement nécessaires pour son industrie des cigares. L e sol. — Le meilleur sol pour la culture du tabac Potasse,chauj et humus néecs est un loam léger et sablonneux, riche en potasse, en saires dans ic chaux et en matière végétale ; l'analyse de la plante en effet montre que la chaux, la potasse et les composés d'azote y existent en larges proportions. Le célèbre dis­ trict de Vuelta abajo, qui produit le plus beau tabac du soi de cuba. monde, possède un sol répondant à notre description. 248 PETIT TRAITÉ Les terres alluviales lorsqu'elles sont légères et bien drai­ nées, conviennent à la culture, mais le tabac ne réussit pas dans les sols argileux ou calcaires. C o m m e le ta- •icne exigé. D a c exige une terre très riche , on choisira, autant que possible, une terre de forêt nouvellement défrichée; si on veut planter en tabac un emplacement depuis long­ temps cultivé, il faudra le fumer largement au fumier de ferme pour obtenir de bonnes récoltes. Climat. — Le tabac élant originaire de l'Amérique tropicale, le climat de la plupart des Antilles convient aieurethu- à cette culture. Une certaine quantité d'humidité est ité cssen- _ x es à la pro-nécessaire et la chaleur des terres basses n est pas ion du ta- moins essentielle. La plante, cependant, est robuste et pousse en été sous les latitudes septentrionales. En fait, une grande proportion du tabac du commerce est pro­ duite dans les régions tempérées des États-Unis et dans quelques contrées d'Europe. Reproduction. — Le tabac s'obtient exclusivement par semence, mais après la première coupe, on peut m choisir obtenir plusieurs récoltes des pieds restants. Il faut ap- graine. 1 . 1 . 1 . porter un grand soin au choix de la graine, qu'il fau- graine de drait, autant que possible, obtenir de la Havane ou de me la meil- J. Déh (Sumatra) suivant l'utilisation qu on se propose. Il y a de nombreuses variétés de tabac cultivées dans les diverses parties du globe ; mais, aux Antilles, la graine de la Havane produira les meilleures récoltes et l'on n'en doit pas semer d'autre. O n recueille la graine sur les plus beaux plants ayant les plus longues tiges et les plus larges feuilles. Le :apsuies planteur de tabac laisse toujours un certain nombre des graines. , . . plus beaux sujets fleurir et grainer. Les capsules à graines sont ordinairement séchées au soleil, puis brisées dans la D'AGRICULTURE TROPICALE. 249 Passer le fei sur la terre. main, ensuite, vannées pour séparer les capsules de l'enveloppe, ou bien passées au crible fin. Les graines sont conservées dans des bouteilles de verre convena­ blement bouchées; elles s'y garderont fraîches long­ temps. Nurseries. — A Cuba, la graine est semée en août ou septembre, et cette saison peut être adoptée le plus souvent dans les pays de latitude semblable. Après avoir choisi dans une situation convenable un champ de terre riche, on le travaille à la houe, puis on le couvre d'une couche de gazon sec ou de broussailles, qu on brûle aussitôt que les mauvaises herbes repoussent ; de cette façon, les insectes, qui sont très redoutables pour les jeunes semis, se trouvent détruits. On peut, avec avantage, donner un second tour de houe, couvrir de débris et brûler comme auparavant, les cendres servant à donner un supplément de matières nutritives aux jeunes pieds de tabac. Les planches peuvent avoir lm,28 de large et 3m,20 de long avec une élévation de 0m,25 au dessus du niveau du sol. Pour donner un léger om­ brage aux jeunes plants, on peut semer du maïs dans une rangée passant par l'axe des planches, les graines de cette céréale étant placées à environ 0m,i5 l'une de l'autre. Les fleurs du maïs seront coupées aussitôt qu'elles apparaîtront, afin de ne pas épuiser le sol. Les graines de tabac étant très petites, il est bon de les mê­ ler avec de la cendre de bois, de la terre tamisée ou de la chaux en poudre, afin de les semer également et pas cendre de t>oi trop serrées. Après la semence, la graine doit être légè­ rement pressée dans le sol, et si le temps n'est pas à la pluie, les planches devront être arrosées et tenues humi­ des. Toutes les mauvaises herbes devront être sarclées Couches de semence. Mêler les grr nés avec de 250 PETIT TRAITÉ arciage à la main à mesure qu'elles pousseront : il faudra veiller la main. , aussi à ce que les insectes n'attaquent pas les jeunes pieds. Au bout de six semaines environ, les pieds auront de 0m,075 à 0ra,10 de haut, l'on pourra alors les trans­ planter définitivement après une forte pluie. labour soi- Préparation de la terre. — Le sol doit être bien est essen- remué pour que les racines délicates de la jeune plante puissent aisément le pénétrer. Dans ce but, il faut faire un premier, puis un second labour et cela plusieurs fois jusqu'à ce que les herbes soient consumées, le sol bien ameubli et propre. Les mottes de terre seront bri- ersage. sees à, j a herse. Si on ne peut le faire, on fera traîner sur la terre, par un bœuf ou un cheval, quelques pièces de bambou de 12 pieds de long (3m,84) avec autant de branches et de feuilles que possible. Les branches de bambou produisent, en réalité, le m ê m e effet que la lions. herse. On laboure ensuite la terre en sillons profonds de 6 pouces (0m,15) et distants de 3 pieds (0m,90); les jeunes pousses de tabac sont piquées dans les sillons à lances. 18 pouces (0m,45) de distance les unes des autres. Dans une terre nouvellement défrichée, il ne sera pas néces­ saire de fumer, mais dans une terre déjà cultivée, il igrais. faudra répandre un bon fumier de ferme avant le der­ nier tour de charrue. Les planteurs de Cuba ont aban­ données engrais artificiels bien que le tabac soit un pro­ duit très épuisant; mais la chaux, les composts et les cendres de bois sont couramment employés; on met :eauxdans quelquefois les pourceaux dans le champ pour pour champ. i i i amender le sol. mspian- Plantation. — On choisira un jour de pluie pour ation. i . i i i transplanter les pieds de la nursery, dans le champ. Les jeunes pieds doivent être maniés avec précaution et D'AGRICULTURE TROPICALE. 251 la terre détachée des racines. Il est préférable de plan­ ter l'après-midi pour que les plantes bénéficient de l'air humide et frais de la nuit avant de se trouver exposées au soleil. Il ne faut pas les planter de façon que les tiges et les basses feuilles soient recouvertes, autrement elles pourriraient en partie. S'il survient de la sécheresse, il faut arroser chaque plant jusqu'à ce qu'il ait pris ra- Arroser i( . * plants en terni cme; au bout dune semaine, on parcourt le champ, sec. on pique de nouveaux plants à la place où les premiers sont morts. Culture. — Quand deux ou trois feuilles ont poussé chausser les plants. après la plantation dans le champ, les sillons sont par­ tiellement remplis à la houe et la terre ramenée autour des pieds de façon à les butter. Cette opération peut être exécutée tous les quinze jours, jusqu'à ce que les sillons soient complètement remplis et le sol déposé au­ tour des tiges des plants ; mais il ne faut pas la faire en temps de pluie, parce que le sol serait trop compact pour être aménagé convenablement. On ne laissera au- Arracher i< mauvaises lie cune mauvaise herbe pousser dans le champ et le tra- bes. vail à la houe sera fait assez souvent pour que le sol se maintienne meuble et bien aéré. Étêtage. — Trente ou quarante jours après la plan- Fleurs. tation, les bourgeons floraux commenceront à appa­ raître à l'extrémité des plants; sauf chez les pieds qu'on laisse produire graine, il faut casser avec le pouce et l'index, l'extrémité de la tige y compris le bourgeon flo­ ral. Par cette opération, on ne laisse que dix à quatorze Nombre c x ~ * feuilles qu'c feuiUes et ce sont celles-là qu'on laissera croître. Le laisse grandir nombre de feuilles qu'on laisse grandir dépend de la force du pied et le planteur, en cette matière, agit sui­ vant son propre discernement. 252 PETIT TRAITÉ rquoi on Ébourgeonnement. — C'est le terme employé e les bour- . . . . i. pour l'opération qui consiste à enlever les bourgeons qui apparaissent aux angles formés par la tige et la partie inférieure du pétiole des feuilles. Si on laissait ces bourgeons se développer, ils se développeraient en rameaux latéraux et détourneraient la sève, des feuilles conservées. Les bourgeons commencent à pousser une semaine environ après l'étêtage de la plante; on les enlève facilement avec les doigts. Au bout d'un certain temps, de nouveaux bourgeons apparaîtront, il faudra les enlever également; on examinera tous les pieds l'un après l'autre à des intervalles réguliers pour empêcher la formation de pousses latérales. .arves. E n n e m i s d u tabac. — Les principaux ennemis de la plante sont les chenilles, c'est-à-dire les larves, sur­ tout celles de papillons. Ces larves se trouvent ordinai­ rement sur la surface intérieure des feuilles; si on ne les découvre pas et si on ne les détruit pas, elles feront dindons \e pi u s grand mal à la récolte. Les dindons tuent les isent les L ° nies. larves en grand nombre; dans les districts à tabac des États-Unis on en élève des troupeaux pour la destruction des « vers », n o m improprement donné aux larves. Dans les fermes de tabac, il faut pratiquer l'échenillage deux fois par jour, car une seule larve laissée sur la plante pendant 2i heures causerait les plus grands dé­ gâts aux feuilles. La chenille qui fait le plus de dom- Larve mages est une grosse chenille verte ; c'est la larve de la sphinx. ° ° phalène-sphinx de couleur gris-foncé avec des macules de couleur orangée sur chaque côté du corps (Sphinx quinquemaculatus). :oupe. Coupe. — Aussitôt que les feuilles de tabac sont mûres, les plantes doivent être coupées au ras de la ra- D'AGRICULTURE TROPICALE. 253 cine, puis après fanage au soleil, on les porte au séchoir où elles sont converties en tabac manufacturé, produit que tout le monde connaît. Il y a deux méthodes pour la coupe; la première Deux méthode! est celle qui est employée à Cuba et dans les autres pays qui produisent le plus beau tabac. Un certain nombre de pieds sont coupés et étendus à une certaine distance du sol sur des fourches ou sur un cadre gros­ sier; les coupeurs abattent alors les feuilles par paires couper les feuii L x < l les par paires. à l'aide d'une serpe, en jetant d'un côté les meilleures feuilles, les wrappers, et d'un autre côté les feuilles in­ férieures les fillers; après quoi, les feuilles sont suspen­ dues à des traverses de bois, chaque sorte à part, et exposées au soleil jusqu'à ce qu'elles soient fanées. Le fanage rend les feuilles molles et empêche qu'elles ne Fanage. se déchirent pendant la manipulation. Après l'opération du fanage, les traverses portant leurs feuilles de tabac sont portées au séchoir, où on les suspend en appuyant leurs extrémités sur des rayons ou supports disposés pour les recevoir. Dans le second système de coupe, chaque pied est couper J r i i to-ine la plante coupé au ras de terre et laissé sur le côté pour sécher au soleil. Ensuite on lie les pieds en gros paquets avec des bandes larges de 12 pouces (0m,30) environ et on porte les paquets au séchoir. On emploie des bandes larges pour ne pas blesser les feuilles en les liant. Il faut avoir soin de ne pas couper les feuilles avant >epascoupei L x lesfeuillesavan qu'elles ne soient mûres, sans quoi on aurait du tabac qu'eues soie m mûres. de qualité inférieure. Les feuilles mettent près de trois mois à mûrir à partir du moment où la graine a germé. La maturité des feuilles se reconnaît aux caractères comment on reconnaît les suivants : la surface est agglutinante, si on ploie l'ex- feuilles mûres 254 PETIT TRAITE trémité de la feuille , elle se brise promptement ; la couleur est d'un vert-jaunàtre avec des taches; enfin la marge et la pointe des feuilles sont largement dépri­ mées vers le sol. Il ne faut pas pratiquer la coupe en :>uper en temps humide ; si le temps est beau on ne commencera mps sec. L *• m ê m e pas de trop bonne heure afin que les gouttes de rosée aient le temps de sécher, si la pluie survient durant la coupe, il faut l'interrompre et dans ce cas les feuilles déjà coupées seront portées de suite au séchoir. Séchoir. — Quelques écrivains faisant autorité don­ nent des détails très minutieux sur la construction du séchoir, mais cela peut être laissé au goût et à l'in­ géniosité du planteur, qui devra se souvenir que la du séchoir, construction a pour objet de garantir le tabac contre le soleil, la pluie et le vent, tout en lui laissant la faculté de sécher grâce à la libre circulation de l'air. La cons­ truction peut être soignée, établie sur un mur de pierre et couverte d'un toit de bardeaux, ou bien elle peut être établie grossièrement et ne comprendre qu'un toit de chaume et des côtés fermes de claies. Il sera bon de l'o­ rienter du nord au sud et de ménager plusieurs portes rrangcment pour permettre la libre circulation de l'air. A l'intérieur, : suspendre bac dans le on disposera une charpente formée de poteaux et de barres en croix sur chaque côté, de façon à ce que les traverses garnies de tabac puissent être suspendues jus­ qu'à complète dessiccation. Les traverses qui sont placées horizontalement sur les poteaux verticaux seront dispo­ sées l'une au-dessus de l'autre à une distance de 3 pieds (0m,90 ) environ de façon que la pointe des feuilles su­ périeures ne touchent pas la base des feuilles inférieures. Préparation. — Si les feuilles de tabac n'étaient que coupées, puis séchées, elles seraient des « feuilles mortes », D'AGRICULTURE TROPICALE. 255 Grande importance d'une bonne préparation. Alcaloïdes du tabac. elles ne seraient pas du tabac. Pour les transformer en tabac, elles doivent être préparées et cette opération est des plus importantes : d'elle dépend la qualité du pro­ duit. La plus belle feuille provenant des plus belles graines, poussée sur le plus riche sol et sous le meilleur climat peut être tellement avariée, par une mauvaise préparation, qu elle devienne un produit de nulle va­ leur, bonne seulement à servir de litière. Au cours de la préparation du tabac, d'importantes transformations chimiques dues à la fermentation se pro­ duisent dans les feuilles, de telle sorte que de nouveaux composés se trouvent formés. A deux de ces composés, la nicotine et la nicotianine, sont dues l'odeur particulière et les propriétés du tabac; or, si la préparation n'est pas bien faite, ces substances ne se formeront pas en bonnes proportions, si m ê m e elles se forment. Si l'on a adopté la première méthode de coupes par paires, les traverses avec les feuilles qui pendent autour, sont placées ensem­ ble sur la charpente dans le séchoir de façon que les comment 01 * sèche les l'euil feuilles des différentes traverses se touchent et on les les. laisse ainsi trois jours, après quoi on les sépare à une distance de 12 pouces (0m,30) afin que l'air puisse cir­ culer entre elles et les sécher. Si l'on a coupé au contraire toute la plante et si on l'a transportée en paquets au séchoir, on délie les pa­ quets, on étale les plantes sur le plancher pour empêcher les feuilles de s'échauffer, c'est-à-dire pour prévenir la fermentation. On lie alors ensemble deux et m ê m e qua­ tre plants s'ils sont petits, avec des ficelles de façon à pouvoir les pendre sur les traverses pour sécher. Ces traverses sont semblables à celles qu'on emploie dans la coupe par paires pour transporter les feuilles ; elles ont Ligature des plantes. 256 PETIT TRAITÉ un pouce (0m,025) ou un peu plus de diamètre et ne doivent pas être trop longues, sans quoi elles ploieraient au milieu sous le poids des plantes. Eu liant les plantes ensemble, un tour de corde passera au-dessous de la première feuille pour l'empêcher de glisser par le fait de la dessiccation de la tige. usser les j e s feuilles et les plants de tabac resteront pendus llespendues L r iuàcequ'ei-jusqu'à ce que les côtes du milieu soient parfaitement soient se- , s. sèches, ce qui n arrivera pas avant trente jours au plus tôt; mais on peut hâter la dessiccation en plaçant les traverses, sur des supports, en plein soleil pendant quel­ ques heures par jour, et ce durant trois jours. Une fois secs, les feuilles et les plants sont dépendus, débarrassés des tiges et mis en tas pour fermenter. Un temps de brouillard sera choisi pour cette opération afin que l'humidité de l'air rende les feuilles molles et flexibles. Quand on ôte les feuilles des séchoirs, on sépare les jparer les wrappers des fillers ; cela évitera l'embarras d'assortir vrappers L x es fiiiers. les différentes qualités quand la préparation sera ache­ vée. Si le séchoir n'a pas de parquet, on construira une plateforme en posant des planches ou des claies sur des blocs de bois; les feuilles sont mises en tas sur cette plateforme, chaque feuille étendue également, toutes Tas- les pointes dans la m ê m e direction. Les tas peuvent être de deux ou trois pieds de haut (0m,60 ou 0m,90 ), on les couvrira de feuilles de bananier sèches et on mettra rmentation. u n poids dessus. Après un jour, on ouvrira et on tour­ nera le tas de façon que les feuilles du milieu soient en dehors la seconde fois. Cette précaution sera prise plusieurs fois afin d'éviter une trop grande fermenta­ tion. Après que les tas auront trente ou quarante jours, toute la chaleur sera partie et les feuilles auront acquis D'AGRICULTURE TROPICALE. 257 les qualités du tabac. Alors profitant d'un temps de brouillard, on défera les tas et on liera les feuilles par Manoquage. 25 ou 30 ; ces bottes s'appellent quelquefois « mano- ques ». Pour faire convenablement une « manoque », on roule une feuille en forme de corde, on la passe au­ tour de la botte, et on fixe la ligature en relevant l'extré­ mité pour la passer entre les feuilles, qu'on écarte dou­ cement à cet effet. Cela fait, le tabac peut être empaqueté en balles, en paquetage. boites ou en barils pour le transport ; on aura soin d'exercer une forte pression pour comprimer les feuilles et chasser l'air autant que possible. A Cuba et dans d'autres pays, avant l'empaquetage, il est d'usage d'ar­ roser légèrement les « manoques » avec un liquide nommé « bétan », de les disposer en tas sur la plate­ forme à fermentation, en les pressant fortement ensem­ ble, et de les y laisser de quatre à six jours. Le bétan est obtenu en laissant quelques tiges séjourner dans l'eau jusqu'à ce qu'elles pourrissent, c'est-à-dire environ une semaine. Parfois les feuilles sont arrosées légèrement avec ce li­ quide avant d'être mises en « mains » et après cet ar­ rosage, remises sous presse durant quelques jours. La presse est le terme usuel pour désigner la plateforme La presse. sur laquelle le tabac est entassé et comprimé pendant la fermentation ; mais il vaut mieux installer une presse dans un compartiment séparé du séchoir. AGRICULTURE TROPICALE. 17 258 PETIT TRAITÉ Aréquier. Areca catechu L. Le tronc grêle et élancé de l'aréquier en fait, lorsqu'il est parvenu à son entier développement, non le plus beau, mais à coup sûr un des plus élégants de tous les palmiers des îles de l'Océan Indien. On peut seulement reprocher à son feuillage un peu de défaut d'ampleur, mais à une certaine distance la tige n apparaît plus que comme une ligne ténue tandis qu on perçoit très bien ondulant à la brise à une distance du sol atteignant jusqu'à près de 20 mètres les belles touffes de palmes vertes qu'il sup­ porte. Les fruits ovales sont à maturité d'un jaune rouge très ornemental; la noix proprement dite dont la section apparaît marbrée comme celle de la muscade est entourée d'une enveloppe fibreuse. Climat. — Quoiqu'il vienne mieux sous un climat marin, l'aréquier n'exige pas, comme le cocotier, l'atmos­ phère saline, et de fait on le trouve cultivé dans nombre de points de l'intérieur de l'Inde et de la Birmanie. Dans le sud de l'Inde on peut encore réussir sa culture jusqu'à une altitude de mille mètres. Sol. — H est très accommodant en matière de sols, et on arrive à le cultiver dans l'Inde, même sur des argiles ferrugineuses assez sèches; néanmoins ce palmier a une préférence très marquée pour les terres riches en humus et particulièrement pour les sols noirs qui contiennent des nodules de calcaires. Multiplication. — Elle se pratique en nurseries de la façon suivante : D'AGRICULTURE TROPICALE. 259- On creuse des fosses qu on remplit à moitié de sable ; on y dépose un lit de noix d'arec recueillies à parfaite maturité à la fin de la saison sèche, et on recouvre les noix d'une couche de sable et de terreau. Il ne reste plus qu'à arroser tous les trois jours, pendant quatre mois. Dans quelques régions de l'Inde on procède à ce m o ­ ment à la mise en place définitive ; dans les jardins ou on l'effectuera on a planté à l'avance des rangées de bana­ niers devant servir d'arbres-ombrages. Ces bananiers sont disposés à lm,20 de distance; chaque aréquier est planté dans un trou entre deux bananiers. L'époque de la mise en place définitive varie considé­ rablement selon les contrées (entre le cinquième mois et la cinquième année). Dans quelques pays on affirme en effet que l'expérience a prouvé qu'il valait mieux ne transplanter que cinq années après le semis au moment où les plants ne dépassent guère lm,50 de haut. Un hectare planté en aréquiers peut contenir 2,500 pieds environ. Culture. — Dans la plupart des régions de l'Extrême- Orient, on choisit c o m m e terrains pour les plantations d'aréquiers, des emplacements pouvant être très facile­ ment irrigués, soit qu'ils se trouvent en contre-bas , soit qu'on les choisisse le long des rivières ou ruisseaux. Des fossés sont disposés parallèlement à chaque ligne d'aréquiers; mais ceux-ci ne sont plantés qu'à 0m,i0 c. du fossé d'irrigation, afin que leurs racines puissent bé­ néficier de cette irrigation sans que les plantes se trou­ vent déchaussées. Cette irrigation a des inconvénients, elle détermine dans les jardins la poussée d'une végétation exubérante "ri 260 PETIT TRAITÉ putation Je mauvaises plantes; si les iardins ne sont pas tenus en plorable x ° r •îantations. bon état comme c'est la règle, ils se transforment bientôt en véritables marécages plus malsains que les rizières. C'est là la cause réelle de l'insalubrité qu on attribue aux pfantations d'aréquiers. Dans les contrées où les pluies sont assez abondantes pour qu une fois les aréquiers transplantés et repris, il n'y ait plus besoin d'irriguer, on peut augmenter con­ sidérablement les bénéfices en cultivant entre les lignes Profits d'aréquiers le caféier de Libéria. Le Libéria est le seul gmentés x la culture caféier qui s'accommode réellement bien de cet abri, pour Lihérii cette raison qu'il faut planter les aréquiers d'ombrage assez éloignés pour que les deux plantesne se nuisent pas. Le caféier d'Arabie exige une ombre plus touffue, et c o m m e l'aréquier a comme le caféier un système radicel- laire superficiel, si les plantes sont trop rapprochées, elles épuisent toutes les deux les mêmes couches du sol. R e n d e m e n t •— Dans l'Inde et dans les localités non abritées, il n'est pas rare de voir l'aréquier commencer à rapporter à la fin de la cinquième année et on considère ce palmier comme en plein rapport à sa neuvième ou à sa dixième année. En Cochinchine on admet que l'aréquier ne rapporte que la septième année et on ne considère comme en plein rapport que les arbres de douze ans. Il est juste de dire que dans cette colonie on admet qu'un aréquier peut pro­ duire pendant trente-cinq ans, tandis que dans l'Inde on admet comme limite de production vingt-cinq à trente ans. Dans l'Inde on considère 300 noix comme une récolte moyenne. En Cochinchine on compte seulement pour D'AGRICULTURE TROPICALE. 261 un arbre en plein rapport trois régimes de fruits à 60 noix par régime ce qui avait permis à Turc de fixer le revenu à 0,90 c. par arbre, soit un revenu brut de 2,250 francs par hectare. Dans l'Inde on estime qu un acre d'aréquiers conte- Bénéfices x x siderables nant mille arbres (1) rapporte en movenne 50 livres ster- portés par n . • \ jardins d' lingpar an. Les frais pour conduire les arbres à la cm- quiers. quième année sont de 130 livres sterling (y compris l'intérêt au taux habituel de 9 %). En défalquant les frais d'arrosage, de récolte et de vente, il reste un re­ venu net de 19 livres sterling par acre, soit un revenu net d'environ mille francs par hectare. M. A. G. Y Borron estime que pour conduire un acre d'aréquiers, jusqu'au moment de la production, la dé­ pense totale comprenant la valeur de la terre et les in­ térêts s'élève à 200 roupies. Il admet que dans l'Inde, en espaçant à 10 pieds en tous sens, on peut planter i35 aré­ quiers par acre dont le revenu brut est de 80 roupies et le revenu net de 60 roupies. On voit les différences considérables qui existent entre ces diverses appréciations. Masticatoire. — La noix d'arec forme une des par­ ties importantes du masticatoire usité dans tout l'extrême Orient par des centaines de millions d'habitants. Le masticatoire se compose d'une feuille de bétel rou­ lée autour d'un morceau de noix d'arec et d'un peu de chaux rosée; mais le masticatoire complet, celui qui est usité dans les cérémonies, en un mot le « pan » clas­ sique de l'Inde se compose d'une feuille de bétel en­ tourant une tranche de noixd'arec et de la chaux, le tout (1) On plante jusqu'à 1,200 arbres à l'acre dans quelques régions. f 262 PETIT TRAITÉ additionné d'un peu de cachou, de girofle, de cardamome et d'eau de roses. Les indigènes attribuent à ce mélange la propriété de préserver de la dysenterie, de fortifier l'estomac, de dissiper les tiraillements qu'on éprouve lorsque l'estomac est vide, de raffermir les gencives, etc. Quant à la noix d'arec employée seule elle est incontestablement anthel- min tique. catoire de L e bétel intervient dans toutes les cérémonies officiel- îmonies. les au m ê m e titre que le kawa ou le calumet chez d'autres populations. L'usage du masticatoire de bétel teint la salive en rouge, mais au bout d'un long exercice les dents de­ viennent noires et comme laquées. C o m m e r c e . — Les noix sont vendues à l'état naturel ou bien on les fait bouillir et lorsque l'eau est devenue rouge et épaisse, elles en sont retirées, coupées entran­ ches, puis séchées au soleil. On les fait ensuite macérer de nouveau dans leur liquide de cuisson. icnous p a r la décoction des noix on obtient deux cachous •équiers. . . , dont l'un entre dans la composition du « pan ». Les cachous de l'aréquier qu'il ne faut pas confondre avec le « cachou vrai » sont surtout fabriqués à Travancore et dans le Canara. Ils ont été employés en lieu et place de la garance pour teindre en « brun café doré » ; avec une livre de cachou, on arrive au m ê m e résultat qu'avec une livre de garance. Le commerce de la noix d'arec est considérable, les consommateurs se comptant par centaines de millions. Le marché a une grande élasticité. Je ne crois pas être bien éloigné de la vérité en estimant que le commerce total des noix d'arec porte sur une quantité qui n est pas D'AGRICULTURE TROPICALE. 263 inférieure à deux milliards de kilogrammes; ces chiffres expliquent pourquoi il nous a semblé nécessaire de dé­ crire cette culture. Bétel. Piper Bétel L. Climat. — Comme les plus importantes des Pipéra- cées exotiques lesquelles sont surtout équatoriales, le poi­ vrier bétel affectionne les climats très chauds. Le rôle . , Cultme très répand i qu'il joue dans la confection du masticatoire usité dans tout l'Extrême-Orient fait que cette plante, originaire sans doute de la Malaisie, est aujourd'hui cultivée dans une grande partie de l'Inde, de l'Indo-Chine et dans presque toute la Malaisie. Sol. — Quoique les indigènes recherchent pour les cultures de bétel les argiles noires friables riches en hu­ mus et les alluvions, cette plante exige cependant un terrain bien drainé, l'eau stagnante lui étant très nuisible. Culture. — Dans les régions sèches de l'Inde on di­ vise le sol en planches de 60 centimètres de large, sé­ parées par des rigoles d'irrigation. On bêche à 18 pouces dans les planches. Dans quelques régions de l'Inde on pousse le soin jusqu'à recouvrir les planches d'une couche de 5 pouces d'alluvion ou de vase d'étang. On sème au milieu de la saison chaude des graines de Sesbania grandiflora qu'on fait germer en irriguant de temps en temps. Des boutures de bétel de 11 à 18 pieds de long ayant six yeux, prises sur des plantes de deux ans sont alors mises en terres; on en place deux autour de chaque plant de Sesbania. On enterre ces boutures à 264 PETIT TRAITÉ la longueur de deux yeux seulement et si la terre n'est pas très bonne on recouvre la partie enterrée d'une couche de feuilles mortes. irrigation Cela fait on irriguera un jour sur deux pendant les îécessaire. . deux premières semaines, puis une fois par semaine en­ suite. A la fin de la première année on peut commencer à récolter des feuilles. En outre de l'Agathi on emploie comme plantes abris suivant les pays, le Sesbania segyptiaca, YErylhrina indica, le Moringa pterygosperma, et le Boswellia ser- rata dont l'ombre passe pour très favorable. Comme culture d'entretien il ne reste plus qu'à fumer au fumier de ferme si la terre est médiocre. Dans l'Inde on amende le sol des planches en y déposant chaque année une couche de cinq centimètres de limon bien desséché. Dans quelques localités on emploie de préfé­ rence des tourteaux oléagineux (celui du ricin excepté), ou de la bouse de vache séchée et écrasée. Pour re­ donner de la vigueur aux pieds de bétel, au bout de la première ou de la deuxième année on les couche et on les recouvre de terre, de façon à les faire s'enraciner de nouveau. Au lieu de faire grimper les tiges sur les arbres abris, on dispose souvent des tuteurs en bambou sur lesquels on les fait grimper. En Malaisie et dans les régions où le bétel est cultivé « en tour de case » on le fait grimper sur les arbres fruitiers. Knncmis Les plants de bétel sont attaqués par diverses maladies et par un assez grand nombre de parasites. Dans quel­ ques parties de l'Inde on prétend qu en saupoudrant les plants avec un mélange de bouse de vache et de jus d'oignon mêlés ensemble on peut prévenir un certain nombre de ces maladies. D'AGRICULTURE TROPICALE. 265 Masticatoire. — Le Sirih ou masticatoire de bétel se prépare à Java de la façon suivante. On étend une, deux ou trois feuilles de bétel sur la main gauche; on recouvre la feuille supérieure d'une couche mince de chaux préparée, puis on dispose au milieu de la feuille quelques fragments de gambir, et plusieurs morceaux de noix de pinang (arec) d'un centimètre en­ viron coupés avec des ciseaux. Les feuilles sont alors re­ pliées de bas en haut et de droite à gauche de façon à envelopper le tout en un petit paquet que l'on s'introduit dans la bouche sous une joue, après avoir pris soin au préalable de se frotter les lèvres avec une sorte de cold- cream. Une fois qu on en a pris l'habitude, chiquer du bétel devient un besoin bien plus impérieux que celui de fumer. On se passionne en Malaisie pour ce masticatoire et le baschich, qui se n o m m e chez nous « pour boire » se dit à Java « W a n g Sirih » c'est-à-dire argent pour le bétel. Une coutume aussi répandue chez des centaines de mil­ lions d'êtres humains, qui ne sont ni des prodigues ni des enfants, a certainement à m o n avis un avantage physio­ logique que l'on découvrira plus tard, Les expériences et les essais auxquels je m e suis livré me permettent d'affirmer qu en outre de son action an- thelmintique dans des régions où les parasites internes sont légion, ce masticatoire a pour effet d'augmenter sin­ gulièrement l'activité des organes qui président à la di­ gestion des matières amylacées, action importante dans des régions où la base de l'alimentation est constituée par le millet, les sorghos et les grains divers pour l'im­ mense majorité des habitants, et par le riz, aliment usité 266 PETIT TRAITÉ D'AGRICULTURE TROPICALE. seulement par les classes riches ou comme aliment de luxe (1). Rendement. — A Pondichéry le rendement d'un hectare de terrain est estimé à 5350 paquets de bétel dont le prix est d'environ 1,600 francs. Déduction faite des frais, cette culture donnerait par hectare un bénéfice de 600 francs. (1) Nous nous sommes déjà élevés ailleurs contre les assertions erronées des « voyageurs rapides » qui ont fait admettre en Europe que l'unique noui'riture des hindous, la base de leur alimentation était le riz; c'est comme si l'on disait que la base de l'alimentation des Européens est cons­ tituée par la brioche. CHAPITRE XI. DROGUES. Ûizii2 quina. Cinchona succirubra P. Cinchona offcinalis L. et autres espèces. Les quinquinas d'où l'on extrait le précieux médica- Habitat. ment n o m m é quinine, sont originaires des forêts monta­ gneuses de la Nouvelle-Grenade, de laBolivie et du Pérou. On les trouve surtout dans les vallées du versant oriental de la grande chaîne des Andes à des altitudes de iOOO à 12000 pieds (1280m à 38iOm) au-dessus du niveau de la mer. Les propriétés médicinales de l'écorce de quin- Historique . . . . de la drogue. qmna étaient certainement connues des anciens habitants de ces régions; c'est par les indigènes de ces régions que les Jésuites qui vinrent à la suite d es conquérants espagnols Les Jésuites. apprirent l'usage de ce remède. Les puissants effets cura- tifs du quinquina dans les fièvres paludéennes commen­ cèrent à être bien connus en l'an 1638, quand ce remède fut administré à la comtesse deChinchon, femme du vice- roi du Pérou et la guérit d'une fièvre qui défiait l'art des médecins espagnols. Les Jésuites tinrent secrète la nature du médicament mais ils l'introduisirent en Europe où il fut connu sous le n o m d'écorce des Jésuites et plus tard ™rç 268 PETIT TRAITÉ sous celui d'écorce du Pérou. Jusqu'à une époque relati­ vement récente le médicament fut livré sous forme de de^quina. P o u d r e d e quinquina et de teinture ou de mixture ; mais aujourd'hui les principes actifs nommés alcaloïdes dont le principal est la quinine, qui est bien connue, sont em­ ployés de préférence à l'écorce et leur consommation dans le monde est énorme. d'aboidqpUrondauit P r i m i t ivement tout le quinquina du commerce venait de forêts, des forêts des Andes où les ramasseurs d'écorce appelés cascarilleros abattaient les arbres, enlevaient l'écorce et la transportaient, avec de grandes peines, au port d'em­ barquement. C'était là un procédé coûteux et comme les arbres étaient détruits pour leur écorce, la drogue devint plus rare et plus chère d'année en année, de sorte qu'on DeSlarbres1 deS p u t c r a i n d r e as. il ne pousse que très lentement, ne formant qu un tronc gros et peu élevé ; dans ce genre de sol il rapporte alors qu'il n a quelquefois qu une hauteur de l,m30. Mais en général on estime qu'il commence à rapporter dès la huitième année. Climat. — Le palmier à huile peut être cultivé depuis l'équateur jusqu au douzième degré de latitude dans les pays secs, et depuis l'équateur presque jusqu'à la limite du tropique dans les régions très humides, mais déjà par le 20e son rendement a diminué considérablement et l'époque de sa production est très retardée. A partir de la Cazamance, il croit spontanément sur presque tous les points de la côte occidentale d'Afrique situés entre ce cours d'eau et l'équateur. Multiplication. — On ramasse les graines tombées récemment, en ayant soin de rejeter celles qui, détachées par le vent, ne seraient pas complètement mûres. On nettoie alors très soigneusement un terrain à sol suffi­ samment frais, et on sème à la volée les graines qu on recouvre d'une couche peu épaisse de terre. Cette opé­ ration doit se faire au commencement de la saison des pluies. Un autre procédé, et c'est le meilleur, consiste à creuser des trous dans lesquels on place quatre ou huit graines selon la fraîcheur du terrain et les chances de germination ; on recouvre ces graines de terre et on les laisse germer. Quel que soit le procédé employé, lorsque les jeunes pieds ont atteint de 0,25 c. à 0,35 c. de haut, on les transplante, au coucher du soleil sur le terrain choisi pour la plantation, terrain où l'on aura à l'avance D'AGRICULTURE TROPICALE. 295 creusé des trous distants de 5 mètres en tous sens. Récolte et rendement. — La maturité des fruits Deux réc se produit deux fois par an, mais la meilleure récolte est de beaucoup celle que l'on peut obtenir pendant la sai­ son des pluies ; on sait en effet que dans les régions équa- toriales, ou pousse principalement le palmier à huile, l'année présente deux saisons sèches et deux saisons plu­ vieuses. Les régimes sont coupés et entassés à l'air libre pendant huit ou dix jours, c'est-à-dire jusqu'à ce que les fruits par l'effet de la maturation se détachent, au moin­ dre frottement, du régime qui les porte, les graines sont alors récoltées; on enlève les sépales du calice, qui adhéraient à la base, opération qui se fait soit à la main, soit en roulant mécaniquement les graines les unes contre les autres. On se débarrasse de ces enveloppes détachées en pelletant les fruits par un temps de forte brise, ou en les vannant d'une façon quelconque. Les fruits sont alors fêtés dans un trou, profond de Procéd J . indigèn lm,20, creusé en terre; ils sont recouverts de feuilles de bananiers, puis de feuilles d'elœis, et par-dessus on jette de la terre. On laisse les fruits dans les fosses jusqu'à ce que la pulpe soit molle c o m m e si elle avait été bouillie, ce qui peut exiger de un à trois mois selon le degré de maturité du fruit au moment où il a été recueilli. Moins cette opération et la suivante dureront, moins l'huile sera altérée. Ce résultat obtenu les fruits sont piles dans de grands mortiers à l'aide de pilons en bois. Dans beaucoup de points delà côte d'Afrique on substitue aux mortiers des trous de lm,20 creusés en terre et dallés avec des pierres brutes ; plusieurs personnes armées de pilons se placent autour de ce mortier primitif et écrasent les fruits jusqu'à ce que toute la pulpe soit séparée des graines. On jette 296 PETIT TRAITE alors pulpe et graines en tas, on enlève les graines, et la pulpe est jetée dans des vases de terre, ou de fer, où on la fait bouillir avec très peu d'eau en remuant toujours jusqu'à ce que l'huile commence à se séparer. La pulpe est alors placée dans une sorte de nouet, ou de filet grossier portant à ses extrémités des cordes permettant de le tourner en différents sens de façon à exprimer la pulpe qu'il contient ; l'huile qui s'en écoule est l'huile de palme. Huile de m é n a g e . — Les habitants des «.Rivières d'huile » qui veulent préparer de l'huile pour leur pro­ pre consommation opèrent comme il suit : Les régimes divisés au sabre d'abatis sont exposés quatre jours au plus au soleil et m ê m e trois jours seule­ ment si on a des fruits bien mûrs. On en prend alors deux kilogrammes environ qu'on fait cuire dans une marmite en fer, et la masse pulpeuse qui en résulte est broyée dans un mortier et mêlée avec de l'eau tiède. A la main on sépare alors les fibres de l'enveloppe, des graines et on rejette les uns et les autres. L'huile est restée mélangée avec de l'eau tiède ; on jette le tout sur un tamis, puis la pulpe est mise à bouillir avec de l'eau jusqu'à ce qu'elle ne laisse plus exsuder de nouvelle huile, passée de nouveau au tamis et ainsi de suite jusqu'à ce que les pulpes ne contiennent plus d'huile. L'huile ainsi séparée en plusieurs fois est recueillie et bouillie jusqu'à élimination de l'eau. Le produit ainsi obtenu est excel­ lent et convient très bien aux usages culinaires. Huile des amandes ou huile des graines. — On extrait du périsperme qui constitue ce que l'on dési­ gne vulgairement sous le n o m d'amande de palme, trois espèces d'huile (blanche, brune et noire). Pour cela, les D'AGRICULTURE TROPICALE. 297 graines qui avaient été mises de côté, dans la prépara- Préparation j .,, ., de l'huile de tion de 1 huile au moyen de la pulpe, c est-à-dire dans la graines à la cote préparation de l'huile de fruits, sont mêlées avec les graines qui jonchent la terre sous les arbres, et sont sé- chées au soleil sur des plates-formes jusqu'à parfaite sic- cité. Elles sont alors broyées entre deux pierres et l'a­ mande se détache entière. Elle peut être exportée en cet état où elle constitue l'amande de palmes; mais on fabrique aussi dans les « rivières d'huile », au moyen de ces amandes, de l'huile de palmes de trois qualités : 1° Huile de p a l m e blanche. — Les amandes sont écrasées finement dans un mortier de bois ; elles sont ensuite passées au moulin de pierre qui les convertit en une masse compacte qui est placée dans de l'eau froide où elle est divisée à la main ; l'huile vient s'étaler à la surface de l'eau, il ne reste plus qu'à la recueillir et à la faire bouillir. L'huile ainsi préparée est d'une belle cou­ leur paille ambrée ; on peut l'obtenir blanche par une simple exposilion au soleil et à la rosée. 2° Huile brune. — Les amandes sont grillées dans une marmite ou casserole, l'huile s'en sépare et on l'en­ lève; les amandes grillées, qui restent, sont pilées dans un mortier de bois et passées au moulin de pierre ; le tour­ teau qui en résulte est jeté dans une petite quantité d'eau en ébullition sur le feu, et y est agité continuellement ; l'huile vient alors nager à la surface d'où on l'enlève. La masse glutineuse qui reste est alors mise à refroidir dans un vase large ; elle est de nouveau passée au moulin de pierre et abandonnée jusqu'à la fin de la journée, m o ­ ment où on la rend plus molle en y incorporant de l'eau ; elle est alors de nouveau divisée à la main dans cette eau, jusqu'à ce qu elle ne laisse plus échapper d'huile 298 PETIT TRAITÉ Tourteau utilisé. venant surnager, il ne reste plus qu'à la faire bouillir pour enlever l'huile qui vient nager à la surface de l'eau. 3° Huile noire. — Selon le degré de grillage des amandes et le temps nécessité, l'huile recueillie au cours de cette opération est simplement brune, ou plus colorée et constitue alors la sorte commerciale dite huile noire. Il est inutile de dire que l'huile préparée en Europe à l'aide de machines perfectionnées est beaucoup plus belle, de plus on obtient alors un tourteau qui se vend très bien aux éleveurs et particulièrement aux éleveurs de porcs. Très friable, ce tourteau est employé aussi comme engrais pour la culture des primeurs à la dose de 5 à 6,000 kilog. par hectare. Composition du tourteau d'amandes de palme (Wœlker). Matières grasses 26,57 Matières alburainoïdes... 15,75 Amidon, gomme, sucre et fibres digestives. 37,89 Cellulose 8,40 Eau 7,49 Cendres 3,90 100,00 Rendement. — Le sarcocarpe ou pulpe rend de 65 à 70 0/0 d'huile ; l'amande ne rend guère que 35 à 40 0/0 d'huile de bonne qualité, on peut en extraire cependant bien près de 50 0/0, en Europe, au moyen de machines perfectionnées. Les graines récoltées pendant la saison des pluies passent partout, pour être bien plus riches en huile que celles récoltées à la suite du vent sec venant de l'hinter- land, vent qui a la réputation de déterminer la maturation D'AGRICULTURE TROPICALE. 299 brusque des fruits. Aussi n'y a-t-il pas lieu de s'étonner de trouver des amandes ne contenant exactement que de40 à 42 0/0 d'huile, tandis que d'autres en contiennent de 47 à 50 0/0. D'après Schaedler les différences qui ont variation dans 1 L x le point de fu- été remarquées dans le point de fusion (entre 23 et 28 sion- degrés centigrades) du « palm-kernel-oil » tiendraient à l'âge des palmiers et sans doute aussi à la variété exploi­ tée. On a donné comme chiffre exprimant la densité à 15° : D = 0.952. Des traitants disent que l'on peut obtenir en moyenne 4 litres d'huile par régime, ce qui, en comptant pour chaque année sur 4 régimes, donnerait 16 litres d'huile par palmier. Ces chiffres, que nous n'avons pas vérifiés, exacts sans doute pour des palmiers très vigoureux, nous semblent un peu élevés pour des chiffres moyens. En adoptant les chiffres et pesées du Commandant Du- mont, chaque palmier à huile donnerait en moyenne huit régimes du poids moyen de 8 kil., soit 8 kil. d'huile provenant du fruit, auquel il faut ajouter environ 3 kil. d'amandes. C o m m e r c e . — Le commerce reconnaît en outre des divisions en huile brune et huile noire d'amandes dont nous venons de parler, trois qualités : l'huile dure qui, très riche en stéarine, est utilisée par les fabriques de bougies; l'huile molle qui en contient peu, et est em­ ployée par la savonnerie ; l'huile moyenne « le médium » qui est intermédiaire. L'huile dure est exportée surtout du Congo, des bou- Points «l'expor- 1 ° talion. ches du Niger, du nouveau Calabar, de Sallpond, Ap- pam, Vinnebah; l'huile molle vient de Lagos, Bonny, Opobo, vieux Calabar, Operta, Cameroon, Sierra Leone, Sherbro. Enfin, suivant le degré depureté, le commerce 300 PETIT TRAITÉ admettes divisions suivantes : Pure « Regular », Impure « Irregular » Sont qualifiées huiles pures celles qui ne contiennent pas plus de 1 à 5, et au maximum 8 0/0 d'eau et d'im­ puretés réunies; impures ou « irregular » celles qui contiennent de 5 à 12 0/0, mais on voit des huiles de cette catégorie atteindre jusqu'à 32 0/0 d'impuretés. L'huile de La- L'huile de Lagos est réputée la meilleure parmi les huiles gos est la plus , . estimée. anglaises. Parmi les marques françaises, il faut citer les Cazamance, Rio-Nunez, Rio-Pungo, Grand-Bassam, Assinie, Gabon. Marseille est le grand emporium de ces huiles. La récolte de l'huile de palme se pratique de mai à Prix sur place, novembre dans toutes les rivières du sud. Le prix sur place est de 16 à 17 fr. les 100 kil. Le taux du fret pré­ sente un écart considérable de 20 à 30 fr. les 1000 kil. Le cours sur les marchés européens (Marseille, Liver- pool) est de 24 fr. les 100 kil. avec des droits de 10 fr. les 100 kil. à l'entrée. L'huile de palme se solidifiant à 20° présente géné­ ralement en France l'aspect d'un beurre. Fraîche elle a une odeur fort agréable d'iris, mais c o m m e l'huile de coco, elle rancit avec une rapidité extrême. Formée sur­ tout de tripalmitine et d'oléine, elle est complètement soluble dans l'alcool, dit M. de Lanessan. Cette huile est très employée pour la fabrication des bougies. Par la saponification à l'aide de la chaleur de l'eau ou de l'acide sulfurique, on rend libres, ajoute le m ê m e auteur, la glycérine et l'acide palmitique qui distillent vers 170° ou 180° et qui par un traitement approprié sont séparées de l'acide oléïque. En 1871, en 1880 et en 1891, les exportations pour le D'AGRICULTURE TROPICALE. 301 Royaume-Uni ont atteint un peu plus de 500,000 kilog. d'huile correspondant à une valeur de un million de livres sterling. Le prix de l'huile a oscillé entre 35 sch. le cwt prix de 1889 et 23 sch. prix de 1890. Mais Mar­ seille reste toujours le grand centre d'importation des graines oléagineuses de la côte d'Afrique. Ce produit est menacé depuis quelque temps par la concurrence , . P , . .„ , . n , ., des suifs austra» concurrence que lui lont les suifs à bon marche de pro- liens. venance américaine et australienne. Déjà les proprié­ taires de plantations de la côte occidentale d'Afrique ont renoncé à la lutte et substituent partout où ils le peu­ vent les plantations de cocotier aux plantations d'élœis. Arachide. Avachis hypogœa L. L'arachide est une plante herbacée basse annuelle qui produit de petites fleurs jaunes papillonacées dont les unes s'épanouissent près de terre et s'y enfoncent pour développer leur gousse, et dont les autres situées plus Fleurs fécon- i x T . - x x ' - i T i -, des et fleurs sté- naut sur la tige sont stériles. La gousse produite par riies. les fleurs fertiles est ovoïde, blanchâtre, fragile, et contient le plus souvent deux graines ; celles-ci sont ovoï­ des arrondies, souvent étranglées au milieu, de la gros­ seur d'une noisette ; couvertes d'une pellicule membra­ neuse ténue, réticulée, elles sont tendres et très riches en huile. L'arachide est une plante oléifère d'un produit abon­ dant, d'une culture facile, d'un traitement et d'un trans­ port aisés. Sa graine renferme en m ê m e temps que l'huile, une matière azotée abondante et un aliment de haute 302 PETIT TRAITÉ valeur. Ce n'est pas à moins de 30 à 32 % qu'il faut estimer la quantiié de matières azotées que renferme la farine préparée au moyen de l'arachide. Ce chiffre élevé peu connu encore, classe l'arachide parmi les substances alimentaires végétales, les plus riches que l'on connaisse. Fourrage § a tige feuillée fraîche est un fourrage d'un rendement excellent. ° _ ° # faible, mais de première qualité. Sa tige feuillée sèche est après la récolte des graines mangée par le bétail. Climat. — Le climat qui convient le mieux dans les pays chauds, à l'arachide, est un climat à saison pluvieuse un peu courte (quatre ou cinq mois) à pluies modérées mêlées de beaucoup de jours ou d'heures de beau soleil, à la condition que cette période soit suivie d'une longue saison sèche. L'arachide met à peu près cinq mois à développer sa tige et à mûrir toutes ses gousses qu'on recueille du cinquième au septième mois. Cette manière de vé­ géter nous fait comprendre comment la plante se com­ porte mal dans les pays à pluies trop prolongées, trop continuelles, trop rarement mêlées de journées ou d'heu­ res de beau soleil. Elle y est étiolée par l'excès des pluies et ses premières gousses, arrivées à maturité trop tôt, germent ou pourrissent sous terre, en sorte qu'elle produit peu et souffre aussi du grand développement des mauvaises herbes. Et de fait, la qualité des arachi­ des augmente au fur et à mesure qu on s'éloigne de l'équateur. On comprend aussi facilement que la plante ne peut s'accorder d'un sol trop dur, trop gras et trop argileux. Sol. — Aussi bien, le sol le meilleur pour l'arachide est-il un sol sablonneux ou tout au moins une terre très légère et bien meuble. D'AGRICULTURE TROPICALE. 303 Si on peut en réussir la culture dans les terres silico- i i vert prend une couleur plus foncée et graduellement tourne au bleu pendant que l'indigo insoluble se forme en petites parcelles appelées grains. A ce moment, on verse dans la cuve une petite quantité d'eau de chaux clarifiée; celle-ci est ajoutée dans le but de former une combinaison entre la chaux et l'acide carbonique pro- Eau de chaux, duit au cours de la fermentation, mais cette précaution n est pas nécessaire et quelques planteurs préfèrent pro­ céder sans le concours de l'eau de chaux qui passe pour altérer l'indigo. Le battage terminé, on laisse se déposer la matière colorante ; en deux ou trois heures l'indigo se D'AGRICULTURE TROPICALE. 329 sera précipité, et à la surface se trouvera un liquide cou­ leur d'ambre. On décantera ce liquide par les robinets, en ouvrant d'abord le premier, puis quand le liquide cessera de couler, le second situé au-dessous, et ainsi de suite jusqu'à ce qu'il ne reste dans la cuve que l'indigo qui ressemble alors à une pâte bleu-noir. Cette pâte est Façon d'ente ^ L x 1 humidité alors enlevée, et placée dans des sacs en toile de forme conique que l'on suspend pour que l'eau en surcroit puisse s'égoutter On ôte alors l'indigo des sacs et on le place dans des auges peu profondes pour sécher à l'ombre, carreaux. Avant qu'il ne soit tout à fait sec, on le coupe en petits cubes et on l'estampille avec la marque de la plantation. Dans l'Hindoustan et autres contrés orientales, la pâte d'indigo, avant d'être séchée est bouillie dans des vases Indis° bouil de cuivre rouge pendant deux heures au moins, puis étendue sur des toiles fixées sur des cadres de bambou afin qu elle achève de s'égoutter, résultat qui s'obtient de 12 à 14 heures. On soumet alors l'indigo, à la presse, on le coupe en cubes, on l'estampille et on le sèche pour le marché. On a calculé que 8 livres (3\624) de feuilles produi- nendemem sent environ 1/2 once d'indigo (14", 17) et 300 livres (135k,900) de teinture représentant le rendement annuel par acre (40a,46). Mais autrefois quand l'indigo était cul­ tivé sur une grande échelle à la Jamaïque on a récolté ^n^^n jusqu'à 500 livres (226\500) d'indigo par acre de bonne terre. CHAPITRE XIV CÉRÉALES DES TROPIQUES. Maïs (Zea maïs, L.) Habitat. Le maïs, ou comme on l'a souvent appelé blé de Tur­ quie, est originaire de l'Amérique tropicale où il était cul­ tivé par les indigènes depuis les temps les plus reculés. Dans les régions extra tropicales, il croît avec une grande vigueur pendant l'été. Les premiers colons des États-Unis voyant la céréale cultivée par les indiens aborigènes iriginedûnom. l'avaient appelée « blé indien ». A l'heure actuelle, le maïs est récolté en énormes quantités dans les États-Unis et le terme « corn » lui est universellement appliqué dans ce pays ; on y fait rentrer les autres céréales dans la caté- feïcSbeT ê'or'e ^ es (( grains »• Les conquistadors de l'Amérique ont trouvée le maïs partout employé comme nourriture par les Caraïbes et les autre tribus. Les grains étaient convertis en farine par ces anciens « Indiens de l'Ouest » à l'aide déferre. ^e m 0 l lli n s de pierre de formes très pures L'auteur possède de remarquables spécimens de ces moulins trouvés avec d'autres instruments en pierre des Caraïbes dans les îles de la Dominique, St Kith et Nevis. Même de nos jours, le nourriture? maïs est la base de la nourriture des indigènes de l'A­ mérique centrale qui transforment sa farine en minces gâteaux appelés tortillas. Aux États-Unis le blé indien PETIT TRAITÉ D'AGRICULTURE TROPICALE. 331 préparé de différentes façons forme une part très impor­ tante de la nourriture populaire et un juge du pays disait un jour : « le maïs est aussi indispensable au Yan­ kee que la p o m m e de terre à l'Irlandais et l'avoine à l'É­ cossais. » Aucune céréale sauf le riz n est aussi généralement culture e: ricurc du r cultivée que le maïs ; d'Amérique la plante a été impor­ tée dans les régions les plus chaudes de l'Europe, de l'Asie, et dans le reste de l'Univers. C o m m e cette cé­ réale est très riche en éléments nutritifs, on l'emploie dans le monde entier comme aliment pour l'homme et pour usages mi x plesdelapli les animaux, de sa tige on peut faire du sucre ; des spa- thes ou gaines de l'épi, du papier ; les feuilles vertes et la tige forment un excellent fourrage pour les animaux. Rien plus, dans quelques parties des Fidji, les indigènes Fi^ !|ipl00uyré cultivent de grandes quantités de maïs dans le but de les taxes. payer leurs taxes, et le Gouvernement envoie ces grains en Australie pour les convertir en argent. On prépare avec le maïs une farine fine appelée maizena, ou corn- flour qui est souvent employé à la place cle l'arrow- root, et comme elle passe pour être facilement digestible, on l'emploie comme aliment pour des enfants et les ma­ lades. Un des avantages qu offre le maïs sur les autres AvanJfJf K ~ J •*• lll al Se céréales c'est le peu de temps qu'il met à mûrir; un autre réside dans cette circonstance que l'épi peut-être em­ ployé comme nourriture longtemps avant qu'il ne pa­ raisse mûr. Le maïs est une plante herbacée monoïque ressem- jescript blant à une canne à sucre et s'élevant à la hauteur de 5 à 10 pieds (1^,50 à 3m,00j ou m ê m e davantage. Les fleurs mâles ou staminées poussent au sommet de la plante sur les axes d'une large grappe ramifiée qui 332 PETIT TRAITÉ leurs. termine la plante. Les fleurs femelles ou pistillées se rencontrent en épis denses surgissant de l'aisselle des feuilles et enveloppées d'une gaine ou spathe, les longs styles pendant comme des glands de soie. Les fleurs staminées produisent une immense quantité de pollen qui facilement emporté par le vent opère une fertilisa­ tion spontanée. Le nombre des épis de fleurs femelles varie selon la vigueur de la plante ; on en a trouvé jus­ qu'à 7 sur la m ê m e plante ; mais ordinairement il y en a de deux à cinq. Quand la fertilisation s'est produite, la floraison de la fleur femelle devient ce que l'on appelle .e fruit. l'épi de maïs. Les grains se disposent en rangées sur un axe épaissi et durci enveloppé de ses grandes bractées papyracées, cet axe se n o m m e cône (en anglais cob), le tout est enveloppé par les spathes qui se nomment par­ fois « balles ». Variétés. Une culture depuis longtemps pratiquée dans des cli­ mats et des sols différents, et la fertilisation croisée, n'ont pas manqué de produire d'innombrables variétés de maïs appropriées aux conditions diverses dans lesquelles la plante s'est développée. Les variétés se distinguent sur­ tout par les caractères du grain. Ainsi sous le rapport de la couleur, ils sont blancs, rouges ou jaunes; sous le rapport du nombre des rangées formées sur l'axe, il y a des variétés de 8, 10, 12 ou 24 rangées; sous le rapport de la forme des grains, on a le « grain de riz », le maïs « dent de cheval » et autres ; sous le rapport du goût, il y a le maïs sucré employé comme légume, le maïs commun usité pour la nourriture cle l'homme, et le grain employé pour les animaux. On trouve donc des variétés ou plutôt des races appropriées aux différents climats et aux sols. Aux Antilles, le maïs commun, à grain jaune et à huit D'AGRICULTURE TROPICALE. 333 rangées, est le plus robuste et le meilleur pour la culture Racesréi générale; malheureusement, grâce aune mauvaise cul- auxAntme ture et au défaut de soin dans le choix des graines, cette variété a dégénéré clans beaucoup d'îles. Un planteur soigneux peut néanmoins en quelques saisons améliorer sensiblement son maïs par sélection,en ne semant que les graines provenant des plus beaux épis des meilleurs plants, et en ne semant que les plus gros grains de ces Améliorai » • o- i> •( ,. i i . de la qua epis. Si i on suit ce système pendant deux ou trois ans, l'amélioration sera bientôt marquée. Le sol. — Le maïs pousse dans des sols les plus diffé- Le meiiieui rents et on peut le cultiver suivant un auteur compétent « sur un sol pauvre contenant 90 0 0 de sable ». Mais il va sans dire que plus le sol est riche et plus le rende­ ment est abondant. Le meilleur sol est un loam sablon­ neux comme il s'en trouve dans les plaines d'alluvion qu'on trouve le long des rivières ; les loams formés par la désagrégation des roches volcaniques qu on trouve clans Drainag* . . . nécessaii maintes parties des Indes occidentales sont également tout à fait appropriés à cette culture. Les argiles et les terres froides humides doivent être évitées, car le maïs exige un sol bien drainé dans lequel ses longues racines puissent pénétrer aisément. Climat. — La plante prospère et donne des récoltes très abondantes sous des climats très différents. « Les plus chaudes régions de la zone torride produisent le maïs en abondance ; il y donne jusqu'à trois récoltes par an, il se rencontre même une variété qui mûrit son grain pendant les courts été du Canada. » Sous les tropiques la plante pousse depuis le rivage jusqu'à une altitude Altitude. de plus de 9000 pieds (3000m) au-dessus du niveau do la mer; mais jusqu'à ce qu une variété, de montagne, très H* 334 PETIT TRAITE Importance d'un bon labour. Sillons. Semis des graines. Distances. •épinières. jhaussage es plantes. productive, ait été produite par une sélection attentive et longtemps continuée, cette culture dans les régions éle­ vées n'aura pas grand succès. Aux Antilles les altitudes de 200 à 900 pieds (66 à 270m) peuvent être considérées comme les meilleures. Culture. — La terre devra être labourée et le sous- sol retourné jusqu'à une profondeur de 7 pouces (0m,17). Le terrain sera ensuite hersé de façon à pulvériser le sol autant que possible, car, plus le labour est bon plus la récolte sera abondante. La terre étant préparée on peut avec avantage la di­ viser en carrés de trois pieds (0m,90). Pour cela à l'aide d'une charrue légère, on trace des sillons en un sens, puis d'autres en croix, et à angle droit avec les premiers. Aux endroits où les sillons se croisent l'un l'autre, on sèmera de 4 à 6 grains à une profondeur de 2 pouces (0m,05) et on foulera légèrement la terre au-dessus. Si le champ est trop accidenté pour permettre l'emploi de la charrue, on peut faire des alignements à des distances de 3 pieds et ameublir le sol à la houe aux endroits où l'on doit semer les grains. On pourrait même, ce qui se fait rarement, faire germer des graines en nurseries et planter en pleine terre les pieds lorsqu'ils ont 5 à 6 pou­ ces de haut (0"',12 à 0m,15) ; ils supportent très bien alors la transplantation. Aussitôt que les jeunes pieds com­ mencent à pousser, on répandra dessus une légère couche de cendres de bois, ou de chaux, ou de superphosphate et on butera chaque plante pour assurer de la terre aux racines adventives qui sortent de la partie inférieure de la tige. On ne laissera pas plus de quatre plants par trou de sorte que si les six grains ont germé les deux plus petites plantes seront arrachées. La plantation doit être D'AGRICULTURE TROPICALE. 335 maintenue exempte de mauvaises herbes, et la terre re­ muée à la houe pendant que les tiges poussent. Du collet de la racine poussent des rejetons qu'il faut supprimer avant le buttage, ces rejetons fatiguant inutilement la tige principale. Quand la fécondation est accomplie, on peut étêter les plantes, ce qui fait mûrir plus vite les épis en leur procurant plus d'air et de lumière, on peut m ê m e quand les grains se forment, effeuiller la tige. Ces feuilles et ces tiges constituent un excellent fourrage pour le bétail. Récolte. — Quand les grains sont parfaitement durs et que les spathes tournent au blanc, on peut récolter. Cela se fait simplement en détachant les épis et en les séchant ensuite ; ou bien on coupe la tige rez-terre et on la laisse étendue quelques jours sur le terrain pour qu'elle sèche au soleil. Naturellement on choisira un temps sec pour ces opérations. Si on laisse le grain sur l'épi, il se maintiendra dans de bonnes conditions pen­ dant une longue période. Le meilleur procédé est de couper les épis et d'en lier ensuite deux, nouant les bouts des spathes. On les pend ensuite à des chevilles dans la maison ou dans les hangars, de la m ê m e façon que le tabac dans le séchoir (ch. x). Quand le maïs est séparé du cône il est appelé maïs décortiqué. Si le nettoyage se faisait à la main, ce serait une opération longue et ennuyeuse, mais on à inventé des machines pour décor­ tiquer le maïs ; c o m m e elles sont peu coûteuses et tra­ vaillent vite, elles paient promptement leur prix en éco­ nomisant le temps et le travail. Les cônes, une fois les grains enlevés font un excellent combustible et les spathes sont employées en Amérique pour garnir les paillasses; elles sont en effet beaucoup plus moelleuses que la paille Enlever le gourmands Fourrage. Récolte. Grain dans l'épi. Emploi de spathes et » cônes. 336 PETIT TRAITÉ Four à sécher. Rendement. Engrais. Récoltes abondantes. et ne se réduisent pas en poussière. Le maïs nettoyé sera soigneusement séché si l'on veut le conserver longtemps parce qu'il est facilement attaqué par les insectes. Aux Etats-Unis le maïs est préservé par un séchage dans des fours qu'on ne chauffe pas à plus de 212° F. (100° C). Par ce moyen le germe est détruit et toute l'eau « d'hydrata­ tion » est éliminée. Sous les tropiques, le maïs produira en deux ou trois mois; plusieurs récoltes peuvent donc être obtenues de la même terre en une année. Mais, à moins que la terre ne soit très riche, il faudra beaucoup d'engrais; aucun produit ne récompensant peut-être mieux que le maïs le planteur de ses dépenses pour achats d'engrais. Le rendement varie beaucoup suivant le sol,- le climat et la culture. D'une bonne terre on peut obtenir 50 à 80 bushels (17w 17 à 29hl07), mais on a souvent récolté beaucoup plus et 100 bushels (36h 34) à l'acre ne constituent pas un rendement extraordinaire pour quel­ ques parties des États-Unis. Riz. Oryza sativa L.) Enorme consommation du riz. De toutes les céréales, c'est le riz qui passe pour cons­ tituer l'aliment du plus grand nombre d'individus de la race humaine. Il nourrit dit-on le tiers de la population du globe. Porter dit de lui : « De temps immémorial, le riz a été l'aliment fondamental cle la grande masse de l'immense population de la Chine, d'une grande partie des indigènes de l'Inde et des iles voisines (1). (1) Dans le premier volume du Manuel des cxdtures tropicales, page 97. D'AGRICULTURE TROPICALE. 337 Culture en Amérique. Riz de la Caroline. On croit que le riz est originaire des régions chau- Habitat. des de l'Asie, mais comme on l'a trouvé à l'état sau­ vage dans plusieurs parties de l'Amérique méridionale, soit qu'il y fût réellement à l'état sauvage, soit qu'il y fût à l'état subspontané, quelques botanistes soutien­ nent qu'il est également originaire d'Amérique. La cul­ ture primitivement confinée dans l'Orient, s'est étendue dans la plupart des contrées tropicales et subtropicales de l'univers. Dans les États méridionaux des États-Unis, la culture du riz a commencé vers l'an 1700 ; la graine avait été apportée par un capitaine de navire venant de Madagascar. Au bout de très peu de temps, le riz de la Caroline était devenu le plus beau du monde. Atwood écrivait en 1791 : « Le riz vient très bien dans la Domi­ nique ; on dit qu'il y a été introduit par des réfugiés amé­ ricains, il y donne des récoltes d'une « grande perfec­ tion. » Au commencement du siècle, Lunan écrivait que « le Ancienne cul­ ture dans les nz vient bien en beaucoup d'endroits de la Jamaïque » indes occiden- et il exprimait le regret que la culture fût presque com­ plètement abandonnée dans cette île. Elle est en train d'y reprendre aujourd'hui. Le riz est une herbe annuelle ayant une tige ronde et noueuse s'élevant à une hauteur de 1 à 6 pieds (0m,30 à lm,80). Le grain est porté à l'extrémité de la tige et il est protégé par une enveloppe jaune et rude. Le mot paddy est appliqué au grain couvert de son enve­ loppe ; dans cet état, il se conserve plusieurs années. Il y a un très grand nombre de variétés de cette plante comme on peut le supposer en songeant au grand nombre Description des plantes. Variétés. nous avons dit que dans l'Inde, contrairement à ce qui est écrit partout, le riz n'est pas la base de l'alimentation des Hindous. AGRICULTURE TROPICALE. 22 338 PETIT TRAITE d'années pendant lesquelles elle a été mise en culture dans différents pays ; mais les deux espèces principales Riz commun sont ie T[z c o m m u n ou riz aquatique et le riz de mon- et riz démonta- x x gne. tagne. Le premier ne peut pousser que dans une terre chaude et marécageuse ; le second croit dans les terres ordinaires à des altitudes qui peuvent aller jusqu'à 6000 pieds (1920m) au-dessus du niveau de la mer; il y sup7 portera des froids qui tueraient promptement le riz c o m m u n ou aquatique, lequel a besoin pour mûrir d'une • température de 60 à 80° Fahrenheit, la culture de ces deux espèces est tout à fait dissemblable ; aussi con­ vient-il de les étudier à part. Riz de rizière. Sol et climat. — Le meilleur sol pour ce riz est un loam sablonneux recouvrant un sous-sol argileux ; l'al- luvion forme une couche pour la pénétration facile des racines de la plante et l'argile empêche la disparition de l'eau en l'absence de laquelle le riz c o m m u n ne peut être cultivé. Il suit de ces faits que les argiles pures et les sables meubles ne conviennent pas à la plante. Le climat. climat doit être chaud ; et comme le riz se plait dans le soleil, tout ombrage est nuisible. Les grands pays de riz en Orient sont les contrées chaudes, humides et malsai­ nes situées sur les rives, ou à l'estuaire des grands cours d'eau. Préparation de la terre. — Dans les endroits où le «• irrigation. soi n'est pas naturellement humide, l'irrigation est abso­ lument nécessaire. En Orient, quand on ne peut détour­ ner sur la rizière, l'eau des torrents et des rivières, à D'AGRICULTURE TROPICALE. 339 cause de leur niveau trop bas, on l'élève à l'aide de différentes machines dont quelques-unes sont très pri­ mitives et exigent beaucoup de travail. En certains en­ droits secs de l'Inde, on a construit de larges étangs ou lacs artificiels simplement dans le but cl'emmagasi- Un des épillets grossi. RIZ (Oryza sativa L ner l'eau pour l'irrigation des rizières ; en d'autres en­ droits, on tire l'eau des puits à l'aide de dispositifs ac­ tionnés ordinairement par des bœufs. Là surface de la terre est tracée et nivelée en petits carrés qui sont entourés de petites digues de 2 pieds (0m,60) de hauteur destinées à retenir l'eau. On dispose la terre en étages successifs que l'on divise également en Champs et digues. 340 PETIT TRAITE compartiments par des petits remblais de terre. Ces di- Terrasses. gués sont percées aux endroits convenables pour laisser entrer et sortir l'eau. L'eau des terrasses supérieures après un temps de séjour, est dirigée sur les champs si­ tués plus bas. Lorsque les digues auront été construites, le terrain qu elles entourent sera sarclé et labouré, ou bien retourné soit à la bêche soit à la houe. Mares On laisse ensuite entrer l'eau et le terrain est trans- artificielles. . . formé en mare (rizière), forme sous laquelle il retient le mieux l'eau. Culture. — La terre étant préparée, les graines qui ont séjourné dans l'eau 24 heures sont semées dans un coin du champ pour former une nurserie. Quand les jeunes pieds apparaissent, il est d'usage dans certainspays Eau de chaux, de les arroser avec une solution de chaux pour prévenir l'action des insectes. En Chine, cet arrosage à la chaux est considéré comme une opération très importante et n'est jamais négligée. Quand les pousses ont de 7 à 8 pou- Transpian- ces (0m,17 à 0m,20) de haut, elles sont transplantées tation. . , , . r assez rapidement pour que les racines ne restent pas ex­ posées à l'air trop longtemps. On peut les planter sépa­ rément ou par touffes de 2 ou 3 à une distance de 6 à 9 pouces (0m,15 à 0m,23) l'une de l'autre, soit irrégulière­ ment, soit en rangées. Quelques cultivateurs sèment les graines à la volée puis éclaircissent les pousses, si elles viennent trop serrées, les rejetons arrachés servent à remplacer les plants manquants. On a reconnu cepen­ dant cjue l'élevage en nurseries est le meilleur système quantité de et donne le meilleur rendement. Un bushel 1/2 (541 51) graine pour en­ semencer un de paddy est généralement suffisant pour ensemencer un acre de terre (40% 46). Dans les premiers temps de la croissance, le riz doit être débarrassé de toute mau- acre. D'AGRICULTURE TROPICALE. 341 vaise herbe et c o m m e les plantes sont serrées, lesarclage devra se faire à la main. Les herbes peuvent être en­ fouies dans la boue ; de cette façon elles nourriront le sol car elles pourriront en peu de temps. Le champ doit rester inondé jusqu'à ce que le riz fleurisse; après cela on l'irrigue tous les deux ou trois jours en temps sec. Quand les épis sont bien formés on fait écouler l'eau afin de hâter la maturation. Récolte. — La récolte se pratique ordinairement ô ou 6 mois après le semis ; com m e le planteur, grâce à l'irri­ gation n a pas à se préoccuper de la pluie, il peut faire deux récoltes par an. Pour l'Amérique centrale et les Antilles mai et novembre sont les mois des semis, octo­ bre et avril les mois de la récolte. Quand le grain devient jaune, le riz est bon à faucher. On ne coupe la tige qu'à une distance de 0m,30 au-dessous de l'épi. Les tiges ainsi fauchées sont liées en petites gerbes et après une expo­ sition au soleil les gerbes sont portées sous les hangars pour être battues. En Extrême-Orient le battage se prati­ que généralement à l'aide de bœufs ou cle chevaux; les animaux tournent en cercle et les épis de riz piles sous leurs sabots se partagent bientôt en grains et balles. On peut aussi faire expéditivement le battage au moyen de fléaux. Le paddy ou riz non décortiqué est alors sé­ paré de la paille.et vanné. 11 peut alors se conserver pen­ dant très longtemps. Pour transformer le paddy en riz blanc une opération de décortiquage est nécessaire. Les Américains, qui ne peuvent être surpassés en ingéniosité ont inventé de nombreuses machines très utiles pour cet objectif; de petites machines pouvant traiter des quan­ tités considérables de grains peuvent aujourd'hui être acquises à un prix modique. Après la décortication, le riz Sarclage. Ecoulement de l'eau. Saison de la moisson. Battage. Vannage. Décortiquage. Machines. 342 PETIT TRAITÉ- est vanné. Il est prêt alors pour marché. La ^proportion du riz blanc par rapport au paddy est de 1/2 à 2/3. Rendement. Le rendement du riz par acre de terre (40a,46) varie na­ turellement suivant la richesse du sol ; mais sur une bonne terre et avec une culture soigneuse le rendement sera d'environ 50 bushels (18hl). Au Bengale, le riz est divisé en trois qualités. La première et la plus belle est appelée riz de table, et c'est celle qu'on exporte le plus en Europe ; la seconde se nomme riz ballam; la plus com­ mune qui entre dans la consommation du peuple est connue sous le nom de riz moonghy. Engrais. Quand le riz est cultivé sur la même terre plusieurs années de suite, un amendement devient nécessaire; le eompost ou le fumier animal donnent les meilleurs ré- cuiture inten- sultats. Les Chinois qui sont de très habiles cultivateurs sive en Chine. engraissent leurs champs avec toutes sortes de détritus, animaux et autres ; ils ne perdent rien de ce qui peut d'une façon quelconque accroître la fertilité de leur sol, donnant ainsi une leçon que devraient retenir les nations occidentales. Les cheveux humains sont considérés par les chinois comme d'une très grande valeur dans la cul­ ture du riz, et comme ces peuples se rasent la plus grande partie de la tète, d'immenses quantités de poils humains sont ramassés par les barbiers qui les vendent aux fermiers deux sous la livre anglaise. Riz de montagne. Le riz des terres hautes et des montagnes tout en produisant un grain semblable à celui du riz commun ou aquatique, en diffère beaucoup dans ses caractères et sa D'AGRICULTURE TROPICALE. 343 culture. Il pousse à des altitudes de 3.000 à 6.000 pieds climat. (900 mètres et 1.800 mètres) dans les régions montagneu­ ses de l'Inde septentrionale ; il poussera aussi sous les climats tempérés, bien qu'il ne produise pas de grains par ces latitudes. L'irrigation n est pas praticable dans la culture de ce riz, aussi la culture en est-elle semblable à celle des céréales communes. Le riz de montagne •constitue un excellent fourrage et paiera la culture sous Fourrage. cette forme : deux coupes pouvant être obtenues par an. Il peut être coupé et converti en foin; les moutons, les bêtes à cornes et les chevaux, en sont extrêmement friands. Les récoltes sont plus abondantes que celle du Moisson . . , . abondante. riz commun, mais il ne donne qu une moisson de grams par an. Le riz aquatique passe pour produire de 25 à 80 pour un, tandisque le riz de montage rend 100 et m ê m e 120 pour un. Culture. — La terre est labourée et fumée à la fin semaines. de la saison sèche et au commencement de la saison des pluies ; elle est alors hersée et ensuite le grain est semé en sillons ou à la volée. Un autre procédé consiste à faire des trous avec le doigt à la distance d'un empan (0m,22), à mettre quelques graines dans chaque trou et à les recou­ vrir légèrement le terreau. Les graines lèvent au bout d'une semaine environ et quand les pieds ont quelques pouces de haut on sarcle la terre. On peut faire un second sarclage avant que la plante sarclage. ne soit trop haute, après quoi on l'abandonne à elle- même jusqu'à la coupe qui peut se pratiquer trois mois et demi après le semis. La moisson et les autres opérations usitées dans la Moisso"- récolte du, riz de montagne sont semblables en tout point à celles déjà décrites pour le riz commun à une 344 PETIT TRAITE exception près. Quand on fait la moisson du riz de mon­ tagne, il est d'usage de couper seulement les épis sans y laisser attachée aucune partie de la tige et comme la plante ne dépasse pas 3 pieds de haut (0m,90), c'est un procédé de récolte très commode. Sorgho. (S or g hum vulgare PERS.) Habitat. Le sorgho, qui est souvent désigné sous le nom de blé de Guinée, est originaire de l'Inde, mais plusieurs plantes voisines qui se trouvent dans l'Asie tropicale sont classées par le vulgaire dans la catégorie des millets. De tous ces grains, le plus important est le sorghum vulgare, il est cultivé dans les contrées de l'Orient depuis un temps immémorial. Il a sur les autres céréales l'a­ vantage de pousser et de donner d'abondantes récoltes climat. dans les régions arides et brûlantes; en Syrie, dans le nord de l'Afrique et au Soudan, le grain, qui est appelé Nourriture dhurra en ces pays, est le principal aliment des habitants. fondamentale x J •*• x au Soudan, p L. James, dans un intéressant ouvrage les Peuples sauvages du Soudan, s'exprime ainsi : « Le dhurra est le fond de la nourriture dans tout le Soudan ; il con­ tient une grande proportion d'amidon et on le dit plus nourrissant que le blé. Les indigènes le cuisent de diffé­ rentes façons et y ajoutent des fèves et des oignons quand ils peuvent s'en procurer. Les chevaux ne travaillent pas sans une ration quotidienne de dhurra, et une petite quantité de ce produit permet de conserver les méhara en bon état ». Outre son précieux emploi comme plante nutritive, le dhurra fournit aux Africains une sorte de D'AGRICULTURE TROPICALE. 345 Miere. Farine de millet. Diffusion de la plante. bière; ses feuilles et ses jeunes tiges forment un excellent Bière fourrage pour les animaux, ses tiges, qui contiennent cle la saccharose, sont quelquefois utilisées pour la fabrica­ tion du sucre. Il est même une race cle sorgho, dont quel­ ques auteurs ont cru pouvoir faire une espèce, le Sorghum saccharatum, qui est très cultivé dans les États- Unis du Nord-Ouest pour la fabrication des sucres, mé­ lasses et sirops. La farine des grains est très blanche et fait un bon pain; les panicules, après l'enlèvement des graines deviennent dures et rigides et on les emploie beau­ coup en Angleterre et en Amérique pour la fabrication des balais et des brosses à habits. Le sorgho et les espèces voisines de la même famille sont aujourd'hui cultivés sur cle grandes étendues dans toutes les régions les plus chaudes cle la terre ; des noms variés ont été donnés au grain dans les différentes con­ trées. Ainsi on l'appelle aux États-Unis : broom-eom, blé a balai, aux Indes : jou-arrie, dans l'Afrique méridio­ nale : blé Kaffr, blé de Cafrerie. Sol et climat. — La plante croit et rapporte dans presque tous les sols; mais le sol qui convient le mieux à sa culture est un loam riche, sablonneux, bien drainé, et pas trop humide. Le climat doit être sec; et pour ob­ tenir de bonnes récoltes, il ne faut pas que la tempéra­ ture tombe au-dessous cle 60 F (15 1 2e). Les sorghos et millets supportent très bien la sécheresse, de sorte que les régions basses et sèches des Indes occidentales sont particulièrement propres à la culture de ces céréales. Culture. — La terre ayant été labourée et hersée de semailles façon à l'amener à un ameublissement convenable, le grain est semé en sillons, ou en lignes au moyen d'un des semoirs fabriqués aujourd'hui par les constrne- le meilleur sol. Climat. 346 PETIT TRAITÉ teurs de machines agricoles. Les lignes ou les sillons se- oistances. ront espacés de 3 1/2 à 4 pieds (lm, 05 à 1 m, 20), et les plants seront éclaircis après la première pousse de façon que les pieds ne soient pas à moins de 12 pouces (0m, 80) sarclage. l'un de l'autre dans les rangs. Aussitôt que le sorgho atteint quelques pouces, le champ sera sarclé avec soin; il sera m ê m e nécessaire dans la suite, de pratiquer un se­ cond sarclage, ou bien de diriger une charrue légère ou une sarcleuse entre les lignes pour retourner la terre et détruire les mauvaises herbes. En très peu de temps, les plantes couvriront le champ d'un luxuriant feuil­ lage. Récolte. — D a n s le centre Amérique et aux Antilles on sème en juin et la récolte peut être ramassée quatre ou Moisson. cinq mois après ; Dans de bonnes conditions on a m ê m e pu récolter trois mois après le semis. Quand le grain est arrivé à maturité, on moissonne, en coupant les épis près du sommet de la tige, et en les portant dans des paniers Égrenage. a u x hangars. Les épis sont laissés en tas pendant quelques jours, après quoi on les étend sur l'aire et le grain est sé­ paré au moyen du fléau. Dans quelques contrées de l'Orient, les sorghos sont système pri- égrenés, comme le riz, c'est-à-dire en les faisant piler mitif en Orient. ° . . . par les bœufs, procédé datant des temps primitifs. De fait, dans les contrées orientales, les systèmes d'agri­ culture et les procédés industriels se sont transmis sans changement, des époques les plus reculées aux temps modernes; les descriptions par les anciens auteurs de la vie journalière des habitants sont, dans bien des cas, de fidèles comptes-rendus de ce qui se passe sous nos yeux aujourd'hui. Rendement. Le rendement des sorghos par acre de terre (40a,46) D'AGRICULTURE TROPICALE. 347 varie considérablement, on peut, toutefois, estimer que 50 bushels (18 hectolitres) forment le rendement moyen. Mais le double de cette quantité est mentionné par Porter comme un rendement ordinaire dans une bonne terre. CHAPITRE XV PLANTES ALIMENTAIRES. Manioc (Manihot utilissima POUL.) Habitat. Le maniocest originaire de l'Amérique méridionale où on en rencontre des espèces sauvages depuis la Guyane et la Nouvelle Grenade jusqu au Brésil et au Pérou. Sa Histoire culture par les habitants de l'Amérique tropicale date de fort loin, le manioc ayant toujours formé une partie importante de leur alimentation. De ses racines tuber­ culeuses grattées ils obtiennent non seulement la farine et le pain, mais aussi par la fermentation une boisson enivrante appelée piwarri; pour obtenir cette boisson ils faisaient mâcher des galettes cle manioc, le produit de la mastication était craché avec la salive dans des culture vases à fermentation en bois. La plante est aujourd'hui dans les Indes. r J cultivée dans un très grand nombre de contrées et plus spécialement clans l'Amérique du Sud, ainsi qu'à la Dominique et dans les colonies françaises de la Marti­ nique et cle la Guadeloupe où sa farine entre pour une large part dans l'alimentation des habitants. Le manioc contient beaucoup d'amidon ainsi que d'autres matières rapioca. nutritives, et le tapioca, un de ses produits, est bien connu PETIT TRAITE D'AGRICULTURE TROPICALE. 349 Variétés. comme un aliment léger, facilement digestible employé pour l'alimentation des enfants et des malades. La culture est simple et peu coûteuse, et le rendement considérable; la plante passe m ê m e pour être l'une des Productivité plus productives du monde : un hectare de manioc pro­ duit plus de matières nutritives que six hectares de blé. Le manioc est un arbrisseau à tige noueuse, s'élevant à une hauteur de cinq à huit pieds (lm, 50 à 2m, 40), ses ra­ cines produisent de gros tubercules de couleur jaune. Ces tubercules atteignent parfois une grosseur remarquable ; c'est d'eux qu on extrait la farine de manioc, l'amidon de manioc et le tapioca. La plante offre deux variétés : le manioc amer (Manihot utilissima'Pohl.) et le manioc doux (Manihot aipi Pohl.) dont les différences botaniques ne sont pas très tranchées. Le manioc doux peut être consommé comme légume sans aucune préparation; mais le manioc amer contient un suc de nature très vé­ néneuse ; ce suc vénéneux dans lequel il y a beaucoup d'acide cyanhydrique ou prussique se détruit heureu­ sement par la chaleur, de sorte que le manioc amer cpii donne un rendement supérieur au manioc doux est communément cultivé. Sol et climat. — Le meilleur sol est un loam sa- Le meilleur soi blonneux qui doit être bien drainé, car les racines meu­ rent dans une terre marécageuse. Il faut que le sol soit riche, car le manioc est une culture très épuisante; sans amendement il ne peut être récolté sur la m ê m e terre plus de deux ou trois ans de suite. Le climat doit être chaud et sec, et la plante vient mieux dans les terres basses à proximité de la mer. Aucun ombrage n'est nécessaire et les grands vents ne gênent pas la plante. Culture. — Les procédés de reproduction et de cul- Liquide vénéneux. Amendement. Climat. Boutures. 330 PETIT TRAITÉ Distances. Sarclage. Époque de la récolte. Lavage des tubercules. ture sont simples. Les tiges ligneuses une fois venues sont coupées en morceaux de quatre à six pouces de long (0m,10 à 0m,15), puis piquées obliquement en terre en laissant environ un pouce (0,025) au-dessus de la surface. Avant la plantation toutefois , le sol doit être préparé par un premier labour en croix, ou bien si l'on a peu d'étendue on se sert de la houe ou de la bêche. Un autre procédé consiste à planter les boutures dans de petits trous peu profonds remplis d'une bonne terre de surface, ou dans des sillons tracés à des distances con­ venables avec la charrue. Les distances varient de quatre à six pieds dans chaque rangée (lm,28 x lm,92) ; on les augmentera dans les terres fortes. Les boutures com­ mencent à pousser une quinzaine après la plantation, la terre doit être tenue exempte de mauvaises herbes jusqu'à ce que les plantes aient grandi et couvrent la terre d'une épaisse végétation, ce qui arrive ordinai­ rement au bout de trois mois environ. En sarclant à la houe ou à l'extirpateur entre les rangées, il faut avoir soin de ne pas retourner la terre trop avant, autrement les racines latérales qui portent les tubercules seraient blessées et la récolte serait diminuée. Récolte. — A la Guyane on plante au retour des pluies. Aux Antilles on plante de préférence entre sep­ tembre et mai ; la récolte peut être recueillie de huit à douze mois après ; mais les racines peuvent être laissées en terre sans dommage pendant un temps considérable. Pour récolter, on enlève délicatement les tubercules et on sépare les racines fibreuses, puis on les lave pour enlever la terre adhérente. Il faut alors sans délai les trans­ former en produit commercial, car elles se dessèchent promptement, se gâtent après avoir été déterrées et de- D'AGRICULTURE TROPICALE. 351 viennent vénéneuses pour les animaux qui les mangent crues. Préparation de la farine de m a n i o c ou Couac. , Pelas° •*• . # des tubercules. — Les tubercules, après avoir été lavés sont dépouillés de leur enveloppe brune en les pelant avec un couteau bien aiguisé. Les racines pelées sont ensuite réduites en Rapage. farine grossière par pression contre un cylindre, tour­ nant rapidement, et recouvert d'une plaque rugueuse de cuivre ou de fer-blanc ; on peut encore les réduire en farine au moyen d'une râpe de fer-blanc fixée à une planche. Dans ce dernier système l'opération est très laborieuse ; malgré cela une grande partie de la farine de manioc^se prépare, à la Dominique et ailleurs par ce procédé fatiguant. Les habitants fixent une large râpe à une cuve, et se penchant sur elle avec des tubercules dans chaque main, ils frottent rapidement et en mesure au son du tam-tam ; ils s'encouragent à ce labeur par des mélopées variant dans chaque pays et m ê m e très souvent par de fréquentes libations de quelque boisson enivrante. La pulpe ainsi obtenue est ensuite mise en Expulsion du r r suc vénéneux. sacs et pressée pour en exprimer le suc vénéneux. Les Indiens de la Dominique et de l'Amérique méridionale pressent la pulpe au moyen de paniers curieux connus sous le n o m de matapies. Ces paniers sont faits avec les Les matapies. bandes tressées de longues tiges flexibles provenant d'une plante du pays, de la m ê m e famille que l'arrow-root (1). Vides les matapies sont longues et étroites ; remplies de racines râpées elles deviennent courtes et larges. On les pend alors à une branche d'arbre et on attache cle lourds poids à l'extrémité inférieure. Les corbeilles s allongent (1) A la Guyane ces paniers étaient surtout fabriqués avec les tiges de l'arrouma. 352 PETIT TRAITÉ Tamisage le la farine. Cassave. 'réparation e l'amidon. Lavage e l'amidon. Séchage c l'amidon. et en se contractant exercent une pression qui exprime la plus grande partie du liquide. Le produit est alors tamisé sur des tamis qui retiennent les fibres ligneuses et les petits fragments de racines qui nont pas été bien râpés ; après cela on sèche rapidement le produit dans des bas­ sins en fer poli, larges et peu profonds, établis sur ma­ çonnerie, avec un tuyau passant au-dessous pour amener la chaleur d'un feu de bois. La farine est étendue en couches minces dans les bassins et constamment remuée de droite et de gauche avec un râteau de bois. Il ne faut pas que la chaleur soit assez forte pour brunir la farine; il ne s'agit pas en effet de cuire le produit, mais de le sécher. Par ce système de séchage, tput ce qui reste du suc vénéneux est très rapidement dissipé. La cassave n'est autre chose que la pâte fraîche et humide formée en galettes rondes et minces qui ont été légère­ ment cuites sur des platines chaudes ou sur des plaques de fer-blanc, tenues au-dessus du feu. Amidon de manioc. — L'amidon tiré du manioc est d'une nature très supérieure, et comme il peut être préparé à peu de frais en énormes quantités, il peut être l'objet d'un grand commerce, et devenir un important article d'exportation. La méthode de préparation est fort simple. La pâte de manioc râpée est additionnée d'eau puis passée à travers un tamis. On répète plusieurs fois cette opération afin de bien laver l'amidon ; après chaque lavage, on emploie des tamis à mailles de plus en plus serrées afin de débarrasser l'amidon de toute substance étrangère. Après le dernier lavage on laisse l'eau repo­ ser pendant un certain temps jusqu'à ce que l'amidon se dépose au fond du vase ; on décante le liquide clarifié qui est à la surface et on sèche l'amidon au soleil. D'AGRICULTURE TROPICALE. 353 Tapioca. — Dans la description de la préparation de la farine de manioc, nous avons vu que le suc est expulsé par pression des racines râpées ; si l'on fait reposer ce suc vénéneux, une quantité considérable d'amidon très fin se dépose. On décante le liquide et l'on sèche l'ami- L'amidon fin. don sur des plaques de fer-blanc ou dans des poêles en fer; les grains d'amidon s'enflent, éclatent et s'agglu- Éclatement tinent ensemble ; ainsi se fait le tapioca du commerce qui est exporté en grandes quantités du Brésil. Les grains d'amidon ayant été modifiés et ayant éclaté par la cha­ leur sont en partie solubles dans l'eau, ce qui rend le tapioca particulièrement précieux c o m m e aliment en cas valeur du m- T v .. TJT» -i pioca c o m m e de digestion difficile. aiiment de ma- Cassareep. — Le suc vénéneux des tubercules cle manioc amer ne doit pas être jeté ; il peut être converti en un produit précieux connu généralement sous le n o m de cassareep. Le liquide est simplement bouilli jusqu'à Le suc vcncncux ce qu'il arrive à la consistance et à l'aspect de la mélasse. bouiin. Sous cette forme, il constitue un puissant antiseptique Qualités anti- pouvant conserver toutes sortes de viandes à l'état frais cassareep. pendant des périodes considérables (i). Il est la base de célèbres sauces, c o m m e le pepper pot si connu aux An­ tilles. Ainsi par la simple ébullition, ce suc si vénéneux est converti en un produit alimentaire important qui se vend bien. Le suc du manioc amer contenant beaucoup Nature dange- , reuse du poi- d acide prussicjue, il faut bien prendre garde que les en- son. fants et animaux en approchent. Beaucoup de morts ont été causées parle défaut de soin dans la manutention du suc, de sorte qu'on ne peut prendre trop cle précau- (1) Le Cabiou se prépare en épaississant le cassareep bouillant au moyen d'un peu de cipipa (fine fleur d'amidon de manioc extraite par dépôt de l'eau de manioc) ; on ajoute au produit du sel et du piment. ACRICLLTLHE TROPICALE. 23 354 PETIT TRAITÉ tions pour éviter les accidents. On peut noter que les Antidote. Indiens cle la Guyane se servent des poivres rouges trem­ pés dans le rhum comme antidote à ce poison. Arrow-root. (Maranta arundinacea L.) L'arrow-root est une poudre blanche, sans saveur et sans odeur, constituée par des grains d'amidon et em­ ployée comme aliment léger, plus spécialement pour les enfants et les malades. On la retire des rhizomes blancs et charnus, appelés aussi tubercules, d'une plante her- Habitat. bacée que l'on trouve à l'état sauvage dans l'Amérique tropicale et les Antilles. Le nom d'arrow-root est venu de ce que les Indiens traitaient les blessures faites par les flèches empoisonnées au moyen de cataplasmes con­ fectionnés avec les rhizomes de cette plante; aujourd'hui même, à la Dominique, l'amidon et la pâte des tuber­ cules sont employés par le peuple comme cataplasmes destinés à cicatriser les blessures et les ulcères. La plante est cultivée sur de grandes étendues aux Bermudes et à Saint-Vincent aussi bien que dans les Indes et à Natal. irrow-root L'arrow-root des Bermudes est considéré comme le esBermudesle ... ., . ,, , .. meilleur. meilleur, il trouve sur nos marches un prix plus eleve taison de sa qu'aucune autre variété. Sa supériorité est attribuée supériorité. , A x ^ i . <• , > j au soin extrême et a fa propreté observée au cours de la préparation. Il est probable toutefois que le sol et le climat, et plus spécialement une grande abondance de belle eau de source exercent une grande influence sur Arrow-root la qualité de ce produit ; l'arrow-root est en effet cultivé 3 St-Vincent. l . L en grand à Saint-Vincent, où quelques planteurs le trai- D'AGRICULTURE TROPICALE. 355 tent avec autant de soin et de propreté que possible, et pourtant l'arrow-root de Saint-Vincent a beaucoup moins de valeur que le produit des Bermudes. Sol et climat. — Unloam léger et bien drainé cons- r.c meilleur soi. titue le sol, le meilleur sol pour cette culture. Si le sol est trop humide, les rhizomes pourriront; s'il est de nature argileuse, les rhizomes ne se développeront pas convena­ blement et on aura de grandes difficultés à les déterrer quand ils seront mûrs. La plante viendra très bien climat. dans les terres situées au bord de la mer, et c o m m e elle ne dépasse pas la hauteur de 3 pieds (0m,90) les grands vents ne lui font pas de mal. Plus la terre est riche, plus le rendement est grand. Si des récoltes successives sont demandées à la m ê m e terre, les amendements devien­ dront nécessaires. C o m m e il faut beaucoup d'eau pour Beaucoup d'eau essentiel* la préparation de l'amidon, la culture sera établie seule­ ment dans le voisinage d'un cours d'eau ou d'une belle source claire. L'arrow-root pousse depuis le niveau de Altitudes. la mer jusqu'à des altitudes de plusieurs milliers cle pieds; mais le rendement est plus abondant dans les terres basses, plus encore dans les riches vallées situées à une altitude de 200 à 300 pieds (60 à 90 m). De tous les produits tropicaux c'est celui dont le rendement est le moins modifié par les variations atmosphériques; qu'il fasse humide ou sec, le rendement ne semble pas altéré d'une façon appréciable pourvu cjue le sol soit bon. Culture. — La plante se propage soit au moyen de Reproduction. jeunes rejetons détachés de la plante mère, soit par divi­ sion des rhizomes. La terre devra être labourée profondé­ ment, puis hersée; ensuite on fait des sillons profonds de 6 pouces (0m,15) et éloignées de 3 pieds (0'",90) l'un de l'autre. Les rejetons sont piqués dans ces sillons à envi- suions. 356 PETIT TRAITÉ ron 12 pouces (0m,30) de distance et recouverts de terre sarclage. à la charrue ou à la houe. La terre est tenue exempte d'herbes et durant la première période de croissance des plantes, on pratiquera avec avantage un léger labour entre les rangées afin de retourner le sol. On a remarqué coupe que les fleurs doivent être coupées aussitôt qu'elles appa- des Heurs. raissent afin d'accroître les rhizomes en nombre et en taille, en empêchant la force de végétation d'être dé­ tournée au profit de la floraison. Ce système est d'accord avec la science et son adoption est recommandée. jcoite au bout Récolte. — La récolte peut être attendue au bout de le onze mois. . . onze mois et comme le mois de mai est le meilleur pour planter, les rhizomes peuvent être déterrés en mars ou avril; on les trouvera à ce moment gorgés de grains Enlèvement d'amidon. La maturité des rhizomes se reconnaît par les rhizomes. l'abaissement et la chute des feuilles ; quand cela se pro­ duit, on soulève la plante avec une fourche, on arrache les rhizomes des tiges feuillues, puis on les lave pour enlever toute la terre adhérente. Dans cette opération, il reste toujours en terre de petits morceaux de tiges et des racines, lesquels donneront naissance à de nou­ velles plantes. C'est pour cela qu'il est difficile d'ex­ tirper l'arrow-root d'un terrain où on l'a une fois cul- îture robuste tivé ; la plante est en effet très résistante et de petits de la plante. . fragments de rhizomes émettront de larges touffes. Les rhizomes contiennent 20 % ou m ê m e davantage d'ami­ don; mais eu égard aux procédés primitifs employés ordinairement pour isoler la fécule, on ne recueille Rendement guère plus de 15 %, ce qui donnera environ 700 livres par acre. *•' L ' x (317H50) d'arrow-root préparé à l'acre. Mais avec une culture intensive dans un sol riche, on peut attendre un rendement beaucoup plus considérable; à Natal on D'AGRICULTURE TROPICALE. 357 a retiré jusqu'à une tonne d'arrow-root, des rhizomes poussés sur un acre de terre. Préparation de l'arrow-rott. — Les rhizomes une J p °! as e •*• des rhizomes. fois déterrés et lavés sont nettoyés au moyen d'un cou­ teau courbe, de façon que toute la peau et toutes les par­ ties malsaines soient enlevées. La peau contient une substance résineuse qui altérerait la blancheur de l'ar­ row-root et lui donnerait un goût désagréable; il est donc nécessaire d'apporter une grande attention dans le nettoyage des rhizomes. La peau une fois enlevée, un Résinedei'en- . . . veloppe des rhi- second lavage est nécessaire ; pour obtenir ensuite l'ami- zomes. Lavage. don, on réduit les rhizomes à l'état de bouillie. Cela peut se faire de trois façons : 1° en les écrasant dans des mor- 3 méthodes de préparation. tiers de bois; 2° en les passant sous les meules du mou­ lin; 3° en les pressant contre un rouleau qui tourne rapi­ dement et est garni d'une tôle, rude c o m m e une râpe Moulin à râper. à muscade, qui réduit en pulpe les rhizomes. Quand l'arrow-root est cultivé sur une moyenne étendue, ce dernier procédé de râpage est le meilleur, car on peut établir un cylindre-râpe à très peu de frais. Cela fait, on Fécule séparée J l r par crible. mêle soigneusement la pulpe avec de bonne eau claire, puis on passe le tout à travers un crible fin qui retient les substances fibreuses, pendant que la fécule est entraî­ née avec l'eau par les mailles du crible. Le résidu fibreux est fortement comprimé pour en faire sortir tout l'ami­ don qu'il a pu retenir, puis jeté, ou mieux, employé comme engrais en vue de la prochaine récolte. L'eau et l'amidon de ^ jJon. sont recueillis dans des citernes ou des cuves où on le laisse reposer; au bout de quelque temps tout l'amidon se déposera au fond et l'eau pourra être décantée. Quand de\fa™f°on. elle sera décantée on versera de nouvelle eau fraîche dans laquelle la fécule sera remuée ; redevenue ainsi en 358 PETIT TRAITÉ suspension elle sera passée à travers un nouveau tamis, aux mailles plus fines, qui peut être en fil de cuivre ou en mousseline, puis on laisse reposer comme auparavant ; le liquide qui surnage sera écoulé quand tout Famidon sera tombé au fond. On peut répéter l'opération plusieurs fois, jusqu'à ce que l'eau qui couvre l'amidon paraisse parfaitement limpide. Le but de ces lavages répétés est d'enlever de la pâte tout ce qui n'est pas de l'amidon, lequel, à l'état pur, constitue l'arrow-root du commerce. Quand l'eau est enlevée après le dernier lavage, on ôte la pâte d'amidon des citernes ou des cuves et on la place 3tSséchagl sur °*es c^ ai e s à f°nd de calicot pour s'égoutter et sécher ; le séchage se fait ordinairement au soleil ou dans des séchoirs dont les côtés sont ouverts ou qui sont simple­ ment enclos de fils métalliques galvanisés permettant la libre circulation de l'air. Aux Bermudes, on a calculé, selon Simmonds « que quatre barrels (6k52 de rhizomes) pelés et nettoyés donneront dans les bonnes saisons en­ viron 100 livres (45k359) de bon arrow-root et absorberont de 5 à 6 puncheons (15k8965 àl9k0758) d'eau douce pure ou d'eau de réservoir, dans laquelle ils séjournent envi­ ron 24 heures depuis le moment où ils sont transformés en pulpe jusqu'à celui où l'amidon sera placé sur les Avantage toiles à égoutter ». L arrow-root mettra à peu près 3 ou i l'un prompt . L L séchage. jours à sécher convenablement; mais plus le soleil est chaud ou l'air sec, plus vite le produit est séché, plus blanche aussi est sa couleur et meilleure sa qualité. Une soustraire f0js sec l'amidon se trouvera en gâteaux qu'on écrasera irrow-root au ' 0 1 ntact de l'air en semoule ou qu'on pulvérisera selon la demande avant imidc. x x de les empaqueter. L'arrow-root, convenablement préparé, se conservera très longtemps, s'il est empaqueté de façon à exclure D'AGRICULTURE TROPICALE. 359 l'air, car il absorbe très facilement l'humidité et prend l'odeur de toutes les substances voisines, en décomposi­ tion ou seulement très odcrantes. A moins donc d'être scellé dans des boites de fer-blanc, il ne pourrait être chargé sur des navires portant du sucre, des cuirs etc. A Saint-Vincent, l'arrow-root est expédié en boites de fer-blanc contenant 25 à 50 livres (19k333 à 18k666), et dans d'excellents barils à farine, de construction amé­ ricaine, qu'on entoure de papier collé à la pâte d'arrow- root. Au cours de la préparation, la plus grande propreté Propreté "ïsoCIlH cil"» doit être observée, il faut prendre bien soin d'écarter de l'arrow-root toute poussière et tout insecte. Dans les établissements de Saint-Vincent et des Bermudes où l'on fait l'amidon en grandes quantités, les bâtiments et les machines sont d'une propreté scrupuleuse, et des pelles d'argent bien poli, de fabrication allemande sont em­ ployées pour prendre et empaqueter l'arrow-root. A Saint- Vincent également les diverses opérations de pré­ paration, de séchage et d'empaquetage se font dans des maisons à couvertures vitrées, afin d'arrêter toute pous- Maisons . de verre. sière et toute matière étrangère, et cl assurer ainsi 1 ex­ trême pureté du produit. Tous-les-Mois. (Canna edulis KER.) Une sorte d'arrow-root appelé Tous-les-mois a été im­ portée en Angleterre de Saint-Kitts vers l'année 1836, et, c o m m e on a reconnu qu'elle formait un excellent produit alimentaire, on lui a ouvert les marchés natio- Cullure à Saint-Kith. 360 PETIT TRAITÉ naux. L'importation en Angleterre s'était faite jusqu'à ce jour exclusivement de Saint-Kitts; mais la plante est maintenant cultivée sur de grandes étendues en Aus- muies d'ami- tralie. Les granules d'amidon des tous-les-mois sont très m très gros. . . ,, ., .. gros et on peut les distinguer a 1 œil nu, tandis que pour les autres amidons, à l'exception de celui de la p o m m e de terre, les granules ne peuvent être distingués qu'au moyen d'un microscope. Habitat. Le tous-les-mois est obtenu des tiges charnues souter­ raines, ou tubercules du canna edulis, plante parente des maranta et qui pousse à l'état sauvage au Brésil, au Pérou et à la Trinidad. D'autres variétés de canna pro­ duisant le tous-les-mois sont originaires de la Jamaïque, de la Dominique et de Saint-Kitts, mais le canna edulis est la seule cultivée ordinairement en vue de son amidon. C'est une plante très vivace, et au Pérou où on l'appelle achira, on la mange c o m m e patate. Les fleurs sont bril- Description lamment colorées ; dans le canna edulis, elles sont d'un rouge vif, et dans les autres variétés, elles affectent dif­ férentes nuances du jaune et de l'orange. La plante étant très ornementale est cultivée dans les serres d'Angleterre. Les graines sont rondes, dures et noires; les indigènes, les employaient autrefois, dit-on, c o m m e projectiles. De là le n o m de « balle indienne » appliqué quelquefois aux uaiités utiles canna en général. Le tous-les-mois est très soluble dans l'eau bouillante ; c'est tant pour ce motif qu en raison de la largeur de ses granules que les médecins le regardent comme une des meilleures fécules alimentaires pour les enfants et les malades. Fteproduction. La plante est reproduite par division de la tige sou­ terraine ou par les graines; celles-ci germent m ê m e au bout de plusieurs années. La terre est labourée et pré- D'AGRICULTURE TROPICALE. 361 parée à la manière ordinaire et les boutures sont plan­ tées à quelques pouces en terre dans des rangées distantes de 3 pieds. La culture de la plante est semblable à tous culture. égards à celle de l'arrow-root ordinaire, et l'amidon est préparé de la m ê m e façon que l'amidon d'arrow-root, préparation qui a été décrite tout au long dans le pré­ cédent paragraphe de ce chapitre. Igname. (Dioscorea alata L et autres espèces.) Les ignames sont les tubercules comestibles de quel- igname,aiiment x précieux. ques espèces de Dioscorea, cultivées de tout temps dans les contrées chaudes. Plus nourrissantes que la patate commune, elles fournissent en grande quantité un excel­ lent aliment aux habitants des régions tropicales et sub­ tropicales; aux Indes occidentales, elles entrent pour une très large proportion dans l'alimentation de toutes les classes de la société. La plupart des espèces et des va- Habitat. riétés d'ignames cultivées sont probablement originaires de l'Asie tropicale ; elles ont été introduites en Amérique dans la première période de la colonisation européenne ; aujourd'hui elles sont cultivées partout. La seule igname de bon goût et nourrissante qui appartienne naturelle­ ment à la flore des Antilles est la waw-ivaw de la Do- igname sauvage de la minique, Rajaniapleioneura, qui pousse abondamment Dominique. dans les forêts de cette île. Elle est déterrée par les bû­ cherons et vendue sur le marché du chef-lieu, on la tient en grande estime. Après l'ouragan de 1883, quand la plupart des produits de la terre à la Dominique furent dévastés, beaucoup de gens du pays vécurent des semaines 362 PETIT TRAITÉ Description de la plante. Nomenclature. Habitat. Bulbilles. Tubercules variétés. Igname aqueuse. Habitat. entières grâce aux waw-waw récoltés dans les bois. Toutes les ignames sont le produit de plantes à tige faible et grimpante mesurant souvent plus de 20 pieds de longueur (6m,00) et poussant sous terre des tubercules produits par les principales racines. Ces tubercules sont cle taille et de poids variables, depuis la petite coush- coush, qui n est pas plus grosse qu'une patate ordinaire jusqu'à l'énorme igname pesant 30 à 40 livres (13k,590 à 18k,120) et mesurant 3 pieds de long (0m,90). Il y a une grande confusion dans les noms et les caractères des dif­ férentes ignames; chaque contrée paraît avoir sa no­ menclature propre. Toutefois on distingue aux Antilles quatre sortes d'ignames, et leurs particularités les plus remarquables sont les suivantes : Igname blanche (Dioscorea alata L.). — On la nomme parfois igname de la Barbade ; elle est originaire des Moluques et de Java. La tige est carrée et ailée à chaque angle. Les feuilles sont larges, cordiformes, op­ posées. Une particularité de cette plante est que les bul­ billes, ou petites ignames, poussent sur la tige et, tom­ bant à terre quand elles sont mûres, servent à reproduire l'espèce. Les tubercules sont gros de 8 à 10 livres (3k,62i à 4\535), en bonne terre. Il en existe deux sortes princi­ pales, la blanche et la rouge ; la surface de cette dernière est pourpre foncé, et l'intérieur du tubercule d'une cou­ leur de pourpre clair. Un troisième genre appelé igname aqueuse est caractérisé par l'intérieur du tubercule qui est d'une nature humide et visqueuse. Ces ignames se con­ servent bien hors de terre et on les aime parce qu'elles sont de digestion facile et d'un goût plus agréable. Igname nègre. (Dioscorea sativa L.). Elle est par­ fois nommée igname jaune, igname créole ou igname D'AGRICULTURE TROPICALE. 363 ordinaire, et elle est originaire de Java et des Iles Philip­ pines. La tige, qui atteint une longueur de 15 à 20 pieds (im,50 à 6 mètres) est ronde, épineuse en dessous, lisse au-dessus. Les feuilles sont cordiformes et alternes. Les Tubercules. tubercules deviennent assez gros et pèsent ordinairement 10 livres environ (ik,535); ils sont de forme palmée; comme ils sont assez peu consistants on peut facilement les écraser. A l'intérieur, ils ont une couleur blanche ou jaunâtre, mais la variété blanche est préférée. Ces ignames ne se conservent pas bien longtemps après avoir été tirées de terre. Igname de Guinée (Dioscorea aculeata L.). — A la Habitat. Jamaïque on l'appelle quelquefois igname A fou. Elle est très cultivée aux Antilles mais sa contrée d'origine est la Cochinchine; on la rencontre aussi dans l'Inde, la Malaisie, l'Océanie. La tige est ronde, épineuse et très branchue; les feuilles sont obscurément cordiformes et alternes ou opposées. Les tubercules sont très gros, attei- Tubercules. .gnent une longueur de 2 à 3 pieds (0m,60 à 0m,90), un diamètre de 6 à 8 pouces (0m,15 à 0m,20), et un poids de 15 à 20 livres (6k 795 à 9k 060). L'intérieur est de couleur blanche ou jaune ; cuite elle a le goût un peu amer. Coush-coush (Dioscorea triphylla L). — A la Ja­ maïque on l'appelle aussi igname de l'Inde et à la Guyane igname bouc. La tige est ovoïde, les feuilles opposées et Tubercules. divisées en trois lobes; les tubercules sont également ovoïdes et ressemblent un peu à la patate. Ils dépassent 9 pouces (0m,22) de longueur et 3 pouces (0m,07) cle dia­ mètre, et sont même ordinairement beaucoup plus petits. Elle passe pour être la plus petite et la plus délicate de variétés. toutes les ignames. La plante est prolifique et porte jus­ qu'à douze tubercules à ses racines. Il y a deux variétés 364 PETIT TRAITÉ principales, la blanche et la rouge, la dernière produi­ sant des tubercules violets à l'intérieur. sois161"^ ®°* e^ c^ n a a*' —Toutes les ignames exigent un loam riche, sablonneux, profond et meuble; les forts tuber­ cules ne pourraient se développer dans les terres lourdes et compactes. L'igname blanche pourtant réussira dans les sols calcaires de profondeur moyenne. Un bon drai­ nage est nécessaire, et cette indication s'applique à la plupart des plantes qui produisent des tubercules sou- :iimat. terrains. Le climat doit être chaud, mais non torride, car la plante pousse dans les montagnes et dans les régions extra-tropicales. Un juge compétent affirme que l'igname pousse dans une zone s'étendant à trente degrés au nord et au sud de l'équateur. xroduction. Culture. — La plupart des ignames sont propagées de la façon suivante. Quand les tubercules sont bons à déterrer, on en coupe le bout avec la partie de la liane qui y est attachée, en ayant soin de ne pas froisser la plante plus qu'il ne faut. Ce bout est ensuite piqué en terre; on le butte, ainsi que la base de la liane avec de bonne terre et on le laisse sans y toucher pendant trois plants mois environ jusqu'à ce qu'une nouvelle igname appelée « head » dans les Antilles anglaises se soit développée. On fait ensuite du plant en coupant le « head » en mor­ ceaux possédant un œil ou bourgeon d'où se développera une nouvelle plante. istance. L a terre est ordinairement alignée à des distances de 0ra,60 entre chaque rang, ou disposée en rangées avec des intervalles de 0m,90 à 1 mètre ; les plants sont pi­ qués dans des rangées à 5m,50 l'un de l'autre. Au point marqué par chaque jalon, le sol est creusé, les pierres et les racines enlevées et la terre d'alentour ramenée au D'AGRICULTURE TROPICALE. 365 râteau de façon à former de petites buttes où le plant Buttes. d'igname est piqué à quelques pouces au-dessous cle la surface. Dans chaque butte, une forte gaule longue supports. de 8 pieds {2m.'*0) est simplement enfoncée à côté de la plante pour servir de tuteur à la liane qui s'enrou­ lera autour. On pique quelquefois deux plants dans chaque butte. La terre doit être tenue bien sarclée; il pourrait être nécessaire de chausser les plants cle temps en temps, parce que les fortes pluies peuvent défaire les buttes. On fait parfois, entre les rangées, des cultures in­ tercalaires de maïs ou de patates douces, mais c'est un mauvais système, à moins qu'on ne possède une terre très riche. La meilleure saison pour planter est la fin cle Les ignames x L peuvent être la saison sèche; les ignames demandent de 9 à 12 mois plantées durant , . toute l'année. pour mûrir. La plantation toutefois peut se faire dans n'importe quel mois de l'année, de façon à assurer un approvisionnement constant de tubercules. On a calculé qu'un acre de terre (iO\V6) rapportera k ou 5 tonnes Rendement- (406ik ou 5080k) d'ignames par an; l'on peut, dit-on, récolter la m ê m e quantité de patates douces comme récolte intercalaire, ce qui portele rendement à 9 tonnes (91iik) quantité équivalente au rendement en pommes de terre d'un acre de bon terrain en Angleterre. Mais comme l'igname et la patate douce contiennent plus de principes nutritifs que la p o m m e de terre, le rendement en substance alimentaire est à l'avantage des végétaux des tropiques. Patate douce. (Ipomea Batatas L A M K . ) L origine de la plante produisant la patate douce est 366 PETIT TRAITÉ obscure ; mais les botanistes pensent qu'elle est indigène iisioire dans les deux hémisphères. Elle pousse à l'état sauvage I l Itl'tll tt' dans les forêts de l'Archipel malais, et batatas, mot ma­ lais est le n o m qu'on lui donne dans l'Extrême-Orient. Les racines tuberculeuses de la plante ont été, dit-on, mentionnées pour la première fois par un auteur n o m m é Pizafetta, qui visita le Brésil en 1519 et qui trouva la patate usitée comme aliment chez les indigènes; il est donc probable qu elle est également originaire de l'A­ mérique méridionale. Bientôt après la plante fut intro­ duite en Espagne, puis se répandit par toute l'Europe et pénétra en Angleterre longtemps avant la p o m m e de terre qui aujourd'hui a pris sa place et son nom. Le Dr Pavy dit que : « Les tubercules furent importés en Angle­ terre par l'intermédiaire de l'Espagne et vendus comme aliment de luxe avant que la p o m m e de terre ne fût connue, et c'est à ces tubercules que se réfèrent les écri­ vains anglais qui parlent des patates jusqu'au milieu du ispersion dix-septième siècle. » La patate douce est aujourd'hui cultivée sur de grandes étendues dans toutes les régions chaudes du globe, et dans quelques contrées, elle cons­ titue une partie importante de l'alimentation du peuple. Les tubercules féculents et doux ont un goût agréable; ils contiennent plus de principes nutritifs que la p o m m e de terre commune, laquelle est la base de l'alimentation des paysans d'Irlande. escription La patate douce est un convolvulus possédant une tige herbacée traînante et une fleur pourpre. Les tiges ont de 6 à 8 pieds de long (ln,,80 à 2ra,40); elles émettent des racines à chaque nœud qui touche le sol. Les vraies racines et les racines adventives provenant de la tige portent de ubercuies. nombreux tubercules; une seule plante rapporte par- D'AGRICULTURE TROPICALE. 367 fois jusqu'à iO à 50 patates de différentes grosseurs. Les tubercules atteignent une grande taille en bonne terre. Us pèsent ordinairement de 3 à 12 livres chacun (lk,359 à 5k,436), quand ils sont tout à fait venus; mais à Java, ils ont atteint le poids énorme de 50 livres (22k,650). Il y a plusieurs variétés de tubercules qui diffèrent de variétés. grosseur, de forme et de goût. Les deux principaux gen­ res, cependant, sont la patate blanche et la patate rouge. La variété blanche a une feuille ronde et entière ; dans la rouge, les feuilles sont divisées en lobes. Sol et climat. — Le meilleur sol est un sol léger et Lcs meilleurs . sols - meuble où n entre que très peu d'argile. Ce sol doit être bien drainé et plutôt sec ; pour produire une récolte abondante, il doit être enrichi d'engrais végétal. Le climat doit être chaud, et bien que la plante pousse sur climat. les hauteurs, m ê m e à des altitudes considérables, elle prospère mieux dans les terres basses brûlantes : l'atmos­ phère saline ne lui est pas nuisible. Culture. — Les plantes sont propagées au moyen de Boutures. boutures des tiges. Ces boutures auront environ 12 pou­ ces (0m,30) de long, la moitié de la bouture seulement sera enterrée , soit 15 centimètres. L'enracinement se produit vite, m ê m e en temps sec, et une fois enracinée la plante pousse vigoureusement. La terre sera labourée et remuée à la houe, les herbes et le gazon enfouis dans le sol, pour pourrir et servir d'engrais vert. Plus le sol est travaillé à la charrue, à la houe ou à la bêche, plus le rendement est abondant. La terre est ensuite mise en sillon, à la charrue ou à la houe, les sillons seront à in­ tervalles de 0m,60. Les boutures sont piquées sur les sil­ lons à un intervalle de 0m,30 ce qui donnera une surface »islailces- de 2 pieds carrés (0r"2 1800j pour chaque plant. Aussitôt 368 PETIT TRAITÉ ciage. q U e les tiges commencent à pousser, il faudra sarcler, en prenant bien garde de ne pas déchirer les feuilles. Un second sarclage peut être nécessaire pour butter les patates si de fortes pluies ont dérangé les sillons. La talion. patate douce ne viendra pas constamment dans le m ê m e sol; il faudra la faire alterner avec d'autres produits : cette règle s'applique à la plus grande partie des céréa­ les et des autres plantes alimentaires, aussi bien qu'à la culture de toute plante qui n occupe pas le sol d'une façon ininterrompue ; ce système qui, malheureusement n'est pas bien compris dans tous les pays tropicaux a été étudié dans la première partie de ce livre, sous le titre « Rotation des cultures ». Dans les cas cependant où il est nécessaire de cultiver continuellement la m ê m e :ndement. plante sur la m ê m e terre, les amendements seront abso­ lument nécessaires, si l'on veut conserver au sol sa fer­ tilité et espérer un rendement rémunérateur. idement. Récolte. — Aux Antilles, la patate douce est ordi­ nairement plantée de septembre à mai et l'on peut récol­ ter trois ou quatre mois après la plantation. Le rende­ ment est en moyenne de i à 5 tonnes (406ik à 6080k) à l'acre, quand la culture a été faite dans des conditions favorables. La première récolte opérée, les tiges et les racines seront soigneusement buttées et une seconde ré­ colte pourra être obtenue un mois ou deux après. On coites peut Jonc, dans un sol riche, obtenir plusieurs récoltes successives des mêmes plantes. Les feuilles et les tiges succulentes constituent un excellent fourrage pour les chevaux et les bêtes à cornes; de plus, les moutons, chè­ vres, lapins et autres herbivores sont extrêmement friands des tiges de cette plante. D'AGRICULTURE TROPICALE. 369 Taro. (Colocasia esculenta SCHOTT.) Les Taros sont les rhizomes tuberculeux d'une plante Habitat. cultivée en grand dans la plupart des contrées intra tropicales. Elle est spontanée dans l'Inde, mais a été cultivée de temps immémorial en Egypte ; le premier nom botanique d'une des espèces, Colocasia antiquo­ rum SCHOTT, indique qu elle fut cultivée dans l'antiquité. Ancienne ' Il 11.1.1 IL Q G ktX C o m m e pour les autres plantes alimentaires à culture plante. extensive, il y a beaucoup de confusion dans les dé­ nominations qui la concernent. A Java le Colocasia es­ culenta se n o m m e talés, à Malacca kladi, enfin, dans l'Océanie taro ou talo. On rencontre en Amérique des espèces voisines qui se différencient nettement par leur suc laiteux, par l'insertion non peltée du limbe de la feuille, parle volume moindre des tubercules, lesquels atteignent jusqu'à deux kilogrammes dans le taro. A la Jamaïque les tubercules des espèces américaines sont appelés cocos, et dans d'autres parties des Antilles, on les appelle eddoes et tanias, ce dernier nom écrit parfois Nomenclature tannias, taniers et tanniers. Un vieil auteur français écri- vant sur Saint-Domingue les désigne sous le n om de tu­ yaux.En Guyane on les n o m m e en effet tayes et tayoves. Nous emploierons le n o m cle Tanias et de tayoves pour distinguer les espèces américaines, ces noms étant les plus répandus, nous écarterons les termes cocos et choux caraïbes, à cause de la confusion qu'ils peuvent faire naître. Nous parlerons dans ce m ê m e chapitre des ta­ nias aussi bien que des taros, leurs propriétés étant les mêmes, et leurs utilisations identiques. AGRICULTURE TROPICALE. % 370 PETIT TRAITE La plante qui produit le taro est une plante herbacée très ornementale. Elle n a qu'une courte tige, laquelle donne naissance à de larges feuilles hastées portées sur de longs pétioles paraissant sortir du sol. Les rhizomes tubéreux contiennent une grande proportion de matières TANIA. Colocasia esculenta SCHOTT. amylacées, ce qui fait de cette plante une précieuse res­ source alimentaire. Ils contiennent aussi une substance acre urticante pour les muqueuses, qui, toutefois, peut être évaporée par la cuisson. Les tubercules de tanias, qui ont parfois jusqu'à 0,15 et 0,17 de diamètre et sont blancs en dedans, deviennent jaunes par la cuisson. îmutritive On les emploie c o m m e légumes de la m ê m e façon que a plante. . les patates, on en fait aussi des soupes très nourns- ïcription a plante. D'AGRICULTURE TROPICALE. 371 Variétés. Utilité des feuilles. santés. Un excellent amidon comestible, ressemblant à l'arrow-root peut aussi être obtenu par le ràpage des tubercules et le lavage de l'amidon, de la manière qui a été décrite au chapitre de l'arrow-root. Il y a deux principales variétés de tanias, l'une à tige et feuilles vertes, l'autre à tige et feuilles pourprées; mais les tubercules sont identiques dans les deux espèces. Les jeunes feuilles aussi bien des tanias que des taros sont quelquefois bouillies et mangées comme épinards; les feuilles et les tiges mûres forment un excellent fourrage pour le bétail et une bonne nourriture pour les porcs. Sol et climat. — Le meilleur sol est une alluvion Le meilleur soi sablonneuse ayant abondance de matière organique. La plante ne réussit pas aussi bien dans les sols argileux et ne pousse pas du tout dans le sable pur. Tous les climats climat. chauds conviennent à ces aroïdées, elles supportent les plus grands extrêmes de chaleur et d'humidité dans les régions tropicales. Elles donnent les plus beaux rende­ ments quand il y a abondance d'humidité, mais elles peuvent pousser aussi dans les lieux secs. Culture. — La plante se propage de la m ê m e façon Reproduction. que l'igname, c'est-à-dire que la récolte une fois faite, on coupe la tête du rhizome tubéreux, on détache les feuilles et on laisse quelques pouces de la partie infé­ rieure des pétioles. Ces fragments cle tubercules sont piqués en terre, et bientôt un grand nombre de bour­ geons se montrent à l'extrémité et produisent des tanias. On peut garder quelque temps les têtes avant de les planter, sans quelles souffrent aucun dommage ; aussi peuvent-elles être portées à de grandes distances. La terre sera labourée puis hersée et les têtes piquées à des intervalles de trois à quatre pieds (0m,90 à lm,20), Dislances. 372 PETIT TRAITE D'AGRICULTURE TROPICALE. ou bien on alignera la terre et on fera de petits trous à la manière ordinaire pour y placer les plants. Les mauvaises herbes doivent être enlevées à la houe entre les rangées et la terre retournée en m ê m e temps. Ces plantes peuvent être utilisées pour servir d'abri à de tout jeunes cacaoyers; les feuilles larges, fraîches et succulentes de toutes ces aroïdées, exhalant abondam- 3 plants ment de la vapeur d'eau, donnent un excellent ombrage brage. . et assurent une bienfaisante humidité aux tout jeunes pieds du cacaoyer venus de graines. ison Récolte.—Les taros et tanias peuvent être plantés pen- antation. x x dant tout le cours de l'année, sauf en temps trop sec ; mais la saison ordinaire de la plantation est la dernière période de la saison des pluies. La récolte se fait au bout de neuf à dix mois. Un avantage de la culture des taros et tanias réside dans ce fait que l'on peut les laisser enterre long­ temps après leur maturité sans qu'ils se détériorent; on peut donc ne les déterrer qu'au fur et à mesure des besoins. Dment. Dans une bonne terre le rendement est abondant; une seule tète produit souvent assez de plants pour récolter un bushel (36 litres 34) de tanias. eur Les taros et tanias sont une des plantes alimentaires tropicales les plus utiles. Les tubercules, comme nous l'avons vu, constituent une excellente nourriture; les jeunes feuilles forment un bon légume vert; les feuilles mûres donnent un fourrage de choix et toute la plante, comme une nourrice attentive, peut servir à abriter et à protéger les jeunes pieds délicats des cacaoyers, des arbres à épices et de tant de plantes semblables dont la production intensive est le véritable facteur sur lequel se fonde la prospérité durable des populations des co­ lonies. ERRATA Page H , ligne 23, supprimez sédimentaire. Page 142, Usez Camellia theifera au lieu de Camélia. Page 219, lisez all-spices au lieu de all-pices. Page 221, ligne 6, lisez pour les graines de bois d'inde au lieu de pour le piment. Page 330, lisez un bulbe au lieu de une bube. Page 233, ligne 6, lisez sont ceux au lieu de sont celles. Page 233, ligne 23, lisez le cajou au lieu de l'acajou. Page 291, ligne 20, lisez une seule plante au lieu de lisez un seul arbre. Page 292, ligne 19, lisez l'huile exprimée à froid au lieu de l'huile froide. Page 328, ligue 8, lisez, odeur nauséabonde au lieu de odeur malsaine. Page 329, ligne 17, lisez qui s'obtient au bout de 12 à 14 heures. Page 331, ligne 10, lisez riche au lieu de très riche. INDEX DES TERMES ET DES NOMS INDIGÈNES ET SCIENTIFIQUES CITÉS DANS L'OUVRAGE. Achira, 360. Acide arachidique, 307 — carbonique, 5, 26. — citrique, 184. — nitrique, 27. — phosphorique, 44. — sulfurique, 27, 4i. Acores, 174. All-spices, 219. Alluvions, 16. Altitude, 53. Amidon, 44. Ammoniaque, 26. Ananas, 202. Ananas sativus, 202. Anthères, 34. Antigoa noir, 203. Arachides, 301. — cayor Baoul, 303. — cayor Rufisque, 305. — Bas de Côtes, 306. — de l'Inde, 308. de Gambie, 300. — de Mozambique, 307. — de Saloum, 306. — de Sénégambie, 309. Arachis hypogea, 301. Areca catechu, 258. Aréquier, 258. Argile, 13. Arille, 208. Arrak, 193. Arrow-root, 354. Atmosphère, 5, 26. Attraction capillaire, 22. Azote, 25, 27. Bagasse, 165. Bahama, 169. Banane, 186. — de la Jamaïque, 186. — Gros Michel, 186. Bananier, 185. Barbade, 159. Barbecues, 140. Barthélémy, 203. Bay oil, 221. Bay rum, 221. Beater, 327. Bêche, 81. Bétan, 257. Bétel, 263. Blé à balai, 345. — de Cafrerie, 345. — de Turquie, 330. — indien, 330. — kaffir, 345. Bois d'Inde, 221. 376 Bois immortel, 235. Boite à thé, 151. Boswellia serrata, 264. Break, 151. Broom corn, 345. Buée (Mr), 214. Cabosses, 137. Cacao Caracas, 141. — criollo, 129. — terré, 140. Café, 102. — pays d'origine, 102. Caféiers, 102. Cajou, 235. Calcium, 24. Calice, 34. — pétaloïde, 35. Camellia theifera, 142. Canna edtilis, 359. Canne à sucre, 153. Cannes d'Otahiti, 162. — de Bourbon, 162, Cannellier, 221. Capuchon, 243. Carbone, 25. Cardamomes, 229. Carpelles, 34. Caryophyllus aromaticus, 214. Cascarilleros, 268. Cassareep, 353. Cassave, 352. Caulicule, 40. Cayenne doux, 293. Cecropia peltata, 133. Cellulose, 44, 192. Ceylan, 140, 142, 223. Chaux, 14, 44. Chaux éteinte, 68. Choux caraïbe, 369. Charrue, 86. Chest, 151. Chevelu de la racine, 32. Chimie agricole, son importance, Chips, 225. Chlore, 41. INDEX. Chlore et chlorure, 27. Chlorophylle, 44. Christmas (cacao). 137. Cinchona succirubra, 267. — officinalis, 267. Cinnamomum zeylanicum, Citron, 178. Citrus aurantium, 168. — medica, 178. Clairçage, 166. Climat, 52. — des montagnes, 53. — des forêts, 53. des vallées, 51. Clous de girofle, 215. Cob, 332. Coca, 277. Cocaïne, 279. Cocal, 200. Coccus, 176-198. Cocos, 369. Cocos nucifera, 192. Cocotier, 192. Coffea arabica, 102. — liberica, 102. Cofferd'ham, 192. Coir, 201. Colocasia esculenta, 369. — antiquorum, 369. Compost, 59. Cône, 332. Congou, 150. Coprah, 193. Coprolithes, 65. Corail, 14. Corn, 330. Corn (lour, 331. Corolle, 34. Cotylédons, 40. Couac, 351, Coultre, 86. Coush-coush, 363. Craie, H. Criollo, 129. Déli (tabac de), 248. INDEX. Delteil, 245. Deschamps, VIII. Dépôt des diverses couches du sol, Détritus, 60. Dhurra, 344. Dioscorea aculeala, 363. — alata, 361-362. — saliva, 362. — triphylla, 363. Dominique, 136, 173, 175, 218. Drainage, 76. Drains ou tuiles de partage, 78. Dublers, 293. Dull, 324. Easter (Cacaos), 137. Ecorçage, 274. Ecorce des Jésuites, 267. Ecusson et greffe, 91. Ecussonnage, 92. Eddoes, 369. Elettaria cardamomum, 229. Elœis Guineensis, 293. Embryon, 40. — (croissance), 42. Engrais. 55. — action, 56. — azotés, 62. — calcaires, 68. — complets, 57. — généraux, 58. — phophatés, 64. — potassiques, 69. — spéciaux, 57-62. — verts, 60. Epiderme, 33. Erythrina corallodendron, 235. — indica, 264. — umbiosa, 133. Erythroxylon coca, 211. Escales de traite, 307. Étamines, 34. Exogonium jalapa, 281. Extirpateur, 87. Fécondation de la vanille, 241. Fer, 24. Fermentation du cacao, 139. Fertilisation croisée, 37. — par les insectes, 37. — par les oiseaux, 38. — par le vent, 36. Feuilles, 32. Figue banane, 186. Figue la Rose, 186. Fillers, 253. Flèches, 160. Fleurs, 34. — couleurs et odeurs, 30. — fertilisation, 35. — femelles, 36. — mâles, 36. Flushes, 145. Forêts, 53. Fossiles phosphatés, 65. Fourche, 85. — à fumier, 85. Fumier de ferme, 58. Gambier, 265. Garrod (D1",, 285. Gelée, 6. Germination, 12. Gingembre, 226. Giroflier, 214. Glaciers, 5. Gommes, 44. Gourmands ou rejets, 89. Graine, 40. Greffage, 91. Greffe anglaise ou greffe enlang — des orangers, 95. — en couronne,85. — en fente, 91. — en selle, 91. — par approche, 95. Greffe et écusson, 91. Guano, 62. Gypse, 69. Half-chest, 151. Hayo, 277. 378 INDEX. Head, 364, Herse, 87. Hooker, IX. Houe, 84. Huile de palme, 296-297. Huile regular, 300. — irregular, 300. — medlium, 299. Humus, 14. — terre végétale, 8. Hydrogène, 5, 25. Imray, IX. Igname, 361. — blanche, 362. — de Guinée, 302. — nègre, 363. Indigofera anil, 322, 323. — tinctoria, 322, 323. Indigotier, 322. Ipomea batalas, 365. Irrigation, 80. Jaggery, 193. Jagre, 193. Jalap, 281. Jamaïque, 143, 218. Jardins de cannelliers, 223. — de thé, 144. Jatropha curcas, 239. Jowarrie, 345. Jus de citron, 170, 183. Kaïnites, 70. Kladi, 369. Labellum ou Lèvre, 243. Labour, 82. Lamelle, 243. De Lanessan, 300. Latitude, 52. Limons, 179. Lycopodium clavatum, 276. Macis, 208, 214. Mac-Ivor, 275. Magnésie, 44. Magnésium, 24. Mains de gingembre, 228. Maïs, 330. Maizena, 331. Malabar, 230-234. Malgré tout, 140. Manihot aipi, 349\ — ulilissima, 348-349. Manganèse, 44. Manguier, 235. Manioc, 348. Manoques, 257. Maranta arundinacea, 354. Marnes, 17. Masticatoire, 261-265. Matapies, 351. Mélasses, 166. Mer, 8. Mère de cacao, 133. Mère de girofle, 215. Mica, 13. Moens, 274. Moluques, 207. Monoculture dangereuse, 99. Maïs dent de cheval, 332. Moussage, 275. Moringa pterygosperma, 264. Docteur Morris, VII, 143, 219, 229, 270, 276. Moscovado, 158. Musa sapientium, 184. Muscadier, 207. Myristica flagrans, 207. Nectaires, 38. Nervures, 33. Nibs, 138. Nicholls, 175. Nicotiana tabacum, 246. Nitrate de soude, 63. Norfolk, 73. Œuf de la plante, 40. Oliver, VII. Oranger, 168. Oriza sativa, 336. INDEX. Os, 64. Ovaire, 34. Ovules, 34. Oxyde de fer. 44. Oxygène, 5, 24. Paddy, 337. Pain de sucre, 203. Palmier à huile, 293. Pan, 261. Parasites (préservation par la rota­ tion des cultures), 75. Parasiticides, 176. Parenchyme, 33. Patate douce, 365. Pekoé souchong, 150. Pekoé, 150. Pepperpot, 353. Périanthe, 35. Pétales, 34. Phosphates (analyse chimique), 66. — monobasiques, 66. — bibasiques, 67. — tribasiques, 66. — minéraux, 65. — tricalciques, 66. — réduits, 67. Phosphore, 24. Pic, 86. Pierres (utilité), 15. Pignon d'Inde. 239. Pimenta acris, 221. — officinalis, 218. — vulgaris, 218 Pinang, 265. Piper bétel, 263. Piper nigrum, 233. Pistil, 34. Pithecolobium saman, 133. Piwari, 348. Plantes, cendres, 44. — composition, 43. — nutrition, 43. Pluie, effet sur le sol, 76. Plumule, 40. Poivre blanc, 237. — de Travancore, 237. Poivrier, 233. — de la Jamaïque, 218. Pollen, 35. Poonac, 193, 201. Potasse, 44. Potassium et potasse, 24. Propagation des plantes, 41. — par bulbes et tubercules, 47. — par boutures, 50. — par division, 49. — par graines, 46. — par marcotte, 49. — par rejetons, 48. — par stolons. 48. Propagation par les bourgeons ou les feuilles, 51. Protoplasma, 44. Purin, 59. Quatre-épices, 219. Quinine, 268. Quinquina, 267. Quinquina officinalis, 269. — succirubra, 269-270. Racine, 31. Radicelle, 40. Rajania pleioneura, 361. Râteau, 84. Refroidisseurs, 166. Régimes de bananier, 190. Régions arides, 80. Reine, 203. Rejets ou gourmands, 89. Repousses, 160. Ressuage, 139. Ricin, 288. Ricinus communis, 288. Ripley, 203. Rivières, 8. Rivières d'huile, 297. Riz, 336. — ballam, 312. — de table, 342. — moonghy, 342. 380 INDEX. Robinson, 247. Roches, 5. Rotation des cultures, 72. Rouleau, 87. Rousseau, 309. Sables, 13. — calcaires, 13. — coquilJiers, 13. — coralliens, 13. — de quartz, 13. Sabre d'abatis, 83. Saccharum officinarum, 153. Saint-Kith, 155, Salsepareille, 285. Scale insect, 176. Scories Thomas Gilchrist, 67. Sel commun (engrais), 70. Sépale, 34. Sesbania xgyptiaca, 264. — grandiflora, 263. Silicate d'alumine et ammoniaque, 29. — et de chaux, 29. — — et de potasse, 29. — — et de soude, 29. Silicates doubles, 29. Silice, 44. Silicium et silice, 24. Sirih, 265. Smilax officinalis, 285. Soc, 86. Sodium, 24. Sols, 4. — argileux, 17. — calcaires, 17. — d'alluvions, 17 — de surface, il. — légers, 21. — locaux, 11. — lourds, 21. — marneux, 17. — pauvres, intermédiaires, riches, 17. — poreux, 76. — sablonneux, 17. — transportés, 11, Sols végétaux, 17. Sorgho, 341. Sorghum saccharalum, 345. — vulgare, 344. Souchong, 150. Soude, 44. Soufre, 24. Soulèvements, 2. Sous-phosphates, 64. Sous-sol, 12. Spadic, 277. Spathe, 36. Sphinx quinquemaculatus, 252. Sleeper, 326. Stigmate, 35. Stomates, 33. Style, 34. Sucre, 45. — d'usine, 164. Sujets, 91. Sulfate d'ammoniaque, 63. Superphosphates, 64-66. Tabac, 246. Tahiti, 171. Taille, 88. Talés, 369. Tanias, 369. Taniers, 369. Tapioca, 348-353. Taro, 369. Tayoves, 369. Teache, 166. Terrains argileux, 16. — calcaires, 17. — compactes, meubles, 21. — composition chimique, 23. — d'alluvions, 16. — marneux, 17. — pauvres, intermédiaires, ri­ ches, 17. — sablonneux, 17. — végétaux, 17. Terres chaudes, froides, 22. — légères, lourdes, 21. — végétales, 14. INDEX. Thé, 142. — assam, 142. — assam hybride, 142. — de Chine, 142. Tige, 32. Tiges rampantes, 48. Toddy,193. Tortillas, 330. Tourbe, 15. Tourne sillon, 86. Tourteau d'arachide, 307. — de graines de palme, Tous-les-mois, 359. Trinidad, 140. Tuamotous, 193. Tuiles de partage, 78. Usines centrales, 154. Vanilla planifolia, 238. Vanillier, 238. Vapeur d'eau, 27. Venezuela, 141. Vent, 8. Vers de terre (action), 12. Versoir, 86. Vesou, 167. Vuelta abajo (tabac de). 247. Wang-sirih, 265. Waw-waw, 361. Wrappers, 253. Ypadic, 277. Zea maïs, 330. 1 Zinziber officinale, 226. VOIR LA. TABLE 1IES MATIÈRES AU COMMENCEMENT DU VOLUME. USP-ESALQ 630 MONOGRAFIAS N614P PETIT TRAITE D'AGRICULTURE TROPICALE 00014853 m   ORIENTAÇÕES PARA O USO Esta é uma cópia digital de um documento (ou parte dele) que pertence a um dos acervos que fazem parte da Biblioteca Digital de Obras Raras e Especiais da USP. Trata-se de uma referência a um documento original. Neste sentido, procuramos manter a integridade e a autenticidade da fonte, não realizando alterações no ambiente digital – com exceção de ajustes de cor, contraste e definição. 1. Você apenas deve utilizar esta obra para fins não comerciais. 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